30 juillet 2014

Bienvenue en Soviétie française !

Dans la République Socialiste de France, l'Etat tentaculaire a encore frappé. Par le biais d'une de ses innombrables officines soi-disant indépendantes, il vient d'imposer un de ces ubuesques ukases dont il est si friand. Cette fois c'est le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) qui s'arroge le droit d'interdire à trois chaînes de télévision, de changer les modalités de leur propre gestion financière, au nom de la pluralité d'expression dont il est paraît-il garant !
Elles ne pourront donc pas offrir un accès gratuit à leurs téléspectateurs, et compte tenu de l'obsolescence du modèle sur lequel elles reposent, elles sont quasi condamnées à disparaître.

Ainsi vont les réglementations dans notre pays, au gré du plaisir ou des lubies de satrapes totalement irresponsables. L'échec de cette politique ubuesque guidée par les principes de la centralisation administrative et du planisme est patent, mais cela n'empêche ces gens de continuer à imposer en toute impunité leur idéologie désastreuse.
Jamais on ne juge les politiciens à l’efficacité de leur travail. Ils peuvent donc dormir sur leurs deux oreilles.
Au surplus, en France, la démocratie est tellement galvaudée qu'un seul parti peut disposer d'à peu près tous les pouvoirs, même s'il ne rassemble que 18% d’opinions favorables sous la bannière mitée de son leader, actuellement président de la république.
Il peut donc aux yeux du monde interloqué poursuivre sa politique partisane, rétrograde, de dénégation de la réalité.

Ainsi le CSA décide de l'avenir de la télévision sur des critères nébuleux. Mais on ne compte plus les immixtions de l'Etat dans le fonctionnement de la société. Sous prétexte de réguler ce dernier, ou bien de garantir la justice sociale, il peut aussi bien empêcher les gens de travailler le week end, ou bien à certaines heures de la journée. En matière économique il croit pouvoir modifier la loi de l'offre et de la demande, et s'imagine capable de décréter "le redressement productif", la croissance et l'emploi !
Il met l'ensemble de la santé sous tutelle étroite. Il planifie les soins à coup de plans quinquennaux (SROS), le nombre de médecins nécessaires, spécialité par spécialité, en imposant à l'entrée des facultés un numerus clausus absurde, et il confie le financement de l'ensemble du système à un monopole à ses ordres, auquel les citoyens sont obligés de se soumettre.

Comme le docteur Coué, ils sont persuadés qu'il suffit de croire au remède pour qu'il soit efficace. Moins les choses évoluent comme prévu, plus il renforcent donc le traitement... Bienvenue en Soviétie Française !

25 juillet 2014

A défaut d'agir, ils pérorent

Peut-on encore vraiment s'émouvoir de cette interminable guerre qui meurtrit le Proche-Orient, comme un poignard retournant sans cesse sa lame dans une plaie jamais cicatrisée? Peut-on raisonnablement prendre encore parti pour le Hamas dans ce conflit insensé qui semble n'avoir ni début ni fin et dont les tenants et les aboutissants se perdent dans le sable et la poussière d'une terre décidément maudite ? Peut-on nourrir encore quelque sympathie pour cette Palestine où rien ne semble pouvoir pousser hormis la haine ?
Faut-il enfin s'étonner que faisant suite à une lancinante pluie de roquettes, tirées sans répit par pure et insensée provocation, Israël finisse une fois encore par lancer la grosse artillerie à l'assaut de ces têtes brûlées, définitivement enragées contre lui ?
Tout cela est si tragiquement déterminé, si fatalement et mécaniquement inscrit sur l'infernale partition de la guerre, qu'il paraît difficile d'éprouver autre chose qu'un sentiment désespérément fataliste.

