28 décembre 2014

Il est interdit d'interdire

Qu’il est loin le slogan libertaire des gauchistes de 1968 !
C’est peu de dire qu’en matière d’expression et de droits nous sommes entrés dans une ère de glaciation. 

On nous rebat les oreilles de droits nouveaux, mais quels sont-ils bon Dieu ! Droit de mourir “dans la dignité”, droit au mariage “pour tous”, droit au logement “opposable”.... Autant de fadaises qui masquent une dérive progressive du droit d’être libre tout simplement.

Depuis les lois odieuses encadrant la liberté d’expression, promulguées en 1990 à l’initiative du communiste Gayssot, on ne compte plus les interdits de toute nature qui empoisonnent notre quotidien et nous éloignent chaque jour un peu plus du modèle démocratique d’une société de citoyens responsables.
Comme au temps des féodalités, ces derniers sont assujettis à une tutelle débilitante, incarnée aujourd’hui par l’Etat Providence. Partout surgissent les tourelles de ses Hautes Autorités aussi pompeuses qu’inefficaces, les forteresses légales que sont commissions, instituts, et agences soi disant affectées à la veille et à la régulation. Telle la soeur Anne, elles surveillent, mais ne voient jamais rien venir à temps.

Pendant ce temps, chaque jour que Dieu fait amène son lot d’ukazes, d’excommunications et de polémiques plus ridicules les unes que les autres. 

A l’instar de cette mesure proposée par la préfecture de police de Paris, interdisant aux particuliers de faire des feux dans leurs cheminées. Ou bien ce projet concocté par la maire de la capitale et ses écolos de service, d’empêcher tout véhicule diesel d’entrer dans sa ville !

Les Pouvoirs Publics et leurs zélotes associatifs ou syndicaux se font un devoir de mettre sous contrôle tous nos faits et gestes.

Y a-t-il plus ridicule que ces tergiversations légales sur le nombre de dimanches pendant lesquels les commerces seraient autorisés à ouvrir ? Ou ces atermoiements sur les horaires de leur fermeture obligée, en soirée ? Quelle misère que ce débat grotesque sur les professions dites réglementées ! Un jour on fait mine de libéraliser les statuts des notaires ou des pharmaciens mais dans le même temps on protège les rentes de situation des taxis en pénalisant les entreprises de VTC, ou bien celles de buralistes en interdisant l’achat de tabac sur internet ! 
Résultat, partout on voit émerger de nouveaux systèmes marchands cherchant à échapper à l’emprise asphyxiante des réglementations et du fisc. Le Web apporte une bouffée d’oxygène et de liberté à ces entreprises : chambres d’hôtes, ecommerce, covoiturage, enchères… Certaines useraient dit-on, de tous les stratagèmes pour ne pas payer leurs impôts en France. Allez donc savoir pourquoi !

La liberté d’expression elle-même est pareillement étouffée par des hordes de censeurs pudibonds et bornés. Après les affaires Soral, Dieudonné, ou Finkielkraut, il faut empêcher Zemmour de parler, ou dans un tout autre genre, Valérie Trierweiler. Peine perdue, leurs ouvrages et spectacles font florès…
En la circonstance, la sottise peut mener très loin. On a même vu des libraires participer de manière stupide à cette censure insensée en s’interdisant la vente de ces best sellers !
Pour d’anodins propos, la chanteuse Zaz et l’entraîneur de football Willy Sagnol ont été cloués au pilori médiatique. Même Bob Dylan lors d’une tournée en France, fut convoqué par des magistrats pour répondre au sujet de propos tenus dans un magazine à propos des oustachis Croates !
Et que dire de la polémique à propos de l’affiche illustrant ce billet, qui fut proposée par la municipalité de Saint-Brieuc, pour lancer la quinzaine commerciale de Noël ? L’opposition socialiste qui n’a manifestement vraiment rien à dire, s’érigeant en ligue de vertu, crut bon de demander le retrait de cette image jugée “sexiste” au motif que la Mère Noël était représentée peu vêtue et dans une position lascive. On pourrait rire de ces gloussements si on n’avait vu venir en renfort de ces dames patronnesses, l’illustre et inconnue Pascale Boistard, secrétaire d'État paraît-il chargée des Droits des femmes…
Comme dirait l'autre, quand les bornes de la bêtise sont franchies, il n'y a plus de limite. Mais s'il n'y a plus de limite à quoi bon interdire ?

19 décembre 2014

Hypnose (Kôdéia)

Sans coup férir cette heure avance
Au gré d’un léger trémolo
Comme une barque allant à l’eau
Saoule mais non sans vigilance

Elle est ravie et se balance
Emprisonnée dans un halo
Tiède surgi ex-nihilo
Qui l’enlace dans sa mouvance

A Dieu ne plaise le retour
Trop brutal de ce doux voyage
Si loin et si près du rivage

Pour qu’en un délicieux détour
Utopique, le temps s’allonge
A l’instant même où seul, je plonge...

13 décembre 2014

Dylan, brut de décoffrage

A l'instar des rescapés du Pink Floyd qui étoffent et redorent d'anciennes ébauches délaissées dans des placards, pour tenter d'en faire du neuf, Bob Dylan ressort de ses vieilles malles ses légendaires Basement Tapes, captées dans l'intimité en 1967, alors qu'il se remettait à la campagne, d'un accident de moto.

Mais à l'inverse des premiers, il les propose dans leur jus, sans fioriture ni artifice. Ça dégage un petit parfum boisé et acide dans lequel remonte, un peu confite mais très prégnante, l'ambiance rebelle des sixties.

Et c'est une nouvelle occasion de se confronter au mystère Dylan. Notamment cette scansion nasillarde que certains trouvent insupportable, et qui derrière son apparente monotonie, surprendra toujours en même temps qu'elle les ravit, les aficionados. Elle touche parfois au sublime dans ces sessions débridées où son lamento stridulant fait merveille. Parmi les nombreuses mélopées soutenues efficacement par le quintette si attachant du bien regretté The Band, on retiendra des standards éprouvés, telle cette version déchirante du fameux I Shall Be Released, des perles jamais entendues (Sign On The Cross) ou restées à l'état de géniales improvisations (I'm Not There).

Un livret instructif et richement illustré complète ce double album très root qui apporte un éclairage intéressant sur ce baladin lunatique, aux messages aussi envoûtants qu'énigmatiques...



Bob Dylan and The Band. The Basement Tapes, raw. 2014 
On apprend au passage qu'un nouvel album se prépare pour 2015 :Shadows In The Night. Wait And See...

12 décembre 2014

Pink Fade...

Ce jeu de mot oiseux qui m’a été inspiré par un bon ami après l’écoute de l'ultime opus du Floyd est à double détente.

Bien sûr il est possible de trouver très pâles ces fragments épars, ressortis des vieux cartons de 94, rehaussés d’un peu de rimmel instrumental ici où là, et même de quelques paroles, faisant émerger une vague chanson de ce magma liquoreux. Tout ça n’a bien sûr ni queue ni tête et ne peut apparaître dans ces conditions, autrement qu’un ersatz.

Pris dans son acception anglo-saxonne, c’est aussi la manière d’exprimer le doux anéantissement vers lequel tout est condamné à filer dans ce monde sublunaire. Syd Barrett oublié, Roger Waters enfui, Rick Wright disparu, que reste-t-il donc ? Ces réminiscences au parfum quelque peu évaporé, qui vous plongent dans la nostalgie en même temps qu’elles vous font parfois frissonner au souvenir des heures extatiques évanouies.

Alors, tant pis, montons de bonne grâce dans cette frêle et illusoire embarcation, et abandonnons nous à l’ineffable tangage, né de cet océan de nuages, indéfini...

Pink Floyd The Endless River 2014

03 décembre 2014

Chaconne



Ce chant si beau demain peut-être
Aura vaincu les pesanteurs
Dont il émane avec des pleurs
Sans oser vraiment tout promettre

Il traverse tendrement l'être
Comme le silence des fleurs
Leurs parfums ou bien les douceurs
Du jour au  moment d'apparaître

Il dit plus que les infinis
Qui sont au dessus de nos têtes
Et dans ses accents inouïs

Résonnent d'indicibles fêtes
Au cœur d'un grand jardin radieux
Peuplé d'archanges et de dieux...


