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13 mars 2024

Gaza, Ukraine, même impéritie

La guerre, dans toute son horreur, est à l'œuvre sur ces deux champs de bataille exposés depuis quelques mois au feu roulant des canons, mais aussi des médias. Nul ne peut contester l’atrocité des tueries qui s’y déroulent, nul ne peut s’exonérer d’un sentiment de révolte et de désolation face à ces conflits dont les victimes semblent s’accumuler sans fin. 
Mais une fois passée l’émotion, comment contribuer à l’émergence d’une solution susceptible de ramener la paix ? 

A chaque fois qu’il s’exprime sur le sujet, le Président de la République Emmanuel Macron manifeste décidément une courte vue navrante. Il est prompt à organiser des hommages a posteriori et très ronflant dans ses discours. Dans les actes, il révèle son impuissance et pire, une désespérante inconséquence. 

S’agissant de Gaza, tout en dénonçant “le plus grand massacre anti-sémite de notre siècle” et en affirmant soutenir sans équivoque Israël et son droit à l’autodéfense, il juge “intolérable” le bilan de la riposte aux atrocités du 7 octobre, et après plusieurs exhortations vaines, il exige de Benyamin Netanyahou qu’il mette fin aux opérations militaires
Mais quand a-t-il exigé la même chose du Hamas ? Quand a-t-il condamné la férocité sauvage de cette organisation qui depuis tant d’années se vante de vouloir éradiquer Israël et fait le malheur de son propre peuple, en le prenant en otage de ses desseins monstrueux ? Quelle solution propose-t-il pour briser l'acharnement démentiel des terroristes, qui retiennent encore plus d’une centaine d’otages ? Comment espère-t-il faire réellement pression, au moins verbalement, sur ces ignobles assassins pour qu’enfin ils libèrent sans condition ces malheureux et qu’ils rendent les armes, afin d’ouvrir enfin une perspective concrète à l’arrêt des combats ? 
 
S’agissant du conflit russo-ukrainien, la position du Chef de l’Etat est encore plus irrationnelle. Après s’être fait fort de régler le conflit par un vain bavardage avec Vladimir Poutine, le voici qui prend l’attitude d’un chef de guerre provoquant avec arrogance le président russe. Il n’est plus question de négocier, c’est la guerre totale dont il agite désormais le spectre. 
S’abandonne-t-il au jeu dangereux consistant à instrumentaliser la peur, ou est-ce une simple mais périlleuse provocation lorsqu’il évoque “la volonté d’agression russe contre l’Europe et la France”. Et qu’y a-t-il de concret derrière son vibrant appel à un “sursaut collectif", face au prétendu “changement de posture de la Russie”. 
Après le mini sommet de Paris, réunissant 21 chefs d’Etats, il a révélé que l’envoi de troupes occidentales était envisagé, avant d’être contredit urbi et orbi, de la Pologne aux Etats-Unis en passant par l’Allemagne. 
Quelle mouche l’a donc piqué pour faire ainsi cavalier seul, sans avoir le début des moyens de ses ambitions ? 
 
La réflexion et la cohérence, semblant décidément de plus en plus étrangères au Chef de l’Etat, quelques jours après ces vains coups d’épée dans le marigot, M. Macron réitère. 
Non seulement il n’amende pas sa position mais affirme l’assumer pleinement en clamant que “qu’on ne peut pas permettre à la Russie de gagner” et qu' il n'y a "aucune limite" ni "ligne rouge" au soutien de la France à l’Ukraine. Il s’agit d’une folle fuite en avant puisque la France est seule, et qu’aucun but de guerre n’est même suggéré. S’agit-il de consolider les lignes de défenses actuelles, de récupérer le terrain perdu au Donbass voire en Crimée, ou bien de contraindre la Russie à une défaite totale ? 

Au Proche-Orient comme à l’est de l’Europe, certains subodorent que les foucades déconcertantes du Président de la République n’ont in fine qu’un objectif bassement politicien. Il chercherait à se concilier l’électorat musulman, bien plus nombreux que le juif, tout en cherchant à rediaboliser le Rassemblement National en faisant de lourdes allusions sur ses supposées connivences avec Vladimir Poutine. 
Le Premier Ministre Gabriel Attal semble accréditer cette hypothèse lorsqu’il se livre à l’outrance langagière en affirmant que les troupes russes sont déjà en France, sous la bannière du RN. Pense-t-il vraiment inverser le cours des événements avec d’aussi piteux arguments ou bien cherche-t-il à cliver encore plus la nation française déjà déchirée entre factions rivales ? 
Il y a de quoi être inquiet car ce serait ajouter le cynisme à l’inconséquence, et laisserait penser que M. Macron et son premier ministre sont en train de perdre complètement les pédales…

11 mars 2024

Scellement

Après la panthéonisation, la constitutionnalisation.
On a les victoires qu’on peut…

Quand on n'a plus ni la volonté ni le courage d'agir pour tenter de sortir le pays de la très mauvaise passe dans laquelle il se trouve, il ne reste plus à offrir au bon peuple que des leurres et des ersatz. Le bétonnage constitutionnel sans risque, de lois que personne ne remet en cause, procure à peu de frais la pompe et la solennité dont les dignitaires de notre pays sont friands, à défaut d'honneur et de victoire.  Mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire…

Après moults hommages variés, on eut ainsi droit à la cérémonie grotesque du scellement du droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG). On se serait cru chez Ubu lors des consécrations officielles de l’inutile et de la vanité. Tous les satrapes gouvernementaux étaient réunis pour ce grandiose numéro de presse purée constitutionnelle, qualifié par les médias ébahis, tantôt d’émouvant, tantôt d’historique.

Personne au demeurant ne trouva anti démocratique la volonté fièrement affichée de ne plus jamais permettre au peuple de pouvoir changer d’avis.
Personne ne pointa le paradoxe consistant à consacrer le droit de tuer les fœtus après avoir scellé l'abrogation de la peine de mort pour les assassins (trouvera-t-on bientôt normal de pouvoir en finir avec les malades jugés incurables ?).
Personne ne trouva absurde cette glorification du droit à l'IVG au moment où la dénatalité est devenue un problème sociétal majeur. Avec un taux de fécondité tombé à 1,72 enfants par femme, il y a pourtant du souci à se faire pour l’avenir du système de retraite par répartition, entre autres... Du temps de Simone Veil, on comptait déjà 1 IVG pour 4 accouchements. Aujourd'hui c'est 1 pour 3…
Mais le pire de tout est que personne ne trouva insane de continuer à rembourser l’IVG à 100% par l’Assurance Maladie, au moment où du plus haut de l'État on nous dit qu’il devient urgent de faire des économies !

La cérémonie s’acheva aussi piteusement qu’elle avait commencé, par le camouflet infligé au Président par la chanteuse Catherine Ringer. Accouru pour la féliciter d’avoir massacré la Marseillaise, elle le repoussa, avec tout le dédain et la vulgarité qui la caractérisent, nullement gênée d’avoir accepté de participer à cette mascarade organisée par un Pouvoir qu’elle exècre manifestement…

18 mai 2023

En Roue Libre

En roue libre, à la dérive, à la ramasse, en vrille, à la va-comme-j’te-pousse, à la godille, autant de qualificatifs pour décrire l’action gouvernementale.
L’actualité fourmille hélas de ces contretemps, bévues, manœuvres dilatoires, atermoiements, errements, contradictions qui rendent chaque jour un peu plus illisible la stratégie de nos dirigeants. En ont-ils une, c’est bien la question ?
On a vu la sérénité trompeuse d’un ministre de la santé, masquant mal le fait qu’il semble complètement dépassé par les évènements.
On a vu la démagogie à la petite semaine du titulaire du portefeuille des Comptes Publics pointant d’un doigt accusateur les gros patrimoines, supposés par nature, frauder le fisc.

Aujourd’hui, c’est le jour du satrape régnant à “l'Économie et aux Finances et à la souveraineté industrielle et numérique” (moins elle a de sens, plus la liste des titres ministériels s’allonge). M. Lemaire, grand chef à Bercy, infatué “comme jamais”, fait la leçon aux “multinationales” du secteur agro-alimentaires. Il les tient pour directement responsables de l’inflation du coût du panier de la ménagère et les menace de les désigner à la vindicte populaire, c’est-à-dire leur faire subir le supplice du Name and Shame, s’ils n’obtempèrent pas illico à ses injonctions à réduire leurs marges bénéficiaires. Il argue du fait qu’elles profiteraient honteusement de l'inflation. Il oublie seulement que la grande responsable de la montée des prix, c’est la dévaluation de l’argent induite par l’injection massive de monnaies, ordonnée au sommet de l’Etat. Le “consommateur” paie ainsi aujourd’hui un peu de la note du “quoi qu’il en coûte”. Il occulte également la manne providentielle qui revient au Trésor Public sous forme de taxes, dont il n’a pas fait mine de baisser les taux pour soulager la dite ménagère en période d’inflation ! Il pousse même le cynisme jusqu’à prétendre qu’elles servent à financer les boucliers tarifaires et chèques d’aide qu’il a mis en place. Autrement dit, lui peut continuer à pomper le contribuable puisque c’est pour son bien et donner d’une main ce qu’il reprend de l’autre ! La ficelle est un peu grosse, d’autant qu’il arrose plus qu’il ne reçoit ce qui le conduit à toujours plus endetter le peuple. Paradoxe amusant, il y a peu de temps le ministre de l’économie fustigeait les enseignes qui offraient à leur clientèle de trop fortes promotions. Il pondit même la loi egalim pour encadrer et contraindre ces rabais (qui ne servit au demeurant à rien d’autre qu’à renchérir les denrées concernées…). Quant à la rigueur budgétaire, elle est annoncée régulièrement comme les promesses du barbier, mais sont toujours repoussées sine die…

Le triste épisode de St Brévin ravive le débat sur la politique, quasi inexistante, de contrôle de l'immigration et fait se contredire Élisabeth Borne, chef du gouvernement. Après avoir annoncé un report de la n-ième loi sur le sujet, “faute de majorité”, elle fait un virage à 180 degrés, affirmant que la dite loi sera présentée en début d’été… Pendant ce temps, Dominique Faure, ministre inconnue des collectivités territoriales, se ridiculise en affirmant après l’attentat, dans un tweet pathétique, que le maire avait reçu une protection rapprochée face aux menaces dont il faisait l’objet ! Efficace la protection, pourrait-on ironiser... Comme les carabiniers, elle est juste arrivée un peu tard… Pour se racheter, elle annonce quelques jours plus tard un “plan alarme élus”, dont on peut prédire qu’il sera à peu près aussi efficace qu’un cautère sur une jambe de bois !

