27 juin 2016

Big Crunch


Le divorce séparant le Royaume Uni de l’Union Européenne n’a pas fini de faire des vagues. Il n’a pas fini de remuer le landerneau politique et de secouer les opinions publiques.

Parmi les premières réactions en France, celle du premier ministre Manuel Valls fera date. Hélas, peut-être comme une nouvelle preuve que les Politiciens ne comprennent décidément rien aux enjeux auxquels sont soumis les nations qu’ils gouvernent. Est-ce par pusillanimité, méconnaissance des réalités ou bien étroitesse d’esprit ?

Non contents d’avoir mené la communauté Européenne dans une impasse, ils semblent vouloir continuer de plus belle sur la même voie désastreuse. Alors qu’on pouvait espérer voir la construction d’une nouvelle puissance capable de peser significativement dans le monde, on se retrouve face à un château de cartes de plus en plus branlant.
Aujourd’hui, Manuels Valls croyant plaider pour un renforcement de l’Union claironne que le vote des Britanniques « doit être l'occasion de refonder le projet européen ». Belles paroles mais lorsqu’il attaque le cœur du problème on déchante vite...

Selon le magazine Le Point,
entre autres mesures envisagées, il s'est voulu catégorique concernant le projet de traité de libre-échange entre les Etats Unis et l'Union européenne (Tafta ou TTIP): « Je vous le dis franchement, il ne peut pas y avoir d'accord de traité transatlantique. Cet accord ne va pas dans le bon sens. »

Vieux serpent de mer ressorti régulièrement pour mieux le noyer sous un flot d'imprécations par les populistes de toutes obédiences, unis pour la cause à la faune hétéroclite des altermondialistes, ce projet de traité, en gestation depuis le milieu des années 90, vise à mettre sur pied un grand marché transatlantique, une vaste zone de libre échange qui pourrait à terme couvrir pas moins de 45,5% du PIB mondial !

Hélas, négocié souvent en secret comme s’il s’agissait de quelque chose de honteux, mal expliqué aux populations, il est devenu emblématique des effets pervers de la mondialisation et cristallise autour de lui nombre de théories complotistes, de croyances erronées sur les bienfaits supposés du protectionnisme, et donne libre cours à l’anti-américanisme toujours vivace en France.

Il représente pourtant une perspective fabuleuse de coopération entre deux continents que tout devrait inciter à être amis, notamment le passé historique et plus encore le contexte des menaces qui pèsent à ce jour sur le monde.
Il est kantien dans l’esprit, ébauchant cette fameuse fédération des fédérations que le philosophe allemand appelait de ses vœux dans son petit essai sur la Paix Perpétuelle. Il pourrait être le meilleur rempart aux excès de la mondialisation et servir de modèle aux autres nations.

Las ! M. Valls à la manière d’une boussole indiquant le sud, voit l’inverse de ce qu’un simple bon sens indiquerait, n’hésitant pas à pervertir l’essence même du projet en exposant une conception frisant l’indécence : « Dorénavant, aucun accord de libre-échange ne doit être conclu s'il ne respecte pas les intérêts de l'Union » a prévenu le chef du gouvernement. Ainsi, on peut déduire que pour lui, le libre-échange ne vaut que s’il est unilatéral !

Cette conception frileuse et égocentrée des choses, le premier ministre l’applique d’ailleurs avec le même zèle à l’Europe qu’il prétend renforcer tout en affirmant que : “Quand l'Europe n'est pas le bon niveau de décision, alors elle doit s'effacer, et laisser les États décider.”

Avec de tels défenseurs, le projet européen est vraiment mal parti. Au lieu d’incarner un concept de société forte, libre et ouverte, il s’apparente de plus en plus à un big crunch…

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