25 mars 2015

Le Carrousel Sicilien

C’est toujours une joie de suivre Lawrence Durrell dans ses nombreuses et ensorcelantes pérégrinations méditerranéennes.
Aussi, lorsqu’il convie ses lecteurs à le suivre bord d’un petit autocar rouge, à la découverte de la Sicile, on ne peut que s’exécuter et se réjouir à l’avance.
Le carrousel sicilien, c’est le nom du programme organisé auquel il souscrivit auprès d'une agence de voyages, à la fin des années soixante-dix. Rien de plus convenu a priori, pour des vacances. Et pourtant, sous sa plume tout s’enchante et l’on parcourt non seulement des lieux, mais aussi le temps…

Au départ c’est d’ailleurs une sorte de retour dans son propre passé auquel il se livre, et l’occasion de faire revivre un peu le souvenir d’une femme, Martine, dont on devine qu’elle fut bien plus qu’une amie, et qui avait fait de cette île sa terre d’élection. Pour l’écrivain, c’était l’occasion “d’exorciser la tristesse d’une mort qui ôtait tout sel à la vie…” 

A maintes reprises, le lecteur est donc amené à partager cette complicité, via les lettres échangées jadis, que Durrell relit à chaque étape du périple.

Vue d’avion, avant même d’y mettre le pied, la Sicile impressionne : “jetée en travers du détroit comme un piano de concert, elle apparait menaçante comme sur la défensive.../… Une île à la dérive, comme la Crète, comme Chypre…” C’est pourquoi, en la voyant ainsi surgir par le hublot, cet incurable islomaniaque qu’est Durrell, ressent “une espèce de serrement de coeur, d’inquiétude.”
Bien vite toutefois ce trouble se dissipe, et en sillonnant ce pays, une foule d’impressions et d’idées vont se succéder dans sa tête, faisant de ce récit, une délicieuse mosaïque littéraire. Une galerie de portraits bien sûr avant tout : compagnons de voyage, gens de rencontre, figures rêvées à partir de souvenirs, se succèdent et se croisent sans vraie chronologie : Deeds, "ancien de l‘armée des Indes, avec ses chaussures montantes, l’imperméable cachant une saharienne délavée, le foulard de soie noué autour du cou, la valise fatiguée et patinée…", une famille de touristes français “à l’air chagrin qui ressemblaient à des microscopes bon marché”, un prêtre un peu exotique, et, last but not least, Roberto le guide à la faconde intarissable.

Il y aura dans ce voyage des moments de joie, des drames aussi. Par exemple le spectacle incongru, au détour d’un virage, d’un terrible accident d’auto, frappant les esprits comme un tragique rappel à la réalité sur cette route joyeuse, baignée d'azur et de soleil.
Et puis naturellement les digressions mi-géographiques, mi-historiques sur ce pays étonnant plus qu’aucun autre à la croisée des chemins, des cultures, des religions. Entre autres, des considérations érudites sur les monnaies antiques : celle d’Athènes portant l’effigie d’une chouette évoquant “les skops qui occupent toujours les anfractuosités de l’Acropole et poussent à l’aube et au crépuscule, leur cri étrange et mélancolique…”. Ou bien la rose qui donna son nom à Rhodes et qui ornait délicatement au temps antiques, les espèces sonnantes et trébuchantes…

