05 mars 2016

Le libéralisme pour les Nuls

L’épisode en forme de pantalonnade, causé par le projet de loi El Khomri, montre une nouvelle fois la profonde antipathie qu’a notre pays pour les idées de liberté et l’arriération profonde des mentalités en matière de démocratie.

A peine sorti des limbes légales, ce vague canevas soi-disant destiné à libérer les entreprises, déclenche un tollé ! En quelques jours, une pétition a même rassemblé plus de 700.000 signatures pour s’opposer catégoriquement par avance à cette initiative qui ressemble déjà à un pétard mouillé.
On pourrait certes se réjouir de voir la gauche se déchirer autour de ce non évènement. On pourrait sourire en entendant les diatribes laborieuses aussi grotesques que prétentieuses des dinosaures du collectivisme à la française, Martine Aubry en tête. Après les échecs accumulés des politiques qu’ils ont préconisées ou mis en oeuvre, les bougres ne manquent assurément pas d’air pour donner des leçons !
Mais au fond, on sait bien que tout cela n’est que gesticulations de façade, car on ne connaît que trop l’appétit du pouvoir, et la soif de prébendes qui poussent tous ces gens de la “gauche plurielle” plus ou moins décomposée, à se réunir envers et contre tout le moment venu, derrière l’étendard rapiécé de leur idéologie (le ci-devant Mélenchon ne s’est-il pas rangé sans réserve derrière François Hollande en 2012, après avoir déversé sur lui des torrents d’insultes et d’imprécations ?)

S’agissant du fond, il n’y a guère plus d’illusions à entretenir au sujet de ces revirements apparents de stratégie. Comment croire des gens qui affirmaient hier que leur ennemi était la Finance, qu’ils n’aimaient pas les riches, et qui font les yeux doux désormais aux entrepreneurs (Valls) et affirment “qu’il faut des jeunes qui aient envie de devenir milliardaires” (Macron) ? Ils mentent tellement depuis si longtemps que même en instillant un peu de capitalisme dans leur discours, on ne peut espérer de vrais changements. Juste un ralentissement du lent processus de pourrissement auquel ils ont livré le pays.

On a vu avec la récente loi dite “Macron” comment la montagne pouvait accoucher d’une souris. Hormis, la levée de l’interdiction pour les compagnies d’autocars de concurrencer la SNCF sur des trajets intérieurs supérieurs à 100 km, que reste-t-il ? Rien de bien significatif.
Évidemment, la pauvreté réformatrice de ce texte donne tout de même la mesure de ce qu’on pourrait faire pour doper l’emploi si l’on acceptait de faire sauter les innombrables verrous qui enferment les entreprises dans un carcan procédurier et remuer la crasse bureaucratique qui bride toute initiative. Six mois après l’application de cette micro-mesure libéralisant un peu le transport routier, on apprenait que 1,5 millions de voyageurs avaient pu en bénéficier et que 1300 emplois auraient été créés (Les Echos).

Le plus incroyable est qu’il soit communément admis que ce gouvernement pratique une politique “libérale”, voire “ultra-libérale”, en dépit de l’archaïsme de sa conduite. A l’instar de l’idiot qui regarde le doigt et non les étoiles, nombreux sont ceux qui semblent se contenter des mots, au lieu de juger sur les faits…
Les timides avancées du projet El Khomri paraissent bien anodines en regard du barouf médiatique qu’elles déclenchent. L’apparente libéralisation annoncée se noie dans un fatras de règles tarabiscotées. Citons celles destinées à chiffrer le plafonnement des indemnités prudhommales en fonction de l’ancienneté, à faire quelques entorses en termes de durée de travail aux sacro-saintes 35 heures hebdomadaires, ou bien à fixer le pourcentage de majoration de la rémunération des heures supplémentaires selon le nombre effectué au dessus du plafond légal.
Le projet promet également un assouplissement des règles encadrant les licenciements économiques (en gros les entreprises ne seraient plus obligées d’être au bord de la faillite pour ajuster leurs effectifs aux besoins…). Mais ces quelques allègements sont contrebalancés par l’annonce de la création d’un Compte Personnel d’Activité si nébuleux qu’on peut craindre par avance qu’il neutralise toute retombée pratique… Bref tout cela ressemble fort à un catalogue en forme de trompe l’oeil sans inspiration, sans but ni vraie perspective.

Toujours est-il que la Droite, obnubil
ée par sa guerre des petits chefs, est restée comme deux ronds de flanc face à cette initiative qui la prend à contre-pied. Quant au gouvernement, il a déjà amorcé un mouvement de retraite qui laisse entrevoir une fin en eau de boudin.
Ite missa est...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La loi Kohmri n'a rien de libéral... vous confondez libéraliser et déréguler..
Ce gouvernement dérégule pour faire entrer le capital dans les entreprises et notamment les "activités"...

Libéraliser, ce serait supprimer toutes les normes, les contraintes qui entrave l'entrepreneur et dresse des mûrs devant lui.

Dérèglementer les professions libérales, c'est aussi un moyen de casser la rente.

Ce gouvernement ne travaille que pour les capitalistes financiers au détriment des capitalistes productifs... vous avez un CAC40 et un taux de chômage qui dans le même temps, atteignent des sommets... Vous ne la sentez pas l'entourloupe ?

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Je croyais pourtant avoir basé l'essentiel de mon propos sur le pseudo liberalisme de cette loi. En la qualifiant notamment de "canevas soi-disant destiné à libérer les entreprises".
Ce que certains appellent le "virage liberal" du gouvernement, je l'évoque pour ma part comme l'expression de "revirements apparents de stratégie", et pour finir en enfonçant le clou, j'ai écrit que "Le plus incroyable est qu’il soit communément admis que ce gouvernement pratique une politique “libérale”, voire “ultra-libérale”, en dépit de l’archaïsme de sa conduite..."
Que vous faut-il donc de plus ?
A la verité, je crois que pas grand monde n'est libéral en France par les temps qui courent, et surtout pas les socialistes... La liberté est honnie et l'étatisme est partout !