A chaque fois, les grands de ce monde font semblant de redécouvrir ce conflit ou feignent de n'en voir que les apparences trompeuses. Est-ce par lâcheté ? Est-ce parce qu'ils jugent prudent de ménager la chèvre et le chou face à des opinions publiques si promptes à croire ceux qui crient le plus ?
A l'instar de François Hollande qui invite un jour Israël "à prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces", et qui le lendemain fait mine de s'apitoyer sur le sort des Palestiniens en déclarant "qu'il faut mettre un terme immédiat à la souffrance des populations à Gaza" (l'Express).
Même indécision du côté des ministres qui fustigent les violences et les actes racistes anti-juifs qui se multiplient et qui ont émaillé les manifestations paraît-il interdites de Barbès et de Sarcelles. Dans le même temps ils affirment comprendre et partager l'émotion des insurgés pro-palestiniens... 
Pour justifier les fluctuations d'une politique incertaine, le ministre de l'intérieur M. Cazeneuve va même jusqu'à sortir cette banalité en forme de tautologie : «La France n'a choisi qu'un camp, celui de la paix» (Le Figaro 21/07)
Il est vrai que dans les rangs de l'opposition, ce qu'on entend ne vaut guère mieux. M. Juppé par exemple, ancien ministre des Affaires Etrangères, “ne comprend pas” la stratégie du gouvernement israélien et s'interroge gravement sur son blog : "Que peut-il attendre de plus d’une telle opération que de celles qui l’ont précédées, sinon l’accumulation des morts, l’exaspération de la haine, la radicalisation des terroristes qui ne rêvent que de guerre ? ». Mais a-t-il vraiment pris dans ses douillets salons bordelais, la mesure de la situation à laquelle l'Etat juif est confronté ? Imagine-t-il qu'il ait tant de choix ? Que faudrait-il donc faire selon lui ? Laisser tomber les roquettes comme si de rien n'était ?

En vérité, tous ces gens bien intentionnés semblent vraiment avoir de la m.... dans les yeux. Ne voient-ils donc pas cette montée du fanatisme, cette détestation permanente d'une bonne partie du monde islamique pour Israël, et au delà pour les valeurs occidentales ? Sont-ils sourds aux vociférations haineuses qui nous vrillent les tympans à longueur d'actualité ? Sont-ils indifférents aux exactions commises par tous ces fous d'Allah ? Ignorent-ils donc l'intolérance manifestée à chaque fois que ces gens agissent ou s'expriment ?
Même Mahmoud Abbas qui a la réputation d'être modéré, rappelait encore récemment son objectif de "purifier la Palestine de toute présence juive..."
Manuel Valls a sans doute eu raison de clamer bien fort que “Ce qui s'est passé à Sarcelles est intolérable” (Le Point). Mais ce sont de vains mots, puisqu’en toute connaissance de cause, il a laissé une poignée de vandales déverser sur la voie publique des torrents de haine raciste, et saccager des quartiers entiers, piller, démolir les biens dont il est supposé garantir la sécurité.

Il faudrait un vrai prolongement dans l’action...
Les ignominies infligées aux derniers Chrétiens d’Irak par une secte d’horribles fanatiques n’est-elle pas intolérable également ? La fatwa ahurissante ordonnant l’excision de toute la population féminine soumise au diktat de ces imbéciles furieux s’érigeant en califat, n’est-elle pas pareillement intolérable ?
Jusqu’où nos pays prétendus civilisés, si prompts à juger des exactions du passé, et à distribuer à tous vents des leçons de morale, toléreront-ils l’intolérable ?

17 juillet 2014

Up and down

Cette fois, l’évidence n’est que trop évidente et la coupe du monde de football en fut le révélateur éclatant : tout semble réussir à l’Allemagne ! 
Bien qu’il ne s’agisse que d’un jeu, comment ne pas voir derrière le succès de cette équipe à la fois robuste, élégante et déterminée, celui du pays qu’elle a représenté pendant ce tournoi mémorable ?
Comment ne pas faire le parallèle entre l'entraînement acharné de ces joueurs des années durant, et les efforts opiniâtres de tout un peuple depuis des décennies pour vaincre l’adversité et parvenir à l’excellence ? Comment ne pas ressentir un brin d’admiration pour cette nation, qui sans tapage ni forfanterie, a su relever le défi prodigieux de sa réunification, qui a si bien pansé ses plaies et ses déchirures, et qui réussit malgré tout à surmonter si efficacement la crise actuelle, dont elle est victime comme tant d’autres ?

Aujourd’hui, c’est clair, l’Allemagne domine l’Europe de la tête et des épaules, et son triomphe est d’autant plus impressionnant qu’il détone avec celui d’autres pays dont le parcours fut pourtant moins semé d’embûches et d’épreuves. La France n’a qu’à bien se tenir, elle qui avait tant d’atouts, et qui en toute logique aurait pu occuper cette place de leader… Hélas, pendant que les uns s’élèvent, les autres dégringolent !

La comparaison de quelques indicateurs suffit à se faire une idée de la situation. 

