06 mai 2012

Hollande : 1, France : 0


Et bien ça y est !
Les distillateurs de haine ont gagné (d'une très courte tête). A leur instigation, les Français ont choisi de courir le risque du glissement vers l'abîme, plutôt que de réélire un homme que la propagande n'a cessé par pur principe, cinq années durant, et à tout propos, de présenter sous un jour odieux (qu'on me pardonne ce soir quelques outrances et un titre à la mesure de mon dépit; c'est peu de chose à côté de tout qui fut déversé ces derniers temps pour tenter de salir la réputation du chef de l’État sortant...)
Le « peuple de gauche », qui a démontré lors de cette campagne, qu'il incarnait plus que jamais l'intolérance, l'esprit de clan, et la morale étriquée de petit-bourgeois a donc réussi à rallier quelques crédules désorientés pour porter au pouvoir le bureaucrate, l'énarque, le politicard. Celui qui représente mieux que quiconque tout ce qu'on nous présente habituellement comme détestable, qui plus est, au service d'une idéologie autrefois mortifère, aujourd'hui simplement faisandée. Celui qui n'a aucune expérience en dehors des grenouillages de parti, celui-là même dont l'ancienne épouse affirmait qu'il n'avait jamais rien fait, et que ses « chers amis » qualifiaient de « problème », quand ils n'évoquaient pas à son sujet la mollesse d'un flan ou le charme microscopique d'une fraise des bois !
Aujourd'hui, tout ce petit monde, rassemblé aux basques du grand homme par la force des choses, se transforme en une nuée de courtisans zélés. Le discours a bien changé. Il est passé du quolibet à la flagornerie. Chacun y va de son compliment. La distribution des portefeuilles et des prébendes va commencer... Il faut voir accourir tous ces gens sans vergogne, comme un seul homme !

Mais, puisqu'il est difficile d'attribuer à François Hollande le talent de galvaniser les foules, puisqu'il ne déclenche guère l'enthousiasme, et pas vraiment d'espérance, force est de reconnaître que Nicolas Sarkozy doit sa défaite au moins autant à ses propres faiblesses qu'aux mérites de son adversaire.
Car pour le coup, il a vraiment déçu une bonne partie de ceux qui lui ont fait confiance. Passons sur ses erreurs de communication, qu'il lui eut pourtant été si facile d'éviter. Positionné au vu de ses propositions comme un libéral (au sens français du terme), il aura une fois encore trahi cette cause et cédé aux sirènes keynésiennes ou socialisantes. En pure perte. 
A une ou deux exceptions près, sa politique et restée enfermée dans les dogmes étatistes les plus classiques. Face à la crise, les résultats ne furent guère convaincants, même si le spectre de la faillite du pays a été temporairement repoussé.
Dans la même veine, sa stratégie audacieuse d'ouverture à la gauche se révéla un échec cuisant. Quel intérêt avait-il donc à tenter de rallier des gens qui n'ont eu de cesse de le haïr quoiqu'il dise et quoiqu'il fasse ? Non seulement ce fut inefficace, mais personne ne lui en sut gré, bien au contraire. Moralité : on ne traite pas avec la gauche. Sectaire elle est, sectaire elle reste.
Vis à vis du Front National et des problématiques qu'il soulève, la stratégie sarkozienne fut totalement incohérente. Lui ou ses proches ont souvent parlé comme Marine Le Pen, ont fait des œillades appuyées à ses électeurs, et dans le même temps, ont continué de traiter le FN lui-même comme un parti infréquentable. C'est peu dire que l'ouverture en ce sens n'a pas fonctionné non plus ! Tandis qu'au PS on se vautre dans les compromissions avec les enragés du drapeau rouge et les nostalgiques de 93, et qu'on ose appeler cela « désistement républicain », à droite on croit bon, par je ne sais quelle pudibonderie, de s'enfermer dans un stupide rejet d'un parti qui représente peu ou prou 15% des électeurs !

