04 mai 2009

Un printemps américain (3)


Le 7 avril, nous retournons à Washington DC !

Cette fois-ci par le train. Deux compagnies se partagent la ligne : Amtrak et Marc Train. Bizarrement les tarifs vont du simple à plus du double. Le calcul est vite fait, ce sera le Marc (14$ aller et retour par personne) pour faire les 38,5 miles soit 60 kms environ, qui séparent Washington de Baltimore.

Le trajet est sans grand intérêt, le train n'est pas de toute jeunesse et le paysage est répétitif, faisant alterner sur le bas côté des forêts de troncs maigres et dégarnis. Je suis frappé par le nombre d'arbres tombés, gisant à terre sans ordre ni entretien apparent. De ci de là, à l'occasion de trouées sur la campagne, on aperçoit de belles maisons en bois peint, sur de grandes propriétés impeccablement entretenues. La crise immobilière ne semble pas avoir trop fait de ravages par ici.

Arrivée à la gare de Washington: l'Union Station. Splendide édifice datant du tout début du XXè siècle. Elle fut un temps la plus grande gare du monde. J'apprends qu'elle faillit être détruite il y a près de trente ans, avant d'être en définitive entièrement rénovée en 1981.
Aujourd'hui encore elle paraît vaste, mais surtout affiche un luxe inhabituel pour un tel endroit. Le plafond est tout en voutes alvéolées soulignées de dorures, et largement ajourées par de lumineuses verrières. Les grandes arcades sont barrées par des linteaux sur lesquels trônent d'augustes statues en pied, de divinités antiques. Le hall immense, au sol marbré et carrelé, compte de nombreuses boutiques, et sa monotonie est interrompue par la présence d'un étonnant stand où siège un café restaurant sur deux niveaux, faits de boiseries vernies et de cuivre qui participent à la richesse du lieu. Un vrai petit village cozy. Il paraît qu'on trouve même une morgue, une salle de bowling, une crèche, des bains turcs...
Le tout est éclatant de propreté, et ce jusqu'aux toilettes, qui sont d'ailleurs aux USA d'après ce qu'on a pu en juger, toujours impeccables quelque soit l'endroit.


Nous prenons à pied Massachusett Avenue, et passons devant le Postal Museum, puis empruntons quelques belles artères, larges et dégagées, avant de tomber sur la Maison Blanche dont nous découvrons la façade nord avec son majestueux péristyle reposant sur dix colonnes.
Aucune présence policière apparente. L'endroit dégage à la fois quiétude et majesté.
Posté dans Lafayette square, on jouit d'une belle perspective, avec au premier plan la statue équestre d'Andrew Jackson (7è président), entouré de canons datant de la guerre de sécession (ou peut-être même de 1812). Au second plan, le bâtiment présidentiel et au fond, légèrement décalé, l'obélisque de Washington.
En longeant la Pennsylvania Avenue on tombe sur une statue de Rochambeau qui rappelle le rôle de la France dans l'Histoire américaine.
Enfin, la façade sud apparaît au loin, au fond de l'immense parc, masquée par de vénérables magnolias et un bassin centré par un jet d'eau. Au bord de la clôture des écureuils vont et viennent, attirés par les enfants. Contraste saisissant : la demeure du personnage le plus puissant du monde héberge ces hôtes lilliputiens qui se jouent des barrières, des frontières et du temps...

En nous dirigeant maintenant vers le memorial de Lincoln, nous rencontrons celui qui rend hommage aux morts du Vietnam. Il s'agit d'une simple excavation formant un angle descendant dans le sol en pente douce, et structurée par un mur de marbre anthracite sur lequel sont gravés par ordre chronologique les noms des quelques 50.000 gars tombés entre 1959 et 1975. Le brillant de la pierre renvoie le reflet fantomatique des visiteurs parcourant ce poignant sanctuaire. Aucun mot ne saurait vraiment rendre la tragique et humble beauté de ce miroir empli de tant de vains sacrifices...

Nous arrivons enfin au pied du Lincoln Memorial.

Autant celui de Jefferson était gracile et tout en rondeurs, autant ici on est frappé par l'aspect massif, intangible de la pierre blanche, traitée à la manière d'une acropole. Comme si sa vocation était avant tout de suggérer le caractère invincible et irréversible de l'Union.
Du haut des marches, on découvre un panorama magnifique. Le regard vole au dessus de longs bassins, est arrêté par l'obélisque et cherche à deviner au loin la silhouette du Capitole. J'ai l'impression d'avoir sous les yeux tout ce qui fait la grandeur de l'esprit de l'Amérique et je ressens une sorte d'exaltation magique.

Nous retournons sur nos pas et faisons un halte dans un fast food où nous apprécions les roboratifs sandwiches assaisonnés d'épices qu'on y sert quasi à toute heure. En Amérique on mange bien, mais sans vraie discipline de repas. En réalité on s'arrête lorsqu'on a faim. Pas de protocole, pas de succession définie de plats. On se poste simplement devant un panneau descriptif des menus pour choisir sa commande. En deux temps trois mouvements elle est exécutée sous vos yeux et après avoir réglé l'addition, vous n'avez plus qu'à trouver une table libre, les bras chargés de victuailles appétissantes, de cornets de frites et de larges gobelets remplis de soda. La nourriture n'est pas si déséquilibrée qu'on le dit à condition de savoir faire des choix raisonnables; les salades sont délicieuses et la viande – souvent du poulet – est servie avec des légumes, des sauces épicées et divers pains des plus sympathiques. Rien de mieux pour faire une pause agréable sans se ruiner.

L'après-midi, nos pas nous mènent vers le Capitole. Comme tous les bâtiments officiels, il est d'une blancheur éclatante et dévoile ses proportions impressionnantes à mesure que l'on s'approche. Depuis le 11 septembre 2001, il est hélas devenu plus difficile de visiter ce temple du pouvoir législatif. Seuls les parcours guidés à heure programmée, sont désormais autorisés. Dans ce parlement bicaméral, les élus se répartissent en deux groupes, celui des représentants qui compte 435 élus (au prorata de la population de chaque état) et le Sénat qui n'en totalise que 100 (2 par états). Les premiers ne jouissent que d'un mandat de deux ans tandis que les seconds disposent de 6 ans et sont renouvelés par tiers tous les 2 ans.

Enfin, la visite ne serait pas complète si l'on ne poussait jusqu'à la Cour Suprême située quelques centaines de mètres derrière. Elle aussi est bâtie dans le style néoclassique qu'on affectionne ici. Neuf juges nommés à vie veillent au strict respect de la Constitution.

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