L'Allemagne affiche un bilan financier des plus sains, et se trouve plus que jamais en position de pouvoir donner des leçons (contrairement à certains...) Elle affiche par exemple un excédent budgétaire depuis 2012, et au moins jusqu'en 2018, tandis que notre pays flirte durablement avec les déficits, et pas qu’un peu : plus de 4% du PIB en 2014 (en dépit d'une pression fiscale record) !
Alors que la dette publique diminue régulièrement chez nos voisins germaniques, elle continue de flamber chez nous : elle sera inférieure à 75% du PIB outre-Rhin en 2015, alors qu'elle aura franchi les 100% ici (soit plus de 2000 milliards d’euros).

Ce n’est pas tout. L’Allemagne s'enrichit pendant que que nous nous appauvrissons. Avec bientôt 2% d'augmentation de son PIB, elle a renoué avec la croissance, au moment où nous plafonnons victorieusement à zéro. Elle a quasi retrouvé le plein emploi avec un taux de chômage à peine supérieur à 5%, pendant que le nombre de demandeurs d’emploi poursuit en France sa désespérante progression (10,4% à ce jour). Enfin, reflet de la vitalité des entreprises, la balance commerciale affiche un excédent de 200 milliards d’euros en Allemagne et un déficit de 60 en France…

On pourrait égrener longtemps la litanie des statistiques. Elles ne parlent qu’à ceux qui acceptent de voir la réalité en face. Ce n’est pas le cas manifestement de nos dirigeants et notamment de notre Président qui se complaît dans une molle auto-satisfaction. Non seulement il est insensible aux chiffres, mais il semble se moquer comme de l’an quarante du désastre social qui ne cesse de s’étendre autour de lui. Sans doute, son indécision, son absence de conviction, sa paresse démagogique et sa morgue revancharde sont-elles pour beaucoup dans le pourrissement de l’état d’esprit et de l’opinion dans notre pays, dans l’incohérence de la politique gouvernementale, et dans la multiplication d’affaires irrésolues, si ce n’est laissées en jachère : SNCF, SNCM, Intermittents du spectacle, dérives judiciaires, délinquance, communautarismes, famille…

Même les sifflets et huées qui accompagnent la moindre de ses sorties publiques paraissent l’indifférer. La Presse semble d’ailleurs à l’unisson de cette indolence et de ce néant dans lequel s'enfonce doucement le pays. C’est bien simple, les journaux ont tellement peu de choses à dire ou à commenter, que la nouvelle paire de lunettes du chef de l’état devient un évènement ! On a les changements qu'on peut...

13 juillet 2014

Deux poids, deux mesures

Au pays du système métrique on n'a pas toujours le sens de la mesure.
Lorsque l’on évalue certains gouffres financiers notamment, et qu’on juge de leurs causes et de leurs conséquences...

Chacun se souvient du scandale impliquant en 2008 la Société Générale, dite affaire Kerviel du nom du courtier maudit qui aurait fait perdre à la banque qui l’employait, la somme astronomique de 4,82 milliards d’euros
Quel tohu bohu ! Près de 7 ans après on en parle encore…. L’occasion était trop belle. On vit évidemment dans cette histoire le symbole des méfaits du capitalisme débridé, de l’ultra-libéralisme et tutti quanti…

Il serait intéressant de connaître la quantité d’encre déversée à ce sujet, le nombre exact d’émissions, de débats détaillant férocement par le menu les malversations ayant abouti à une telle faillite. Transformé en bouc émissaire le trader fou fut jugé, non sans raison sans doute, coupable. Mais on lui fit endosser sans beaucoup d’états d’âme la quasi intégralité de la responsabilité écrasante de ce désastre, et on voulut même lui faire rembourser personnellement les milliards évaporés ! Après maints rebondissements, il a finalement été condamné à 5 ans de prison, dont 4 fermes, tandis qu’aucune charge n’était retenue contre la banque et qu’un simple constat de carence fut adressé par Bercy aux autorités de contrôle qui n’avaient rien vu venir...

Tout autre est le traitement de l’affaire de la BNP qui a éclaté il y a quelques mois. Cette banque a été épinglée par la justice américaine pour avoir négocié en dollars de juteux contrats avec le Soudan, l’Iran et Cuba, violant ainsi l’embargo qui frappait ces pays “voyous”. Là encore l’énormité des sommes en jeu donne le vertige. Aujourd’hui même on apprend que la banque, qui reconnaît les faits, est condamnée à une amende de 8,9 Milliards de dollars, soit environ 6,5 milliards d’euros ! La banque française est aussi interdite de paiements en dollars pendant un an, de janvier 2015 à décembre 2015 et devra obtenir une dérogation pour continuer à exercer l’activité très lucrative de gestion d’actifs aux Etats-Unis.