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Inspiré par l'écoute de la Chaconne de la Partita no2 en ré mineur de J.S. Bach, magistralement interprétée à la guitare par John Feeley (à voir et à entendre derrière ce lien)

23 novembre 2014

Edmond About, un libéral inattendu

En flânant dans une librairie, il y a quelques jours, je tombai sur une étonnante petite collection d’ouvrages dans laquelle un titre attira particulièrement mon attention. Intitulé “La Liberté”, il portait la signature d’un illustre inconnu : Edmond About.
Mais peu importait en fin de compte la notoriété de l’auteur. Le titre alléchant, le prix des plus raisonnables, la dimension modeste de l’opuscule (à peine une cinquantaine de pages), et quelques passages plutôt plaisants lus à la va-vite me décidèrent à en faire l’acquisition.
C’est ainsi que j’appris qu’Edmond About (1828-1885) fut un écrivain jouissant d’une belle renommée à son époque. Journaliste et critique d’art très apprécié, il fut également l’auteur de quelques romans à succès, ce qui lui valut même d’entrer à l’Académie Française ! Il ne put y siéger malheureusement, car la mort le saisit juste après son élection, alors qu’il n’avait que 56 ans…

C’est tout à l’honneur des Editions Berg International, sous le patronage avisé de Damien Theillier, d’avoir ressorti un extrait de son ABC du travailleur. Ce texte fut écrit en 1868, à la demande d’un syndicat d’ouvriers parisiens navrés d’en connaître si peu en matière économique, et désireux de pouvoir disposer d’une sorte de traité d’économie pour les nuls, avant l’heure.
Pour ce faire, l’auteur eut l’idée de reprendre le sillon gorgé de bon sens qu’avaient ouvert avant lui Turgot et Jean-Baptiste Say, et livra quelques savoureuses réflexions personnelles dont certaines ont gardé toute leur fraîcheur dans le monde d’aujourd’hui.

Ça commence par une salve de questions dont la forme interrogative ne fait que souligner la nature évidente des bases sur lesquelles repose le capitalisme :
“Pourquoi le capital et le travail, deux alliés inséparables par nature, sont-ils éternellement en défiance pour ne pas dire en guerre ? Pourquoi les plus honnêtes gens du monde s’accusent-ils réciproquement de crimes épouvantables, les uns criant qu’on veut leur prendre ce qu’ils ont, les autres protestant qu’on leur a volé ce qu’ils n’ont pas ? Pourquoi les riches, ou du moins certains riches, méprisent-ils stupidement ceux qui travaillent ? Mais, malheureux ! Votre fortune n’est-elle pas autre chose que du travail mis en tas ? Pourquoi les pauvres haïssent-ils généralement les riches ? Vous ne savez donc pas que vous seriez cent fois plus pauvres, c’est à dire travaillant plus pour gagner moins, s’il n’y avait que des pauvres autour de vous ?”

Avec pertinence, Edmond About tente de tordre le cou au vieux préjugé, qui déjà de son temps faisait du libéralisme quelque chose d’amoral, voire d’immoral. En réalité, écrit-il, “la saine économie donne la main à la morale, et contre-signe, après elle, la loi de solidarité. “Hier elle vous disait : Tous les hommes sont frères. Elle vient nous dire aujourd’hui : Tous les hommes sont libres.” “Libres de travailler quand et comme il leur plaît, de produire, de consommer, d’échanger, à prix débattu, les biens et les services de tout genre.”
About détaille avec méticulosité toutes les entraves mises en travers de cette voie, à chaque époque de l’Histoire, par l’Etat, et par ses lois soi-disant protectrices.
Lorsque ce dernier était représenté par un souverain de droit divin, l’immaturité du peuple étant un fait établi, le roi faisait figure de père omnipotent, et omniscient. Son pouvoir absolu n’était “qu’un instrument dont il usait au profit de quelques millions d’hommes, ou pour mieux dire, d’enfants; car tous les Français étaient mineurs relativement à lui.”
“De fait, la royauté croyait bien faire en touchant à tout; elle imitait, dans la mesure de ses pauvres moyens, cette Providence d’en haut, qui surveille jusqu’aux infiniment petits du monde.” En dépit des injustices et des privilèges consubstantiels à l’ancien régime, “le bon vouloir des rois n’était pas douteux ; ils avaient un intérêt direct à faire la fortune de leurs peuples. C’est dans ce but qu’ils réglaient tout : le travail, le repos, la culture, l’industrie, les semailles, les récoltes, la production et le commerce, substituant leur prétendue sagesse à la prétendue incapacité des citoyens.”

Bien qu’elle ait aboli un système néfaste à bien des égards, la révolution n’apporta pas pour autant l’émancipation du peuple, déplore About, car elle “ne fit qu’en rétablir les excès sous une autre forme, sans amener davantage de prospérité.../… Il semble que le soleil ne soit apparu un instant que pour s’éclipser aussitôt” et en définitive, “le bilan de ces dix années que l’Europe nous envie à bon droit peut s’établir ainsi : dévouement, patriotisme, courage civil et militaire à discrétion; libertés politiques et économiques, néant.” Et pour finir, “le peuple est toujours dans le même embarras quand il fait une révolution, car les révolutions ramènent inévitablement la disette, et l’on a beau chercher, on ne met jamais la main sur les vrais accapareurs…”

En plus de s’attaquer aux systèmes qui, sous couvert de bonnes intentions, ne font qu’assujettir les citoyens, Edmond About flétrit la tendance naturelle des pouvoirs publics à protéger les privilèges, prérogatives, et autres sinécures.
Il montre entre autres les effets néfastes du protectionnisme, objectivant notamment le fait que loin d’être bienfaiteur, il mène le plus souvent à pérenniser des rentes de situation : “Le protectionnisme et les droits de douane ne sont que des moyens de protéger certains contre d’autres en tout égoïsme. Chacun en effet voudrait protéger son entreprise de la concurrence, mais dans le même temps, pouvoir acheter ce qu’il ne produit pas au meilleur prix. Au total, l’Etat sollicité de toute part, finit par décréter des droits sur tout, et par rétorsion les états voisins font de même.../… Au bout du compte ce sont les citoyens qui paient la facture et les plus pauvres qui en souffrent le plus."
Sur cette question comme sur tant d’autres, c’est le bon sens qui devrait s’imposer : “Le vrai système protecteur est celui qui permet au consommateur de s’approvisionner au meilleur prix possible, soit dans le pays, soit à l’étranger….”

Edmond About, au nom du principe de liberté, condamne donc toutes les formes d’étatisme, et notamment l’absolutisme monarchique autant que le socialisme, qu’il soit révolutionnaire ou bureaucratique.
A l’époque où il écrit, Edmond About, imagine toutefois de manière un peu trop optimiste, que beaucoup de leçons ont été tirées de l’histoire. A ses yeux, la monarchie semble définitivement abolie, et les Socialistes sont discrédités, apparaissant pour ce qu’ils sont : “des charlatans de l’économie politique”, “des vendeurs de pierre philosophale”, qui promettent le paradis sur terre...
Mieux même, il estime que “le socialisme, qu’on peut discuter aujourd’hui sans passion, a livré son dernier combat, sous nos yeux, en Juin 1848. Il est non seulement vaincu, mais désarmé par le progrès des lumières et le redressement des esprits.”

Hélas, après la révolution de 1848, cette idéologie ne fit que se développer à travers le monde, sous l’influence du marxisme naissant : le Manifeste du Parti Communiste est daté précisément de 1848, et Le Capital fut publié en 1867 ! Malgré les horreurs que cette doctrine engendra dans toutes ses applications, force est de reconnaître qu'elle a survécu, et que nombre de politiciens s’en réclament toujours, même s’ils sont heureusement bien obligés de la diluer dans la démocratie !

Si Edmond About s’est quelque peu trompé en matière de prévision, on retiendra malgré tout la pertinence des concepts qu’il expose avec beaucoup de clarté. Et parmi les réflexions qui gardent tout leur sel aujourd’hui encore, qu’il soit permis d’en évoquer encore deux qu’on croirait tirées du débat actuel franco-français.
En bon libéral, About renvoie dos à dos les conservateurs et les socialistes : “Les premiers sont protectionnistes, les seconds sont utopistes, mais tous sont des ennemis de la concurrence et de la liberté économique.”
“L’Etat doit se charger des services indispensables à la sécurité. Il doit protéger les citoyens. Mais il ne doit pas se faire l’administrateur du travail et des échanges.”

A bon entendeur, salut et fraternité….

16 novembre 2014

Les dessous de l'affaire...

Pendant que le peuple souffre et qu’il lui est demandé sans cesse de nouveaux efforts, les grands commis de l’Etat se gobergent chez Ledoyen ! Et complotent peut-être à ce qu'il paraît....
On ne saura sans doute pas de sitôt ce qui s'est dit lors de cet étrange déjeuner du 24 juin 2014, réunissant dans un luxueux restaurant étoilé, messieurs Fillon, Jouyet et Gosset-Grainville, mais on connaîtra peut-être bientôt ce qu'en a dit M. Jouyet secrétaire général de l'Elysée, lors d'une interview donnée à deux journalistes du journal Le Monde en septembre dernier. Ces derniers se sont tellement vantés de tenir à la disposition de la justice l'enregistrement intégral de l'entretien, qu'il faudra bien qu'ils s'exécutent un jour ou l'autre. Ce d'autant que selon leur propre aveu, ils en ont déjà fait profiter quelques confrères...

