16 avril 2012

Epître aux rêveurs de gauche


En entrant chez Mollat il y a quelques jours à peine, et en parcourant distraitement le rayon où s'accumulaient une pléthore de livres politiques de circonstance, je tombai sur un opuscule au titre accrocheur : "Rêverie de gauche". 
Venant de Régis Debray, je ne me fis en la circonstance, aucune illusion. Certains le disaient rangé des voitures, ayant abandonné tous ses engagements politiques calamiteux du passé. Tu parles !
Le voici qui participe à sa manière au festival de lubies préélectorales en essayant in extremis, de redorer le blason poussiéreux d'une idéologie fort décatie. Y croit-il encore lui-même ? Y a-t-il une chose réelle à laquelle il a cru ? Ou bien fait-il semblant de croire à tous les avatars de la frivolité bien pensante, qu'il a fait mine d'épouser à la manière d'un rebelle des beaux quartiers ? Difficile à dire tant cet homme s'est trompé sur à peu près tous ses engouements, et tant il change de teinte comme les caméléons, pour mieux être en harmonie avec l'environnement médiatique. Force est de constater en tout cas, qu'il a troqué le rouge sang des révolutions pour le le rose bonbon des rêveries sucrées du socialisme à l'eau tiède.
 
Aujourd'hui, celui qui fit ami-ami avec tout ce que l'Amérique du Sud compta de révolutionnaires communistes, pontifie tranquillement dans les salons parisiens, et comme sa pensée s'avère prolifique, chaque nouveau livre est l'occasion pour lui de débiter sa morale poussive, aux vagues relents marxiens, avec la molle onctuosité d'un chanoine pansu. Lui qui dans un élan lyrique inconsidéré qualifia le gangster mystificateur mexicain, auto-proclamé « Sous-Commandant Marcos », de « meilleur écrivain latino-américain de nos jours ». Lui qui fut un des zélés courtisans de François Mitterrand, et ne fut en aucun cas choqué des fastes et de l'argent facile, dans lesquels « le dernier grand homme à la symbolique républicaine » (sic dixit wikipedia) se plaisait à évoluer. Lui qui ferme depuis si longtemps pudiquement les yeux sur toutes les turpitudes pourrissant jusqu'à la moelle l'idéal « de gauche » (cf l'édifiant aperçu qu'en donne Tippel à la suite du billet précédent). Le voilà qui commence son dernier ouvrage en évoquant depuis 2007, « les cinq ans de vulgarité friquée qui nous ont tant fait honte » !
Décidément, la gauche m'étonnera toujours par son inconséquence hallucinante et sa propension incroyable à se croire d'une essence supérieure... Un peu plus loin, un passage confirme cette indécrottable vanité qui confine au manichéisme, ou plus simplement à la grandiloquence stupide : "La gauche (...) a dans son ADN un pacte avec la durée, parce qu'elle est transmission, transport d'une information rare le long du temps. La droite matérialiste et frétillante a partie liée avec le jour-le-jour, parce qu'elle est communication, information emplissant l'espace. L'une au risque d'être un peu chiante ne peut s'empêcher de penser "éducation"; l'autre est à l'aise dans le volatil, rien à craindre des paillettes, elle est chez elle en culture de communication".
Évidemment, ces quelques phrases artificieuse me dégoûtèrent d'en lire davantage. Je laissai la pile de bouquins en l'état, en y ajoutant au dessus, un livre à la gloire de Nicolas Sarkozy, rien que pour le plaisir...

1 commentaire:

Santo a dit…

Toujours aussi pertinent! Epatant votre billet!
Bien à vous