M. Macron tente de son côté de faire oublier le tapage ayant accompagné la promulgation de sa loi sur les retraites. Il se déplace en province, multiplie les prises de paroles et les nouveaux engagements, en vain jusqu’à présent. Il faut dire que lui aussi patauge dans les contre-pieds et les apories. Après avoir contribué à l’action des gouvernements ayant désindustrialisé la France, il prêche l’inverse. Après avoir personnellement revendiqué la stratégie de démantèlement de la filière nucléaire, et fermé la centrale de Fessenheim, il voudrait désormais en ouvrir de nouvelles un peu partout ! Malheureusement, les vœux pieux sont souvent lettres mortes. La réindustrialisation ne se décrète pas.
Et comme on l’a vu précédemment, la nouvelle traque fiscale, annoncée par le ministre des comptes publics n’est pas de nature à rassurer les grands groupes industriels…

Sur le radeau de la méduse de l’éducation nationale, en perdition, le ministre Pap N'Diaye n’a qu’une obsession, celle de favoriser “la mixité sociale”. Comme le chef de l’État, il prend ses désirs pour la réalité, imaginant qu’un coup de baguette magique bureaucratique permettra d’atteindre l’objectif. Plutôt que de se préoccuper de la baisse de niveau régulière, devenue alarmante, de l'éducation dans notre pays, il attaque le secteur privé qui surnageait encore, et entend y mettre le bordel de sa lubie égalitaire…

Enfin, M. Darmanin, à la moustache adolescente mais fort en gueule et coutumier des coups de mentons martiaux, se croit autorisé à stigmatiser la politique de Georgia Meloni, qui tente en Italie d’enrayer le chaos migratoire. Il n’hésite pas à l’insulter, lui qui s’avère incapable de remédier aux effets désastreux de la passoire française, et dont la politique n’est que belles paroles et expédients inoffensifs. Plus fort encore, il critique l’impuissance du gouvernement italien alors qu’il ne manquait pas de s’insurger lorsque celui-ci prenait de vraies mesures, notamment lors de l’affaire de l’Ocean Viking en 2022 et plus anciennement contre l’action déterminée de Matteo Salvini. Quel est donc l’intérêt de se fâcher avec un pays ami et voisin avec lequel nous aurions tout intérêt à collaborer ? Rien sinon essayer de faire oublier sa propre incurie…

22 avril 2023

S'aligner ou pas (2)

A l'international, l'image de la France n'est pas plus reluisante. Le déclin du rayonnement de notre pays est un fait désormais acquis, plus évident et bien plus préoccupant que le réchauffement climatique. Au surplus, le premier est de cause humaine sans aucun doute… Croyant pouvoir pallier cela par des mots, Emmanuel Macron parcourt le Monde et fait de beaux et emphatiques discours. Sur la forme il est brillant mais quant au fond, il n'impressionne manifestement personne.

Retour de Chine, le nouveau slogan est le non alignement sur la politique américaine. Belle réussite ! Les Chinois se félicitent narquoisement de ce grand coup d'épée dans l'eau qui en apporte une belle louchée à leur moulin. Les Européens quant à eux font grise mine en voyant notre Tartarin président parler sans vergogne ni concertation en leur nom…

D'aucuns ont fait remarquer que le Chef de l’État se prenait pour de Gaulle lorsqu'il tançait les Américains engagés militairement au Vietnam. Sa rhétorique persifleuse et un rien zozotante est bien loin de la pompe sentencieuse, gutturale et grandiloquente du grand Charles, mais même s'il s'en approchait, ce ne serait toujours pas un compliment. Le Général, déjà guère apprécié des anglo-saxons, ne manquait pas de culot lorsqu’il fustigeait ex cathedra l'impérialisme yankee. Lui qui incarnait le pays le plus colonisateur de l'histoire moderne (dont l'Indochine, qui était encore dans les esprits de nombreux Français, humiliés par Ho Chi Minh). Lui qui se fit fort de défendre l'Algérie Française avant de l'abandonner corps et biens à la barbarie marxiste-léniniste. Lui qui claqua la porte de l'OTAN, alors qu'il s'agissait du meilleur rempart contre la vraie menace de l'impérialisme soviétique.

Aujourd'hui que le sort de Taïwan est en jeu, et la paix dans tout le sud-est asiatique, monsieur Macron croit très fin de se désolidariser de l'alliance des pays libres. Pour faire quoi, nul ne le sait. Rien sans doute.

Il y a quelques mois à peine, il jugeait l'OTAN en mort cérébrale et donc devenue inutile. Après un revirement sur les chapeaux de roue, il fit allégeance à l'oncle Sam sur l'affaire ukrainienne. Il faut reconnaître qu'il émit quelques doutes quant à la stratégie. Mais, hormis quelques vains entretiens avec Vladimir Poutine, il ne proposa rien d'autre que de renforcer les sanctions contre la Russie et de poursuivre la fourniture d'armes aux Ukrainiens, sans objectif précis, ce qui ne conduit qu'à voir le conflit perdurer et les morts s'accumuler.
Aujourd'hui, en dépit de la politique erratique de l'administration Biden, les USA sont plus forts, plus inventifs et plus riches que jamais (l'État le plus pauvre, le Mississippi, a un PIB par habitant plus élevé que celui de la France).

Par ses propos inconséquents et incompréhensibles (sauf à imaginer un sordide calcul commercial sous-jacent), Macron claironne qu'il ne veut pas s'aligner sur des alliés, qui restent quoi qu'on dise, nos plus anciens et nos plus fidèles amis. Il a déjà perdu gros lors du “contrat du siècle” avec l’Australie, portant sur l’acquisition de sous-marins nucléaires.
Crise après crise, il a perdu beaucoup de sa crédibilité auprès de son peuple.

Aujourd’hui, il sillonne la France au son des casseroles du mécontentement. Il fait mine de ne rien entendre de méchant et se répand en belles paroles, en nouveaux engagements intenables et en nouvelles dépenses publiques. Mais au fond, à le voir virevolter et zigzaguer sans cesse, on se demande toujours sur quelle perspective concrète il entend s’aligner…

21 avril 2023

S'aligner ou pas (1)

La réforme des retraites est enfin promulguée.
En fin de compte, Emmanuel Macron a tenu. Pour quel résultat ? Presque rien en somme, mais c'est symbolique. Un simple ajustement technique qui ne résout quasi rien du problème de fond (adieu système à points modulables, honnie soit la capitalisation...)
On est passé largement à côté de la Réforme nécessaire, à laquelle il faudra bien que quelqu'un s'attelle un jour. Pour l'heure, le pays sort miné, épuisé, écœuré, de cette épreuve de forces mais la rue, dévastée par les minorités hurlantes, n'a pas eu le dernier mot.
Les syndicats, la Nupes, et tous les révolutionnaires au petit pied accrochés à leurs basques, tous alignés sur la même position, aussi radicale qu'irréaliste, ont perdu.
La rage qu'ils manifestent est à la hauteur de leur cuisante défaite. "Leur" peuple s'est soulevé mais on n'a vu qu’une horde de gnomes sans tête ni cœur, mus par une insane folie destructrice.
Une fois encore, au pays des Lumières, on les a vu piétiner quotidiennement les principes élémentaires de la république démocratique qui les nourrit grassement. Pire, ils chient dessus , vandalisent tout ce qu'ils touchent, violent impunément les droits de tous ceux qui ne sont pas inféodés à leur idéologie haineuse et revancharde.
On imagine sans peine mais avec dégoût ce dont seraient capables ces gens s'ils étaient au pouvoir !