Il est vrai que ces gens si tatillons sur le secret de l'instruction, la protection des sources, la présomption d'innocence et le toutim, n'ont pas lésiné sur les entorses à ces principes pour juger sans appel et sans preuve, l'ancien président de la république Nicolas Sarkozy. Faisant feu de tout bois, mélangeant des affaires sans suite et d’autres hypothétiques, ils ont joué à discréditer l’ancien chef de l’Etat et distillé le froid parfum de vengeance. On nous apprendrait que ces deux là sont en service commandé, pour tenter de ruiner les chances de retour de l’ancien président qu'on ne serait pas surpris. En tout état de cause, le titre racoleur de leur ouvrage placardé de manière agressive sur la couverture, dit à lui seul que nous sommes à mille lieues du journalisme d'investigation qu'ils prétendent incarner. Il paraît qu’ils fréquentent assidûment l’Elysée depuis la prise de fonction de celui que ses amis appellent affectueusement la Fraise des Bois. Il paraît qu’ils avaient la louable intention de faire en toute objectivité le journal du quinquennat ! Faut-il croire que les Français soient assez niais pour gober de telles balivernes ?

Dans cette nouvelle affaire éclaboussant un peu plus le calamiteux mandat de François Hollande, tout est ténébreux, tout sent la magouille et la machination. Déterminer qui manipule qui, apparaît dans ce contexte presque secondaire, l’essentiel étant de savoir qui rira le dernier...
Pour F. Fillon, le seul fait d’avoir accepté de se rendre à une telle rencontre pose problème. Soit il est tombé dans un traquenard, ce qui ferait douter de sa perspicacité, soit il est partie prenante d’un complot. Dans les deux cas il se disqualifie pour de futurs challenges électoraux.
Quant à JP Jouyet, la preuve est déjà faite qu’il ment, puisqu’il est capable à deux jours d’intervalle de soutenir deux versions diamétralement opposées. La première est démentie par ceux qui ont eu le privilège d’entendre la fameuse interview. La seconde accuse lourdement M. Fillon, mais ne dédouane pas pour autant le secrétaire général de l’Elysée qui ferait dès lors figure de complice.

En l’occurrence, tous les protagonistes impliqués dans cette affaire risquent bien d'en sortir salis, que la justice parvienne ou pas à en démêler l’écheveau. Cela reste en effet très incertain car chacun pour l’heure semble prêt à se rétracter. François Fillon poursuivra-t-il en diffamation Jean-Pierre Jouyet, rien n’est moins sûr. Il y a fort à parier dès lors que ce dernier ne demandera pas son reste (il nie déjà avoir été informé qu'il était enregistré). Quant aux journaleux, ils seront trop heureux qu’on s’en tienne aux supputations…

Morale de l’histoire, et peut-être vraie justice en somme, ces manoeuvres aident paradoxalement Nicolas Sarkozy à se remettre en selle. Après son retour qualifié un peu rapidement de raté par la Presse, il bénéficie d’un début de rédemption face à cette infâme mêlée liguée contre lui, et il peut désormais prétendre rassembler tous ceux qui sont lassés de ces combines politiciennes. Il ne lui manque plus qu’un projet et des idées fortes pour relancer une espérance...

15 novembre 2014

Philaé



Si tant est qu'une comète
Fusant dans l'espace noir
Soit chargée du même espoir
Qu'un vibrionnant gamète

Si tant est que cette miette
De l’Univers puisse avoir
Un secret bon à savoir
Par l’Homme en sa pauvre tête

Alors, qu’en son parcours fou
La machinerie futile
Accrochée à son caillou

S’engloutisse comme une île
Et livre en forme d’adieux
Quelque signe merveilleux...

03 novembre 2014

Picasso embaumé par l'Etat


Confronté à une déconfiture généralisée, et plombé par une incapacité quasi totale à résoudre de manière pragmatique le moindre problème, certains ministres et leur piteux chef en tête, ont tenté de récupérer quelques miettes de la période faste que vient de traverser la culture made in France.
Las, ce fut une succession de gaffes et de pantalonnades !
Il n’y a pas à dire, comme le chantait Brassens, quand on l’est, on l’est bien…

Cela commençait de la meilleure façon pourtant avec les deux prix Nobel attribués à des Français. On ne voit pas ça tous les ans tout de même !
Mais premier raté, Jean Tirole, économiste distingué par le jury suédois quoique peu prisé du gratin médiatique, préconise des recettes exactement opposées à celles mises en oeuvre (si l'on peut dire...) par le gouvernement ! Les hommages surjoués des ministres apparurent dans ce contexte quelque peu déplacés.
Le pire fut toutefois de découvrir à l’occasion de l'attribution du prix de littérature à Patrick Modiano, que madame "la" ministre de la culture, n’avait jamais ouvert un livre de lui, avec qui elle avait pourtant déjeuné et “bien rigolé”, pour fêter ça. Ahurissant, mais seulement pour ceux qui imaginaient encore que ce ministère avait une quelconque utilité…

Nos dirigeants n’étant pas à un paradoxe près, ils offrirent au peuple un vrai festival, ne manquant aucune occasion de s’illustrer dans la catégorie ridicule.
On vit par exemple François Hollande, plastronner en compagnie du capitaine de la finance internationale et du luxe qu’est Bernard Arnault, pour inaugurer en fanfare la fondation Louis Vuitton à Boulogne. Elles sont bien loin les imprécations hargneuses du candidat socialiste néo-marxisant à la présidentielle de 2012 !
On vit sa même silhouette joviale et bedonnante parcourir avec une belle satisfaction bourgeoise, les stands délirants de la FIAC. On le vit s’enthousiasmer à la vue de ces installations insensées et défendre au nom de l’art n’importe quelle fadaise ou godemiché géant érigé triomphalement place Vendôme. Avec une verve touchant au sublime, il se lança même dans un vibrant plaidoyer du prétendu artiste gonflé-dégonflé : «La France sera toujours aux côtés des artistes comme je le suis aux côtés de Paul McCarthy, qui a été finalement souillé dans son oeuvre». On peut dire qu’en la circonstance, le Chef de l’Etat fit preuve, sans doute involontairement et c’est là le plus drôle, d’un délicieux sens de l’à propos : sait-il seulement qu’en plus de ses désormais fameux plugs anaux, l’artiste en question a exploré d’autres possibilités de sculptures similaires, en forme par exemple de monumentales piles d’excréments ?

Pour clore cette parenthèse enchantée, détonant sur une réalité si médiocre, M. Hollande, tel un moderne et infatigable Don Quichotte défiant le bon sens et la réalité, inaugura en grande pompe l’exposition permanente Picasso, sise dans les vénérables murs de l’Hôtel Salé, superbe immeuble baroque situé dans le quartier du Marais.
Cinq ans de travaux et plus de quarante millions d’euros pris aux contribuables, ont été nécessaires pour faire de ce bâtiment bien nommé, un écrin à la hauteur de la collection de l’artiste encensé par l’Etat.
François Hollande enivré par ses propres paroles, a qualifié ce musée d’un des plus beaux" et "des plus émouvants" du monde en inaugurant l'établissement nouvellement réouvert au public. Aussi généreux dans l’éloge gratuit qu’il peut l’être en distribuant l’argent qu’il ponctionne, il a qualifié l’auteur des “Demoiselles d’Avignon” de “peintre de la liberté”, qui "aimait la France, et avait choisi la France", en soulignant lourdement que "s'il n'en a jamais eu le passeport, Pablo Picasso, le républicain, le communiste, est la fierté de la France".

Il est vrai que comparé à Paul McCarthy et ses exhibitions porno-scato, Picasso ferait presque figure de peintre académique ! Il est d’ailleurs bien difficile de contester à ce dernier une originalité et un talent peu communs. Hélas, l’excessive profusion de ses oeuvres (près de 50.000 recensées) et le caractère répétitif des thèmes, tendraient à faire de lui une sorte de stakhanoviste de l’art bien plus qu’un démiurge inspiré, du genre de Michel-Ange.
On se plait généralement à louer les grandes capacités de dessinateur de Picasso, et à vanter son talent à nul autre pareil, pour créer des formes. Pourtant le moins qu’on puisse dire est que ces dernières ne flattent pas toutes l’oeil, et que même si l’on peut leur trouver parfois des qualités décoratives, elles sont en général assez loin de susciter ce sentiment indicible, ce trouble indéfinissable, qui nous envahit au spectacle de la beauté.