Mais qui Cloue-t-on au pilori en l’occurrence ? Personne…
Pourtant si dans l’affaire de la Société Générale il ne s’agissait en somme que de placements hasardeux (pour lesquels il n’y avait rien à redire tant qu’ils rapportaient…), avec la BNP c’est une fraude caractérisée qui est en jeu.
Non seulement personne n’est nommément inquiété, mais c’est une vraie mansuétude qui entoure la BNP, face à l’ogre américain. Le gouvernement français,si prompt d’habitude à flétrir les banques, a même fait mine de voler à son secours. François Hollande en tête a tenté, en vain, de négocier un arrangement avec le président Obama, venu en France pour commémorer le débarquement allié ! Le chef de l’état commentant alors les sanctions envisagées, les avait qualifiées de « totalement disproportionnées ». Plus fort, Michel Sapin, ministre des Finances, se livrant à un chantage à peine déguisé, souligna que l'affaire risquait d’affecter les négociations en cours sur le traité transatlantique (Trans-Atlantic FreeTrade Agreement, Tafta).
La réponse du président américain fut claire ne cachant pas un certain mépris pour les coutumes de notre pays : "la tradition aux Etats-Unis est que le président ne se mêle pas des affaires de justice".
Pan dans l’amour propre ! ça tombe bien, en France on n’en a pas, ou si peu... Quelques semaines plus tard, M. Sapin essayant sans doute de faire rire un parterre d’économistes distingués, proclama benoîtement à contre-pied des discours vengeurs du candidat Hollande, que “ La bonne finance était l’amie du gouvernement”. Faut-il donc comprendre qu’à ses yeux, il y a de bonnes fraudes ?

07 juillet 2014

La santé, enfin soviétisée ?

Il faut dire qu’on tournait autour du pot depuis déjà un bon petit bout de temps…
Dans cette France, où tout ou presque passe par l’Etat et où comme le disait si bien Frédéric Bastiat, "l'Etat est cette grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre au dépens de tout le monde...", dans cette France au doux parfum d’administration colbertiste, (mâtiné de vieux relents révolutionnaires), il n’est pas étonnant que le domaine de la santé ait depuis des lustres, mobilisé le zèle tutélaire des Pouvoirs Publics.
Il faudrait d'ailleurs avoir la patience d’un archéologue pour parvenir à mettre à jour toutes les strates plus ou moins enfouies, de l’incroyable mille-feuilles réglementant notre système médico-social ! De la création du monopole de la Sécurité Sociale en 1945, jusqu’à la loi Bachelot dite “Hopitaux Patients Santé Territoires” qui a renforcé, par la création des Agences Régionales de Santé (ARS), le bras armé régional de l’Etat, l’emprise de ce dernier n’a cessé de s’affermir tous azimuts et les réformes de s'additionner à la manière de papiers peints, masquant par leurs couches successives, le délabrement des murs qu'ils recouvrent...
Quasi tout est désormais sous contrôle, et tout est planifié... ou presque : des études médicales jusqu’aux plans quinquennaux représentés par les Schémas Régionaux d’Organisation Sanitaire (SROS), en passant par le parcours de soins coordonné, les autorisations d’activité, la démarche d’accréditation et le filet réglementaire tendu par les innombrables agences nationales dévolues à la santé : HAS, ANAP, ATIH, ASIP, ANSM...

Il reste toutefois quelques étapes encore pour parvenir à l’étatisation totale du monde de la santé et l’actuelle ministre, fidèle en cela aux politiques de tous ses prédécesseurs, ambitionne manifestement de les franchir. Le nouveau projet de loi qu’elle a récemment dévoilé publiquement, en atteste clairement.
Passons rapidement sur l’encadrement renforcé des rémunérations des médecins. Il s’inscrit dans une logique déjà fort avancée liant les praticiens à l’Assurance Maladie. Les derniers espaces de liberté que constituent les dépassements d’honoraires seront bientôt supprimés, mais les médecins conventionnés n’étaient-ils pas déjà de fait, fonctionnarisés ?
Passons sur la généralisation du tiers payant qui portera à son comble le leurre de la gratuité des soins et devrait contribuer à déresponsabiliser encore un peu plus les assujettis bon gré mal gré, au Système...
Passons sur une multitude de dispositions légales dégoulinantes de bonnes intentions, se faisant fort de prévenir les fâcheuses tendances addictives auxquelles s'abandonne une fraction grandissante de la jeunesse, ou bien sur les vertueuses incitations à s'alimenter de manière équilibrée en affectant tout aliment d’un joli logo coloré, ou enfin sur les gadgets illusoires, tel ce numéro de téléphone à 3 chiffres promettant de donner accès à tout moment et en tout lieu à un médecin…