Et bien sûr le grand carrousel des cités, plus ou moins marquées par moultes aventures et mésaventures à travers les siècles...
Catane, pour commencer, mais sans intérêt majeur, il faut bien dire. Longue digression en revanche sur Syracuse, un peu désenchantée tout de même : “une coquille vide dont l’esprit s’est enfui. les temples eux-mêmes ont pour la plupart disparu, usés jusqu’à leurs fondations comme les molaires d’un vieux chien”. Ce qui n’empêche la cathédrale d’éveiller l’émotion : “un lieu sacré bien avant les Grecs. où l’on n’a pas fait table rase du passé, on l’avait au contraire accepté et adapté avec une générosité et un goût qui faisait plaisir à voir.” Pour la première fois, concède Durrell,” je ne me sentais pas anti-chrétien” !
Agrigente. Pas “l'affreuse ville moderne horrible fatras de taudis crasseux et anonymes”, mais ces ruines muettes qui témoignent de l’esprit grec, lorsque cinq siècles avant Jésus Christ,” il imposa, une fois pour toutes, ses lumières au monde, et affirma sa résolution de briller de tout son éclat”. Et le souvenir d’hommes illustres, tel Empédocle, savant, philosophe, et médecin, sur lequel on fit courir des légendes de nécromancie ou de sorcellerie et que Bertrand Russell fit passer pour un mythomane, alors qu’il fut, comme le rappelle Durrell, respecté par Aristote et qu’il influença Lucrèce ! Ou Eschyle, fameux dramaturge qui écrivit plus de 80 pièces de théâtre dont seules 7 parvinrent jusqu’à nous, et qui tomba éperdument amoureux de la Sicile où selon toute probabilité il monta son Prométhée enchainé et son Prométhée déchainé.
Une foule de noms se succèdent ensuite : Selinonte qui tire son nom du selinon, celeri sauvage, puis Erice, Segeste, Palerme, et enfin Messine, et sa cathédrale, reconstruite après un tremblement de terre, avec simplicité, modestie, et la lumineuse spontanéité d’une aquarelle zen, l’un des plus intéressants et somptueux édifices de l’ile.
Et au terme du voyage, impossible évidemment, de ne pas passer quelques instants éblouis dans la douce Taormina qui s’ouvre sur le plus beau théâtre du monde : l’Etna !
Bref, une vraie cure d’intelligence et de poésie, que délivre une fois encore le plus méditerranéen des écrivains anglais, avec ce mélange inimitable de fantaisie, de grâce, d'humour et de légèreté !

Illustration : Nicolas de Staël. Sicile.

23 mars 2015

Une question de taille


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Par un paradoxe troublant, tandis qu'à l'échelle vertigineuse de l'univers, notre monde n'a jamais semblé plus petit et isolé, l'organisation des sociétés modernes semble atteinte de gigantisme. Urbanisme, fortunes, entreprises, tutelles étatiques, administrations, consommation, santé, tout s'emballe.
C'est à cette problématique  qu'a entrepris de s'attaquer Olivier Rey dans son ouvrage bien nommé « Une Question de Taille » : selon lui, en effet, jamais on ne fut si préoccupé de tout mesurer alors que dans le même temps, on a perdu le sens de la mesure...


Il faut reconnaître évidemment la pertinence d'un certain nombre de constats sur lesquels il s'appuie, même s'ils ne sont pas franchement nouveaux.
L'auteur évoque en introduction à son propos quelques délires urbanistiques révélateurs  de cette folie des grandeurs. C'est presque devenu un pont-aux-ânes, mais on ne peut que partager l'horreur que lui inspire certaines réalisations immobilières concentrationnaires : barres, tours, immeubles où l'on entasse des milliers d'individus, avec les meilleures intentions « sociales » du monde !
Autre exemple de la course à la démesure, l'automobile. Fantastique instrument de liberté dans l'absolu, elle est devenue par sa multiplication folle, un objet de contraintes, de perte de temps et d'argent. Inutile d'insister sur les monstrueux embouteillages obstruant aux heures de pointes l'entrée ou la sortie des mégalopoles, ou bien les routes des vacances. Chacun en a fait l'expérience....

