25 juin 2013

Coup de froid sur la liberté d'expression

Ce n'est pas un fait nouveau, mais il s'inscrit dans l'actualité avec une acuité plutôt préoccupante. La France, terre de liberté à ce que l'on pouvait croire, semble livrée à une insidieuse censure dont les progrès plombent désormais de plus en plus le quotidien.

La Gauche, qui a toujours eu la manie d'invoquer la liberté, tandis qu'elle l'asphyxiait de ses contraintes hypocrites reste fidèle à ses principe si l'on peut dire. Même diluée dans le bain capitaliste, et plus ou moins convertie à la démocratie, elle montre toujours qu'elle tolère difficilement les opinions contraires à ses dogmes.


Dotée des pleins pouvoirs par l'inconséquence populaire et une organisation constitutionnelle défaillante, elle ne se gène pas pour en abuser.

On se rappelle les outrances verbales de certains porte-drapeaux du socialisme, au soir de victoires électorales: « nous sommes passés des ténèbres à la lumière » (Jack Lang), « Il ne suffit pas de dire que des têtes doivent tomber, il faut dire lesquelles » (Paul Quilès), « Vous avez juridiquement tort car vous êtes politiquement minoritaires » (André Laignel)... On se souvient également qu'à l'initiative de maints députés et sénateurs communistes, Gayssot et Lederman en l'occurrence, la République s'est avilie en votant des lois liberticides, sur des thèmes soi-disant sensibles. Ainsi, les élus de la nation, majoritairement à gauche, n'hésitèrent pas en 1990 à emboîter le pas en matière de restriction des libertés, à des représentants de l'idéologie la plus tyrannique de toute l'histoire de l'Humanité, ouvrant la voie à quantité de textes insanes, dits mémoriels, instituant en réalité le délit d'opinions !

Selon la même logique on voit aujourd'hui sanctionnés de manière insensée quelques égards de langage, ou quelques manifestations hostiles au pouvoir en place.
La plus navrante illustration de cet état de fait est la mise à pied temporaire du journaliste Clément Weill-Raynal par son employeur France 3, au motif qu'il osa révéler au grand jour le comportement scandaleusement partisan et sectaire de certains magistrats.

Non seulement cette chaîne télévisée financée par les deniers publics, devrait avoir honte de recourir à un telle extrémité, mais elle devrait s'interroger sur le fait que le journaliste ait cru bon de choisir un autre média qu'elle pour faire ses édifiantes révélations. Car en l'occurrence cette intolérance sonne comme l'aveu qu'elle scotomise l'actualité en fonction de considérations partisanes et pire, qu'elle est capable de couvrir à ce titre, des comportements inacceptables.

La quasi indifférence générale de l'opinion, et particulièrement de la sympathique confrérie journalistique, face à cette incroyable décision, révèle au mieux la léthargie intellectuelle dans laquelle est tombé notre pays, au pire une complicité passive qui rappelle de sinistres moments du passé. La Presse est décidément tombée bien bas. Elle s'intéresse davantage à commenter d'insignifiants tweets, ou à propager n'importe quelle rumeur non fondée, qu'à défendre la liberté d'expression !

On a certes un peu plus parlé de l'arrestation musclée d'un opposant au mariage gay et du verdict assez hallucinant prononcé à son encontre, au motif qu'il aurait refusé un prélèvement ADN qui lui était imposé, pour avoir manifesté avec un peu trop d'insistance son opinion sur la voie publique : 4 mois de prison dont 2 fermes et 1000€ d'amende !
Le contraste avec la clémence habituelle des juges face aux actes de violence, de déprédations et de saccages auxquels se livrent de plus en plus fréquemment des hordes de vandales est évidemment choquant. Dans un cas c'est la dégradation de biens publics et l'atteinte à la propriété privée et même aux personnes qu'on néglige de sanctionner, dans l'autre c'est la liberté d'expression qu'on punit avec une sévérité disproportionnée.

Il faut croire que le Pouvoir est vraiment aux abois face à la contestation, puisqu'on compta le fameux soir du "délit", pas moins d'une centaine de fourgons de CRS mobilisés pour protéger le Président de la République venu réciter son lénifiant catéchisme sur M6...

3 commentaires:

Philippe POINDRON a dit…

Cher Pierre-Henri, si vous n'existiez pas, il serait impossible de vous remplacer ! Merci pour ce billet salvateur. Et puisque vous comme moi sommes des amoureux de la liberté, je propose que nous fassions une sorte d'union des Blogs ! Je vous suggère d'ajouter à la liste des Blogs unis celle d'un jeune homme plein de talent : l'adresse est la suivante : http://le-scribe.hautetfort.com
Je continue un combat quotidien, en m'efforçant de pondre un petit billet intitulé : "Nouvelles de la Résistance"...

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Merci cher M Poindron. C'est beaucoup d'honneur que vous faites a mes laborieuses élucubrations ! Je vais prendre connaissance avec intėrêt du blog que vous m'indiquez. Je vous souhaite bon courage pour le combat que vous menez avec détermination contre les lubies et l'intolérance dont fait preuve le pouvoir en place. Bien à vous.

Anonyme a dit…

"Dotée des pleins pouvoirs par l'inconséquence populaire..."

Oui, c'est le principe de la Démocratie...
"La dictature c'est "ferme-la", la démocratie c'est "cause toujours"...
François