04 novembre 2008

Il est jeune, il est beau, il est noir...


Voici en 3 petits mots la substance de ce qui cause l'engouement actuel en France pour la personne de Barack Obama (on sait qu'il serait élu chez nous avec plus de 80% des suffrages...).
Autant dire que l'esprit critique n'a plus de raison d'être dans cette logique.I l est toutefois impressionnant de constater à quel point les critères de choix restent envers et contre tout superficiels, basés sur l'apparence et la démagogie.
Obama a une silhouette super cool, c'est certain. Pour jouer les « gravures de mode », ça serait un atout indéniable, mais pour être président ? Quant au discours, qui le connaît vraiment en France ? A travers l'interprétation des médias, on n'en perçoit que les notions idylliques de « rêve », et de « changement ». Est-ce vraiment un programme ?
Evidemment tout ça rappelle furieusement le délire pro-Kerry en 2004 (quatre ans après, qui se souvient encore aujourd'hui de cet homme présenté comme providentiel à l'époque ?)
Les artistes, ce doit être dans leur nature, embouchent mécaniquement la trompette du candidat le plus séduisant, le plus « à gauche », et glorifient sans réserve les plus lénifiants programmes. Ce n'est pas très grave, on ne demande pas aux stars d'avoir du jugement, et on n'a jamais vu leur talent grandir en fonction de leurs idées politiques. On ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment...
Mais la Presse ? On reste songeur au sujet de son objectivité, eu égard au déferlement quasi unanime en faveur du candidat démocrate, depuis des mois. Sur France Inter ce matin on nous affirmait tranquillement que plus de 80% des journalistes qui ont couvert la campagne américaine « votent » Obama, et que d'une manière générale, 70% de la presse américaine avait clairement pris position pour ce dernier.
Le pompon c'est évidemment notre cher BHL national, qui s'émerveille depuis des lustres et inonde ceux qui le lisent, des plus beaux et clinquants clichés. C'est bien simple, pour lui « Obama c'est Kennedy »...
Certes il persiste dans ce tumulte quelques exceptions remarquables, comme Alexandre Adler, qui ne se fait guère d'illusion et fait une analyse pondérée et réaliste de la situation, mais qui l'entend ?
Un seul exemple, l'Irak. C'est curieux, plus personne n'en parle et si l'on en croit France-Inter, seuls 7% des Américains en font un enjeu essentiel au moment de la campagne électorale. Est-ce parce que le pays est en voie de pacification comme on peut le penser (en allant chercher l'information), ou bien est-ce parce qu'entre les 2 candidats, la différence est désormais plus fine que l'épaisseur d'un papier à cigarettes ?
Et qui peut penser que face à l'actuelle crise économique les stratégies des 2 candidats pourraient être radicalement différentes l'une de l'autre ?
Au point où nous sommes rendus, de toute manière, le programme d'Obama, manifestement tout le monde s'en moque. Il suffit de savoir qu'il porte un "espoir historique", qu'il sera la « solution à tout » et qu'il mettra fin à « huit ans de cauchemar » !
Le fait qu'il disposera probablement des pleins pouvoirs, avec une confortable majorité à la Chambre des représentants aussi bien qu'au Sénat, cela n'émeut personne et surtout pas ceux qui vociféraient au nom du nécessaire partage des pouvoirs, quand Bush était dans une situation analogue... A entendre les dithyrambes de certains, on peut même penser qu'ils donneraient volontiers au sénateur de l'Illinois, les clés du Monde si c'était possible...


Pour ma part, peu importe en réalité. L'essentiel sera de voir l'élu à l'oeuvre. De toute manière la suite sera sans nul doute jubilatoire. J'imagine la stupeur et le désespoir qui s'emparerait des foules si John McCain devenait malgré tout président ! Mais je me délecte à l'avance de la désillusion inévitable de ces mêmes foules lorsqu'elles s'éveilleront de leur transe imbécile, alimentée par un manichéisme désarmant.
On dit souvent que les Républicains sont bellicistes mais ce furent 2 présidents démocrates qui engagèrent les Etats-Unis dans les deux conflits mondiaux du XXè siècle, ce futTruman qui fulgura sous le feu atomique Hiroshima et Nagasaki, ce fut Kennedy qui lança son pays dans le vrai bourbier vietnamien (avec des arguments plus fallacieux encore que ceux de Bush en Irak..), ce fut Clinton qui ensevelit la Serbie sous un tapis de bombes...
Quant à être "social", paradoxalement Bush le fut infiniment plus que Clinton. Hors coûts militaires, les dépenses de l'Etat furent beaucoup moins importantes avec le second qu'avec le premier. Clinton ne fit à peu près rien de son programme annoncé, notamment en matière de "Couverture Médicale universelle", et il limita drastiquement les aides aux personnes sans emploi. Bush, de son côté, réputé "ultra-libéral", dépensa beaucoup avec ses programmes de lutte contre le SIDA, d'amélioration de l'éducation des enfants défavorisés, d'élargissement de la couverture médicale medicare...
Bref, pas mal de raisons en somme de penser comme Adler : "McCain ou Obama ? Bonnet blanc et blanc bonnet..."

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Les résultats de l'élection présidentielle viennent de coller une grande claque à mon pessimisme naturel et à ma congénitale méfiance de la race humaine !:
Quooi ...il y aurait il quelque "humaine humanité" dans notre monde ???
Contrairement à mes interrogations métaphysiques (!) les électeurs US ont transcendé les vieilles histoires de racisme, pour faire place au réalisme et au pragmatisme, pour faire confiance à quelqu'un qui leur paraît "capable" bien au delà d'une quelconque "couleur" ...
Alors là je dis : CHAPEAU bas !!!
Une lueur dans ce monde de violences....

On notera également la retenue, le fair-play , la grande dignité dans les propos tenus par son adversaire John Mc Cain. Pas de propos amers ou revanchards, malgré les sifflets des anti-Obama dans la foule, au contraire , une invite à l'apaisement et à la solidarité.
Dans le discours (presque d'intronisation) d'OBAMA pas de démonstration ostentatoire de victoire .
Autour et avec lui, pas d'agitation, pas de yacht ni "d'american Fouquet's" .pas de copains pipole,ni de milliardaires ....!!!
Pas de programme de bo-bo nanti et moralisateur.
L'Amérique a élu un PRESIDENT.
Pas un simple homme politique..

Liberté, Egalité, Fraternité ... serait ce la devise de cette nouvelle Amérique ???

A quand un vrai président pour la FRANCE ???

Anonyme a dit…

on a le président qu'on mérite dit on...