30 juin 2015

Sur une urne grecque...

Le titre d'un beau poème de John Keats (1795-1821), me suggère quelques réflexions acides sur l'actualité...

Moins de six mois après l'élection qui a porté au pouvoir en Grèce le parti d'extrême gauche Syriza, le constat est accablant.
On allait voir « ce qu'on allait voir » annonçaient certains fiers à bras qui se faisaient fort de mettre au pas la Finance Internationale, les vilains créanciers, le FMI, la BCE, la Commission de Bruxelles, la Troïka et tutti...
Allez-donc savoir pourquoi ce malheureux pays qui commençait tout juste à se relever, a brusquement cédé aux sirènes démagogiques d'irresponsables idéologues, bardés de certitudes et d'arrogance, et si ignorants des lois économiques élémentaires !
La versatilité et la crédulité du Peuple sont parfois stupéfiantes, surtout à une époque où il est pourtant facile de disposer d'informations et de les croiser pour se faire une idée aussi objective que possible.

Hélas, lorsqu'on est au bord de la ruine, drogué aux emprunts et à toutes sortes d'artifices comptables, il est certes bien difficile d'accepter la réalité qui impose évidemment l'austérité, autrement dit de se serrer la ceinture et de remonter ses manches. Il est en revanche tentant de croire les conseillers assassins qui vous dorent la pilule et vous assurent qu'il est possible d'effacer les dettes contractées auprès des autres, et qui vous chantent l'air lénifiant de la croissance ex nihilo en vous encourageant à creuser de nouveaux trous pour boucher la béance des précédents...

Le spectacle auquel on assiste depuis des mois faisant alterner chantage, manœuvres dilatoires, palinodies, et fausses promesses est des plus désespérants. Aujourd'hui plus personne n'est dupe. La Grèce ne remboursera pas l'essentiel de son endettement actuel. On ne sait pas encore trop qui paiera les pots cassés de cette gabegie mais il est à craindre que les contribuables et les épargnants soient une fois encore sollicités. Le pire est qu'à ce jour, il est plus que probable que cette fuite se reproduise sitôt épongée, car le gouvernement actuel, à condition qu'il parvienne à rester encore longtemps en place, n'a donné aucun espoir d'infléchir sa politique désastreuse.

Le risque, derrière cette affaire, est de voir se déliter rapidement ce qu'il reste du beau mais fragile rêve européen.
Avec la Grèce, l'Europe danse en effet sur un volcan. On apprend aujourd'hui même que la dette de la France a fait un nouveau bond depuis le début de l'année pour désormais frôler les 2100 milliards d'euros (soit près de 32.000 € par Français, nouveaux-nés inclus). Or avec leurs credo socialistes archaïques vaguement teintés de social-démocratie, nos dirigeants partagent peu ou prou les doux délires économiques de ceux qui sévissent à Athènes. Où cela nous mènera-t-il ? Jusqu'à quand les pays qui ont su redresser la barre, accepteront-ils de ramasser les morceaux de ces urnes insensées ? Un referendum improvisé va-t-il changer le destin ?

27 juin 2015

Tendre est la nuit

Il n'avait d'yeux que pour la nuit
Qui ouvre la porte des rêves
Et laisse de paisibles trêves
A l'esprit rongé par l'ennui

Sous l'obscurité qui luit
Il sentait la montée des sèves
Et la moiteur d'heures trop brèves
Au parfum de fleur et de fruit

Et son être était ivre et libre
La tête levée vers le ciel
Au bord de perdre l'équilibre

Tandis que du noir essentiel
Tombaient doucement les lumières
Ténues d'étoiles familières

26 juin 2015

Une France vraiment moisie

Le déchaînement de violence dont l'actualité nous donne le navrant spectacle, à l'occasion du conflit opposant les taxis aux VTC (voitures de transport avec chauffeurs), fait resurgir l'expression de « France moisie », trouvée il y a quelques années pour un de ses éditoriaux sulfureux par Philippe Sollers.