Non sans justesse, Olivier Rey se livre ensuite à quelques observations touchant à l'organisation même de la société dont il fustige les exigences individuelles toujours plus grandes et une dépersonnalisation des institutions. Il en profite pour remettre au goût du jour les critiques faites en son temps par Ivan Illich, dont le nom revient dès lors comme un leitmotiv, tout au long de l'ouvrage. S'agissant par exemple de l'instruction publique qu'il compare à une « intoxication », il se désole sans complexe du fait que « les parents, les familles, les adultes en général, par paresse, facilité, découragement, ou simplement parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement, renoncent à éduquer les enfants et les jeunes, laissant ce soin à l’institution scolaire qui prétend si bien s’en charger… »
Sur le système de santé devenu pléthorique, il n'est pas plus tendre. Il commence par pointer l'extravagance de la définition proposée par l'OMS en 1946, qui fait de la santé « un état de complet bien-être physique, mental et social, ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ». Toujours sur les traces d'Illich, il part en guerre, à contre-courant des credo actuels, contre les politiques de protection sociale, en affirmant que « ce n'est pas une bonne nouvelle pour les liens familiaux et l'amitié que, lorsque quelqu'un est malade, il soit pris en charge, non par sa famille ou ses amis, mais par la sécurité sociale... »
Élargissant son propos, il en vient à contester la conception matérialiste du bonheur, telle que la connaissent les pays développés, qu'il assimile à une accumulation stérile de satisfactions. Ainsi, écrit-il, « une vie humaine n’est pas un sac où les épisodes viendraient s’entasser (une abondance sans plénitude) mais une chaîne qui les relie faite de moments successifs mais réclamant un sens à cette succession et une fin : la mort. »

Après Illich, c'est Leopold Kohr, qui est appelé à la rescousse, et notamment son ouvrage The Breakdown of Nations, dans lequel il tentait de démontrer qu'il n'y a qu'une seule cause derrière toutes les formes de misère sociale : la taille excessive ! Olivier Rey rappelle le slogan resté fameux, « Small is beautiful » dont s’inspira toute une école de pensée économique et qui servit de titre au manifeste publié dans les années 70 par Ernst Friedrich « Fritz » Schumacher. Ces gens furent en quelque sorte les précurseurs de l'alter-mondialisme qui fleurit de nos jours en marge des chemins officiels et qui se targue de proposer une nouvelle voie, répudiant à la fois les canons marxistes et les sirènes libérales...
Et c'est là que le bât blesse évidemment...

Car l'ouvrage à cet instant bascule dans la charge anti-libérale, pour laquelle l'auteur se met à déverser un argumentaire où l'esprit partisan l'emporte sur l'objectivité et le spécieux prend souvent la place du sérieux.
Derrière le légitime questionnement sur la taille des structures, des institutions, des organismes et des sociétés, surgissent hélas nombre d'a priori dont on subodore qu'ils tiennent beaucoup plus de la vision gauchisante, voire parfois anarchiste du monde.
Passons sur la thèse farfelue d’Ivan Illich, préconisant de limiter la vitesse des déplacements de manière à ce qu'elle n'excède pas 25 km/h, car de son point de vue, les grandes vitesses entraînent une concentration néfaste des pouvoirs !
Comment adhérer au principe posé par Kohr, supposant que n’importe quel petit état, monarchie ou république, serait par nature démocratique à l'inverse des grands, qui ne pourraient pas l'être, du seul effet de leur taille ! Les USA sont là pour rappeler qu’une grande nation peut très bien se fonder durablement sur la liberté, et à l’inverse, on pourrait citer des foules de petits régimes totalitaires…
On ne peut davantage être convaincu par les démonstrations en forme de tautologie sur l’impossibilité pour les organismes d’être invariants lorsqu'ils changent d’échelle. En d’autres termes, un homme de 10 mètres de tiendrait pas même debout s’il était proportionné comme nous. C’est certain, mais cela ne prouve en rien qu’une structure doive nécessairement se faire petite pour être viable. Le modèle fédéral sur lequel est bâtie la Suisse s’adapte sans souci aux Etats-Unis…
Enfin, que dire des réflexions de l’auteur lorsqu’il affirme arbitrairement que les trop grands nombres ont quelque chose de satanique, évoquant la colère de Dieu punissant David pour avoir tenté de dénombrer de son peuple ? Que dire de cette étonnante assertion qui voudrait que « la masse semble attirer sur elle les catastrophes et appelle le massacre ? » Surtout lorsque le raisonnement conduit à faire de la dévaluation massive du mark dans les années 30 le facteur déclenchant du génocide hitlérien....