En définitive, au cours de son mandat, Nicolas Sarkozy n'aura fait qu'appliquer à la marge, ce qu'il avait annoncé. Suffisamment pour continuer d'être qualifié de laquais du Grand Capital, mais pas assez pour décrasser le pays de ses funestes lubies. Plus que jamais, une question taraude : A quoi bon mettre en avant des idées si ce n'est pas pour les mettre en pratique ? Curieux paradoxe en France, qui veut que les élus fassent si souvent le contraire de ce qu'on attend d'eux...
Faudra-t-il à l'instar de Tony Blair en Angleterre, que la vraie révolution libérale vienne de la gauche, puisqu'elle ne peut venir de là où on l'espère ? On risque d'attendre longtemps hélas, vu l'archaïsme du socialisme français, attaché qu'il est au boulet de l'Etat-Providence et toujours sous l'emprise de l'aliénation communiste.

Il y a au moins une chose qui porte à la consolation lorsqu'on est affligé par le résultat de cette élection : il n'y a plus guère de risque d'être déçu désormais ! Le petit père Hollande, au regard si soyeux sous ses paupières en capotes de fiacre, ne peut désillusionner que ses propres partisans. Soit par un sursaut de pragmatisme mitterrandien, il va les tromper en faisant l'inverse de ce qu'ils attendent, et il sera même jouissif pour ceux qui n'ont jamais cru à ses promesses, de le voir manger son chapeau dans les instances internationales, soit il appliquera comme prévu son calamiteux programme et c'en est fait de ce qu'il restait de prospérité et d'importance pour notre pays. Ce sera l'appauvrissement généralisé, la déchéance pour tous, la médiocrité à tous les étages. Le socialisme quoi...
Une chose est sûre, si le changement annoncé était évidemment un leurre, l'avenir c'est maintenant. Il n'y aura pas d'état de grâce...

30 avril 2012

Printemps Socialiste


Un vrai temps de socialiste ! Pluie, vent, froid, tous les frimas sont au rendez-vous pour ce qu'on annonce déjà comme le printemps socialiste de la France !
Ça n'empêche en tout cas pas le candidat putativement "entrant", fardé, coloré, lustré comme une cocotte et sapé comme un banquier, de se préparer, et de son sourire un peu niais, distribué à tous vents, se féliciter à l'avance du triomphe romain que sa cour lui promet.
C'est peu dire qu'à part les aficionados, l'impétrant (comme dirait Montebourg) ne déchaîne pas l'enthousiasme dans le pays. Rarement on aura vu un programme à la fois si à côté du contexte et si creux et flou en substance. Aussi attractif qu'un vide grenier en fin de journée ! Rarement on aura vu une campagne basée de manière aussi primaire sur la haine d'un homme plutôt que sur le contenu des projets ou l'adhésion à une dynamique personnelle.

Alors évidemment, il faut jusqu'au bout tenter par tous les moyens, de discréditer l'adversaire. A ce jeu les Socialistes sont très forts. Ils ont hérité de la bonne vieille dialectique marxiste léniniste. En dépit des remugles peu ragoûtants venant de gauche depuis des décennies, en dépit des fortunes sur lesquelles roulent avec indécence la plupart de leurs apparatchiks, ils continuent de chanter que le bien et la solidarité sont de leur côté. Vieille rengaine !