Si le propos s'apparentait comme souvent, à un fatras dans lequel le meilleur côtoyait le pire, le titre était bon, il faut bien le reconnaître, et parfaitement adapté à la situation actuelle...
Elle est là dans toute sa réalité, cette France qui sent le vieux, l'archaïque, le renfermé.
Quoi de plus méprisable en effet que cette déferlante de haine qui anime une corporation s'estimant lésée dans ses acquis par de nouveaux opérateurs qualifiés de " délinquants sans carte pro ni assurance", venus piétiner leurs plates-bandes ? On se croirait transporté au pays des castes ou bien revenu au temps des privilèges.

Certes les chauffeurs de taxi ont payé cher leur rente de situation, leur asservissement protecteur au consortium étatisé qui réglemente depuis la nuit des temps leur profession. Les fameuses « licences » délivrées au compte-goutte par les Préfectures peuvent leur coûter jusqu'à 200.000€, tant est féroce la spéculation alimentée par la rareté absurde du sésame.

Là est d'ailleurs le vrai problème : on touche une fois encore du doigt les effets dévastateurs des régulations et des réglementions auxquelles les Français pourtant frondeurs par nature sont si attachés.
Et plus que jamais, le gouvernement se trouve pris à contre-pied par l'évolution des techniques, et de fait, est empêtré dans ses contradictions idéologiques.
Il y a un an à peine le premier ministre déplorait une « France bloquée ». Elle l'est assurément, mais à qui la faute si ce n'est à lui et à tous les gens qui partagent avec lui les mêmes idées obsolètes et doctrinaires, voire contradictoires ou incohérentes ?
Par un paradoxe bien de chez nous, alors que les taxis se livrent à des violences inacceptables, c'est la société UBER qui est mis au ban par le sinistre ministre de l'Intérieur Cazeneuve !

Le vieux mythe de l'Etat-Providence montre une fois encore toute la perversité de ses bonnes intentions. Cet épisode qui fait honte à notre pays sur la scène internationale permet de vérifier que L'Etat étouffe ceux qu'ils prétend protéger et organise la pénurie. Ce schéma est reproductible mille fois. On l'a vu avec les lois insanes dites Duflot du nom de la calamiteuse et éphémère ministresse du logement. On le voit avec l'hôtellerie,
le commerce en ligne, l'ouverture réglementée des magasins, le pléthorique code du travail...
En l'occurrence, les taxis n'ont pas tort de récriminer contre une « concurrence déloyale ». Mais ils se trompent de cible en s'attaquant à des challengers jugés trop libres. La solution n'est-elle pas de libérer un peu ceux sur lesquels pèsent des contraintes excessives plutôt que de contraindre les autres ?

Pour finir sur une note humoristique, qu'il soit permis de pointer l'inanité des prétendues bonnes actions gouvernementales, avec les récentes et grotesques initiatives de l'inénarrable Ségolène Royal, se faisant fort d'interdire au bon peuple l'usage du Nutella ou du RoundUp ! Devant tant de candeur ubuesque Alfred Jarry doit être transformé en turbine dans sa tombe...
En définitive, pour paraphraser les slogans libertaires de la fin des années soixante qui voyaient « sous les pavés la plage », on pourrait percevoir sous ceux, de plus en plus usés du socialisme, la liberté qui pousse, et rappeler plus que jamais « qu'Il est interdit d'interdire... »

21 juin 2015

Un bonheur suisse

Une brève incursion en Suisse vient de me donner l'occasion de vérifier que ce charmant petit pays (où par le plus grand des hasards je naquis), a vraiment presque tout du paradis sur terre !
Évidemment, ses paysages romantiques de lacs et de montagnes y sont pour quelque chose. Par une belle journée de Juin, une impression de tranquillité radieuse se dégage de Genève. Le panache du grand jet d'eau s'inscrit au loin comme un repère majestueux, offrant un splendide contraste aux bateaux à vapeur qui glissent avec une élégance nonchalante sur la sereine horizontalité du lac Léman.