Après des semaines de chaos et de déraison, le président de la république s'est exprimé dans le but de ramener un peu de concorde. Hélas son discours du 15 avril est à la mesure de l'insignifiance de sa politique. Il a plus qu'un peu de responsabilité dans ce qui arrive, pour avoir dit et fait tout et son contraire en toute circonstance. Certes, il partage le poids de cette incurie avec ses prédécesseurs. C'est une mince consolation.
A force d'indétermination, de lâcheté et de démagogie, les dirigeants qui se sont succédés au pouvoir depuis des décennies ont précipité le pays dans un abîme d'impuissance et de bureaucratie. Dans ce marécage nauséabond qu'ils voudraient qu'on prenne pour un perpétuel bain de jouvence nourri de leurs belles promesses, s'élève le monument à la fois dérisoire et monstrueux de l'Etat Providence autour duquel surnagent les grands principes, totalement vidés de leur substance, et les fameux "droits acquis" qui s'effritent dans la fange…
Toutefois, le bel alignement des apparatchiks de l'Intersyndicale, des gremlins enragés de la Nupes et de tous les lapins crétins d’une Gauche fossilisée n'a donc pas suffi cette fois pour enrayer la machine macronienne. Dont acte.

07 janvier 2023

Voeux blancs

On sait ce que valent les vœux et les belles résolutions. Il n’y a rien de plus illusoire. C’est beau comme de la neige au soleil, mais il n’en reste bientôt pas davantage qu’un scintillant souvenir…
M. Macron, dans son parcours obligé, sème à tout vent ses paroles lénifiantes.
Les soignants ont eu droit à ses attentions d’un jour et ont pu découvrir à cette occasion son nouveau plan destiné à remettre sur pied le système de santé.
Comme on pouvait hélas s’y attendre, rien ce qu’on pouvait redouter ne fut évité. M. Macron comme souvent passa très très loin du sujet.
Tout d’abord, la fameuse tarification à l’activité, symbole du libéralisme honni, et pourtant seul moyen équitable d'allouer les ressources, fut pointée sévèrement et même promise à une fin prochaine. A la place, une nouvelle machinerie est annoncée, ouvrant la voie nébuleuse à une «rémunération basée sur des objectifs de santé publique». Autrement dit, la porte est ouverte à de nouveaux outils de planification et de nouvelles strates administratives vont s'ajouter au monstre gestionnaire. Car comme le président de la république l’affirme avec son délicieux penchant pour tout et son contraire, il n’est pas question de délaisser "une part de rémunération à l'activité qui est tout à fait légitime"...
Le poids de l’administration n’est donc pas près de s’alléger. Pour preuve supplémentaire, plutôt que de raboter la chape bureaucratique qui asphyxie les cabinets médicaux de ville, les laboratoires, et les pharmacies, le chef de l’Etat veut simplement renforcer le dispositif absurde des assistants médicaux créé par lui-même il y a quelques mois et qui s’apparente un fiasco ! Ici encore, point de simplification en vue mais de nouvelles dépenses insensées à couvrir par l’Assurance Maladie…
Comme d’autres avant lui, M. Macron promet de s’attaquer à la calamiteuse Réduction du Temps de Travail et promet “une remise à plat de l’hyper-rigidité des 35H et des heures supplémentaires” avant le mois de juin. Belle promesse que dès le lendemain, son ministre de la santé s’est empressé de démentir en affirmant qu’il n’était pas question de revenir sur les 35h et que l'alambic des heures supplémentaires défiscalisées, loin d’être abandonné, serait dopé !
Pour donner un peu d’air et plus d’autonomie aux hôpitaux, le président propose un “tandem administratif-médecin”, mais sans remettre en cause à aucun moment l’imbroglio dantesque des pôles, départements, commissions, sous-commissions, ARS qui verrouillent toute initiative locale, et les empêchent ne serait-ce que de germer…
Alors que les déserts médicaux s’accroissent, que les délais pour obtenir le moindre rendez-vous médical deviennent monstrueux, M. Macron propose gentiment à “chacune et chacun” des 600.000 malades chroniques, rien moins ”qu’une équipe traitante” à leurs petits soins. Il n’est pas précisé d’où proviendront ces renforts… Il n’est pas davantage dit comment on trouvera les milliers d’infirmières supposées pourvoir les postes qui seront prochainement mis au recrutement un peu partout.
Quant aux rémunérations, dont l’insuffisance provoque  en ce moment même la grogne des médecins qui défilent dans la rue, elles vont être soumises «à un chantier sur la rémunération du travail de nuit»...

Pour être honnête et complet, il faut préciser que M. Macron a certes évoqué le renforcement des délégations d’actes du quotidien, “afin de décharger les médecins déjà trop sollicités”. Elles restent hélas à l’état embryonnaire, se limitant “à certaines vaccinations, certains certificats ou le renouvellement d’ordonnances pour des maladies chroniques”.
M. Macron a enfin abordé le problème de l’irresponsabilité des patients notamment lorsqu’ils n’honorent pas leurs rendez-vous. Sans remettre en cause un seul instant toutes les mesures qui ont conduit à cet état de fait, le Président de la République annonce qu’un «travail» va donc être lancé avec l’Assurance-maladie pour «mettre fin à cette irresponsabilité». Autrement dit, les vraies causes seront éludées et le tiers payant et le leurre de la gratuité des soins ont encore de beaux jours devant eux, et les files d’attente n’ont pas fini de s’allonger !

Les plans et réformes, à l’instar de ce qu’on connaît depuis des décennies, vont donc continuer de se succéder au rythme de leurs échecs, sur la même voie désastreuse de la centralisation bureaucratique, pilotée par l’Etat Providence. On peut même craindre le pire en entendant le Chef de l’Etat dire que cela ira “beaucoup plus vite et beaucoup plus fort” ! Lorsqu’un traitement est inefficace, l’augmentation des doses n’a jamais guéri un patient.
Les réactions à ces annonces sont plus que mitigées. Interrogé à la suite de la prestation présidentielle, un professeur de chirurgie marseillais a résumé la situation : "On n'est même pas au niveau de la rustine !"
Les Gilets Jaunes promettent de leur côté une nouvelle offensive. Les années passent, tout change pour que rien ne change, comme s’exclamait le fougueux et vain Tancrède dans le Guépard du regretté Visconti…

07 novembre 2022

Un président au bord du vide

Parti d’on ne sait où, rien n’indique clairement quelle direction il suit. Le Président de la République semble de plus en plus absent de ce monde qu’il survole à la manière de ces mythiques alcyons, porteurs d’heureux présages et annonciateurs d’horizons radieux pour les marins. Dans sa bouche, tout est simple et tous les problèmes sont réglés ou bien en passe de l’être.
S’exprimant toujours avec faconde et facilité, il fait fi des obstacles et de l’adversité avec une décontraction déconcertante. Son regard clair mais gris, étrangement fixe et vide semble accroché à une ligne de fuite imaginaire. Comme s’il en avait conscience, il use et abuse de mouvements de sourcils pour exprimer son assurance.

Pour tenter de désamorcer le mécontentement sourd du peuple à l’approche d’un hiver qu’on nous promet rigoureux, marqué par les pénuries en tous genres, il s’est livré à l’exercice de style qu’il semble affectionner par les temps qui courent : l’interview à bâtons rompus.
En l’occurrence il n’a pas cassé trois pattes à un canard comme l’on dit. Face à la discrète mais déterminée journaliste Caroline Roux, son discours est resté des plus théoriques, et sa rhétorique nébuleuse, pour tout dire déconnectée de la réalité.

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir en main un certain nombre de clés et surtout les éléments d’un diagnostic pertinent.
Pour amener le sujet sensible de la nécessaire réforme des retraites, il s’est par exemple livré à une analyse pleine de bon sens sur le nombre - très bas - d’heures travaillées dans notre pays, sur les montants faramineux et en croissance permanente des dépenses publiques, sur la pression fiscale écrasante qui fait de la France la championne d’Europe.

Hélas, en même temps, il peine à proposer des solutions concrètes. Tout en répétant qu’il faudra selon lui travailler plus longtemps, il affirme qu’il n’est pas bloqué sur l’âge de départ à la retraite et qu’il reste ouvert à toutes les propositions, sachant qu’on ne peut ni augmenter le montant des cotisations, ni diminuer celui des pensions… Et foin évidemment d’autres perspectives, telle celle de la capitalisation, dont il n’ose même évoquer le mot tabou.

S’étant sans doute fait remonter les bretelles quelques heures auparavant par le chancelier allemand Scholz, il insiste sur la nécessaire maîtrise budgétaire. On sait déjà qu’il n’en a cure puisque l’État, à son initiative, multiplie les boucliers tarifaires, les aides, les subventions, et les primes à l'achat ruineuses pour le Trésor Public.
De diminution des impôts il n’en est guère question sauf en trompe-l'œil, comme la suppression de la redevance télévisée et de la taxe d’habitation.
Il se targue d’avoir réussi à endiguer le chômage, mais la journaliste lui rappelle malicieusement qu’il reste plus élevé dans notre pays qu’en moyenne en Europe et qu’il est plus du double de celui de l’Allemagne…
A la déliquescence sociale qui ronge le pays, il n’oppose que des vœux pieux et des résolutions utopiques. Avec un aplomb de bonimenteur, il occulte ainsi, malgré les courbes implacables, la folle progression de la délinquance et se félicite même des résultats pitoyables de son gouvernement en matière de maitrise de l’immigration. S’agissant de l’incapacité notoire des pouvoirs publics à faire exécuter les fameuses Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), il botte en touche, prétextant que c’était pire avant et que ce sera mieux demain !
On reste enfin anéanti, après le fiasco de 5 plans successifs, par l’absence totale de propositions pour remédier au désastre dans lequel patauge de plus en plus le système de santé, notamment les hôpitaux. Le seul expédient serait, à entendre le chef de l’État, d’appâter par des gains substantiels les vieux médecins pour les dissuader de partir en retraite !

