04 octobre 2011

Autumn : A Dirge


Etrange période où la tiédeur mordorée de l'automne, venant cueillir en douceur un été qui ne veut pas finir, forme un écho saisissant à la lente et désespérante déconfiture de notre médiocre société.
"Fin de règne" titrent Le Nouvel Obs et Le Point, réunis dans un affligeant consensus. De son côté, Marianne qui fait de l'invective son unique source d'argumentation, et qui en tira des rouges durant des années sur sa victime, se permet d'évoquer lourdement "Le boulet", à propos de la disgrâce dans laquelle patauge le Chef de l'Etat.
C'est peu de dire que le débat plane au ras des pâquerettes. A longueur de journée on entend les mêmes âneries sur les méfaits du capitalisme, sur la relance et autres fariboles d'inspiration plus ou moins keynésiennes. Pourquoi faut-il toujours entendre et réentendre de la bouche de piteux donneurs de leçons, les erreurs les plus grossières, ressassées sans souci des enseignements du passé ?

L'époque est troublée, sans nul doute. Vers quel destin sommes-nous embarqués ? Il est bien difficile de le prévoir mais l'inquiétude grandit à mesure que les fissures s'élargissent et que le sol se dérobe à chaque pas. Le yoyo des indices financiers, saluant avec l’énergie du désespoir toute nouvelle initiative des Etats empêtrés dans la crise, donne le tournis. Hélas, en dépit de sursauts, de plus en plus éphémères, rien ne semble y faire : la courbe n'en finit pas de s'effondrer.

Une chose en tout cas ne laisse pas d'étonner : l'impopularité dont fait l'objet Nicolas Sarkozy, pour ne pas dire la haine qui accompagne désormais la moindre de ses actions.
Durant cinq ans, un vrai déluge d'insanités partisanes fut déversé sur son compte. Depuis cinq ans, tout ce que le pays compte de hordes gauchisantes de tous poils et de toutes obédiences, se tordent de manière pathétique les boyaux à son seul nom (cf l'innommable pamphlet d'un certain Badiou).
Accusé de faire le jeu des "riches", de ses prétendus complices de la Finance Internationale, et du grand Capital, il est devenu le paradigme du Loup Garou pour les nostalgiques du Grand Soir. A ses pieds, ils jappent dans la fange d'une presse de caniveaux, comme des clebs excités par les remugles de leurs propres excréments. La seule question qui vaille, est de savoir si cet état d'esprit primitif a durablement déteint sur l'opinion publique.

C'est un curieux paradoxe que de devoir prendre la défense de quelqu'un qui vous a déçu, et qui relève de critiques qu'on juge diamétralement opposées à ce qu'on lui reproche communément !
Il serait vain sans doute de tenter de démontrer face au vent dominant, qu'il n'y a pas une once de libéralisme dans l'action du gouvernement français depuis 2007 (pas plus qu'auparavant, en tout état de cause). Qu'il n'a cessé de chercher à préserver envers et contre tout, à l'instar de tous ses prédécesseurs, l'Etatisme et le Modèle Social à la française, qu'il préconisa la relance dans le plus pur esprit socialiste-de-81, qu'il acheva de soviétiser le système de santé ...
En ré-entendant récemment lors d'un documentaire télévisé, les vibrantes déclarations de mai 2007 "Je ne vous décevrai pas.../... je ne vous trahirai pas...", je ne pouvais m'empêcher de penser que si des gens pouvaient se sentir floués par les temps qui courent, c'était bien ceux qui crurent un instant qu'une vraie "rupture" était sur le point de se produire; qu'enfin on allait un peu sortir des sentiers battus et rebattus de l'économie et de la pensée administrées...
L'échec, si ce n'est l'escroquerie, est certes patent. Pourtant un rapide tour d'horizon de ses opposants suffit pour se convaincre que si cette politique est la pire, c'est plus que jamais, à l'exception de toutes les autres...

The warm sun is falling, the bleak wind is wailing,
The bare boughs are sighing, the pale flowers are dying,
And the Year
On the earth is her death-bed, in a shroud of leaves dead,
Is lying...
Percy Bysshe Shelley (1792-1822)

4 commentaires:

tippel a dit…

Aigreurs d’automne sur une trahison achevée, c'était bien beau

Anonyme a dit…

Vous êtes un des bénéficiaires de la niche Copé ?

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Niche Copé. Quesako ?

Anonyme a dit…

Sur la niche Copé :
http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/09/21/niche-cope-retour-sur-un-objet-fiscal-de-tous-les-fantasmes_1574662_823448.html