Mais si la Suisse a des charmes géographiques indéniables, ses institutions n'en sont pas moins remarquables.
Organisée en confédération depuis le Moyen-Age, elle a évolué vers une démocratie parlementaire décentralisée, conférant l'essentiel du pouvoir et des initiatives à l'échelon local. Aujourd'hui, elle illustre de manière admirable les vertus du modèle fédératif et la démocratie participative n'y est pas un vain mot...
Dans ce système original, il faut bien chercher l'Etat pour le trouver. Pas de Président de la République, pas de premier ministre, et quasi pas de gouvernement central. Juste une collégialité de 7 personnes réunies en Conseil Fédéral. Elles se partagent la charge des grands départements correspondant, mais en moins grand nombre, à nos ministères. Le Pouvoir législatif est entre les mains d'un Parlement bi-caméral constitué d'un Conseil National de 200 membres, au prorata de la populations des cantons, et d'un Conseil des Etats de 46 membres, en règle 2 par canton (et 1 par demi-canton).
Cette organisation laisse la part belle aux initiatives populaires via des referendums - ou votations - pour se prononcer au plus près du terrain sur toutes les problématiques qui se posent au quotidien.
Résultat, la Suisse, enchâssée au coeur de l'Europe, vit avec elle et à mille lieues d'elle en même temps. Sa neutralité proverbiale la tient à l'écart de nombre de situations conflictuelles agitant le monde autour d'elle ce qui ne l'empêche pas d'héberger nombre d'instances internationales : ONU, Croix Rouge, Comité Olympique, OMS, Association Européenne de Libre Echange...

Un petit tour d'horizon de ses principaux indicateurs a de quoi en rendre jaloux plus d'un : elle dispose d'un des plus forts PIB par habitant au monde et sa croissance est régulière. Son taux de chômage est durablement au plus bas (autour de 3%). L'espérance de vie des habitants est l'une des 2 meilleures au monde. Le système de santé est excellent et s’il oblige les citoyens à contracter une couverture maladie, il leur laisse le libre choix de l’assureur. La Suisse est paraît-il, le pays où les retraités sont les plus heureux, grâce à une organisation fondée sur “3 piliers”,  faisant peser la prévoyance sur plusieurs systèmes, tantôt répartition tantôt capitalisation. Pour couronner le tout, elle se caractérise par un très haut niveau d’éducation et de culture, de bonnes performances sportives,  et elle attire nombre d’entreprises à haute valeur ajoutée technologique, qui pallient le peu de ressources naturelles. La stabilité de ses réglementations, notamment fiscales, et son excellent classement en matière de lutte contre la corruption sont sans nul doute des éléments clés de son attractivité....

Au total, cette organisation fédérale décentralisée qui a si bien réussi à l'échelle gigantesque des Etats-Unis, se révèle parfaitement adaptée à un pays de 8 millions d'âmes, répartis en 26 cantons, parlant 4 langues différentes ! Un bel exemple, qui malheureusement a peu de chance d'être suivi en France, où l'on se complaît dans le centralisme bureaucratique, les rentes de situations et la pompe oligarchique...