Le clou de ce numéro de prestidigitateur très artificieux, fut la colère surjouée à propos de l’alliance des extrêmes, NUPES-RN, pour voter les motions de censure dirigées contre le gouvernement. Lui qui ne fut aucunement gêné de récolter les voix de l’Ultra-Gauche lors de l’élection présidentielle, continue donc de miser sur le procédé éculé consistant à diaboliser le Rassemblement National, tout en racolant la Droite républicaine.
Cela sera-t-il suffisant pour tenir jusqu’en 2027, on peut en douter. Cela ne sera guère propice en tout cas à la mise en œuvre d’une politique déterminée et pragmatique face aux périls qui s’accumulent sur nos têtes. Vu le chaos régnant au Parlement, le pays apparaît de plus en plus ingouvernable. Le débat se meurt sous les coups répétés du marteau pilon du 49.3 et la concertation se perd en vaines polémiques. Le brouhaha factieux voire insurrectionnel émanant de certains bancs de l’opposition pousse à la dissolution. Le Président de la République aura-t-il l’audace si ce n’est le courage d’y recourir ? Et pour quel résultat ?

30 juin 2022

Le gouvernement est dans l'escalier

Entre les ministres battus aux dernières élections et donc poussés vers la sortie, ceux qui sont accusés d’agressions sexuelles, dont le sort est en suspens, ceux nommés à l’issue du scrutin présidentiel, sans programme ni objectif, celle qui vient de se faire "historiquement" élire au perchoir de l’Assemblée et donc démissionnaire de ses fonctions gouvernementales, et enfin madame Borne, promue cheftaine d'équipe, mais dont la légitimité est contestée de toute part, on se demande où est le fameux gouvernement "d'action" annoncé par le chef de l'État.

Cette vacance dure peu ou prou depuis la réélection triomphale au goût d’eau de boudin d’Emmanuel Macron. Déjà plus de 2 mois…
Ce n’est pourtant ni le travail ni les défis à relever qui manquent.
Mais le président semble plus que jamais hors sol. Il est vrai qu'il plane souvent entre 2 réunions internationales. Il vient de clôturer la présidence française du Conseil Européen, qui pour paraphraser Pierre Dac, est partie de quasi rien pour arriver à pas grand chose. Certes la crise ukrainienne a été mise à profit pour consolider un peu les liens unissant les 27, mais peu de progrès ont été obtenus sur la ligne de front et la cohésion économique et politique du conglomérat reste des plus fragiles. Cela n’a pas empêché les grands de ce continent de se congratuler pour le travail “colossal” (selon le mot d'Ursula Von Der Leyen), réalisé par le président français.
Ce dernier est aussitôt reparti pour le sommet conjoint du G7 et de l’OTAN dont il ne sort pas non plus grand-chose de concret hormis le
s habituels vœux pieux en faveur de l’Ukraine et un durcissement des sanctions contre la Russie. Pour détendre l’atmosphère, les chefs d’États se sont livrés aux traditionnelles photos de famille et ont cru bon de plaisanter sur la virilité de Vladimir Poutine.
Cela n’affecte hélas en rien le cours des événements. Les bombes pleuvent plus que jamais sur l’Ukraine et le président russe, qu’on disait malade et affaibli, se paie le luxe de réunir un sommet parallèle de nations ouvertement hostiles au monde occidental. Sous l'appellation de BRICS, ce sont la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud qui montent au créneau pour soutenir Moscou et contrer les sanctions du G7… Ça commence à faire beaucoup !

Le COVID profite de ces guéguerres diplomatiques pour repartir à l'assaut. Un peu partout, les nouveaux variants BA.4 et BA.5 passent à l’attaque. Une fois encore, les Pouvoirs Publics semblent dépassés. On ne sait plus trop s’il y a encore quelqu'un au ministère de la santé. Pas de ligne directrice claire donc, mais quelques vagues conseils. On recommande mollement de se remettre à porter le masque et à faire un nouveau rappel vaccinal, sachant que les produits actuels démontrent chaque jour un peu plus, leur inefficacité. De nouveaux ARN messagers sont certes entrevus, mais pas avant la fin de l'année, lorsque la 7è vague sera passée !

Au chapitre économique et social l'inflation galope et on parle beaucoup du projet de loi pour le Pouvoir d'achat. On promet l'indexation sur la hausse des prix de nombreuses prestations sociales, salaires et pensions. Bonne nouvelle, pour peu qu'elle se concrétise et qu'on trouve le financement à budget constant. Cela n'empêche pas les menaces de grèves et de blocages de se multiplier, et on s'attend à une surenchère démagogique sur les bancs des députés de tous bords.
Alors que l'angoisse populaire monte et que l'attente mine le moral des ménages, les représentants du peuple n'ont rien trouvé de plus urgent que de "graver dans le marbre constitutionnel" le droit à l'avortement, rare sujet qui n'était l'objet d'aucune contestation et d'aucune menace !

Cela dit, on avance en saison et la trêve estivale approche, peu propice à l'action hormis celle consistant à augmenter les impôts, les taxes et les tarifs. A vrai dire, si le gouvernement est dans l'escalier, on ne sait pas bien s’il est en train de monter ou bien de descendre…

25 juin 2022

Déboussolé

Avec un score de plus de 58% des voix, Emmanuel Macron a été réélu quasi triomphalement à la présidence de la république.
Pourtant ce résultat, obtenu à la faveur de l’inepte “barrage républicain”, n’est qu’un mirage qui ne lui donne qu'une légitimité fragile si ce n’est illusoire. Alors que la constitution de la cinquième république et la réforme du quinquennat donnent habituellement les pleins pouvoirs durant 5 ans au chef de l’État, l’échec inattendu auquel il est confronté à l'issue des élections législatives, le déchoit de facto de l’essentiel de cette puissance.

Sans véritable programme, sans majorité, et sans avoir su anticiper quelque nouvelle alliance, il se trouve en situation particulièrement instable. Curieusement, il semble ne pas en avoir conscience.
Son allocution post-électorale, supposée clarifier la situation s’est réduite à ne strictement rien dire, hormis à confirmer la stratégie erratique du “en même temps”. Mais pour faire des compromis, dont il se dit friand, encore eut-il fallu nouer des liens reposant sur des choix clairs et mettre en place un gouvernement représentatif d'une ligne politique cohérente. M. Macron a beau tenter de renvoyer la balle vers les bancs de l’opposition, elle fera forcément faux bond eu égard à la radicalisation des deux bords politiques qui prennent désormais en tenaille sa “majorité relative”. Les divergences d’approche sont majeures concernant la quasi-totalité des thématiques sur lesquelles sont attendus sans délai des projets de lois audacieux. Santé, social, éducation, sécurité, immigration, tout oppose frontalement Droite et Gauche, et rien ne serait pire que de naviguer à vue, en donnant tantôt un coup de barre à bâbord, tantôt un autre à tribord.
Il n’y a pas grand chose à espérer de la recherche d’une majorité au cas par cas. A chaque instant le risque est de déboucher sur un blocage ou bien le consensus mou, synonyme d’inaction ou d’injonctions contradictoires. On voit déjà s’exprimer le rejet massif de la première des ministres alors qu’elle n’a encore rien proposé…

Pire que tout, ce sont les pré-requis édictés par le Président, à savoir, ne pas alourdir le poids de la dette et ne pas augmenter la pression fiscale. Lui-même n’est jamais parvenu à s’y tenir. La crise des Gilets Jaunes puis celle liée au COVID l’ont conduit à laissé filer les déficits “quoi qu’il en coûte”. Avec la loi annoncée sur le Pouvoir d’Achat, les chèques énergie et inflation, les boucliers tarifaires en trompe-l'œil limitant les prix des carburants, il continue joyeusement à enfreindre sa propre règle…
Comment tenir un cap dans de telles circonstances ? Et comment espérer rester maître à bord longtemps ?

20 juin 2022

A bout de souffle

Jamais sans doute au cours de la cinquième république, on n’avait connu pareille situation: un Président de la République largement élu, qui se trouve dans l’incapacité de mobiliser dans la foulée une majorité à l’Assemblée Nationale.
C’est peu dire qu’il s’agit d’un échec cuisant pour Emmanuel Macron dont le second quinquennat s’ouvre sous les pires augures. Sa coalition gouvernementale perd près de cent sièges et se trouve désormais dans l’impossibilité de faire voter les lois sans recourir à des compromis, si ce n’est des compromissions, avec les différents courants d’opposition. De surcroît, elle sera exposée au risque permanent de voir s’abattre le couperet de la motion de censure.