On pourrait même suggérer que ce qui le distingue de Michel-Ange, ou de Velasquez qui fut une de ses sources d’inspiration, c'est sans doute la propension à enlaidir tout ce qu’il touchait. On peut ne pas admettre ce point de vue puisque selon les philosophes, la beauté ne se prouve pas, elle s’éprouve. On pourrait tout aussi bien gloser sur les raisons qui poussèrent l’Andalou à déformer et à torturer ainsi la réalité en la transcrivant sur sa toile.
Ne serait-ce pas une sorte d’aveu d’impuissance face aux grands maîtres qui le précédèrent ? Ceux-ci ne reculaient certes pas devant la laideur - le fameux tableaux des Ménines en témoigne - mais ils mettaient tout leur art à la transcender, à en révéler la beauté cachée en quelque sorte. Pourquoi n’est-on pas choqué de voir traité par Rembrandt un boeuf écorché, pendu à l’étal d’un boucher, et pas davantage par une vulgaire chaise paillée ou même une paire de godillots peints par Van Gogh ?

Une des problématiques de l’art contemporain réside dans sa tendance à délaisser la quête du beau pour privilégier l’apparence formelle, avec le souci croissant de s’originaliser à tout prix, et d’imprimer sa marque de fabrique par n’importe quel moyen. Rançon de cette dérive, l’art devient une marchandise de pacotille que les badauds viennent certes voir en foule, mais mus par une curiosité relevant hélas souvent de l'attrait pour le morbide.
Il est étonnant que tant d’intellectuels éthérés, méprisant les triviales valeurs marchandes, et en froid avec l’argent et le profit, s’extasient de manière béate devant des artistes tel Picasso, préoccupés semble-t-il avant tout de faire commerce et gloriole de leur talent, quitte à le galvauder sans vergogne.

Le comble de cette perversion fut le fameux urinoir de Duchamp, daté de 1917, qui réduisit d’un coup l’entreprise artistique au pur néant.
Bien des années plus tard, en 1993, on se souvient qu’un certain Pierre Pinoncelli fit scandale au Carré d’Art de Nîmes, en urinant dans l’oeuvre exposée et en lui donnant un violent coup de marteau. Il fut condamné à un mois de prison avec sursis et 286 000 francs de dommages-intérêts ! Il justifia son geste en disant qu’il avait voulu rendre hommage à l'esprit dada, qui est l’irrespect. Juste retour de bâton en somme…

Depuis cet épisode, tout ce qui s’inscrit dans la démarche déconstructive de l’art, n’est que navrant rabâchage.
Il serait excessif de réduire Picasso à ces “foutages de gueules” pour parler trivialement, mais il est possible de voir en lui un précurseur, et on peut légitimement se demander si son oeuvre restera inscrite au firmament de l’Art. Il est permis d’avoir des doutes... Fallait-il en tout cas, que l’Etat consacre tant d’argent à la gloire d’un seul artiste, déjà si connu, si muséifié, et dont la fortune gigantesque, pourrait suffire à assurer la renommée, en même temps qu’elle garantira la prospérité de ses héritiers durant encore plusieurs générations. C’est là une vraie question...

20 octobre 2014

Baudruches

Qu’elle est plaisante cette histoire de gonflage-dégonflage express d’oeuvre d’art sur la Place Vendôme !
Tout commence jeudi 16 octobre avec l’érection d’un gigantesque machin ogival de 24 mètres de haut, en plastique vert-pomme, dans le cadre de la Foire Internationale de l’Art Contemporain (FIAC).
 Allez savoir pourquoi, sa forme suggestive, poétique et délicate de sex-toy genre “plug anal” ne parut pas enthousiasmer tout le monde.
La polémique partit même plus vite qu’un pet sur une toile cirée et les esprits s’enflammèrent tant et tant, que dès la nuit suivant l’installation, des trublions facétieux mais sans doute incultes s’en prirent méchamment à l’engin (ils croyaient paraît-il qu'il s'agissait d'un sapin de Noël !). Ils débranchèrent la pompe qui le gonflait et sectionnèrent quelques sangles le maintenant debout. Patatras, la belle oeuvre d’art du dénommé Paul Mc Carthy se retrouva raplapla sur le pavé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire !
Dès le lendemain les gardiens du temple de l’art, mairesse de Paris et ministresse de la culture en tête, firent part de leur effroi, criant au scandale, et comparant peu ou prou l’acte de vandalisme à la brutalité nazie face à l’art dégénéré. Et voilà comment, à défaut de point G, on peut atteindre le point Godwin à partir de n’importe quoi par les temps qui courent !

Cette guéguerre cul-turelle est bien dommage en somme car ce truc avait une symbolique puissante. Gigantesque baudruche, il n’était pas sans évoquer le vide sidéral de la pensée contemporaine, et tout particulièrement la politique boursouflée de mots creux du gouvernement. Laissant voir ses grosses ficelles, il ne tenait pas davantage debout qu’elle. Au surplus la finalité de la chose représentée s’accordait plutôt bien avec la manière dont on prend le peuple en ce moment...
Finalement, à défaut de marquer l’Histoire de l’Art, le prétendu artiste n’est pas loin d’avoir atteint son but : cet épisode restera dans les annales...

17 octobre 2014

Le Capitalisme selon Arte... et Jean Tirole

Franche partie de rigolade ce mardi soir 14 octobre sur Arte !
Sous la direction de l’obscur réalisateur Ilan Zil, les téléspectateurs ont eu droit au premier volet d’une édifiante série prétendant expliquer la naissance et l’histoire du capitalisme.
On a beau être habitué aux falsifications dont cette chaîne est coutumière, on ne se lasse pas d’admirer toute la kolossale finesse des fourberies intellectuelles, qu'elle distille avec opiniâtreté aux frais du contribuable.

Certains ont sans doute encore en mémoire la diffusion il y a quelques années d’une fiction documentaire tendant à faire croire que la fabuleuse aventure des missions Apollo sur la Lune n’était qu’une mise en scène réalisée dans les studios d'Hollywood ! On révélait quand même à la fin qu’il s’agissait d’une farce, mais le procédé était là, dans toute sa trompeuse splendeur dialectique.

Il serait trop long de reprendre ici toutes les erreurs, les mensonges et les honteux amalgames qui peuplent ces premiers épisodes, consacrés aux origines du capitalisme et à l’un de ses pères fondateurs, Adam Smith.
La plus grosse supercherie consiste sans doute à faire naître le concept avec la colonisation de l’Amérique par Christophe Colomb, Cortez et autres conquistadores. Ce rapprochement incongru permet de comparer ces derniers à des entrepreneurs, en feignant de leur trouver des ressemblances : même goût du risque, même propension à l’endettement, même cupidité, même mépris pour le genre humain et même soif d’asservir ses semblables !
Quand on commence avec des poncifs de ce niveau, on craint le pire. Évidemment, il arrive vite. Aux yeux des professeurs Nimbus de l’économie dont Arte nous offre généreusement les leçons, c’est clair comme de l’eau de roche, capitalisme et esclavagisme ne font qu’un, l’un se nourrissant de l’autre sans vergogne !

Peu importe que l’histoire démente formellement ce genre d’affirmation, puisqu’il n’est vraiment pas nécessaire d’être expert pour savoir que l’esclavage date des débuts même de l’humanité, et qu’il est loin d’être l’apanage de l’Occident inventeur paraît-il du capitalisme. Il n’est pas non plus besoin d’avoir des lunettes spéciales pour voir combien le socialisme, frère ennemi du capitalisme, a conduit lui, à l’asservissement plus ou moins complet des citoyens au Parti, partout où il a sévi et où il sévit encore hélas…

L’évidence, c’est que le capitalisme est une libération. Il n’a certes pas permis d'abolir la pauvreté, ni d'ailleurs la maladie, ni la mort, mais associé à la démocratie qui est sa sœur jumelle, il a apporté une prospérité inégalée dans l’histoire du monde, et a offert la possibilité à tout un chacun de s’enrichir, de se cultiver et de s’adonner aussi bien aux plaisirs de la chair qu’à ceux de l’esprit.
Passons... De toute manière, le montage cinématographique ne laisse guère au spectateur crédule le temps de réfléchir à cette évidence pourtant criante.

Inspiré des techniques captieuses de Michael Moore, il alterne habilement les séquences. Un petit bout d’interview tronqué par ci, un saut à l’autre bout du monde par là, le tout ponctué de flashbacks pseudo-historiques sentencieux, et assorti d’une musique pompeuse, tout est fait pour noyer le poisson, et empêcher le bon sens de se faire jour.

L’enseignement d’Adam Smith est pareillement caricaturé. Les experts en désinformation s’échinent à déconstruire tout le brillant raisonnement de l’économiste écossais, en affirmant tout simplement qu’il faut comprendre le contraire de ce qu’il a écrit ! La fameuse main invisible n’est qu’un détail sans importance, et ce sont les anti-capitalistes notoires Noam Chomsky et Robert Boyer qui sont convoqués pour réinterpréter la pensée du maître, si mal compris selon eux, alors que son discours fut si limpide...