On se retrouve de fait, embarqué dans un discours confus et quelque peu pédant dans lequel émerge à maintes reprises la philosophie de la décroissance, de l'anti-libéralisme et de l'anti-capitalisme dont on nous rebat les oreilles.
L'auteur s'en garde en voilant son propos de maintes précautions oratoires, mais il ne peut par exemple s'empêcher de revenir sur les vertus de la division du travail qui permit à l’industrie de prospérer. Contre celle-ci, Olivier Rey voudrait réhabiliter « les bons outils "conviviaux" de M. Illich, qui augmentent l'autonomie en permettant de faire davantage par soi-même que ce qu'on pourrait accomplir sans eux, au contraire des outils industriels, devenus si démesurés, qu'ils paralysent les facultés personnelles d'agir sur le monde. »
Bien sûr l'artisanat et la conception vernaculaire de la production sont des causes sympathiques, mais il est certain que si chacun devait lui-même fabriquer ses chaussures ou sa voiture, le monde serait quelque peu transfiguré...

Plus graves sont les attaques incessantes et plutôt primaires qu’il adresse à tout bout de champ au libéralisme, dont il voit les méfaits partout, à tel point qu’on peut inférer de cette approche, qu'elle s’inscrit hélas dans l’ignorance méprisante dont il souffre dans notre pays.
On peut en juger sur quelques truismes grotesques, dénonçant par exemple à propos de la condition féminine, « la ruse du système économique moderne, après avoir ruiné l’ancienne position des femmes, de ne leur avoir fait entrevoir une libération qu’à travers une concurrence avec les hommes et un enrôlement dans les rangs des travailleurs salariés ! »
Parfois c’est à la caricature qu’il se laisse aller, quand il dépeint « la force de l’idéologie libérale qui, une fois implantée, anéantit si radicalement la faculté, psychique et sociale, à admettre une limite et à la respecter, qu’elle ne peut que continuer à régner jusqu’à ce qu’intervienne la main invisible de la catastrophe », ou bien encore « le libéralisme prôné par Mandeville au XVIIIème siècle, qui au lieu d'exhorter les individus a la vertu et à la tempérance, les pousserait à rivaliser de richesses, à la soif illimitée d'avoir.»

Tout ça ne fait qu'aboutir au paradoxe de Voegelin, qui en 1950 constatait « le déclin de l'Occident et les progrès inouïs qu'il accomplit dans le même temps », pour conclure sous la forme d’un oxymore, que « c'est le succès même qui entraine le déclin...

Au total, cette longue digression, se caractérise avant tout par son incohérence et ses clichés idéologiques. Partie sur des prémisses intéressantes, elle est menée au terme d’un raisonnement erratique, vers une conclusion nébuleuse, et dénuée de débouchés concrets.
Olivier Rey, se borne à produire un nième pamphlet anti-libéral, sans grande originalité. Il en vient même à remettre en cause le sens des responsabilités sur lequel se fonde l’amour de la liberté, en faisant sienne l’argumentation inepte d’Illich : "quand je me comporte d'une manière responsable, je m'inscris moi-même dans le système". A l’instar de son mentor, il lui préfère la décence, mais malheureusement, il semble l’avoir largement oubliée présentement…

Olivier Rey. Une question de taille. Stock. 2014.