Passons sur ces babioles démagogiques pour s’appesantir sur le sort réservé aux hôpitaux.
De nombreuses réformes “structurantes” se sont déjà succédé depuis des années, aboutissant à une centralisation progressive des établissements. Les règles de plus en plus contraignantes ont en effet cassé la logique de déconcentration qui était pourtant le leitmotiv des années 80. A coup de normes de fonctionnement et de seuils d’activité on a fermé des maternités, des blocs opératoires, des services de soins intensifs. Résultat, quantité de structures sont en voie d’effondrement après le retrait de ces briques essentielles. Condamnées sur des a priori arbitraires, elles ont successivement perdu leur attractivité, leurs praticiens, et in fine leur équilibre budgétaire.
Aujourd’hui s’amorce la phase terminale de ce grand tourbillon centripète. Après avoir défini artificiellement des territoires de santé, transcendant curieusement tous les découpages géographiques existants tels que régions, départements ou cantons, on a incité les établissements à se regrouper en Communautés Hospitalières, autour du plus gros d’entre eux.
Mais désormais l’incitation se transforme en obligation, et les communautés à peine ébauchées par la loi précédente, sont renommées “Groupements Hospitaliers de Territoires” ou GHT. Dernière étape peut-être avant le Kolkhoze, le nouveau mastodonte tentaculaire engendré par la réforme sera tenu d’adopter une système informatique unique, et de mettre en commun pharmacie, laboratoire et quantité d’autres fonctions cruciales telles que la gestion des achats, l’organisation de la permanence de soins…

Il ne manque en somme que le mot “fusion” pour faire d’un tel conglomérat un seul établissement. Mais il y a des mots qui fâchent. Et les Pouvoirs Publics dont le courage et la détermination ne sont pas les qualités les plus éminentes, se gardent bien, ne serait-ce que de les évoquer !
Résultat, chaque hôpital livré à cette machinerie bancale perdra l’essentiel de son autonomie mais conservera jusqu’à nouvel ordre son budget et restera une entité juridique à part entière. Il ne reste plus qu’à imaginer la confusion dans laquelle risque d’évoluer les gestionnaires, les administrations, les soignants et tous les personnels de ces nouvelles structures baroques, issues de l’ineffable génie bureaucratique.

A l’heure où les télécommunications permettent de transmettre à la vitesse de la lumière informations et expertises, ou la technique simplifie considérablement les procédures de soins, ou dans certains pays proches, plus d’un tiers des accouchements sont réalisés à domicile, la France persiste donc à vouloir mettre sur pied à marche forcée un système hyper-centralisé, hyper-médicalisé.
On en voit pourtant déjà un certain nombre d’effets néfastes régulièrement pointés par divers organismes de contrôle au premier rang desquels figurent la Cour des Comptes ou l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS). Merveilleux système où une partie des institutions relevant de l’Etat se consacre à l’analyse critique du fonctionnement des autres, sans que la moindre conséquence en soit tirée, tant on a du mal dans notre pays à passer de la théorie à la pratique...
Le Gouvernement qui n’est plus à une contradiction près, appelle de ses voeux “un choc de simplification”, tout en favorisant par son feu roulant de directives, cette gestion complexe, contradictoire et concentrationnaire. Envers et contre tout, il continue de sécréter des textes de lois, des réglementations et toujours de nouvelles administrations à l’instar de ce nouveau “comité interministériel pour la santé”, ou de cet “Institut pour la prévention, la veille et l’intervention en santé publique”, annoncés dans le projet. Par un étrange hasard, le jour même où le premier ministre déplorait les blocages d'un pays "entravé, coincé, tétanisé", et annonçait sa volonté de "le remettre en marche", des experts mandatés par la justice pour élucider les causes de la catastrophe ferroviaire de Bretigny dénonçaient "un état de délabrement jamais vu du réseau de la SNCF". Faut-il attendre que le grand mécano de la santé atteigne de telles extrémités pour envisager de remettre en cause les tabous doctrinaires ?

Cet article peut être également lu sur le site de la revue Hôpital & Territoires