Rien n’apporte la contradiction à ces glandeurs professionnels, nostalgiques de “l’immense Karl Marx”. Au contraire...
La pensée libérale est montrée au travers d’Ayn Rand dont on extrait quelques fragments de citations tendant à accréditer l’idée qu’elle fit de l’égoïsme une religion. Milton Friedman est présenté quant à lui, comme un clown hilare dont la pensée se résume à quelques bons mots sarcastiques ou démonstrations à l’emporte-pièce.


Bref, ce tissu d’âneries aurait peu de chances de convaincre quiconque, si dans notre malheureux pays les esprits n’étaient pas déjà endoctrinés par des décennies de propagande. Comme prévu, toute la presse de la gauche bien pensante vante comme un seul homme les qualités de ces émissions : de l’inévitable Mediapart aux Inrocks, en passant par Telerama, Slate, le Nouvel Observateur… Dans ce concert de louanges serviles, seul le magazine Challenges détonne en comparant la série à un naufrage...
Signalons tout de même l’humour involontaire de la Production, à moins que cela ne soit la manifestation de son cynisme : Sur le site de la chaine, la vidéo de l’émission est introduite par une magnifique publicité pour... Total ! Et en anglais s’il vous plait !

Ajoutons enfin le savoureux paradoxe qui a fait se télescoper cette semaine la diffusion de cette émission avec l’attribution du prix Nobel d’économie à Jean Tirole.
Tout le gratin gouvernemental, et même au delà, s’est empressé d’honorer le lauréat à coup de déclarations ou de tweets emphatiques. Citons simplement celui de Manuel Valls : “Après Patrick Modiano, un autre Français au firmament : félicitations à Jean Tirole ! Quel pied de nez au French bashing !”

J’avoue ne pas bien connaître Jean Tirole, mais je retiens tout de même quelques savoureuses réflexions des quelques interviews et articles vus ici ou là à l’occasion de sa distinction. Elles sont marquées au coin du bon sens mais le moins qu’on puisse en dire, est qu’elle ne s’inscrivent ni dans le sens de la politique gouvernementale, ni dans la ligne éditoriale d’Arte !
Par exemple, lorsqu’il s’exclame que “la finance est un élément indispensable de l’économie” (Les Echos 2012), où bien à propos de l’Europe, “qu’Il faut aller plus loin dans les abandons de souveraineté” (La Tribune 2012). Ou encore cette magnifique tirade extraite des "Echos”, sur les crises récentes :”la crise financière de 2008 et la crise de l’euro ont toutes deux pour origine des institutions de régulation défaillantes. Ces crises ne sont pas techniquement des crises du marché - où les acteurs réagissent aux incitations auxquelles ils sont confrontés et, pour les moins scrupuleux, s’engouffrent dans les brèches de la régulation pour bénéficier du filet de sécurité public – mais plutôt les symptômes d’une défaillance des institutions étatiques nationales et supranationales.”
Citons encore en vrac : “à force de trop protéger les salariés, on ne les protège plus du tout”, “Les comportements nationalistes des années trente ont apporté une démonstration éclatante des méfaits du protectionnisme et on peut espérer que la leçon aura été apprise.”
Et enfin, “l’économie de marché a été et restera le moteur de croissance et de bien-être des nations.”

Il paraît que le professeur d’économie récompensé a proposé ses leçons à François Hollande…A bon entendeur, Salut et Fraternité !

15 octobre 2014

Le problème Zemmour (2)

Hélas, les sources du mal sont beaucoup plus anciennes que ne semble le penser M. Zemmour,  et ce n’est probablement pas d’une trop grande porosité au monde dont souffre la France, mais au contraire de s’être enfermée dans ses lubies idéologiques et de n’avoir guère regardé ce qui se passait autour d’elle. Comme elle a perdu sa puissance de jadis, elle ne peut plus entretenir que l’illusion de son influence, et son incapacité à s’ouvrir est un handicap qui pèse chaque jour un peu plus lourdement.

A dire vrai, ce n’est pas d’hier, ni même de 1968 que datent cette curieuse myopie et ce repliement spirituel.
Il faudrait sans doute remonter à la Révolution de 1789, pour voir vraiment les origines de cet arrogant virage à gauche, dont Zemmour dénonce à juste titre les méfaits. C’est peu de dire qu’à l’occasion de la terreur robespierriste, la France a raté son passage à la démocratie, en même temps qu’elle a introduit le vers socialiste dans son corpus politique et social. Il s'en est suivi une longue période d’errance de plus de deux siècles qui vit se succéder la folle chimère du Premier Empire, prodigieux édifice, mais écroulé comme un château de cartes, le retour d’une monarchie  royale éphémère et bancale, un Second Empire aussi illusoire que le précédent, plusieurs vaines révolutions, et pour finir, une pléiade de républiques dont la cinquième du genre ne donne toujours pas satisfaction aux Français ! Il n’y a vraiment pas de quoi être fier…

Parallèlement le gauchisme n’a cessé de progresser dans les esprits au point d’imprégner de nos jours les moindres recoins de la société. Tout ou presque lui est désormais inféodé, notamment l’éducation, la justice, les syndicats, les médias, la culture, et naturellement le champ politique où l’interdépendance des pouvoirs pérennise la concentration idéologique autour des courants de pensée les plus influents.
Quelque soit la tendance affichée des gouvernants, la France patauge depuis des lustres dans le même marasme socialiste auquel on fait mine d’adjoindre en fonction des circonstances et d’éventuelles pressions extérieures, un soupçon de libéralisme plus ou moins frelaté. Le Général de Gaulle dont Zemmour vante les mérites n’a pas dérogé à la règle. C’est lui qui présida aux grands chantiers sociaux post-libération, d’où émergea le fameux “modèle français” que nous traînons comme un intouchable boulet. Pour cela, n’a t-il pas fait bon ménage avec les communistes ? Ne s’est-il pas accommodé des monstrueuses nationalisations de l’époque ? N’était-il pas à la tête d’un gouvernement qui s’enorgueillissait d’avoir un ministère de l’Information ? N'a-t-il pas fait à maintes reprises la preuve d'une versatilité mensongère et par là même, n'a-t-il pas contribué à discréditer l'image de la France ?

Il faudrait toutefois remonter encore un peu plus loin dans le temps pour mettre à jour la racine la plus profonde du mal français, à savoir la propension à la pléthore administrative et à la centralisation bureaucratique.
Il serait sans doute excessif de faire endosser à Colbert la responsabilité exclusive de ce fléau jacobin tant il paraît consubstantiel au pays, et ce système pouvait trouver quelques défenseurs lorsque les communications se faisaient à cheval, mais il ne contribua pas peu à l’inadaptation au monde moderne que manifeste notre pays, et à la sclérose de ses institutions.

Cette histoire, M. Zemmour a quelque peu tendance à l'occulter dans ses raccourcis vengeurs. Et son prisme interprétatif franco-français le condamne à s'enfermer dans une logique trop étroite pour porter ses ambitions. De fait, sa nostalgie du passé le fait douter du progrès, de la démocratie, et pire, parler comme d’une calamité, du grand vent de liberté venu de l’Ouest, dont on connait la tendance à casser les frontières et à renverser les potentats établis.
Il préfère ancrer son discours dans le paradigme national “à l’ancienne”, ce qui l’amène à douter des vertus de l’Europe, et à craindre plus que tout, l’évolution de cette dernière vers le modèle fédératif qui a si bien réussi aux Etats-Unis.
Sur ces derniers il manifeste paradoxalement une opinion parfaitement banale, rejoignant ainsi tristement l’anti-américanisme qui sévit dans les esprits. Il critique violemment le libéralisme anglo-saxon qu’il juge responsable de la mondialisation, de l’uniformisation des cultures et de la liberté débridée des échanges. Au surplus, l’Amérique c’est selon lui le royaume de l’individu-roi qu’il exècre, et du communautarisme si néfaste à ses yeux.
Il ne voit donc pas la force admirable du sentiment national qui caractérise ce grand pays. Il semble ignorer la devise si vivace encore aujourd’hui outre-atlantique : e pluribus unum. Et il ne voit pas que loin d’être inculte, l’Amérique en à peine plus de deux siècles, est devenue la nouvelle Athènes du monde moderne, pour notre plus grand bien. En plus d’être le temple du progrès scientifique, elle a toujours été protectrice des arts, et au surplus, elle s’est progressivement imposée comme le berceau d’une foule d’expressions nouvelles, du cinéma à la musique en passant par la littérature !
C’est vraiment lui faire un mauvais procès que de la réduire comme tant de Gaulois aigris, à son appétit pour les biens matériels et son culte du dollar...