12 juin 2015

Loti japonisant

Le style de Pierre loti, élégant et laqué, empreint de grâce hautaine, sied très bien à l'exotisme qui caractérise sa vie et sa littérature.
En racontant ses souvenirs glanés pendant les quelques mois qu'il passa au Japon à la toute fin du XIXè siècle, cette faconde fait souvent merveille.
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De fait, le récit promène avec jubilation le lecteur au sein de ces palais silencieux et déserts, figés dans une beauté hiératique. Dans ces grands espaces, où "il n'y a pas de meuble, mais seule la précieuse laque d'or qui s'étale uniformément partout..."
Loti s'extasie par exemple devant "la nécropole des vieux empereurs japonais au pied du mont Nikko, au milieu des cascades qui font à l'ombre des cèdres un bruit éternel, parcourant une série de temples enchantés, en bronze, en laque aux toits d'or, ayant l'air d'être venus là à l'appel d'une baguette magique.../... personne alentour hormis quelques bonzes gardiens qui psalmodient, quelques prêtresses vêtues de blanc qui font des danses sacrées en agitant des éventails.../... La Mecque du Japon, le cœur encore inviolé de ce pays qui s'effondre à présent dans le grand courant occidental."

L'écrivain est impressionné par les manières pleines de distinction et de raffinement du "peuple le plus poli de la Terre". Il est sous le charme de ces adorables jeunes filles au charme mutin qu'on appelle mousmés.
Il s'amuse des djin (djin-richi-cha), ces tireurs de pousse pousse secs et musclés qui trimballent à toute allure leurs passagers, en gesticulant "comme des diablotins", "en poussant des cris de bêtes" pour se donner du courage et écarter les passants.
A Kyoto, il s'amuse également au spectacle plein de préciosité de la prostitution à la mode nipponne. De "l'exposition des femmes, alignées en devanture, derrière de petites barrières en bois ; assises, très parées, très éclairées par des lampes ; blanches comme du linge blanc, à force de poudre de riz mise à paquets sur les joues ; les yeux agrandis de noir et avant, sous la lèvre d'en bas, un rond de peinture rouge qui leur fait comme l'exagération de ce qu'on appelle chez nous la bouche en cœur.."

Au sein des paysages d'extrême orient, il est ébloui par la splendeur du Fuji Yama : "le géant des monts japonais, le grand cône régulier, solitaire, unique, dont on a vu l'image reproduite sur tous les écrans et sur tous les plateaux de laque ; il est là dessiné en traits d'une netteté profonde, surprenante – avec sa pointe blanche trempée dans la neige."
D'une manière générale, il est fasciné par la nature sauvage et fleurie qui sert d'écrin aux temples chargés d'histoire qu'il visite avec une admiration teintée de nostalgie. Il évoque ces tapis de chrysanthèmes aux douces couleurs qui ornent à perte de vue les jardins sacrés à la manière de fleurs  héraldiques qui au Japon, équivalent à nos fleurs de lys.
En plein mois de novembre, il remarque les kakis, arrivés à maturité, "seul fruit qui au Japon mûrisse en abondance, semblable à une orange un peu allongée, mais d'une couleur plus belle encore, lisse et brillant comme une boule en or bruni."

Mais le point d'orgue de ce voyage, c'est assurément la réception donnée par l'impératrice, à laquelle il a la chance d'être invité. Il n'aurait voulu rater ça pour rien au monde : "Tant que je vivrai, je reverrai cela... dans le recul profond de ces jardins, cette lente apparition, si longtemps attendue ; tout le reste de la fantasmagorie japonaise s'effacera de ma mémoire, mais cette scène, jamais..." 
Après un long moment d'attente qui lui semble une éternité, la souveraine enfin apparaît entourée de nombreuses dames de compagnie. "Elles sont très loin, très loin ; il leur faudra plusieurs minutes pour arriver jusqu'à nous ; vues de la colline où nous sommes, elles paraissent encore toutes petites comme des poupées – des poupées très larges par la base, tant sont rigides et bouffantes leurs étoffes précieuses qui ne font du haut en bas qu'un seul plis. Elles semblent avoir des espèces d'ailes noires de chaque côté du visage – et ce sont leurs chevelures gommées, éployées suivant l'ancienne étiquette de cour. Elles s'abritent sous des ombrelles de toutes couleurs, qui miroitent et chatoient comme leurs vêtements. Celle qui marche en tête en porte une violette, ornée de bouquets blancs qui doivent être des chrysanthèmes : c'est elle évidemment, l'impératrice !..."