13 mars 2015

Crise de repères

En France, on sait les politiciens versatiles.
Ceux qui se prétendent de droite, se plaisent à mettre en oeuvre une fois élus, une politique de gauche, et d'aucuns voient chez ceux de gauche au pouvoir, une tendance à promouvoir les recettes libérales…
En définitive, plus personne n’y comprend rien et à force d’être dupés, les électeurs renoncent de plus en plus à se rendre aux urnes. Résultat, le Front National en apparence tout au moins, ne cesse de progresser.
Il lui reste difficile de s’imposer, car il faudrait à lui tout seul qu’il emporte un peu plus de 50% des voix, ce qui semble encore hors de portée, vu qu’il cristallise contre lui la haine vindicative de tous les partis auto-prétendus républicains. Cette suprématie viendra-t-elle ? Nul ne le sait, mais une chose est sûre, ces derniers n’auraient alors que leurs yeux de crocodiles pour pleurer.
A l’instigation machiavélique de Mitterrand, la Gauche a tout fait pour créer et faire enfler le phénomène, et sous l’égide de Jacques Chirac, la Droite a entrepris de lui donner corps et de le radicaliser en clamant haut et fort qu’elle n’avait rien à voir avec lui, tout en exploitant parfois les mêmes thématiques...
Le problème est désormais insoluble et le débat démocratique est durablement envenimé par ces manoeuvres coupables.

Aujourd’hui, Manuel Valls qui n’a vraiment pas grand chose à vanter dans l’action menée par le Président de la République et lui-même, s’énerve puérilement devant la montée de ce qu’il qualifie de péril contre lequel risque "de se fracasser le pays." Belle inconséquence en réalité, puisque lui et les siens n’ont de cesse d’apporter à pleins tonneaux de l’eau au moulin de l’extrême droite.
Et qui confine à la stupidité lorsqu'il attaque notamment Michel Onfray, à qui il reproche de perdre ses repères, au motif “qu’il préfère une idée juste, fut-elle de droite, à une idée fausse même si elle est de gauche, surtout si elle est de gauche.”
Cette tournure de pensée est effrayante, car elle témoigne d’un archaïsme idéologique à peine croyable. Le premier ministre se croit sans doute encore à l’époque où l’on pouvait “préférer avoir tort avec Sartre que raison avec Aron” ou encore mentir effrontément "pour ne pas désespérer Billancourt."

Onfray répliqua en traitant familièrement Manuel Valls de “crétin”, et force est de reconnaître que le qualificatif est approprié, face aux propos incohérents et aux actions contradictoires du chef du gouvernement, même s'il n’est pas le seul à utiliser cette rhétorique ampoulée autant qu’insignifiante, qui dit les choses sans les dire tout en les disant, et en affirmant tout et son contraire.

Quel dommage en somme que Michel Onfray se prétende encore de gauche ! Il a des convictions, il a une certaine droiture et un courage indéniable, dont il fit preuve lors des attentats de janvier dernier, en disant sans détour quelques vérités bien senties au sujet de l'islam radical tandis que le Président de la République et le Premier Ministre soutenaient que les atrocités commises par des gens hurlant « Allah Akbar » n’avaient rien à voir avec la religion musulmane !
Pourquoi resterait-il donc accroché par principe, à cette forfaiture idéologique qu’est le socialisme ? C’est évident, lui le philosophe libertaire individualiste et épicurien pourrait avoir sa place sans trop de peine, parmi les amoureux de la liberté ! Un jour peut-être...
Décidément, les repères sont en crise....

02 mars 2015

Sentimental Journey

Je suis parfois tenté de t'appeler mon ange
Pour ta manière d'être et ce que tu me fais,
Je suis parfois ému par ces instants parfaits
Que pas un désaccord au monde ne dérange.

Dans ma tête rêveuse un peu tout semble étrange
Alors que j'erre seul dans le silence frais,
L'hiver encore en neige et le printemps tout près
Se confondent au sein d'un suave mélange.

Le temps présent s'échappe en tremblantes vapeurs
Accrochant dans l'air bleu mes craintes et mes peurs
A la blancheur atone, immobile des arbres.

Promeneur indécis, je soupire en marchant
Tandis que mon esprit s'égare, chevauchant
Le fil flottant d’un songe, entre pierres et marbres
Illustration : Vivian Maier