Mais tout ça n'est rien en définitive comparé aux torves tentatives de disqualification que la Gauche réunie croit bon d'utiliser pour emporter la conviction ce 6 mai prochain.
Dans le genre, l'affaire Médiapart-Khadafi est un sommet de bouffonnerie. A peu près du niveau des théoriciens du complot qui prétendaient que les attentats du 11 septembre 2001 avait été fomentés par George Bush ! L'énormité et l'invraisemblance de l'accusation est à la mesure de la fureur revancharde de ces paparazzi de latrines.
La relance de l'affaire DSK, par une prétendue interview de ce dernier au Guardian (aussi vite démentie) est du même tonneau. Mais tant va la cruche à l'eau qu'un jour elle casse. L'histoire pourrait aisément se retourner. Qui avait donc le plus intérêt à voir chuter DSK, sinon M. Hollande ? Ils étaient ennemis jurés et on sait que DSK avait annoncé que lui candidat (et a priori élu comme on l'affirmait déjà), il n'y aurait rien pour l'autre....
Il y a aussi ces pelletées d'abominations charriées par une presse dont l'esprit partisan est hallucinant : rappeler sur le nom de Nicolas Sarkozy le souvenir de Pétain (Le Monde, L'humanité, Libération...), titrer avec rage en couverture de Marianne, à propos de l'actuel chef de l'Etat, qu'il serait la honte de la Vè république...
Que feront donc tous ces cireurs de pompes gauches, ces accusateurs zélés soumis jusqu'à l'os à l'idéologie socialiste lorsque leurs thuriféraires auront fait main basse sur à peu près tous les leviers de commande que le pays compte ? Pour l'heure, leur pudibonderie démocratique ne semble absolument pas effarouchée par cette perspective lamentable. Comme ils n'ont jamais été gênés par les odeurs d'égouts qui transpirent des soupiraux soit-disant "progressistes" depuis si longtemps.
La curée fait rage. Même les juges s'y mettent ! Le Syndicat de la magistrature qu'on sait par nature si indépendant, n'éprouve aucune honte à prendre parti sans ambiguïté pour "son" candidat...
N'en déplaise aux distributeurs agréés de petite vertu, il existe des Français dégoûtés par cette arrogance. Peut-être finiront-ils par le dire au moment où on ne les attend plus...

26 avril 2012

Un petit tour de pédalo ?


Nicolas Sarkozy, le « candidat sortant » paie lourdement et assez injustement ses erreurs de communications, mais bien plus grave à mes yeux, un certain manque de convictions. Son quinquennat aura été marqué par trop de revirements et d'inconséquences pour qu'on en retienne une ligne directrice claire. Il y eut des choses sympathiques sans nul doute, mais quel brouillamini en définitive ! L'étatisme n'a en rien été entamé, et pas davantage la bureaucratie planificatrice, centralisatrice et déresponsabilisante. En dépit de velléités, il n'a pas vraiment réussi à placer la France dans une perspective nouvelle pour affronter les défis du monde contemporain. Résultat, ses adversaires n'ont pas changé d'opinion et il est probable qu'il a déçu un certain nombre de ceux qui espéraient en lui. Pourtant, et cela montre le niveau du débat politique, il reste le candidat le plus crédible, celui qui a – et de loin – la meilleure stature internationale, ce qui est un atout majeur. Mais ses contradictions et ses tergiversations au sujet du modèle de société vont peser très lourdement dans la décision. Est-il possible que s'inverse le cours annoncé des événements ? Peu probable, ou bien cela relèvera de l'exploit...

En face, François Hollande, en dépit d'une formidable pression médiatique en sa faveur (et au discrédit de Nicolas Sarkozy), ne déclenche aucun enthousiasme, aucun élan populaire. Son discours évoque irrémédiablement le vieux radis (vaguement rose à l'extérieur, blanc à l'intérieur et si désespérément creux...) Il n'a certes pas eu besoin de forcer son talent, ni même à trop gauchir son discours. Le changement, mon œil ! Quelques grosses ficelles et attrape-nigauds démagogiques et le tour semble joué. Il a soigné sa ligne, changé de costume, surfe mollement sur le mécontentement, et cela pourrait suffire tant l'anti-sarkozysme est devenu fort.

