04 novembre 2013

Bonnets Rouges et Tea Party

Eu égard à la frénésie taxatrice caractérisant quasi exclusivement sa politique, végétative par ailleurs, il est assez plaisant de voir le gouvernement trébucher sur un impôt élaboré par... ses prédécesseurs !
En dépit de l'apparition depuis quelques mois un peu partout sur les routes, de portiques étranges hérissés de caméras, détecteurs, émetteurs en tous genres, il faut bien dire que peu de gens semble-t-il avaient anticipé le coup. Pourtant, avec un point de vue rétrospectif, la fameuse « écotaxe pour les poids lourds » avait tout pour mettre le feu aux poudres. Réunissant dans une même nasse l'ensemble de la classe politique qui l'avait avalisée, elle combine en effet une incroyable complexité avec un intérêt pratique à peu près inintelligible. Surtout, elle arrive comme la cerise sur un gâteau fiscal passablement écœurant !
Il serait vain de tenter de décrire cette nouvelle usine à gaz du Trésor Public, vue la sophistication diabolique à laquelle elle répond. Disons simplement qu'elle devait permettre de (sur)taxer les poids lourds de plus 3,5 tonnes, circulant sur le réseau routier hors autoroutes, en fonction de leur distance parcourue, de leur charge à vide et de leur degré de vétusté ! Il était prévu que les véhicules « ciblés » embarquent donc un mouchard GPS permettant leur suivi par les balises électroniques installées tous les 4 kilomètres environ, au bord des routes nationales et départementales. Les contrevenants quant à eux ne pouvaient échapper aux mailles du filet et aux fameux portiques, permettant de les traquer, en tout lieu et à tout moment

Dans l'esprit de ses ingénieux inventeurs, enchantés par leur trouvaille, il s'agissait d'un « impôt éthique », censé décourager les entreprises d'utiliser les camions pour acheminer leur marchandise, et les incitant à faire appel au train, réduisant par voie de conséquence l'émission de C02.
Au premier rang de ses promoteurs figuraient le cher Jean-Louis Borloo, flanqué de Nathalie Kosciusko-Morizet et d'écologistes de tout poil, impliqués dans l'inénarrable « Grenelle de l'environnement ». Force est de reconnaître que l'ensemble de la classe politique avait suivi, et applaudi à cette insanité, s'ajoutant à tant d'âneries bien intentionnées. C'est pourquoi le PS est bien mal venu aujourd'hui de clamer qu'il est contraint d'appliquer une loi votée par ses prédécesseurs. Que ne l'a-t-il pas abrogée, comme tant de dispositions prétendues néfastes, datant de l'ère Sarkozy ?

A quelque chose malheur est bon. A travers cette histoire lamentable, le Peuple commence peut-être enfin à prendre conscience de l'effet pervers de l'impôt lorsqu'il est l'alpha et l’oméga de toute politique. A l'évidence, il n'est plus désormais la seule punition des Riches, il déborde partout, envahit le quotidien, plombe la moindre initiative. C'est un boulet que chacun se voit contraint de traîner aux pieds, et ce boulet ne cesse de grossir. L'alibi de la redistribution ne prend plus. Celui de l'écologie non plus.
Ces manifestants dont le bonnet rouge rappelle la révolte de leurs ancêtres contre la fiscalité abusive du papier timbré, ont peut-être quelque chose à voir avec leurs cousins américains qui invoquent de leur côté la rébellion du Tea Party. Ces gens sont las tout simplement de cet Etat omniprésent, qui étouffe les libertés individuelles, se nourrit de leur sang, et entend dicter à chacun et à chaque instant sa conduite.
C'est pourquoi sans doute les défilés comptaient si peu de drapeaux rouges et tant de drapeaux bretons. C'est pourquoi sans doute les nostalgiques de la lutte des classes et autres gueuleurs de slogans revanchards, qui cherchèrent à récupérer le mouvement, firent chou blanc. Il fallait voir Mélenchon avec son hideux rictus, s'époumoner, écumant de haine, et lancer mais en pure perte, ses imprécations grotesques aux « esclaves manifestant pour les droits de leurs maîtres » !
Des citoyens se lèvent mais ils n'entendent pas cette fois semble-t-il se laisser berner par ces vendeurs d'illusions.
Un espoir se fait jour, peut-être !

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