26 janvier 2007

De la Démocratie active

Une fois n'est pas coutume, je me fends de propos élogieux pour l'émission de France-Inter animée par Nicolas Demorand (le Sept-Neuf Trente).
Elle fut le régal intellectuel de mon petit déjeuner ce matin, grâce à l'invité Stephen Breyer, juge à la Cour Suprême des États-Unis, qui avec douceur, humour, et en français, a donné aux auditeurs qui voulaient bien l'entendre, une lumineuse leçon de démocratie (à propos de son nouvel ouvrage : Pour Une Démocratie Active).


J'en ai retenu 3 points essentiels car transposables immédiatement dans le cloaque conceptuel qui caractérise actuellement la France :
-Dans une société libre et par nature responsable, il est vain et inutile de proposer des lois interdisant d'exprimer certaines thèses, notamment négationnistes. Les Américains, en avance sur nous, n'ont peur d'aucune opinion. Ils pensent en effet qu'il n'y a rien de tel pour montrer l'inanité d'un point de vue, que de le confronter aux autres.
-Les vertus du débat d'opinion : La peine de mort a peu de chances d'être abolie aux États-Unis tant que le peuple n'y est pas favorable dans son ensemble, même s'il n'y a rien de figé pour autant en la matière, comme le passé l'a montré, et pas de religion universelle. Tout est affaire de contexte. En France c'est le fait du prince qui s'est imposé, et ce dernier pour marquer son empreinte, veut désormais le rendre irréversible...
-La sanction par le vote : Dans un pays où l'information circule librement, il est idiot de reprocher à George Bush ses mensonges au sujet de l'Irak. Contrairement à ce qui se passe habituellement chez nous, le président n'a pas décidé seul l'intervention militaire. Tout comme Kennedy au Vietnam, il lui a bien fallu emporter la conviction de ses compatriotes. Le congrès dans son immense majorité a trouvé convaincante l'argumentation proposée, ainsi que les électeurs au moins jusqu'en 2004. Au demeurant, comme pour le Vietnam, si la raison immédiate invoquée était discutable, les arguments de fond ne manquaient pas.
On peut toujours gloser ou se répandre en vitupérations haineuses, la seule question qui vaille aujourd'hui est : comment faire pour éviter en Irak l'échec cuisant du Vietnam ?
Enfin, Mr Breyer a terminé avec un élégant hommage à Tocqueville, qui pourrait flatter les Français si seulement ils mesuraient à sa juste valeur l’œuvre de cet illustre compatriote...

1 commentaire:

pierre a dit…

merci pour votre résumé.
En France on prefere le dogmatisme au pragmatisme. Il est affligeant de constater qu'au pays des lumières, nous en arrivions a faire des lois qui empêche l('expression de certaines opinions. POur moi, cela constitue une entrave aux libertés individuelles, mais cela ne semble gêner personne!