Après nous avoir joué le rôle de la gauche dure, robespierriste sinon bolchevique, après s'être gargarisé d'appels à la révolution, Jean-Luc Mélenchon s'aplatit comme une limande devant le candidat PS qu'il accusait d'être l'incarnation du conformisme petit bourgeois et de la veulerie vis à vis de la mondialisation et du capitalisme honnis. Étrange retournement de situation. Tout n'était que manœuvre. Après avoir ratissé les résidus des gauches les plus archaïques du monde, l'objectif était donc simplement de ramener le butin sur un plateau au capitaine de pédalo. Ce dernier savoure cette reddition sans sourciller, avec condescendance, mais les gogos seront-ils gogos à ce point pour croire à de telles simagrées ? Peut-être hélas...

Le Front National reste le problème incontournable de la vie politique française. L'espoir d'avoir enrayé la machine infernale en 2007 est cruellement démenti. Force est de constater que le piège ourdi par Mitterrand fonctionne encore ! Et plus que jamais Marine Le Pen espère la victoire du camp socialiste, qui fera fructifier son pré-carré et risque de lui ouvrir de belles perspectives pour dans cinq ans et sans doute même avant. Surtout si le retour de la proportionnelle permet à son parti d'accéder aux tribunes représentatives. La preuve semble faite qu'on ne résoudra pas le problème en ignorant, en ostracisant, ou pire en insultant le Front National ou ses électeurs. Seule la dédiabolisation peut laisser espérer le retour d'un climat politique plus serein. Madame Le Pen paraît prête à cette éventualité, et décidée à briser l'isolement forcé dans lequel reste enfermé son parti. Si le chef de l'Etat perd cette élection, la recomposition de la droite sera-t-elle à l'ordre du jour ?

Quant à François Bayrou, il passe sans doute définitivement à côté de son destin à cause d'un entêtement morbide et d'un égocentrisme invétéré. A force de pratiquer la logique circulaire jusqu'à l'absurde, il est certes au centre, mais celui-ci devient une vraie singularité. Un point microscopique autour duquel tourne avec une superbe indifférence pour lui le microcosme politique. A contrario du Front National le MODEM est totalement isolé par la seule volonté de son leader. Par voie de conséquence il est en passe de s'effondrer sur lui-même, comme un trou noir. Belle satisfaction !

S'agissant des autres, après qu'on a beaucoup trop entendu parler d'eux, les voilà ramenés brutalement à l'importance qu'ils méritent, celle de roupie de sansonnet...

A l'image du calme précédent les cyclones, il règne dans le pays un étrange flottement. La crise est bien là, toute proche et tout se passe comme si personne ne la voyait vraiment. On l'évoque par allusion, mais aucune stratégie pragmatique ne paraît vouloir s'y opposer.
A l'approche de terribles turbulences, les Français vont-ils succomber à l'envie d'essayer un petit tour de pédalo ? Hélas, ça semble bien possible...

22 avril 2012

Printemps


Le blé en herbe monte à l'assaut d'horizons
Qu'il défroisse gaiement des gangues hivernales
Et dans l'éclat mouvant des clartés matinales
Sa verdeur conquérante ébranle les saisons.

Des arbres nus déploient d'intenses floraisons
On dirait dans l'air frais, des hampes virginales
Attendant des pollens les ondées séminales
Et du soleil tout neuf l'or des inclinaisons.

Pourtant cette impression de premier jour du monde
N'est au vrai qu'un reflet, bien qu'il soit enivrant,
Du recommencement. Comme une horloge ronde

Qui ramène sans cesse au début du cadran
Ses aiguilles sans âme, et méchamment rappelle
Au rêveur hors du temps que la vie est mortelle...