Pourtant au fil des pages s'installe un sentiment curieux, mélange de fascination et de satiété devant cette profusion de trésors, de dédain et d'incompréhension pour ce peuple qui vit sous ses yeux, mais dont il ne parvient à percer l'âme. Il l'avoue d'ailleurs dés le début du récit : "J'ai l'impression de pénétrer dans le silence d'un passé incompréhensible, dans la splendeur morte d'une civilisation dont l'architecture, le dessin, l'esthétique me sont tout à fait étrangers et inconnus."
D'ailleurs, lorsqu'il rencontre des autochtones au cours des cérémonies et nombreuses réceptions qui émaillent son parcours, "Nous nous dévisageons les uns les autres avec ces curiosités froides et profondes de gens appartenant à des mondes absolument différents, incapables de jamais se mêler ni se comprendre...."
On songe d'abord à Stendhal devant les merveilles de Florence : "à la longue, on éprouve une lassitude à voir tant d'or, tant de laque, tant d'étonnant travail accumulé ; c'est comme un enchantement qui durerait trop..."
Mais au fond, c'est plus grave, car si Loti éprouve un profond respect pour le Japon d'hier, il raille celui de son temps, déja perverti selon lui, par les moeurs occidentales. Une phrase parmi cent, suffit pour s'en convaincre "c'est dimanche aujourd'hui – et on s'en aperçoit parfaitement : ils commencent à singer nos allures et notre ennui de ce jour là, ces païens. C'est surtout la mauvaise manière qui leur a servi de modèle, à ce qu'il semble, car beaucoup de boutiques sont fermées et beaucoup de gens sont ivres..."
Plus terrible encore, ce commentaire un tantinet réducteur et franchement méprisant dans lequel il se dit "agacé pas ces sourires , ces saluts à quatre pattes, cette politesse fausse et excessive. Comme je comprends de plus en plus cette horreur du Japonais chez les Européens, qui les ont longtemps pratiqués en plein Japon ! Et puis la laideur de ce peuple m'exaspère, ses petits yeux surtout, ses petits yeux louches, bien rapprochés, bien dans le coin du nez, pour ne pas troubler les deux solitudes flasques de joues.."

On se demande ce qu'il aurait pensé du Japon qui peu de temps après ce témoignage, se lança dans une politique brutale de colonisation, et provoqua des conflits insensés ? Qu'aurait-il dit en voyant à la suite de cette folie expansionniste, ce pays vaincu, détruit, ruiné, renaître tout de même de ses cendres, accéder à la démocratie et devenir un phare du progrès technique ?
Aurait-il pensé que ce peuple avait définitivement perdu son âme, ou bien serait-il parvenu à l'idée qu'il avait en définitive réussi à surmonter ses vieux démons en restant lui-même, au terme des terribles mutations et des mésaventures qu'il endura, beaucoup par sa faute ?

Pour rester sur une impression moins défavorable, qu'il soit permis de terminer en évoquant un petit souvenir, microscopique mais touchant. Alors qu'il se promène aux alentours de Nikko, il croise un enfant déguenillé d'une huitaine d'années. Ce dernier vient vers lui. "Il porte attaché sur son dos, un petit frère naissant, emmailloté et endormi. Il me fait une grande révérence de cérémonie, si inattendue, si comique, et si mignonne en même temps, que je lui donne des sous. 
Plus tard dans la journée, il le rencontre à nouveau, et l'enfant lui tend avec un sourire craquant,  un bouquet de campanules pour le remercier : "c'est le seul témoignage de cœur et de souvenir qui m'ait été donné au Japon, depuis tantôt six mois que je m'y promène.../... seul souvenir désintéressé qui me restera de ce pays."


Pierre Loti. Japoneries d'automne. La Découvrance éditeur. 2014.