Cette évolution apparemment inattendue était pourtant prévisible depuis de nombreuses années. A force de vouloir ostraciser toute opposition qualifiée “d’extrême-droite” ou de “non républicaine”, à force d’exclure un flot croissant de citoyens du débat politique, les digues ont fini par se rompre.
Foin de proportionnelle, foin de barrage aux extrêmes, le paysage démocratique (si tant est qu’on puisse encore lui donner ce nom) se trouve submergé de toute part. A l'exception du Rassemblement National qui fait une entrée triomphale, les partis se retrouvent morcelés, lorsqu’ils n’ont pas été regroupés sous forme de magmas nauséabonds, formés à la va-vite à seule fin d’engranger le maximum de postes.
A ceci s’ajoute l’absence durable de ligne directrice, de programme clair, de pragmatisme et de détermination manifestée par les Pouvoirs Publics, ce qui a progressivement conduit à faire monter une abstention devenue massive (moins d’un citoyen sur deux s’est déplacé pour voter). C’est aujourd’hui la question de la légitimité même de l’Assemblée Nationale qui se pose.

Comment gouverner le pays dans un tel contexte, c’est une autre question à laquelle devra s’atteler sans délai le chef de l’État. La dissolution et le référendum sont des armes redoutables qui se retournent souvent contre celui qui les emploie. Sera-t-il tenté une fois encore par la stratégie du “en même temps” qui consisterait à chercher ici ou là un soutien occasionnel en fonction des circonstances ? Il y a de grandes chances que cela s'avère infructueux voire carrément incohérent, au regard de la radicalisation croissante des esprits, et le risque est d’aboutir très vite à un vrai fiasco si l’on songe à la première des réformes promises, des plus délicates, à savoir celle des retraites…

25 avril 2022

Rien

Rien, cette écume vierge vers
A ne désigner que la coupe
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l’envers…

J’aime ces vers de Stéphane Mallarmé*, à l'élégance parnassienne. Ils sont beaux et hermétiques, comme les nébuleux discours et les brillantes promesses d’Emmanuel Macron, réélu hier soir, sans aucune surprise par un pays en voie de fossilisation.

Mais si l’art pour l’art se conçoit dans le champ poétique, il en est autrement du débat politique, tombé lui dans l'abîme de l’absurdité.
Si une fois encore, l'épouvantail du fascisme a fonctionné auprès du bon peuple, que peut-on attendre d'un président artificiellement confirmé dans ses fonctions à la manière de Jacques Chirac en 2002 ?

Sans réel programme hormis un catalogue de bonnes intentions et des flopées de paroles lénifiantes, fera-t-il mieux que ce qui reste de son premier mandat, c’est à dire quasi rien ?
Il dut affronter des crises dit-on, mais la première, celle des Gilets Jaunes, c’est lui qui l’avait provoquée en taxant inconsidérément les produits pétroliers et en sur-réglementant la vitesse sur les routes. La deuxième, celle du COVID, à laquelle il fut confronté malgré lui, il la géra fort mal, se montrant excessivement dirigiste dans l’action, mais en retard à chaque étape, à la manière des carabiniers. S’agissant de la troisième, la vraie guerre en Ukraine, dans laquelle il n’est pas plus impliqué que n’importe quel chef d’Etat, le moins que l’on puisse dire est que son rôle se borne à un dialogue de sourds avec Vladimir Poutine.

En politique intérieure, son action s’est révélée aussi inefficace qu'incohérente. Il fut dans l’incapacité de mener à bien la seule grande réforme du quinquennat, celle des retraites. Pire, après avoir fustigé le “pognon de dingue” des dépenses publiques, il s’est mis à jouer au Père Noël en distribuant tant et plus l’argent que l’Etat ne possédait plus depuis longtemps, apportant ainsi sa peu glorieuse contribution à l’endettement massif du pays.
En matière de prélèvements, il diminua certes un peu les charges pesant sur les salaires. Mais ce fut au prix d'une folle croissance de la taxe carbone, et d'une sévère augmentation de la CSG (+1,7 point, soit 22,6% !). Il feignit de supprimer l’ISF et la taxe d’habitation, mais le premier changea simplement d'assiette et de nom, devenant IFI, la seconde fut juste centralisée à Bercy. En somme, la prétendue baisse de la fiscalité ne fut qu'un trompe-l'œil se résumant à de simples transferts de charges.
Le chômage reflua certes, mais moins qu'ailleurs.
Face aux problèmes récurrents de l'immigration clandestine,  de l'insécurité, il opposa des flots de paroles martiales mais se borna à l'attentisme sur le terrain.
S'agissant du système de santé, 4 plans successifs n'ont rien changé au désastre, hormis le saupoudrage de quelques primes ici ou là.
Sur la nation plus que jamais asservie à l’État Providence, la gangue bureaucratique continue de s'étendre ainsi que la marée des législations inutiles, redondantes, contradictoires ou tout simplement liberticides.
En politique internationale enfin, ses hardies gesticulations n'aboutirent en général qu'à des fiascos (Brexit, Liban, Mali, Ukraine...).
Bref, un bilan peu reluisant.

À l'issue du scrutin, son discours célébra une victoire qui selon ses propres mots “l’oblige” envers ceux qui ont voté pour lui, pour “faire barrage à l’extrême-droite”. Il indique de ce fait qu’il tiendra davantage compte de la clique haineuse de Mélenchon (en donnant un probable coup de barre à gauche) et de l’armée mexicaine des coco-bobo-écolos (en annonçant un nouveau rouage administratif de "planification énergétique"), que de la marée montante des 41% d’électeurs lassés de l'absence de détermination et de stratégie des dirigeants depuis des décennies. Tout porte à croire que ce quinquennat sera donc un coup pour rien, “comme d'habitude”, comme dit la chanson...

* Salut, par Stéphane Mallarmé. Poésies/Gallimard

13 avril 2022

Un pays fossilisé

Eric Zemmour n’a pas su convaincre assez pour bouleverser le scrutin de ce premier tour, mais ses diagnostics politiques étaient les bons. Valérie Pécresse s'est donc ralliée, sans arme ni bagage dès 20h02 à Emmanuel Macron et en dépit de sa monstrueuse déculottée, la Droite dite républicaine continue avec acharnement de faire tout pour achever de se suicider. Elle reste soumise au leitmotiv grégaire du “tout sauf Le Pen” qui consacre le succès du piège tendu il y a plusieurs décennies par l’homme de Jarnac.
Force est de constater que les partis politiques traditionnels sont arrivés au bout de leur logique destructrice. Se retrouvant tous sous la barre des 5% des suffrages, ils feraient presque pitié, ruinés qu’ils sont, et misérablement retranchés dans la dernière tour de leurs châteaux en miettes, d’où ils ne voient plus rien du pays depuis bien longtemps.

Comme l’avait prédit Zemmour, Marine Le Pen sera battue dimanche prochain. On nous refait pour la nième fois le coup de la République en danger et de l’exhortation à l’union sacrée contre la peste brune. Macron lui-même, feint d’avoir peur, mais en réalité chacun et lui le premier, sait que les jeux sont faits.
De toute manière, il semble évident que l’égérie du Rassemblement National concourt pour la beauté du geste, mais qu'elle n’a guère envie de se retrouver à l’Élysée. Reprenant à son compte l’antienne de la diabolisation, elle trouve même le moyen de bouder le seul soutien qui ait osé s'exprimer en sa faveur et a poussé la rancune jusqu'à préciser qu’elle ne ferait pas de place à Marion Maréchal dans un éventuel gouvernement. Elle aurait, au demeurant, bien du mal à le constituer, si tant est qu’elle obtienne une majorité à l’Assemblée Nationale !

Le débat politique reste donc durablement congelé en France. Emmanuel Macron peut surfer dans la mousse vaporeuse de ses belles déclarations d’intention. Sans parti, sans conviction, sans détermination, il n’a, comme le joueur de flute de Hameln, besoin de rien d’autre que son pouvoir de séduction personnel.

Il est paradoxal que l’opposition soit à ce jour représentée par deux leaders en fin de carrière, l’une tirant sa légitimité d'un bon tiers de l’électorat qu'elle s'avère incapable de faire sortir de l’impasse politique, l’autre véhiculant une idéologie démagogique et revancharde, aux relents nauséabonds de Grand Soir. On frémit quand on pense qu’il aurait pu atteindre le second tour si la vieille garde révolutionnaire trotsko-lénino-marxiste s’était jointe à lui. Heureusement, le collectivisme n’empêche pas l’individualisme égotique…

Si toute personne dotée de bon sens et de pragmatisme peut caresser l’espoir de voir la Gauche se disperser, en même temps que ses illusions mortifères, il est souhaitable qu’on puisse assister à une recomposition du paysage politique après cette élection et qu’un vrai débat soit en mesure enfin de s’instaurer. Cela pourra peut-être s’opérer sur les ruines fumantes du vieux monde politique. On peut en douter tant la raison dans notre pays semble réduite à l’état de fossile…

04 janvier 2021

Démarrage à plat

L’année nouvelle ne démarre pas sur les chapeaux de roues en France. C’est le moins qu’on puisse dire. Le sinistre COVID y règne plus que jamais en maître. Pas forcément plus durement qu’ailleurs pourrait-on dire, mais pas moins non plus.
Le fait est que le pays est atteint de dépérissement chronique, couvre-feu oblige. Quantité d’activités sont en état d’hibernation. Pour combien de temps ? Nul ne sait…
Le vaccin dont on nous rebat les oreilles depuis des semaines, arrive. Sa mise au point, qui relève d’un vrai tour de force, révèle une fois encore le dynamisme des pays anglo-saxons et le génie du capitalisme. Ce n’est pas très politiquement correct à dire, mais c’est un constat. Deux des laboratoires pharmaceutiques à l’origine de cette innovation sont dirigés par des Français : Stéphane Bancel pour Moderna et Pascal Soriot pour Astra-Zeneca. Hélas ces compatriotes sont bien loin de leur pays d’origine, comme tant d’autres qui n’ont pu réaliser leurs projets et donner toute la mesure de leur talent qu’à l’étranger.

