26 octobre 2012

Le Grand Manichéisme

C'est un fait connu. En France on a les idées bien arrêtées au sujet des Etats-Unis et tout particulièrement à propos de leur système politique. Tellement arrêtées d'ailleurs, qu'elles semblent pétrifiées, incapables pour tout dire de la moindre évolution (un vrai os dans la théorie de Darwin).

Depuis des lustres en effet, un étrange glacis intellectuel englue les esprits, qu'on pourrait schématiquement qualifier d'aversion primaire et irréductible pour tout ce qui vient du monde Yankee.
Tout y passe dans cette affolante détestation . Citons pêle-mêle : Wall Street, les habitudes alimentaires, le système de santé, celui des retraites, les OGM, la peine de mort, la vente libre d'armes, les convictions religieuses, le racisme, les lobbies pétroliers, les gaz à effets de serre, le bœuf aux hormones, l'impérialisme culturel, le bellicisme, et en définitive tout ce qui fait l'american way of life...
Tout cela est jeté aux orties sans la moindre retenue, témoignant d'une méconnaissance hallucinante de ce qui fait la richesse de cette nation, et d'un parti-pris grégaire qui ferait honte aux moutons de Panurge. Jean-François Revel (1924-2006) avait magnifiquement traité ce thème dans un ouvrage décapant, qui hélas n'a pas pris une ride (L'obsession anti-américaine).

Le comble est habituellement atteint lorsqu'on aborde le champ de la politique. Dans l'ensemble les gougnafiers à œillères jugent le système US, par nature inique, corrompu, imbécile, voire anti-démocratique, et j'en passe... Les pires injures étant réservées en général aux personnalités osant se réclamer de l'idéologie libérale ou du capitalisme, et en particulier à celles ayant le malheur d'appartenir au Parti Républicain. On a vu cette propension portée jusqu'à l'hystérie pour évoquer les personnes de Ronald Reagan et George W. Bush. Inutile alors de tenter de faire pénétrer le moindre fait positif dans les cervelles, même en apparence douées de raison, au sujet de ces deux présidents. Ils sont maudits au moins jusqu'à la septième génération !
Par opposition les gens du camp opposé dit « démocrate », sont auréolés d'une sorte de grâce nébuleuse. Tout ou presque leur est pardonné car dans l'imaginaire franchouillard, ils représentent peu ou prou l'idéal intouchable du progressisme de gauche. Il est de bon ton pour les prétendus intellectuels, et les soi-disant artistes de déclarer leur sympathie pour les dignes représentants du parti à l'âne. Le sommet de cette exaltation a culminé lors de l'élection en 2008 du quasi-messie Obama.
Nul doute que certains lecteurs me taxeront d'extrémisme. Pourtant les faits sont là, et ils sont têtus comme disait le camarade Vladimir Illitch... Et aujourd'hui encore, même si le soufflet du Yes We Can est assez piteusement retombé, le culte est encore vivace. Assez pour que les grands prêtres de la Pensée Correcte recommencent leurs litanies à sens unique.
Deux exemples suffiront me semble-t-il à donner la mesure de ce manichéisme insensé.
Le Nouvel Observateur faisait tout récemment sa couverture en évoquant « l'Amérique qu'on aime et celle qui nous fait peur » illustrée comme par hasard des portraits de Barack Obama et de Mitt Romney ! Pour des gens qui reprochent habituellement à leurs adversaires d'instrumentaliser les peurs, chapeau !
A l'intérieur du canard de la cuistrerie bien-pensante, figurait un article d'un certain Philippe Boulet Gercourt assénant le message à coup de massue, en décrivant notamment : « L'Amérique des crésus contre celle des pauvres, l'Amérique d'Obama contre celle qui le vomit. L'Amérique tolérante, bigarrée, ouverte au mariage gay, contre celle de l'obscurantisme et du puritanisme religieux. » 
 
Dans le même temps, le journal Le Monde sortait une édition spéciale consacrée à l'élection américaine intitulée tout simplement "L'Amérique d'Obama". Sans doute le Comité de Rédaction a-t-il trouvé superflu d'évoquer ne serait-ce que l'existence d'une opposition...

Celle-ci est d'ailleurs littéralement éviscérée par les révélations de deux « chercheurs » Thomas Mann et Norman Ornstein, qui expliquent doctement que « La vie politique américaine est marquée par une crispation partisane contraire à l'intérêt du pays », assurant « que les dysfonctionnements du système politique sont provoqués par l'évolution du Parti républicain, qui a complètement dérivé à droite dans son refus d'admettre qu'Obama exerce le pouvoir. »
Le seul titre de leur ouvrage, en dit plus long qu'un discours, tant il exprime de nuance et d'impartialité : "C'est même pire qu'il n'y paraît"...

Avec une Presse et une littérature aussi indépendantes, aussi clairvoyantes, aussi mesurées, aussi ouvertes d'esprit, les Français sont assurés d'être bien éclairés !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

bien évidemment et à l'encontre de toute la désinformation gauchisante habituelle. Mais pourquoi s'évetuer à citer Nouvel Obs et autres "torches-culs", Libé ( moins de 15 000 lecteurs, les maoitses rachetés par Rothchild !!! et dans lequel l'Abbé "Léno-comprendo" publie à défaut de le faire dans JVS ???), laisse donc ces torchons à Merluche et sa clique.

extrasystole a dit…

vous avez dit manicheisme?
Amicalement

extrasystole a dit…

Wall Street, les habitudes alimentaires, le système de santé, celui des retraites, les OGM, la peine de mort, la vente libre d'armes, les convictions religieuses, le racisme, les lobbies pétroliers, les gaz à effets de serre, le bœuf aux hormones, l'impérialisme culturel, le bellicisme.
C'est pas mal tout ca, non ?