19 mai 2011

Tel est pris qui croyait prendre

Sur l'affaire qui ébranle le monde politique, il n'est pas question de faire ici de supputations oiseuses. Dans de telles circonstances, il serait vain de tirer d'avance la moindre conclusion, et inutile d'ajouter des commentaires aux images ressassées en boucle jusqu'à la nausée.

C'est en revanche de ce monstrueux barnum médiatique qui s'est installé autour de l'édifiant fait divers, que je voudrais tirer la substance de mon propos d'aujourd'hui. Du tsunami plutôt que du séisme lui-même en quelque sorte...
Car du torrent de réactions en tous genres qui submerge l'actualité, deux thèmes paraissent révélateurs de l'état d'esprit assez inquiétant dans lequel se trouve notre pays et une bonne partie de la classe politique.

Tout d'abord, la stupéfaction "abasourdie" de la Gauche.
Bien mise en évidence lors de l'émission de Frédéric Taddeï du 16/05, par un saisissant collage vidéo des principales interventions des ténors du PS, elle témoigne soit d'une naïveté ahurissante, soit plus probablement, d'une mauvaise foi vertigineuse. A les entendre tous en chœur, affirmer que rien, absolument rien ne pouvait laisser prévoir une telle affaire, une question brûle les lèvres : Mais dans quel monde vivent-ils ?
Foin des témoignages et révélations qui aujourd'hui commencent à sortir de partout, n'avaient-ils donc tout simplement jamais prêté la moindre attention aux retentissantes satires de Stéphane Guillon, humoriste dit "de gauche", lorsqu'il détaillait avec une cruauté sordide les petits travers supposés du personnage ?

Plus grave encore que cette amnésie de circonstance, c'est l'absence apparemment totale de perspicacité et de curiosité manifestée par des journalistes eux aussi très "engagés", et d'habitude beaucoup plus fouineurs lorsqu'il s'agit des supposées turpitudes du monde politico-financier. "Etrange omerta des médias français", s'interrogeait Christophe Deloire dans le journal Le Monde du 16/05.
En témoignaient, toujours lors de l'émission de Frédéric Taddei, les simagrées ridicules de Nicolas Domenach (Marianne) et d'Edwy Plesnel (Médiapart).
Tous les deux ont en commun d'avoir déversé des années durant, des tombereaux d'insinuations malveillantes, de soi-disant révélations sur le président de la république auquel ils vouent manifestement une haine aussi féroce qu'irrationnelle. Plus fort, l'un vient de publier, un ouvrage décrivant par le menu les confidences qui lui aurait été faites en privé par Nicolas Sarkozy ("Off : ce que N. Sarkozy n'aurait jamais du nous dire"). L'autre parcourt les plateaux télés pour promouvoir le sien, nouvelle charge pachydermique, dirigée contre le Chef de l'Etat ("Un président de trop").
Face à l'incroyable complaisance que ces gens manifestent depuis si longtemps vis à vis de tout ce qui vient du bord politique auquel ils appartiennent, il faut espérer que ces compilations de chiures de mouches aient le destin qu'elles méritent : le pilon.
Puissent-ils eux-mêmes, subir un peu de l'opprobre qui s'abat sur celui devant lequel ils abandonnaient tout esprit critique, dont ils flattaient servilement les prétendus idéaux socialistes, tout en feignant d'ignorer le train de vie de nabab, les liens douteux avec le monde des affaires et celui de la presse.

La seconde illustration de cette mauvaise foi est la manière dont les mêmes censeurs présentent ces derniers jours la justice outre-atlantique, laquelle ose présumer de la culpabilité de leur héraut.
A cette occasion, resurgit de plus belle le vieux fond anti-américain et surtout l'ignorance crasse des mécanismes qui font de ce système un des piliers de la démocratie.
A tout seigneur, tout honneur, madame Guigou, ancien garde des sceaux, estime que la procédure suivie par la justice américaine est " d'une brutalité, d'une violence, d'une cruauté inouies", et elle ose déclarer qu'elle est "heureuse que nous n'ayons pas le même système judiciaire".
Elle est suivie sur ce terrain par Chevènement dont "le coeur ne peut que se serrer devant ces images humiliantes et poignantes" et qui condamne "un effroyable lynchage planétaire", par Jack Lang qui évoque "une justice infernale", par Robert Badinter qui parle "de mise à mort médiatique" et qui voit "la défaillance d'un système entier"...
La contribution la plus révélatrice est toutefois apportée par l'inénarrable BHL, très remonté contre le juge américain "qui, en livrant [DSK] à la foule des chasseurs d'images attendant devant le commissariat de Harlem, a fait semblant de penser qu'il était un justiciable comme un autre."

Sans doute ces gens ne se rendent-ils pas compte qu'avec tant de parti pris et d'outrances, ils risquent surtout de desservir la personne qu'ils sont supposés soutenir. Le précédent de Florence Cassez au Mexique n'a pas servi d'expérience...
Il semble bien en tout cas que la preuve soit faite, une fois encore, de l'arrogance socialiste. Caractérisée par une telle certitude d'incarner la justice, le progrès, la générosité, la solidarité, elle en vient à occulter voire à nier tout ce qui serait susceptible d'entacher son panache. Dans le même temps, elle s'arroge le droit de condamner ex cathedra tout contrevenant à ses rogues parangons.
Puissent enfin ces évènements tragiques, servir de leçon. Puissent ces faux seigneurs rabattre enfin de leur morgue. Puissent les yeux de tant de citoyens abusés, se dessiller...


Illustration : Le rat et l'huitre par La Fontaine, illustré par J.J. Grandville

4 commentaires:

Anonyme a dit…

la compassion exclusivement orientée , quelle belle image du parti socialiste

Philippe POINDRON a dit…

Tout à fait d'accord. La seule chose que je regrette est effectivement la diffusion des images humiliantes non seulement pour l'homme, qui à ce moment-là a suscité ma compassion, mais encore et surtout pour la France. Certes, le droit américain n'est pas le droit français. On peut simplement préférer celui-ci à celui-là. Quand à l'inénarrable et ordurier PLESNEL, je l'ai entendu dégoiser hier et prétendre que tant qu'il n'y a pas crime, il n'y a pas lieu de parler des dérives sexuelles des hommes politiques. Il ne s'est pas privé de le faire quand il s'agissait de parler de ses ennemis politiques (à ce niveau de haine, ennemis convient mieux qu'adversaires). C'est tout simplement la honte du journalisme français ce type-là.
Le mieux est donc de se taire et de laisser la justice américaine, avec ses faiblesses mais aussi ses forces, aller au bout de sa logique et faire la lumière qui, malheureusement, semble bien être celle sous laquelle le procureur de l'Etat de New-York présente l'affaire. Je pense personnellement que DSK a dû appeler pour avoir une call-girl et s'est mépris sur le statut de la femme qui est rentrée dans sa chambre (voir le "coup de l'oreiller" et les oreillers du SOFITEL).
Amicalement.

Anonyme a dit…

EXCELLENT EXCELLENT MON AMI PIERRE je savais que tu ne laisserai pas passer çà !!!!!!!!!!!! RAMONE

Philippe POINDRON a dit…

Réponse à RAMONE : je ne vois pas bien ce que veut dire votre remarque.