Au total, M. Zemmour se comporte avec la société ouverte dans laquelle il vit, pour son plus grand malheur, comme celui qui veut jeter le bébé avec l’eau du bain. Il en perçoit bien certaines dérives, dues à une permissivité irresponsable et un égalitarisme démagogique, qu'il déplore avec raison. Mais il en profite pour accuser le système de tous les maux y compris ceux auxquels il est étranger, notamment nombre de tares structurelles typiquement françaises. Et à la fin, il en vient à rejeter l’ensemble de cette société moderne, au risque d’en perdre les bienfaits inestimables, dont la liberté, qu’on devrait chérir et protéger autant que les hommes préhistoriques le faisaient avec le feu.
C'est bien dommage, car à cause de son caractère excessif et un tantinet borné, son propos s'en trouve affaibli, et il s'expose aux accusations de passéisme, de chauvinisme, voire de xénophobie, ainsi qu'à de vaines et stupides polémiques...
Le grand drame actuel est que nous ne croyons plus au modèle de la société libre qui est le nôtre, et pour lequel tant de sang a été versé, et tant de sacrifices consentis. Aujourd'hui, nous confondons le fait de vivre en liberté avec celui de vivre libre. Nous Français, si prompts à vanter la liberté, nous n'avons pas su nous adapter à cette vertu que nous avons pourtant inscrite aux frontons des palais de la République. Nous jouissons d'elle mais nous ne l'aimons pas. Nous passons notre temps à la galvauder et à l'abîmer par nos caprices d'enfants gâtés. Bientôt peut-être, nous ne serons plus dignes d'elle. Et M. Zemmour qui observe avec tant d'acuité les défauts de ses contemporains, nous entraîne à sa façon sur cette mauvaise pente, car s'il voit bien, il interprète mal...

12 octobre 2014

Le problème Zemmour (1)

A l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage “Le Suicide Français”, on ne peut qu'être frappé par le rayonnement médiatique de son auteur, le journaliste et polémiste Eric Zemmour. On ne parle que de lui et on pourrait même mesurer sa cote de popularité en suivant la courbe d’audimat qui accompagne chacune de ses prestations télévisées.

L’homme est un paradoxe vivant. Quoique d’allure chétive il irradie, et son opinion, quoique très minoritaire, fait mouche. On peut même dire qu’il fait face avec jubilation à tous les petits marquis du conformisme contemporain, alignés en rangs d’oignons sur les plateaux de télé, et qui se font un devoir de confondre ce dangereux déviant à la pensée unique.
Lui, seul face à cette armée de bien pensants, ferraille avec brio, faisant feu de tout bois pour repousser leurs assauts dérisoires. Il y parvient sans peine, tant la stratégie de ses adversaires est monolithique et prévisible. Et suprême récompense, même la mauvaise foi dont il fait parfois preuve en la ponctuant d’un petit rire sardonique, contribue à renforcer le crédit dont il jouit auprès d’un peuple lassé des platitudes ronflantes et des axiomes insipides de la correction politique. 

Pourtant, si sur le champ de bataille idéologique qu’il parcourt sabre au clair, il est assez jouissif de le suivre, tant ses arguments frappent juste et fort, il faut bien avouer qu’à certains moments, l’impression est qu’il se laisse emporter par son élan, voire même qu’il se trompe de cible, ou bien qu'il s'égare dans la charge…

Au départ, les constats sont percutants et le style incisif de leur auteur fait merveille.
Lorsqu’il entreprend par exemple, la démolition du triptyque dérision-déconstruction-destruction qui fait selon lui des ravages dans la société française en minant ses piliers, pas de problème, il a raison. Ses détracteurs ont beau jeu de lui reprocher de faire au passage le procès de l’homosexualité, des femmes et de l’islam, ou de faire le jeu du Front National, il n'en a cure, démontrant qu'il n’est rien de plus faux évidemment.
Car lorsqu’il s’attaque à la confusion des genres, c’est à ceux qui détruisent méthodiquement les repères sociétaux qu’il s’adresse, non à ceux qu’il considère comme victimes de ce saccage.
Il est vrai que ce n’est pas faire injure à la communauté gay que de déplorer qu’en son nom, on en vienne à instaurer cette monstruosité légale du “mariage pour tous”. Car vouloir consacrer leur singularité par ce parfait symbole du conformisme bourgeois, c’est un peu comme vêtir Arlequin d’un costume trois pièces de courtier. C’est tout simplement grotesque.
Ce n’est pas non plus s’en prendre aux femmes que de se moquer des excès du féminisme, surtout lorsqu’ils mènent aux gesticulations insanes des Femen, ou bien à la pantalonnade récente vue à l’Assemblée Nationale, durant laquelle un député fut puni pour s’être obstiné en séance à s’adresser à madame LE Président ?
Ce n’est pas mépriser les Musulmans, que de condamner les interprétations les plus radicales de l'Islam, qui rentrent en conflit flagrant avec les principes républicains et qui basculent parfois dans le crime. Ce n’est pas une faute que de s’alarmer des dérives dangereuses qu’on voit un peu partout prendre le pas sur les pratiques respectables. Et ce n’est pas un péché d’affirmer qu’il est suicidaire de mélanger dans le même “respect” les croyants et ceux qui abusant de la crédulité de ces derniers, parlent au nom de Dieu et veulent faire de leur délire sanguinaire une loi, applicable à tous.

Mais évidemment, il n’est pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, ni de pire interlocuteur que celui qui s’échine à ne pas vouloir comprendre.
Faisant face à Zemmour, c’est toute la clique gaucho-coco-altermondialo-écolo qui aligne ses poncifs éculés aux vagues relents rousseauistes et à la couardise grégaire. Dans ce maelström visqueux de bons sentiments et de mauvaise conscience, les idées ramollissent comme de vieux chewing-gums et s’agrègent les unes aux autres en formant une gangue gluante. Le sophisme tient lieu de raisonnement et la pratique de l’amalgame ramène toujours au même fameux point Godwin, c’est à dire la reductio ad hitlerum. Quoique vous disiez, vous serez toujours traité de droitiste borné, voire de nazi. Le principe est des plus simples. Si vous vous opposez aux dernières lois supposées donner de nouveaux droits aux femmes ou aux homosexuels, vous êtes tantôt machiste, tantôt homophobe. Dans les deux cas, vous êtes suspect de fascisme, donc nazi en puissance. Si vous émettez des réserves sur les évolutions de l’islam, ou si vous vous en prenez à la cause palestinienne, vous êtes nécessairement anti-arabe donc raciste et in fine nazi également. Si vous défendez un contrôle accru de l’immigration, vous êtes conséquemment xénophobe et donc une fois de plus raciste, c’est à dire encore nazi. Si vous défendez "une certaine idée" de la France, vous êtes nationaliste et naturellement frontiste, donc toujours nazi, etc...

En dépit de sa judaïté, supposée lui servir de talisman, Zemmour en prend donc plein la figure de la part des petits censeurs de salon. Il faut dire qu’il a osé enfreindre leurs codes !
On ne saurait donc trop le féliciter d’avoir le courage de refuser l’orthodoxie de cette pensée, outrageusement simplificatrice et manichéenne, régnant dans notre pays. Mais à l’heure de la mondialisation, on s’étonne toutefois qu’il en borne les effets dévastateurs à la seule France, qui serait selon lui de ce fait en train de se suicider. On s’étonne encore davantage qu'il fasse de cette mondialisation déferlant sur notre cocon hexagonal, l'une des causes essentielles de nos malheurs, et qu’il ne puisse envisager de solution autrement qu'en restaurant les murailles de la France, à l'image d'une forteresse médiévale ?
Car si notre pays est indiscutablement en phase de déclin, c’est peut-être parce qu’il est moins conquérant que du temps de Louis XIV ou de Napoléon. C'est peut-être aussi parce que l’esprit français si rayonnant autrefois, est aujourd’hui en berne. Mais c'est sans doute beaucoup parce que nous nous obstinons à ne pas vouloir voir que le monde a changé, hors de nos frontières. De ce point de vue, “la Mélancolie Française” dont fait preuve Eric Zemmour témoigne d’un peu trop de passéisme. A le lire, la France d’avant 68 aurait été grande et belle, et la décadence qu’il déplore serait presque entièrement contenue dans la période toute récente, allant de la fin des années soixante à nos jours ! En conséquence, il n’y aurait de salut à espérer, qu’en remettant sur pied la Nation d’avant ce joli mai de 1968 ! 

(à suivre...)

