14 novembre 2012

En un combat douteux

L'affrontement auquel se livrent Jean-François Copé et François Fillon pour prendre la tête de l'UMP, est assommant, tant il dure. Mais il manque surtout d'intérêt.
Les quelques piques et saillies dont se gratifient depuis des semaines les deux protagonistes de ce douteux combat, parviennent difficilement à masquer le peu d'audace et l'absence de perspective originale de leurs programmes respectifs.
Le débat qui était censé les départager a permis de mesurer la pusillanimité des candidats à propos de trois questions cruciales, révélant qu'en définitive rien ne les sépare vraiment, et que rien de très novateur ne peut être espéré de la politique qu'ils souhaitent mettre en œuvre :

Face à la problématique de la funeste loi sur les 35 heures (RTT), autour de laquelle toute la classe politique tourne en rond depuis sa création en 2000, ni Copé ni Fillon ne laissent espérer mieux que la timide et fugace défiscalisation des heures supplémentaires. François Fillon plaide mollement pour la disparition pure et simple des réglementations sur le temps de travail. Mais après cinq années passées à la tête du gouvernement, le moins qu'on puisse dire, est qu'il n'est pas crédible ! Quant à Copé, il n'évoque que des arrangements en forme de tarabiscotage.
Qui aura donc le courage de revenir sur cette pure imbécillité socialiste, ce succédané d'acquis social que 64% des salariés seraient à ce jour prêts à remettre en cause ? Sans doute faudra-t-il attendre que la Gauche elle-même, au terme de moult reniements, finisse par l'enterrer...

Plus grave et plus révélateur de la résignation des deux débatteurs (et d'ailleurs de la plupart des politiciens de notre pays englué dans les principes), l'abrogation de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) n'est décidément pas à l'ordre du jour. Qualifié pourtant d'un commun accord de dispositif totalement absurde et contre-productif, ils n'en n'avouent pas moins leur impuissance à le remettre en cause. Ce qui en dit long sur la force de leurs convictions et leur courage en matière de réforme de fond...

S'agissant de leur positionnement vis à vis du Front National (FN), ils en restent à de prudes et torves dénégations. Leur discours a beau évoquer « une Droite forte », voire « décomplexée », et faire des appels plus ou moins appuyés aux électeurs de Marine Le Pen, ils se défendent avec la dernière énergie, d'envisager le moindre rapprochement avec le parti qu'elle anime.
Cette attitude qui témoigne d'une intolérance absolue, est avant tout anti-démocratique. Elle ostracise en effet le FN qui se voit condamné à rester à part, et elle contribue à la radicalisation des opinions qu'il véhicule. Au surplus, elle est suicidaire en terme stratégique. Elle a pour l'heure abouti, par son rejet systématique d'une fraction de l'électorat, à ce que la Droite perde la quasi totalité des régions, la grande majorité des grandes villes, et elle interdit à une formation qui représente près de 20% de la population, toute représentation au Parlement. Elle oblige enfin les représentants de la droite classique, à des contorsions de langage ridicules et hypocrites, qui ne trompent personne mais en irritent plus d'un.
Bien qu'on puisse avoir de profondes divergences avec le Front National, elles ne seront jamais aussi scandaleuses que celles qui devraient opposer le Parti Socialiste à ses alliés de l'extrême gauche la plus sectaire et arrogante, dont certains osent encore se réclamer en toute impunité, de cette abomination qu'est le communisme !