La France qui n'a de force qu'en paroles, a laissé mourir son industrie pharmaceutique et les quelques survivants au désastre n’investissent plus guère le champ de la création et de l’invention. On connaît les déboires de Servier avec le Mediator et l’acharnement que nombre de gens bien intentionnés, mettent à discréditer définitivement l’entreprise. Sanofi qui n’a plus grand chose de français était de son côté englué dans le scandale de la Dépakine. Voilà que son vaccin contre le coronavirus prend un retard catastrophique par rapport à ses concurrents. Quant à l’Institut Pasteur, il y a belle lurette qu’il ne fabrique plus rien, hormis des conseils et des recommandations…

Est-ce pour ces raisons que la France a raté le départ de sa campagne de vaccination ? Non, sans doute.
Les raisons sont à trouver comme toujours dans cette ineffable technostructure étatique et centralisée, qui nous a déjà lourdement pénalisés lorsqu'il fallait des tests et des masques. Le retard à l'allumage est désormais un fait aussi prévisible que le tonnerre après l’éclair.
Face à cette lenteur d’escargot, notre cher Président Emmanuel Macron “s'irrite contre une bureaucratie tatillonne”. Il fustige “un rythme de promenade en famille, qui n’est pas à la hauteur ni du moment, ni des Français”. Il exige que cela change “vite et fort”. Et il se distingue des incapables en s’attribuant, non sans un brin de fatuité, le beau rôle : “Moi je fais la guerre le matin, le midi, le soir et la nuit.”

En réalité, sauf les affidés très crédules, il ne saurait convaincre que lui-même. Car il n’a véritablement rien fait pour alléger cette fameuse bureaucratie que tout le monde constate mais contre laquelle toutes les bonnes volontés semblent impuissantes. Pire, on pourrait prétendre qu’il n’a fait qu'aggraver les choses avec son fameux “en même temps” qui le pousse en chaque circonstance, à simultanément affirmer une chose et son contraire, et à dire l'opposé de ce qu'il est supposé penser, pour “faire plaisir” à son interlocuteur.
Présidant le "Conseil de Défense" qui décide de tout, et notamment de la politique vaccinale face au COVID, n’est-ce pas lui qui nomma un “monsieur vaccin”, lequel ne trouva pas mieux à dire le jour de son investiture, qu’il était dubitatif sur les bienfaits dudit vaccin, et qui aujourd’hui prétend qu’il n’est pas un expert en logistique. A quoi sert-il donc, à part ruiner un peu plus le crédit de l’Etat ?
N’est-ce pas M. Macron, qui prit la décision de mettre sur pied, en plus de toutes les instances existantes, un «comité scientifique chargé du suivi de la vaccination» et d’y ajouter un “collectif de citoyens” composé de 35 personnes tirées au sort, dont la mission sera "d'émettre des observations et de formuler des recommandations sur la politique vaccinale” ?
Après le fiasco d’une initiative similaire en 2016 par l'administration Hollande, après le cafouillage de la concertation citoyenne sur le climat, M. Macron persiste donc dans l’erreur et prend le risque d’alourdir encore un peu plus les circuits déjà empesés du char étatique au nom de la démagogie.
Comment ne pas être affligé lorsqu’on apprend que la première réunion du collectif de citoyens n'aura lieu que le 16 janvier, et que les résultats de son travail sont attendus au mieux pour l’été… Comment ne pas être saisi par le désespoir lorsqu’on entend que le vaccin Astra-Zeneca, conçu plus classiquement que ses concurrents mais désormais parfaitement au point, facile à conserver dans un simple réfrigérateur, et qui coûte une bouchée de pain, ne sera pas autorisé par les kyrielles d’autorités “compétentes” avant le mois de février, en étant optimiste ?

Pendant ces temps d'interminable confinement, les Anglais quittent l'Europe en fanfare. Pendant ce temps les teufeurs, qui se moquent des virus et des lois comme d'une guigne, se défoncent à donf 36 heures durant, sous les yeux médusés des médias et des forces de l'ordre impuissantes. Pendant ce temps Bordeaux "l'assoupie" devenue l'écolo-bobo, sombre dans la voyoucratie meurtrière. Et pendant ce temps d'autres pays vaccinent à tour de bras...

Illustration: le char de l'État par C.J. Traviès, 1833.

30 juin 2020

Elections en eau de boudin


Pour des élections ratées ce furent des élections ratées !
Représentant près de 60% des inscrits, l'abstention sort largement victorieuse un peu partout, laissant la désagréable impression de bâclage et d'inachevé et traduisant un désintérêt, pour ne pas dire un rejet massif, de la politique et de celles et ceux qui l'incarnent.

Avec l'élection présidentielle de 2002, ce fut un des scrutins les plus foireux de toute la Vè république. On assista à une campagne tronquée sur fond de crise COVID-19, gérée maladroitement par le Gouvernement. A cela s’est ajoutée la désagrégation des partis classiques rongés par l'usure, le manque de conviction et une détermination de plus en plus défaillante.

Plus que jamais, la république est en lambeaux et c'est une vraie déroute pour le parti de son président.
Dans les grandes métropoles, à la faveur de cette désespérante détumescence, des alliances bancales écolo-gaucho-bobos ont raflé la mise. En forme d'armées mexicaines, allant parfois jusqu’à inclure dans leurs rangs l'extrême gauche la plus ringarde, coco ou apparentée, ces tartarins miteux affichent désormais l'objectif donquichottesque d'amélioter le climat. Après l'échec des utopies socialistes, ces idéalistes indécrottables enfourchent un nouvel absolu, par nature - c’est le cas de le dire - aussi inatteignable que les vieilles lunes collectivistes. On peut s’attendre à un surcroît de pesanteur réglementaire, à de nouvelles taxes et à la mise en œuvre de mesures dictées par les principes plus que par les réalités de terrain. L’avenir le dira sous peu...

Emmanuel Macron serait sur le point dit-on de tomber dans ce nouveau panneau idéologique. De fait, il vient d’avaliser la quasi totalité des propositions qui lui ont été transmises par la convention citoyenne pour un coût qui promet d’être astronomique (on a échappé in extremis aux 110 km/h sur autoroutes et à la taxe sur les dividendes pour les actionnaires).

Sous peu, le gouvernement sera remanié et possiblement va changer de Premier Ministre. Mais où va-t-on trouver les nouvelles têtes, et pour quel nouveau programme ?
Plus que jamais, on se demande comment M. Macron va pouvoir se sortir de cette nouvelle impasse dans laquelle il s’est lui-même fourré, et le pays avec lui...

28 juin 2020

En vert et contre tout

La Convention Citoyenne pour le Climat, investie en grande pompe à la fin de la crise des Gilets Jaunes par le Président de la République a fini par accoucher de 150 mesures !
Une pour chacun de ses membres, intronisés par la grâce du tirage au sort, dont on pense désormais qu’il fait mieux les choses que les élections. Le hasard serait donc devenu plus démocratique que le choix par des citoyens  libres et éclairés de représentants, porteurs de programmes et de propositions. On croit rêver…
En quoi le peuple peut-il imaginer que sa volonté soit mieux servie par des gens promus par une loterie, c’est la question qui ne peut que tarauder tout démocrate convaincu, mais qui ne rencontre hélas dans l’opinion, qu’une vaste indifférence, révélatrice de la déchéance progressive de nos sociétés.
Que pouvait-on attendre d’une telle entreprise, pas grand chose évidemment. C’est donc, sans jeu de mots, un vrai inventaire à la Prévert que ces sages de pacotille ont livré à la Nation au nom du Climat, devenu l'alpha et l'oméga de toute action politique. On se demande ce que nos dirigeants vont bien pouvoir en faire. Il va bien falloir qu’ils feignent d’y accorder la plus haute considération et qu’ils retiennent quelques unes des mesures proposées, mais combien et comment les concilier avec les nécessités pratiques qui s’imposent de plus en plus à notre infortuné pays, en crise économique et sociale permanente ?
La première des suggestions a été retoquée d’emblée. Elle préconisait benoîtement d’abaisser le temps de travail hebdomadaire de 35 à 28h ! Au delà de la provocation, sans doute involontaire, cet objectif est révélateur de l’utopie qui règne dans beaucoup d’esprits. Lorsqu'on vous demande de plancher dans l’absolu, sans restriction pratique et sans engager la moindre responsabilité personnelle, il ne faut pas s’étonner de voir sortir toutes sortes de fantasmes et de voeux pieux en guise de politique.
La seconde recommandation, dont on nous rebat les oreilles depuis quelques jours, est de réduire la limite de vitesse sur autoroute de 130 à 110 km/h. Il y a de quoi sourire lorsqu’on songe que cette convention citoyenne fut mise en place au titre du Grand Débat National visant à éteindre la révolte des Gilets Jaunes. On se rappelle que cette dernière s'était enflammée lorsque le Gouvernement avait décidé de réduire de 90 à 80 km/h la vitesse maximale sur les routes secondaires !
De fait, quelques jours après la publication de cette idée lumineuse, les sondages révèlent que les trois quarts des Français y sont farouchement opposés…