10 octobre 2014

Michael Cimino, dantesque et dérisoire

En dépit de la rareté de ses films, Michael Cimino laissera son nom c'est certain dans l'histoire du cinéma, ne serait-ce que par la boursouflure incroyable de son expression et de ses ambitions. Et un peu sans doute aussi parce que cette funeste propension le mena au désastre... Un désastre certes flamboyant, mais un désastre quand même, avec en fin de compte, un indicible gâchis. Parti de l'enfer, il crut un peu vite arriver au paradis. N'est pas Dante qui veut...
Précisément, son Voyage au bout de l'Enfer portait déjà pour qui voulait les voir, les symptômes annonciateurs de cette incommensurable folie artistique. Pour quelques scènes impressionnantes voire terrifiques, que de longueurs inutiles, que d'interminables tergiversations, que de scènes ennuyantes ! Et finalement pour ne rien dire ou quasi sur le fond...
Sans doute l'encensement un tantinet excessif de ce film fut pour le réalisateur le pire des cadeaux. Dopé par une gloire subite, il crut pouvoir s'affranchir de toute contingence susceptible de brider son inspiration. Le résultat fut cette lourde Porte du Paradis, colossal navet, qui consterna les critiques autant que le public, et ruina ses producteurs en même temps que sa propre réputation.
A la fois splendide et décadent, sublime et nullissime, il désarme la critique, tant il s'apparente à un morceau de bravoure totalement vain. Un fantastique coup d'épée dans l'eau en somme.
Pour celui qui a le courage de résister à ce torrent narratif de plus de trois heures trente, tel qu'il est présenté à l'occasion de sa sortie en DVD/BLURAY que reste-t-il ?
Ce récit est bien loin de revisiter l'histoire de l'Amérique comme on le lit parfois, notamment en France où l'on connaît si mal ce pays. Le cinéaste est certes parti de faits réels, à savoir un obscur épisode de la lutte opposant propriétaires et voleurs de bétails dans le Wyoming, à la fin du XIXè siècle, mais il les a déformés de manière monstrueuse, cherchant à l'évidence, à leur donner la dimension épique d'une légende. Il tenta dans un effort désespéré de conférer à ces événements crapuleux une double symbolique grandiloquente, où se télescopent sur un champ de bataille héroïque, la haine viscérale de l'étranger en même temps que la brutalité sauvage de la lutte des classes. Bref, tout le contraire de l'essence américaine, fondée précisément sur l'immigration et le melting-pot, et sur une société sans classes et sans privilèges.
Sans doute Cimino avait-il à l'esprit le fameux Autant en emporte le vent, mais la portée dramatique de la guerre de Sécession était toute autre, et ce qu'en fit Victor Fleming fut autrement moins manichéen, et surtout plus subtil, plus humain, plus intense, et in fine, beaucoup plus grandiose.
Cimino s'est fourvoyé donc totalement dans son rêve d'épopée. Sans doute parce que son histoire ne tient pas debout, mais plus encore parce qu'il n'est pas parvenu à donner à ses personnages la puissance émotionnelle qui pourrait en faire des héros. Aucun des trois personnages principaux ne suscite la moindre sympathie, la moindre compassion, ni pour tout dire le moindre intérêt. L'histoire d'amour qui les relie est des plus glauques et décousues et ils errent dans ce tourbillon insensé comme des zombies à la fois prédéterminés et versatiles. Isabelle Huppert profite de son rôle de femme de petite vertu pour exhiber ses formes avantageuses. Mais elle n'exprime aucun sentiment même lorsqu'elle pleure. Kris Kristofferson manifeste une exquise et hautaine indifférence à tout ce qui l'entoure. Il ne s'en départit qu'à la fin mais l'essentiel est déjà joué. Seul Christopher Walken parvient à jeter un certain trouble sur le personnage ambigu et contradictoire qu'il incarne de manière inquiétante.
Le reste n'est qu'une mêlée confuse d'où émergent tantôt de magnifiques paysages, tantôt de somptueuses scènes de foules (la fameuse scène violon-patins à roulettes), et une reconstitution admirable de l'ambiance d'une époque, qui sauvent au moins sur la forme ce foisonnant bouillonnement cinématographique. Cimino se consolera un peu en voyant quelques snobs un peu attardés se mettre après coup, à crier au chef d'oeuvre...
Ce billet fait suite à la publication fin 2013 en Bluray/DVD, d'une nouvelle version "longue" du film, après un nouveau montage et une restauration complète.

03 octobre 2014

Courage, des règles mentons...

Les velléités gouvernementales en matière de déréglementation n’ont pas été bien loin. Il a suffi d’un jour de manifestations ce 30 Septembre, pour qu’elles soient illico rangées au placard… Au surplus, on a vu le ministre qui portait l’esquisse d’ébauche de projet de réforme, M. Macron, se défausser avec une certaine lâcheté du dossier sur son prédécesseur, M. Montebourg ! On a pu ainsi mesurer la force des convictions de cet ex-banquier que d’aucun qualifiaient de libéral ! Il a même été jusqu’à affirmer que la grève des professions réglementées était légitime !

Il faut dire que sur un tel sujet, la crédibilité de ce gouvernement “de gauche” ne pèse pas lourd. Après avoir refusé l’assouplissement des réglementations absurdes empêchant les commerçants de travailler en soirée ou bien le week end, après avoir contraint les dirigeants d’Air France à reculer face aux exigences de ses pilotes, après toutes les reculades face aux syndicats défendant les acquis parfois ubuesques des fonctionnaires, quelle est donc la légitimité de l’Etat pour revoir les règles conférant à certaines professions de vraies rentes de situation ?

Ce n’est pas que ces réformes ne soient nécessaires évidemment, mais hélas, on se demande bien qui aura en France assez de courage, de détermination et de cohérence pour les mener à bien, en toute équité et pragmatisme. Nicolas Sarkozy lui-même après avoir annoncé la “rupture” s’en est bien gardé. Et pour l’heure, ni lui ni personne n’ose vraiment aborder la question.

Pourtant, comment aujourd’hui dans une société moderne de citoyens libres et éclairés, oser encore défendre tous ces privilèges dignes de “l’ancien régime” ? Comment par exemple oser pérenniser le monopole des Pharmacies ? “On marche sur la tête”, comme dit le clip publicitaire Leclerc, déplorant que “ses docteurs en pharmacie n’aient toujours pas le droit de vendre des médicaments n'imposant pas d'ordonnance !” 
Les effets pervers de l'abus des réglementations sont particulièrement démonstratif dans le domaine des médicaments. Bien que leurs prix soient régis en France par une officine gouvernementale (Comité Economique des Produits de Santé), ils s'avèrent largement plus élevés que la moyenne observée en Europe, notamment dans des pays où le système est privatisé !
Le parallèle peut être établi avec le prix vertigineux des lunettes, si bien remboursé par les assurances complémentaires, grâce à une législation contraignant à produire de manière quasi systématique une ordonnance médicale, alors qu'un opticien audacieux a démontré qu'il était possible de proposer des lunettes à 10€ !
En réalité dans ce système, l'encadrement conduit à l'irresponsabilité générale, même de ceux qui en font les frais en définitive, à savoir les citoyens...

A l’heure d’Internet, où tous les circuits explosent, ou un grand vent de liberté se met à souffler sur le monde, où l’information est supposée rendre les consommateurs toujours mieux informés, comment prétendre encore pouvoir ériger des murailles protectionnistes ? Non seulement c’est ridicule, mais cela se traduit bien souvent par l’effet inverse de celui recherché. Loin de protéger les professions qu’il réglemente, l’Etat les asphyxie sous les contraintes. Ainsi en est-il des taxis face au libre marché des véhicules avec chauffeurs, des hôtels face aux sites de location libres et aux chambres d’hôtes, de la SNCF face aux sites de covoiturage ou de transport par bus, des librairies traditionnelles face aux télécommerçants, et d’une manière générale, de tous les commerçants classiques face aux sites web de vente entre particuliers ou d’enchères…
Ayant plombé les premiers de règles, de taxes, de normes et toutes sortes de moyens de coercition, il cherche à pénaliser les autres. De la même manière, après avoir dissuadé par une avalanche hallucinante de taxes, les automobilistes d’acheter des véhicules à essence, il veut aujourd’hui faire de même pour le diesel qu’il avait soi disant épargné (en réalité simplement un peu moins taxé). Résultat, tout le monde est étranglé…

A la vérité, on a rarement vu Etat plus incohérent qu’à notre époque. Certes les électeurs l’ont voulu après tout. 
Paradoxe étonnant, après avoir voté pour des gens à la vision bornée par des idéologies, les Français passent leur temps à contourner les règles que ces derniers érigent en leur nom. Ils sont paraît-il attachés au modèle social supposé les rassurer mais usent de tous les stratagèmes pour éviter d’en payer la charge accablante. Ils ont élu en toute connaissance de cause un politicard démagogue vantant l’impôt “pour les autres”, mais s’apercevant qu’ils sont dans le collimateur, ils n’ont de cesse d’éviter d’en être la cible ! Ils veulent des petits commerces près de chez eux mais s’empressent de faire leurs courses dans les zones regroupant les hypermarchés ou bien sur le web!
En définitive, si l’Etat est inconséquent, les citoyens sont irresponsables. Et quel est le primum movens de ce cercle vicieux, nul ne saurait plus le dire...