Bref, avec de pareils leaders, notre malheureux pays a bien peu de chances avant longtemps, de voir rebattues les cartes du jeu politique. Et il est à craindre que nous n'ayons pas fini de devoir ingurgiter, faute de mieux, l'infâme soupe socialiste...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Monsieur,
Il me semble que la montée du FN (ou du moins sa stagnation à un niveau élevé) n'est absolument pas dû à une radicalisation des esprits des partisans de droite mais davantage à une gauche, qui elle, marginalise les électeurs frontistes. L'ostracisme est bel et bien de gauche à mon goût. Combien de fois entendons-nous de la part d'humanistes auto-proclamés de gauche (pléonasme) que les sujets et problèmes que pointent du doigt le FN sont nauséeux? Qu'ils divisent? Qu'ils sont anti-républicains (pour rester poli) ? Agir de la sorte, c'est refuser le débat et adopter une posture antidémocratique... Curieux paradoxe: défenseur d'un nihilisme politique d'un côté, censeur au nom d'une pensée dogmatique de l'autre. On les laissera volontiers à la solitude de leurs choix. La droite (en général) quant à elle n'a jamais refusée ces débats. C'est d'ailleurs ce qu'on lui reproche avec la "Buisson touch" perceptible durant la campagne présidentielle (sans laquelle d'ailleurs N.Sarkozy n'aurait jamais atteint un tel score). Mais de là à franchir le Rubicon pour et faire alliance avec le FN me semble périlleux et incohérent: périlleux car fusionner deux grands partis politiques comprenant chacun plusieurs sensibilités en un seul parti unique est voué à l'échec; incohérent car le FN et l'UMP n'ont tout simplement pas la même histoire et a fortiori pas le même héritage politique (Il faudrait compléter ces propos par les travaux de Réné Rémond sur les trois droites en France).
Je vous rejoins sur l'imposture de l'association assumée entre le PS et les partis d'extrême gauche. Mais également sur ces curés de la diabolisation prêchant l'"effroyable" rapprochement, ne serait-ce qu'épistémologique, entre l'UMP et le FN. Un extrême ne vaut pas plus qu'un autre. D'ailleurs, a supposer qu'elle existe, la mouvance rouge-brun témoigne même d'un certain rapprochement entre ces deux extrêmes supposés antagonistes. On n'est pas à un paradoxe près...

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Merci de votre contribution dont je partage certains de points de vue, avec quelques nuances.
La responsabilité de la Gauche dans la montée du FN est effectivement flagrante. François Mitterrand fut l'initiateur de cette stratégie diabolique mais très efficace, pour nuire durablement à la Droite. Tout l'art a consisté, par une politique permissive, notamment en matière d'immigration et de sécurité, à pousser habilement une frange de l'électorat vers l'extrême droite, tout en diabolisant cette dernière pour l'isoler et la priver de toute alliance avec d'autres formations plus modérées. Pour amplifier le résultat, il n'hésita pas à instaurer la proportionnelle qui donna une vraie dimension au FN.
Il a suffi aux épigones de Tonton, de poursuivre la même politique, tandis que les dirigeants de la droite modérée, tombés comme un seul homme dans le piège, s'y laissaient emprisonner avec une naïveté confondante.
Ils se trouvent désormais dans une situation intenable qui les contraint à tenter de séduire les électeurs frontistes, tout en jurant qu'ils n'ont rien à voir avec le parti qui les représente. C'est un double langage incohérent et plutôt désastreux électoralement parlant. Hormis le succès de Nicolas Sarkozy en 2007, les revers se sont multipliés et le pays a été peu à peu submergé par la soi-disant vague rose. La «Buisson touch » comme vous dites, a pu faire illusion une fois, mais pas deux... A chaque scrutin, il est vraiment navrant de voir trop souvent la gauche gagner, même lorsqu'elle est minoritaire, à la faveur de triangulaires absurdes.
Sans prôner l'alliance, et encore moins la fusion, il serait logique à mon sens d'adopter une attitude moins hypocrite et plus pragmatique. Et peut-être conduire une politique à la mesure des discours. Hélas, il aurait fallu faire cela il y a bien longtemps, avant que la machination ne soit si bien enclenchée...
Bien à vous.

Philippe POINDRON a dit…

Je partage totalement cette magnifique analyse. Et du train où vont les choses, je me demande si nous n'allons pas vers de violents affrontements entre ceux qui travaillent, produisent des richesses et se voient spoliés du fruit de leurs efforts, et ceux qui, réclamant toujours plus, n'ont jamais fait la moindre tentative pour se former, n'habitent pas leur vie, accusent la société et le monde entier, et entendent bien profiter des largesses pris par les démagogues imbéciles (au sens de BERNANOS) qui nous gouvernent. J'exclus, bien entendu, ces milliers de personnes prêtes à travailler et que des lois aussi terroristes qu'inéfficaces empêchent d'accéder à un emploi.
Bien amicalement.