15 mai 2009

Un printemps américain (6)

10 Avril. Dernier jour à New York. Nous aimerions faire quelques achats avant notre départ et visiter au moins un musée.
Le choix s'est porté sur le Modern Museum of Art (MOMA); c'est le moins éloigné et un des plus riches notamment en peinture moderne. D'extérieur il n'attire guère l'attention, n'offrant au regard qu'une massive façade de verre anthracite.
Nous n'aurons hélas pas l'occasion d'en voir plus, découragés que nous sommes par la longue file d'attente à l'entrée et le peu de temps qui nous reste avant le départ. Faute de mieux nous nous contentons de visiter le MOMA store, juste en face, très attrayant et dans lequel nous ferons quelques sympathiques emplettes.

Après cela, comme mus par un étrange magnétisme, nous repartons vers la 5è rue. Mon fils voulait absolument découvrir l'Apple Store qui se trouve à son extrémité, près de Central Park. Ce grand cube de verre n'est que la partie émergée d'un curieux magasin-atelier disposé dans l'entresol. Sur de grandes tables toutes simples on peut s'amuser à tester les derniers chefs-d'oeuvres de la technique micro-informatique. J'ai toujours eu un faible pour cette marque qui symbolise merveilleusement l'alliance de la science et du plaisir. Tout ce qui fait l'attrait de ces petits objets magiques, du micro-ordinateur au téléphone mobile en passant par les célèbrissimes iPod a été inventé par la marque à la pomme et je voue une grande admiration au charismatique leader Steve Jobs. Hélas par obligation professionnelle j'ai du me convertir au monde du PC et de Windows mais je suis toujours ébahi par le génie inventif d'Apple.
C'est aussi ça l'Amérique selon moi, l'innovation perpétuelle au service de l'esprit pratique et du divertissement. Comment donc pouvions nous vivre autrefois sans les micro-ordinateurs, sans Internet, sans Google ?
Nous ressortons avec le dernier né des casques HiFi, estampillé de la griffe du rappeur Dr Dre...


En redescendant l'avenue, je sors l'appareil de photo et je mitraille à nouveau avec frénésie tout ce que je vois.
St-Thomas Church belle église anglicane de style néo-gothique dont l'originalité vient de son élégante silhouette asymétrique. Un charme vraiment décalé, un rien kitsch entre les buildings...

Beaux immeubles à l'angle des 52è rue et 5th Avenue abritant les maisons Cartier et Versace, avec leurs fenêtres égayées de stores colorés.



Plus bas, je ne sais quel bâtiment pour je ne sais quelle raison, arbore une forêt de drapeaux nationaux qui rappellent les fêtes des peintres impressionnistes. On croise à nouveau le Rockefeller Center et sa plaza joliment décorée de vasques débordant de magnifiques lys blancs fraichement éclos.


En continuant notre descente, nous faisons un crochet vers Grand Central Terminal, la gare principale sur Park Avenue. Comme à Washington, je suis ébloui par la propreté et la grâce de ce gigantesque hall illuminé par de grandes verrières comme les vitraux d'une cathédrale. De l'extérieur l'édifice ne manque pas non plus de panache avec ses grands aigles en fonte prêts à prendre leur envol à partir des balustres de pierre.

Nous empruntons la 42è rue et longeons la New York Public Library puis Bryant Park. J'aimerais m'y trouver une fin d'après-midi d'été lorsque des musiciens de Jazz viennent improviser dans ce petit ilot de verdure pour détendre les amateurs à la sortie du travail.

A défaut, nous cherchons le magasin de disques que j'ai repéré dans un guide : le Jazz Records Center. Il paraît qu'il offre le plus grand choix possible à New York en la matière.
On est supposé le trouver au 236 West 26th Street, mais rendu sur place, il n'y a pas le moindre commerce en vue. Je commence à penser qu'il y a une erreur, mais un jeune homme voyant sans doute notre perplexité s'arrête à notre hauteur et nous demande si nous cherchons quelque chose. Lui même semble un peu dubitatif. Il finit par nous indiquer l'endroit qui n'a aucune vitrine et ressemble plutôt à un immeuble de bureaux, en nous faisant remarquer que le magasin devrait en fait se situer au second étage. Devant la porte un autre gars confirme la présence dudit commerce et nous précise qu'il est ouvert. Nous entrons. A l'intérieur c'est le chantier. L'immeuble est en travaux. Par terre trainent des gravats et des fils électriques. Nous prenons l'ascenseur qui évoque plutôt un monte-charge. Au second étage, une porte indiquant le siège commercial d'un négociant en vins ! Alors que nous sommes sur le point de ressortir un peu dépités, je prends à nouveau le guide et m'aperçoit qu'il est en fait mentionné le huitième étage. Nous tentons à nouveau notre chance. Cette fois-ci, nous y sommes enfin ! Nous poussons la porte et nous retrouvons dans une sorte d'appartement assez vétuste bourré de présentoirs et de rayonnages désuets. A un bureau un homme en bras de chemise à carreaux et pantalon de velours côtelé, manipule des fiches, lunettes sur le front. A côté de lui une grosse calculette antique. On se croirait dans un film noir et blanc des années cinquante.
Je me mets à fureter dans ce savant désordre. Il y a quantité de vieux disques vinyls soigneusement protégés par des pochettes en plastique transparentes, mais également des CD et même des DVD. Je vais trouver quelques perles. Notamment un somptueux enregistrement datant des années cinquante justement, de Warne Marsh. Ce moelleux représentant du style West Coast, est accompagné en petit comité par des pointures telles que Paul Chambers, Philly Joe Jones, Red Mitchell, Stan Levey, Paul Motian...
J'aime l'ambiance de cet endroit pittoresque mais après vérification, j'aurais pu trouver sur Amazon tous les disques acquis ce jour. Toutefois, je me demande si je les aurais repérés sans pouvoir palper la marchandise autrement que par le biais d'un moteur de recherche un peu abstrait ?

Notre dernier regard sera pour le grand magasin de jouets Toys R Us sur Broadway. Ce royaume pour enfants mérite le détour. Un choix extravagant et des animations en pagaille créent un décor fantasmagorique. Superman est suspendu au plafond arrêtant à la force des poignets un énorme truck tombant dans le vide, Jurassic Park et ses dinosaures quasi grandeur nature voisinent avec l'Empire State, le Chrysler building, la statue de la Liberté en Lego...

Le retour se fera aussi facilement que l'aller mais le bus confirme ses horaires assez élastiques. Nous attendons dans une foule compacte au pied de Penn Station. Le temps est couvert, et il se met même à pleuvoir. C'est un peu la cohue, plusieurs bus passent mais ce n'est jamais le bon. Le marchand ambulant de hamburgers installé juste à côté nous déverse sa fumée dans la figure. Après plus d'une heure d'attente, nous nous engouffrons enfin dans le bus qui était manifestement coincé dans les embouteillages. La nuit tombe au moment où nous quittons New York. Heureusement grâce à la connexion internet, nous pouvons prévenir nos ami du retard.
Voyage de retour sans histoire mais nous sommes heureux de les retrouver à l'arrêt de Baltimore où ils sont gentiment venus nous attendre. Et nous terminons la soirée dans leur sympathique cuisine à leur raconter notre virée tout en grignotant avec plaisir des crevettes accompagnées de sauces épicées et d'œufs brouillés ...

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