16 novembre 2012

Le règne des Pinocchio

L'avantage, lorsqu'on n'a pas de convictions, est qu'on peut en changer comme de chemise, voire dire sans gêne, tout et son contraire en fonction du contexte, ou bien du temps qu'il fait...
Lorsque ce genre d'inconstance caractérise un esprit enclin à la démagogie, ça donne l'homo politicus à la française, social-démocrate voire socialiste tout court.

Depuis quelques six mois maintenant, les nouveaux gouvernants dont s'est doté le pays, à l'occasion d'un funeste moment d'égarement, incarnent à tel point cette versatilité, que cela confine au guignolesque. Ou plutôt au tragi-comique.
On ne sait s'il faut en rire ou en pleurer...
Le pire est qu'on serait presque tenté de s'apitoyer du navrant spectacle donné par ces malheureux politiciens au sourire béat, confrontés à l'implacable brutalité des faits et aux dures réalités de terrain. Avaient-ils imaginé ce qui les attendait ? On espère que oui, et pourtant l'insolente fatuité qu'ils affichaient avant de parvenir au Pouvoir, leur arrogance vis à vis de leurs adversaires, et leurs auto-congratulations anticipées tendent à prouver le contraire !

A gauche on a toujours eu tendance à penser que les faits devaient se plier aux idées et non l'inverse. Et puisque ces gens ont des théories toutes faites sur tout, ils imaginent que les problèmes doivent se résoudre comme par magie, rien qu'en soufflant dessus, avec leur grosse machinerie législative, bien huilée par les bonnes intentions et les grands principes. Hélas pour eux, ça ne fonctionne jamais comme ils l'avaient prévu ! Il y a toujours à un moment donné, un rouage qui se grippe, voire plusieurs, voire tous. Parfois, ils s'obstinent, et même de manière délirante. Ils se font alors un devoir d'éliminer tout ce qui entrave la voie lumineuse vers le progrès, sur laquelle ils ont la prétention de mener l'humanité : biens matériels, nature, animaux, êtres humains... Tout peut y passer, pourvu que le cap idéologique soit tenu. Ça se termine invariablement en hécatombe, en ruine ou en désastre...
D'autres hésitent à proclamer le Grand Soir, ou bien la Solution Finale. Est-ce un retour à la raison qui prévaut alors, ou bien la couardise devant l'épreuve, on ne saurait dire. Du coup, c'est la débandade dans les cervelles. Comment avouer qu'on s'est trompé ? Comment dire au peuple que le chemin ne mène à rien ?
Une seule solution : mettre de l'eau dans son vin. Autrement dit, du capitalisme dans le socialisme. Naturellement, les bougres déconfits voudraient bien diluer le moins possible la potion originelle. Ne serait-ce que pour éviter de passer pour des branquignols ou bien des renégats à la cause. Mais en temps de crise, on n'a pas toujours le choix...

Faut-il donc se féliciter que M. Hollande, plongé dans le grand bain du « Monde pour de vrai », joue plus que jamais les Pinocchio, racontant un peu tout et son contraire pour essayer de sauver une mise bien mal partie dès le départ ? C'est peu de dire qu'il se répand en mensonges et en revirements. Un jour il nous chante l'air de la Marquise, affirmant que la crise est presque finie, un autre, il reconnaît l'avoir sous-estimée. Un jour il affirme que rien ne fera fléchir sa détermination face au traité budgétaire européen et à la règle d'or, dont il dit pis que pendre; le lendemain, il supplie ses partisans interloqués de les voter massivement ! Un jour il clame les vertus de l'Etat omnipotent, le lendemain, il convient piteusement que dévorant 56% du PIB, il est devenu un fardeau insupportable pour la Nation. Il devait pourtant en savoir quelque chose, car la part principale de la charge est représentée par les collectivités locales, qu'il détient depuis des lustres avec ses amis, en quasi totalité !
Un jour il insulte les entrepreneurs et les gens fortunés, dont il dénonce la cupidité et le manque de patriotisme. Il leur promet que les foudres fiscales s’abattront sans pitié sur leurs têtes, et juste après avoir commencé de les assommer, il se met à les flagorner servilement, dépêche même un ministre qu'il déguise en marin d'eau douce, pour leur porter secours, et sur la fois d'un rapport administratif, leur promet soudain 20 milliards d'allègement de charges (tout en réhabilitant au passage le projet de TVA sociale qu'il trouvait si injuste) ! Tout à coup, il se met à prôner la compétitivité, alors qu'il s'agissait il y a quelques mois encore d'un mot imprononçable par toute bouche socialiste.
N'en doutons pas, d'ici quelques semaines, il va nous donner des leçons de libéralisme ! Il entrouvre déjà la porte à la renégociation de la loi sur les 35 heures, vante l'industrie nucléaire à laquelle il voulait mettre fin dans les plus brefs délais, et ouvre la perspective de l'exploitation du gaz de schiste !

Pendant ce temps, ses affidés décontenancés hésitent sur la posture à prendre. Le camarade Mélenchon, les Ecologistes, les Syndicats réunis et toute la compagnie, limitent l'expression de leur mécontentement à quelques ruades assez dérisoires. Comme ça part dans tous les sens, sans vraiment bouger, ils ne savent sans doute pas trop où donner de la tête. En attendant, ils bouffent du chapeau et avalent des couleuvres longues comme le bras !


Terrible dilemme en tout cas pour les personnes éprises de pragmatisme : faut-il se délecter des atermoiements des pontifes intolérants qui vous traînaient hier dans la boue, ou bien se satisfaire de les voir lorgner vers le bercail de la Liberté, comme des brebis effarées, découvrant enfin la méchante inanité du pandemonium collectiviste ?
Faut-il se réjouir de cette ambiance suspendue, erratique, irréelle, mais en apparence un peu moins folle que ce qu'on pouvait craindre ? Aujourd'hui même, le magazine The Economist alerte pour la troisième fois, sur la bombe à retardement que représente la France pour l'Europe. Fasse le ciel que cette étrange accalmie ne soit pas le signe avant-coureur d'un cyclone !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

une election gagnée sur un monceau de mensonges, sur une campagne de caniveau honteuse, après des années d'opposition bornée systématique,d'injures tous azimuts et on devrait comme nos journalistes enamourés se prosterner devant le réalisme tardif et la polka répétitive des demis engagements et des demis retraits????
bon courage messieurs les courtisans,il faut bien payer vos privilèges

Philippe POINDRON a dit…

Joubert disait qu'un idéologue est celui qui regarde dans son cerveau avant de regarder le réel. Quand le cerveau est petit, l'examen est rapide, les conclusions brutales, et la bêtise, que vous décrivez si bien, explose à la figure de ceux au regard desquels elle cherchait à se dérober. Ils sont nuls ; ils paieront cher leur nullité, et hélas, notre patrie aussi.

tippel a dit…

Il faut dire qu'avec des pauvres connes comme Nathalie Kosciuko Morizet,des mous comme Fillon, ou un Copé qui se prend pour le génèral MAGINOT, la droite n'est pas la droite elle est la gauche 2. La seule droite c'est le Front National, et encore... 20% des électeurs du FN trouve le FN trop à gauche!