27 juin 2018

Cordes sensibles et larmes de croco

Après des années d’incubation sourde, la crise migratoire éclate brutalement sur le monde. 
Mais de quoi est-elle la manifestation ? S’agit-il de la reviviscence d’une nécessité inhérente au genre humain ? D’un phénomène temporaire explicable par une conjoncture défavorable mais passagère ? d’une nouvelle menace pesant sur la paix des nations ? Qui peut vraiment répondre ? Et qui peut se réclamer d’une éthique supérieure selon laquelle son opinion doive s’imposer à toutes les autres ?
S’agissant des causes poussant les gens à quitter massivement leur pays, tout s’emmêle. Populations chassées par les guerres, mouvements de fuite face aux persécutions, transhumance économique de malheureux cherchant la prospérité, migrations climatiques, il y a mille raisons à ces grands déplacements.

Ici comme dans quantité de problèmes de société, la subjectivité règne, et les principes qu’on se jette à la figure s’affrontent en pure perte.
Il y a les tenants d’une conception généreuse, ceux qui prétendent avoir le coeur sur la main et qui voudraient accueillir le monde entier dans leurs bras, sans souci du lendemain. Il y a ceux qui au nom de la raison plaident au contraire pour une régulation, une “immigration choisie”. Et derrière tout ça il y a de vieux relents xénophobes et ceux qui se délectent des controverses médiatiques et qui les attisent de manière diabolique.
Paradoxalement, les partisans de la plus large permissivité sont ceux-là mêmes qui décrient à longueur de journées la migration fiscale et la libre circulation des capitaux et de l’argent. A l’inverse, les libéraux craignent de voir s’installer une anarchie migratoire et réclament une régulation.

Les Pouvoirs Publics quant à eux sont complètement dépassés. l’Europe sans dessein, sans destin, sans citoyenneté, sans frontières est particulièrement désemparée, et fait étalage de divisions de plus en plus profondes. Longtemps nombre dirigeants se sont désintéressés du sujet, quant ils n’ont pas encouragé l’arrivée d’étrangers par une politique sociale chimérique, dissimulant de sordides considérations électoralistes et en arrière plan, le projet très trivial de pourvoir les emplois non qualifiés dont les citoyens ne voulaient plus, en partie du fait de ces mêmes largesses sociales…
Résultat, à force de sous-estimer le problème, voire parfois de le nier, les gouvernants ont instillé les ferments de radicalisation. Celle-ci monte régulièrement, touchant à la fois les migrants, chez qui rien n’a été fait pour susciter le désir d’intégration, mais aussi dans les populations autochtones vivant de plus en mal la promiscuité née de communautarismes débridés.

Il est bien tard pour agir désormais. L’idéologie dominante verrouille désespérément le débat et il est impossible de sortir des idées reçues sous peine de passer pour un dangereux fasciste. La reductio ad hitlerum n’est jamais loin…
Il en est ainsi des bêtes noires qui osent proposer une politique empreinte de fermeté. Ils passent pour des gens horribles, qualifiés de dictateurs en puissance ou d’imbéciles sans conscience ni morale et l’on n’hésite pas à faire couler sur leurs prétendus forfaits des larmes de crocodiles, quitte à travestir la réalité et à fabriquer des drames imaginaires. Dans ce contexte la manipulation racoleuse dont s’est rendu coupable le magazine TIME fut particulièrement odieuse.
Les autorités religieuses quant à elles se montrent soit sectaires soit angéliques, mais jamais réalistes. Leur intolérance bornée ou au contraire leurs bonnes intentions, semblent devoir se rejoindre dans un même enfer...
Comment sortir par le haut de cette tragique impasse au sein de laquelle les mentalités s’exacerbent et les outrances fusent ? C’est l’unique question, qu’il faudra bien trancher sous peine de dériver vers la paupérisation générale et des désordres civils grandissants...

2 commentaires:

claude a dit…

la corde est tendue les larmes de crocodile n'éteindront pas l'incendie et la bombe est amorcée sans que nul ne veuille et ne puisse y remédier tant les disputes sur la nature et le volume de l'explosif occupent nos élites humanistes coupeuse de cheveux en quatre plus soucieuse de transposer en écriture inclusive la constitution de que trouver de véritables remèdes

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Une fois encore on se rejoint chère Claude. Merci de votre fidélité...