Tout hélas est à l’avenant. Alors que le mouvement des Gilets Jaunes réclamait plus de liberté, moins de contraintes réglementaires, moins de taxes et de centralisation étatique, ce catalogue de bonnes et belles intentions se focalise quasi exclusivement sur les interdits et les obligations, multiplie les nouvelles ukases légales et les contributions fiscales en tous genres. La perle étant l'invention de l'écocide, nouveau crime supposé qualifier les atteintes à l'environnement, dont la définition nébuleuse, assortie de sanctions extravagantes, fait déja planer une menace supplémentaire pour les entreprises.
Autrement dit, cette convention apparaît comme un nouveau fiasco risquant de plomber encore un peu plus le mandat piteux de M. Macron.
Pendant ce temps les candidats restant en lice pour le second tour d'élections municipales totalement ratées pour cause de COVID-19, rivalisent de zèle pour enfoncer de beaux clous écologiques autour du cercueil de leurs ambitions politiques.
Craignant une vague écolo, prisonniers de leurs compromissions avec les sectateurs du nouvel ordre vert, ou paralysés par le terrorisme bien intentionné de la correction politique, ils concoctent toutes sortes de mesures aussi ubuesques que contraignantes, à l'instar de madame Hidalgo qui annonce soumettre aux 30 km/h tous les automobilistes osant encore circuler dans Paris, et abaisser à 50 la vitesse sur le Périphérique tout en réduisant les voies de 3 à 1 ! Et tant pis pour les idiots d'électeurs qui, bon gré mal gré, vont abandonner à ces gens le pouvoir de gérer leur ville…

26 avril 2019

Souffler n'est pas jouer II

Cherchant un titre pour mon commentaire, suivant la conférence de presse du Président de la République, je pensais à l’expression tirée de la règle du Jeu de Dames “souffler n’est pas jouer”, et je tombe sur un précédent billet pour lequel je l’avais déjà utilisée en 2017, juste après l’élection dudit Président…
Et pour cause: je ressens ce soir un peu la même impression.
Emmanuel Macron
parle bien. Son style est délié, souple et rapide. Mais il pêche par un excès d’emphase et surtout d’indécision et de vacuité dans l’action.

Avant de répondre aux questions des journalistes, le chef de l’Etat s’est fendu d’un discours de près d’une heure destiné à clôturer le fameux Grand Débat qu’il avait lui-même proposé, tout en s'efforçant d'apaiser 
la colère des Gilets Jaunes. Sans doute attendait-on trop de cette intervention...

Il commença par délivrer quelques belles formules lénitives, rappelant par exemple que nous sommes “les enfants des Lumières”, qu'il ne faut pas céder à "l'obscurantisme", à la "haine" ou au "complotisme". Il insista sur la nécessité de mettre “davantage d’humain” dans l’action publique, sur sa volonté, pas très originale, de lutter contre la bureaucratie pyramidale de notre système. Suivirent des actes de contritions et quelques mea culpa : “J’ai pu donner l’impression d’être dur et injuste, je le regrette”.../… “J’ai changé et beaucoup appris…”

Au chapitre des actions concrète hélas, on en est resté aux annonces et aux déclarations d’intention. Certes elles ne sont pas toutes mauvaises, mais après quatre mois on était en droit d’attendre un peu plus de concret et davantage d'audace.
Par exemple, M. Macron nous assène qu’il faut vraiment envisager de travailler plus dans notre pays. Mais comment, puisqu’il ne veut pas remettre en cause les 35h, pas supprimer de jour férié et pas reculer l'âge de départ en retraite. Subtile contradiction au passage (ou hypocrisie), dans le même temps il annonce un système de retraite "à points" et une augmentation du nombre de trimestres de cotisations pour bénéficier d’une pension à taux plein…
S’agissant de la revalorisation des retraites, il promet de manière évasive d'instaurer un plancher à 1000€, tout en confirmant un peu tard son erreur de désindexer les pensions de l'inflation. Dont acte, sauf que les mesures  sont distillées au compte goutte à la manière d'un apothicaire: en 2020 pour les “petits retraités touchant moins de 2000€/mois” et un peu plus tard
pour tous les autres (en 2021, c'est à dire si la conjoncture le permet...)

S’agissant de la technocratie étatique, il dit son souhait de supprimer l’ENA, mais pour la remplacer par une autre école de la fonction publique, plus efficace, mais possiblement dans les mêmes locaux et avec le même personnel qui n’a pas démérité. Comprenne qui pourra…
Il plaide également pour la disparition du statut inamovible de haut-fonctionnaire et affirme vouloir supprimer beaucoup d’organismes inutiles. Mais lesquels, sachant qu’il évoque simultanément la création d’un nébuleux "Conseil de Défense Écologique", pour “répondre à l’urgence du climat” et qu'il voudrait revigorer le très superfétatoire Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) en y intégrant 150 citoyens “tirés au sort”.

Au détour d'une phrase, il révèle qu’il est prêt à abandonner l’objectif de suppression de 120.000 postes de fonctionnaires et il prévoit enfin un grand plan de décentralisation, avec création de 2000 "maisons de services publics" (une dans chaque canton), et l’arrêt de toute fermeture d’école ou d’hôpitaux sans l’accord des maires concernés.
On comprend de facto que la baisse des dépenses publiques est de plus en plus incertaine !
C’est d’autant plus gênant qu’il promet une baisse significative de l’impôt sur le revenu, d’environ 5 milliards d’euros. Ce fut sans doute l'annonce la plus fracassante, encore qu'elle ne précise ni comment elle serait mise en œuvre et pour qui, ni comment elle serait financée hormis par la suppression de certaines niches fiscales exclusivement destinées aux entreprises. Le lendemain, on apprenait de la bouche de M. Darmanin  sur RTL que cette allègement fiscal ne passerait  probablement pas par le réaménagement des tranches d'imposition, mais qu'il s'apparenterait à une nouvelle niche, réservée aux gens modestes, donc un nouveau bidouillage dans l'invraisemblable pipotron fiscal...

En matière de politique générale et d'affaires internationales, il y eut quelques voeux pieux sur la nécessité de faire payer les pensions alimentaires aux maris indélicats, quelques vagues résolutions sur la laïcité et sur l’immigration (fermes comme toujours dans les mots mais floues dans les actes).
Une réforme constitutionnelle est envisagée "pour améliorer le débat démocratique", mais elle n'a rien de révolutionnaire. Elle se caractériserait selon le président par l’introduction d’une dose de proportionnelle (de l’ordre de 20%) à l’Assemblée Nationale, et la réduction arbitraire et hypothétique de 25 à 30% du nombre de parlementaires. En revanche et heureusement, pas de prise en compte du vote blanc, pas d’obligation de vote non plus, pas de Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) réclamée rituellement par les excités du samedi. Juste une porte entrouverte sur un hypothétique Référendum D’Initiative Partagée (par au moins 1 million de citoyens) et une plus grande considération pour les pétitions locales.
A propos de l’Europe enfin, M. Macron, non sans un certain culot, s’exclama qu’il était partisan de réduire le nombre d’États dans l’espace Schengen, notamment s’il s’avérait qu’ils se comportent de manière “non solidaire” ou “laxiste”. Autant pisser dans un violon tout en prenant le risque de renforcer l’inimitié déjà croissante que certains manifestent à l’égard de la France, mauvaise élève et donneuse de leçons...

Au terme de ce marathon, survolé avec un certain brio par le Chef de l’Etat, semblant très à l’aise avec les représentants des Médias, et assisté d’un peuple muet de ministres mi-figue mi-raisin, on pouvait faire un constat: il n’y eut pas un mot, pas une allusion sur les deux principales récriminations des Gilets Jaunes dès le début du mouvement, à savoir la stupide limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires, et rien sur le devenir de la fiscalité impactant le prix des carburants. On est donc bien avancés….

23 octobre 2018

Le Crépuscule d'une Espérance

A l'occasion du récent remaniement ministériel, on a beaucoup glosé sur l'allocution du Président de la République, et la tonalité automnale, quasi sépulcrale, qu'elle a donné au mandat que lui ont confié les Français. Navrant paradoxe, on le dirait finissant alors qu’il devrait entrer dans son midi rayonnant.
Clarté crépusculaire, voix blanche, monocorde, pour aligner laborieusement et avec une lourde solennité, une kyrielle de platitudes ronflantes.

La dynamique, au moins verbale, à laquelle nous avait habitués le chef de l’état semble vraiment cassée. En témoigne le temps qu’il lui a fallu pour accoucher d’un nouveau gouvernement cacochyme, répondant semble-t-il à une seule problématique en forme de casse-tête, celle du respect des parités: des sexes, des tendances politiques, des statuts. Triste constat qui révèle le mal être d’une époque sans inspiration, sans dessein, sans détermination. «Donc, on agite les milieux politiques français au nom d'un remaniement qui n'a pas lieu» a déclaré sarcastique, l’ancien président Valery Giscard-d’Estaing...