27 septembre 2014

Humain, trop humain

M. Gourdel, aventurier des grands espaces montagneux, aurait pu périr en maintes circonstances, au cours de ses voyages. Il aurait pu faire les frais des suites d’une mauvaise chute. Il aurait pu s’égarer et mourir de froid, de soif ou bien de faim. Il aurait pu être victime de quelque animal dangereux, ou bien tout simplement d’un accident d’avion…
Mais voilà, il est mort assassiné de manière barbare par des êtres humains, qui comble de l'abomination, jouissent de faire de leurs crimes un hideux spectacle.

Pourtant, le réflexe qui pourrait conduire à qualifier ce type d’acte d’inhumain est tout à fait inapproprié. Seuls des humains peuvent faire subir à leurs semblables de telles atrocités que rien ne semble pouvoir justifier, et sûrement pas la raison, ni une quelconque foi en Dieu..
C’est précisément ce qui fait l’horreur de ce genre d’évènements, et qui jette un effroi quasi universel, même si une seule victime est à déplorer.
Et c’est dans de tels moments que l’on comprend en définitive, qu’il n’y a pas de pire calamité pour l’Homme que lui-même !
C’est à cette occasion qu’on peut mesurer la fragilité dérisoire du progrès dont nous nous glorifions un peu rapidement parfois. Le vernis de la culture, même patiné par des millénaires de soins attentifs, paraît bien mince face à la force sauvage du fanatisme… Rien n’est jamais acquis et le désastre menace à tout moment.

Aujourd’hui c’est au nom d’un islam conquérant et rétrograde qu’il s’exprime, mais il y a quelques décennies la folie communiste qui animait les Khmers Rouges s’inscrivait dans la même spirale insensée. Elle mena à l’élimination physique d’un tiers de la population du Cambodge ! Auparavant on connut les effroyables méfaits du National-Socialisme qui magnétisa tout un peuple réputé pourtant civilisé. Le Bolchévisme, le Trotskysme, le Maoïsme et tant de variations sur le thème de cette affreuse religion sans dieu qu’est le Socialisme, inscrivirent tour à tour leurs sanglants forfaits dans la tragique histoire de l’Humanité. Notre pays lui-même fut soumis il n’y a pas si longtemps, à la terreur révolutionnaire, qui au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, installa au pouvoir une infâme clique de vandales coupeurs de têtes, dont par un paradoxe troublant, on fête encore aujourd’hui l’avènement !

Une chose est réellement fascinante dans ces mouvements épouvantables : la propagation épidémique d’une idéologie, qui contamine rapidement une bonne partie des foules et réduit au silence les autres. Comment des nations civilisées ont-elles pu se livrer aux monstrueux carnages collectifs du passé ? Comment des peuples entiers purent-ils se rendre complices de la folie destructrice de leurs dirigeants ? Comment nombre d’idéologies aussi meurtrières que stupides parviennent-elles encore à conserver une certaine crédibilité après tant de crimes commis en leur nom ?
Autant de questions sans réponse, tant il est difficile pour des êtres pétris de passions de faire l’analyse de leurs propres émotions, et tant est fort l’instinct grégaire qui nous rattache à une évidente bestialité…


Face aux odieuses dérives de l’islam, la réaction récente de Musulmans révoltés est une bonne nouvelle. Not In My Name clament un nombre croissant de personnes, rejetant sans ambiguïté l’idée que leur religion puisse servir d’alibi à des bandits sans foi ni loi pour commettre leurs forfaits.
Paradoxalement, certains beaux esprits y trouvent à redire, au motif qu’on n'a pas à se désolidariser des méfaits commis par les siens. Pire, ces idiots font semblant de croire “qu’on” exige des Musulmans qu’ils désapprouvent l’Islam ! Ils ne disent pas en l’occurrence qui est ce “on” maléfique, mais surtout, ils font insulte aux manifestants, en niant la spontanéité de leurs réactions. Au surplus, ils feignent de ne pas comprendre que ce qui est en jeu, ce n’est pas la condamnation de l’islam, mais de ce que certains en font.

Laissons là ces imbéciles, si heureux de leurs jeux de mots à deux balles… Ce sont les mêmes qui occultent les centaines de millions de morts du socialisme, pour prêcher l’éternel renouveau de cette idée si généreuse…

Les amalgames sont toujours dangereux. Les Musulmans ont donc raison de se désolidariser vigoureusement de ces bandits de grand chemin dont les motivations religieuses ne signifient rien et font honte à l’idée même de Dieu.
Aujourd’hui, une bonne partie du monde arabo-musulman, notamment l'Irak et la Syrie, est comme un terrain en friches. Avec une communauté internationale forte, et la bonne volonté d’un islam de progrès, on peut en refaire un beau jardin, où les êtres pourront vivre paisiblement et en toute liberté, quelque soit leur religion. C'est manifester beaucoup de mépris pour ces peuples que d'imaginer comme beaucoup de bien-pensants, qu'ils ne sont pas dignes de la démocratie et de la société ouverte. Ne faudrait-il pas plutôt cesser de les traiter avec condescendance, comme on le fit avec les nations étranglées autrefois derrière le rideau de fer du communisme, et affirmer nous-mêmes que nous croyons encore à des valeurs dont l’être humain en général, puisse s’enorgueillir ?
Peut-être alors, pourra-t-on dire alors que Hervé Gourdel, et les autres otages suppliciés avant lui, n’est pas mort pour rien !

22 septembre 2014

Lueurs libérales : aube ou crépuscule ?

Denis Payre jette l’éponge ! Moins d’un an après avoir fondé le mouvement Nous Citoyens (Octobre 2013), il s’est fendu d’un mail le 9 septembre annonçant à ses sympathisants, qu’il en cédait la direction à Jean-Marie Cavada, pour se consacrer à l’entrepreneuriat social et à sa famille.

Bien qu’il affirme vouloir rester aux avant-postes de ce qu’il ambitionnait de transformer en puissante formation politique, cette décision a des airs d’abandon. Et une question vient à l’esprit immédiatement : Pourquoi avoir entrepris un tel challenge si c’est pour quitter le devant de la scène si vite ?
Les raisons invoquées ne convainquent guère. On ne peut en effet imaginer que M. Payre ait à ce point sous-estimé l’ampleur de la tâche, lui l’intrépide créateur d’entreprises. A moins d’imaginer un certain dilettantisme hélas, ou bien un peu de vague à l’âme en matière de convictions...

Plus grave, il paraît difficile d’imaginer que Jean-Marie Cavada soit en mesure de relever le flambeau. Peut-être un peu à cause de son âge il faut bien le dire. A 74 ans, c’est à dire 23 de plus que Denis Payre, peut-il, même avec la meilleure volonté du monde, avoir l’énergie fabuleuse, indispensable pour faire vraiment décoller ce mouvement ? A-t-il seulement le charisme nécessaire à cette mission, lui l’aimable et moelleux centriste, peu habitué aux harangues enthousiastes et provocatrices.
Car de la provocation, il faut en faire assurément pour redonner vie aux idées libérales qui s’asphyxient dans leur pays natal, pétrifié par une idéologie mortifère.

Au delà des déclarations d’intentions générales, le nouveau leader osera-t-il évoquer sans tabou la politique fiscale en proposant par exemple la suppression de l’ISF ? Osera-t-il réclamer de manière pratique la libéralisation du code du travail en remettant en cause les interdictions ubuesques du travail en soirée ou le week-end ? Osera-t-il s’attaquer au nom de cette même liberté, aux rentes de situations des professions réglementées ? Osera-t-il partir à l’assaut des 35 heures avec des propositions concrètes ? Osera-t-il remettre en cause le dogme de la “répartition” en matière de retraites ? Osera-t-il remettre en cause le monopole de la Sécurité Sociale ? Osera-t-il enfin aborder avec des mesures tangibles le monstrueux problème de l’Education Nationale ?


Autant de questions sur lesquelles tout amoureux de la liberté l’attend.
Comme il attendait depuis un an Denis Payre, sans être totalement convaincu, et pour cause...
Et comme il attend désormais Nicolas Sarkozy, qui comme prévu reprend le combat. Lui a l’énergie, le leadership, et la stature d’un homme d’état, sans aucun doute. Il ne lui a manqué jusqu’à présent que la force des convictions…

NB : Ce billet fait allusion à celui qui saluait avec quelque espoir la création de Nous Citoyens en janvier 2014.