17 octobre 2011

L'indignation n'est plus ce qu'elle était


Depuis qu'un vieux diplomate en mal d'originalité et de notoriété l'a relancée avec une mauvaise foi mielleuse d'archevêque confit dans les bondieuseries, l'indignation est devenue le dernier concept à la mode. Elle court les médias, se consomme à toutes les sauces, et sert les causes les plus diverses, pour ne pas dire les plus saugrenues ou contradictoires.
Même la malheureuse Ségolène a essayé in extremis de s'en faire une jouvence idéologique. Sans grand succès...
Grâce à un sens plus aigu du racolage, l'ineffable porteur de Burberry Montebourg a réussi quant à lui à faire venir vers les urnes du PS, quelques bataillons de mélenchonistes, cocos, alter et autres nostalgiques du Grand Soir en faisant siens les slogans de la dé-mondialisation et de la nationalisation générale des banques. Il s'est ainsi donné à peu de frais l'illusion éphémère d'être un fin stratège.

Nietzsche qui parfois voyait juste, avait mis en garde : "Personne ne ment autant que l'homme indigné" (Par delà le bien et le mal).
De fait, si l'on écoute un peu les vitupérations hargneuses mais confuses qui émanent de ces hordes disparates "d'indignés", il y a de quoi être effaré. Il en sort en effet vraiment tout et n'importe quoi, pourvu que ça tienne de l'envie de foutre ce qui reste de société par terre, et que ça soit puisé au tonneau des vieilles utopies gauchistes. C'est donc ça ! Après les innombrables désastres engendrés par tous les avatars grandiloquents du socialisme, c'est dans l'eau de boudin spumeuse d'une révolte débile que surnagent à la manière de grumeaux, les restes idéologiques de la lutte des classes. Mince consolation...

Entre autres impostures, ces manifestants, qui contestent les élections "piège à c..." et dont l'arrogance cherche à dissimuler qu'il ne s'agit que de groupuscules, brandissent - entre deux pillages de vitrines - l'étendard de la "vraie démocratie" et n'hésitent pas à se surnommer "les 99 % qui ne tolèrent plus la cupidité des 1 % les plus favorisés".
Aujourd'hui toute la Presse s'émeut, et fait semblant de considérer cette sinistre pagaille comme un mouvement de fond qui monte, qui monte... Le besoin désespéré de spectacle occulte quasi totalement l'analyse de fond. Le Point par exemple considère que ces turbulences insanes sont "inspirées par les révolutions arabes" ! De grandes figures du consensus doré telles Michel Drucker jugent "très intéressant" le phénomène (Salut les Terriens du 15/10). Aux Etats-Unis, les éternels débiteurs de truismes bien-pensants essaient de récupérer la rébellion, peut-être pour faire oublier qu'ils sont de fieffés profiteurs du système. On voit ainsi ressortir tout à coup en se tapant d'indignation la bedaine les Al Gore, Michael Moore, Alec Baldwin, Sean Penn and co...

Devant cette toile de fond miteuse s'agite le théâtre de guignol des primaires socialistes, dont la Presse décidément à court d'inspiration décortique les minuscules péripéties comme s'il s'agissait d'événements de portée internationale.
Après les soporifiques débats démontrant au moins une chose, à savoir que le socialisme français n'a ni idée ni leader naturel, voilà enfin sacré candidat, au terme de la pitoyable kermesse, le prototype même de l'inamovible apparatchik, dont la principale originalité est de s'être relooké de fond en comble le portrait et la silhouette.
Restent quand même, pour ne pas totalement désespérer, quelques perles de bon sens, comme cette chronique de Claude Imbert, parue dans Le Point, dont je livre cet extrait édifiant :
"Notre Etat-providence, son modèle social, ses "avantages acquis" sacralisés n'ont que trop demandé à l'emprunt pour emplir leur panier percé. Au fil des ans, une culture de l'assistanat a décervelé la Nation. Le socialisme français, le plus à gauche de tous les socialismes européens, est de surcroît enkysté dans les tréfonds de l'Etat : la droite d'un Chirac fut plus socialiste que le socialisme d'un Blair à Londres ou d'un Schröder à Berlin..."

A bien y réfléchir, on se prend à imaginer à la lumière de ces propos que derrière les écrans de l'actualité médiatique, une autre indignation monte peut-être, en silence, plus profonde, plus contenue, mais plus irrépressible, et qu'elle réserve  quelques surprises...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh oui, un Tea Party français !

Pierre-Henri Thoreux a dit…

L'ennui c'est que ça n'a rien à voir. les Tea Party c'est le retour aux sources de la démocratie américaine : à savoir moins d'Etat, moins d'impôts. Exactement l'inverse que les "indignés"... J'aimerais un Tea Party à la française inspiré par exemple des préceptes de Tocqueville, de Bastiat, de Say, mais on en est loin...

Anonyme a dit…

Je réagissais en fait à votre conclusion...

Par ailleurs, les sources de la démocratie américaine ne sont pas, à mon sens, synonymes de "moins d'Etat, moins d'impôts". A moins d'oublier Alexander Hamilton et les autres. De plus, cet idée de moins d'Etat a davantage à voir avec le libéralisme, qui se conjugue souvent avec la démocratie, certes, mais tend le plus souvent à la tempérer (grands électeurs etc.).

Un Tea Party insipiré de Tocqueville, Bastiat et Say, pourquoi pas? J'ai par contre du mal à voir le Tea Party américain comme une aubaine pour la démocratie et pour le niveau général du débat politique!

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Souvenez-vous du précepte tocquevillien: "le premier soin de tout gouvernement devrait
être d'apprendre aux citoyens à se passer de lui". Tout à fait conforme aux principes originels de la démocratie américaine, au moins dans la conception jeffersonienne...