Monsieur Macron a beau dire que le courant des réformes ne déviera pas d’un iota, le projet est pour le péquin moyen de plus en plus illisible et la direction dudit courant aléatoire.
Un seul exemple, la réforme de la taxe d’habitation, que personne ne demandait et dont on peine à percevoir l’intérêt, puisqu’il ne s’agit que d’un jeu de vases communicants. Pour l’heure elle ne fait que des déçus. Ceux qui en étaient déjà exonérés n'ont vu que du feu. Pour les bénéficiaires d’une baisse, celle-ci s’avère inférieure aux promesses. Et pour les autres, c’est la potion amère, c’est à dire un nouvel alourdissement de la charge. Quant à la disparition promise pour tous (hormis paradoxalement pour les propriétaires de résidences secondaires inhabitées), elle reste des plus hypothétiques...
Il faut dire que de nombreux maires ont sournoisement profité de l’occasion pour augmenter préventivement les taux qu’ils infligent à leurs administrés. Ils font ainsi d’une pierre deux coups: ils se servent sur l’allègement octroyé par le gouvernement, et anticipent le calcul de la dotation qui leur sera allouée un jour peut-être, lorsque l’Etat aura décidé la suppression, et qu’il lui faudra comme promis compenser pour les communes le manque à gagner.
Ainsi donc, le poids croissant de l’impôt repose sur un nombre de plus en plus restreint de contribuables qui voient dans le même temps les services s’étioler : éclairage, traitement des déchets, voirie, propreté, sécurité….

Après un début en fanfare, le quinquennat d’Emmanuel Macron s’est mis à patiner, ressemblant de plus en plus à celui de Nicolas Sarkozy. Les belles paroles et les déplacements “sur le terrain” ne suffisent plus à masquer le manque d’action. Pire, ces gesticulations s’accompagnent de grossières erreurs de communication, ruinant peu à peu le crédit d’une politique par trop indécise, et remplie de contradictions. Puisque plus rien n’a de sens pourquoi donc s’émouvoir des violences qui gangrènent la société, jusque dans les écoles, puisque le Président n’hésite pas à poser fièrement avec des délinquants arrogants qualifiés angéliquement “d’enfants de la République” ?

En revoyant les images de cette désormais fameuse autant que fumeuse allocution, on peut se demander si tout n’est pas joué pour la jeune mais déjà sclérosée “République en marche” ?

25 septembre 2018

La Santé en Plan

Ainsi donc un nouveau plan est annoncé pour réformer le système de santé français !
Il ne déroge pas à la règle: chaque nouveau gouvernement se doit d’apporter sa pierre à ce perpétuel chantier.
Présenté en grande pompe par le Président de la République en personne et baptisé “Ma Santé 2022”, il aurait vocation à tracer les perspectives en la matière pour les cinquante années à venir !

Alors qu'il était censé répondre au profond malaise des professions de santé, le chef de l’Etat a réaffirmé qu’il ne s’agissait pas d’un problème de sous-financement mais d’organisation. Tous les gens qui espéraient des moyens supplémentaires en seront pour leurs frais. Quant à l’organisation, on chamboule semble-t-il une fois encore la forme, mais il faut bien chercher ce qui change sur le fond.

Certaines mesures étaient déjà pressenties. Par exemple, la suppression de l’inénarrable numerus clausus qui rejette pour d’obscurs motifs planificateurs près de 90% des étudiants en fin de première année.
Ce système était devenu une véritable monstruosité organisationnelle, rassemblant dans les mêmes amphithéâtres bondés, non seulement les étudiants en médecine, mais également ceux en pharmacie, et qui plus est, les futurs dentistes, sages femmes et masseurs-kinésithérapeutes !
Un véritable chef d’œuvre de planisme comme la France est sans doute un des rares pays à savoir les porter à cet indicible degré d’absurdité. Tout le monde ou presque s’accordait sur l’inanité de cette sélection aride qui faisait perdre un an ou deux, à la majorité des étudiants inscrits dans cette Première Année Commune aux Etudes de Santé (PACES). Car force était de recruter un peu partout des médecins à diplômes étrangers pour faire face à la pénurie ressentie sur le terrain, et tout ça pour constater au bout du compte que la France ne manque pas de médecins par rapport aux autres pays de l’OCDE, mais qu’ils ne sont pas aux bons endroits et pas dans les bonnes spécialités….
On ne reprochera donc pas au gouvernement actuel de mettre fin à cette sinistre comédie, mais on peut s’interroger sur les solutions alternatives envisagées. Le Plan est en effet plus qu’évasif sur le sujet et peut laisser craindre pour le coup qu'on passe du manque à l'excès. Au surplus, il fait une nouvelle fois l’impasse sur les professions para-médicales auxquelles nombre de tâches dévolues aux médecins pourraient être confiées. Mise en pratique dans beaucoup d'autres pays, une telle délégation permettrait pourtant de générer de substantielles économies en diminuant le besoin en médecins, tout en revalorisant et en modernisant les profils de nombre de métiers de la santé.

Parallèlement, le gouvernement a pris acte du poids croissant des charges administratives pesant sur les médecins dits “de ville”. Mais curieusement, plutôt que de proposer enfin un vrai “choc de simplification”, il promet une armée de 4000 "assistants médicaux" destinée à alléger leur fardeau et leur permettre de soigner plus de patients. Hélas rien ne dit d’où il compte sortir ces gens ni de quelle formation il devront attester. Ni infirmiers, ni secrétaires, ni aides-soignants, on comprend mal leur positionnement mais on suppute qu’ils imposeront un coût supplémentaire non négligeable à l’Assurance Maladie. Au surplus, comme toute assistance étatique cette aide sera attribuée aux praticiens sous conditions, en l’occurrence de se rassembler pour former des “communautés professionnelles territoriales de santé”.
L’idée d’exercer en groupe pluridisciplinaire n’est ni mauvaise, ni très nouvelle, mais mise en œuvre sous contrainte, elle risque de se transformer en expédient et pourrait se traduire par le retour des dispensaires d’autrefois, guère efficaces ni innovants…

Supposées enrayer la désertification de nos campagnes, ces maisons de santé polyvalentes seraient susceptibles de se voir renforcées par l’arrivée de 400 praticiens dépêchés tout exprès pour la cause. Là encore, rien ne dit d’où viendront ces recrues providentielles ni ce qui pourrait les attirer dans les trous perdus que la République a purement et simplement abandonnés à leur triste sort, à force de prôner depuis des décennies l’hypermédicalisation centralisée dans les grandes métropoles, et la planification à outrance sur le modèle néo-soviétique. Pour lutter contre les déserts médicaux, M. Macron se refuse encore à envisager la suppression de la liberté d’installation des médecins, mais on subodore qu’il n’y a plus qu’un pas pour arriver à cette funeste extrémité.

Les Pouvoirs Publics n’en sont certes pas à une contradiction près. Aujourd’hui, ils veulent revitaliser les petits hôpitaux en les réorganisant et en les renommant, tout en laissant entrevoir la fermeture de leurs maternités, de leurs blocs opératoires au seul motif qu’ils ne pratiquent pas assez d’actes. Enfin, la tarification à l’activité (T2A) qui était un facteur d’émulation, et un système de répartition des ressources équitable, sous réserve qu’elle reste simple, raisonnable, et neutre, est en passe d’être en partie au moins abrogée après à peine quinze ans d'existence. Au moment précis où l’Etat cherche désespérément à la mettre en œuvre dans le champ des soins de suite et de réadaptation (SSR), il la rabote consciencieusement dans celui du court séjour, en proposant de la remplacer par l’usine à gaz du “financement aux parcours de soins” et “à la qualité”. Comprenne qui pourra...
Comment diable motiver les troupes avec une telle politique à la fois erratique et couarde, qui dit blanc un jour et noir le lendemain, et qui refuse obstinément de s’attaquer aux racines du mal ?

Devant ce plan étique, on ne peut s’empêcher, lorsqu’on a la fibre un peu libérale, de penser qu’on est en train une fois encore de passer à côté de la mère des réformes. Dans sa déclaration d’intention, M. Macron affirme haut et fort qu’il entend rester dans le prêt à penser idéologique suranné dont le pays crève à petit feu: “je veux que ce qu'on appelle le système de santé soit l'un des piliers de l'Etat providence du XXIe siècle qui prévient et protège et puisse accompagner les parcours de vie.” Belles paroles, mais guère pragmatiques...
Au point où nous sommes rendus, on aurait pu rêver à la suppression de toutes les instances administratives inefficaces, au premier rang desquelles figurent naturellement les Agences Régionales de Santé (ARS). Le Canada qui en était également doté l’a fait, pourquoi pas la France ?
On aurait pu de cette façon, imaginer redonner aux hôpitaux l’autonomie de fonctionnement qu’ils ont perdu au fil des décennies. Dans un tel contexte la délégation d’une partie de la gestion au corps médical aurait sans doute été en mesure d’apporter plus de responsabilité et permis à certains de comprendre que la pérennité d’un établissement ne dépend que de deux conditions: être en équilibre financier et réaliser des prestations conformes à l’état de l’art.
On aurait également pu rêver à l’ouverture à la concurrence du monopole usé de l’Assurance Maladie.
On aurait pu enfin songer à décloisonner les soins en favorisant les délégations de tâches au personnel non médical, et comme les instances européennes nous y invitent, à déréglementer nombre de professions de santé.
Mais force est de conclure que tout cela est hélas inimaginable dans notre pays...
Illustration: Le Petit Prince. Saint-Exupéry.