Illustration : Van Gogh, le blé en herbe (détail)

16 avril 2012

Epître aux rêveurs de gauche


En entrant chez Mollat il y a quelques jours à peine, et en parcourant distraitement le rayon où s'accumulaient une pléthore de livres politiques de circonstance, je tombai sur un opuscule au titre accrocheur : "Rêverie de gauche". 
Venant de Régis Debray, je ne me fis en la circonstance, aucune illusion. Certains le disaient rangé des voitures, ayant abandonné tous ses engagements politiques calamiteux du passé. Tu parles !
Le voici qui participe à sa manière au festival de lubies préélectorales en essayant in extremis, de redorer le blason poussiéreux d'une idéologie fort décatie. Y croit-il encore lui-même ? Y a-t-il une chose réelle à laquelle il a cru ? Ou bien fait-il semblant de croire à tous les avatars de la frivolité bien pensante, qu'il a fait mine d'épouser à la manière d'un rebelle des beaux quartiers ? Difficile à dire tant cet homme s'est trompé sur à peu près tous ses engouements, et tant il change de teinte comme les caméléons, pour mieux être en harmonie avec l'environnement médiatique. Force est de constater en tout cas, qu'il a troqué le rouge sang des révolutions pour le le rose bonbon des rêveries sucrées du socialisme à l'eau tiède.
 
Aujourd'hui, celui qui fit ami-ami avec tout ce que l'Amérique du Sud compta de révolutionnaires communistes, pontifie tranquillement dans les salons parisiens, et comme sa pensée s'avère prolifique, chaque nouveau livre est l'occasion pour lui de débiter sa morale poussive, aux vagues relents marxiens, avec la molle onctuosité d'un chanoine pansu. Lui qui dans un élan lyrique inconsidéré qualifia le gangster mystificateur mexicain, auto-proclamé « Sous-Commandant Marcos », de « meilleur écrivain latino-américain de nos jours ». Lui qui fut un des zélés courtisans de François Mitterrand, et ne fut en aucun cas choqué des fastes et de l'argent facile, dans lesquels « le dernier grand homme à la symbolique républicaine » (sic dixit wikipedia) se plaisait à évoluer. Lui qui ferme depuis si longtemps pudiquement les yeux sur toutes les turpitudes pourrissant jusqu'à la moelle l'idéal « de gauche » (cf l'édifiant aperçu qu'en donne Tippel à la suite du billet précédent). Le voilà qui commence son dernier ouvrage en évoquant depuis 2007, « les cinq ans de vulgarité friquée qui nous ont tant fait honte » !
Décidément, la gauche m'étonnera toujours par son inconséquence hallucinante et sa propension incroyable à se croire d'une essence supérieure... Un peu plus loin, un passage confirme cette indécrottable vanité qui confine au manichéisme, ou plus simplement à la grandiloquence stupide : "La gauche (...) a dans son ADN un pacte avec la durée, parce qu'elle est transmission, transport d'une information rare le long du temps. La droite matérialiste et frétillante a partie liée avec le jour-le-jour, parce qu'elle est communication, information emplissant l'espace. L'une au risque d'être un peu chiante ne peut s'empêcher de penser "éducation"; l'autre est à l'aise dans le volatil, rien à craindre des paillettes, elle est chez elle en culture de communication".
Évidemment, ces quelques phrases artificieuse me dégoûtèrent d'en lire davantage. Je laissai la pile de bouquins en l'état, en y ajoutant au dessus, un livre à la gloire de Nicolas Sarkozy, rien que pour le plaisir...

06 avril 2012

Les nouveaux habits rouges de M. Mélenchon


Dopé par les sondages qui flambent, et les médias qui s'ébaudissent à ses diatribes ébouriffantes, Jean-Luc Mélenchon ne se sent plus. Le bateleur s'enivre de ses propres paroles. Il éructe ses imprécations avec une hargne féroce qui va crescendo. Accroché à une idéologie moribonde, qui s'effiloche pourtant même à Cuba, il déploie une énergie insensée à raviver les braises encore fumantes. Eh oui ! Avec la Corée du Nord, force est de constater qu'il est un autre pays où l'on peut encore prendre au sérieux ces sornettes lamentables, imprégnées d'une démagogie nauséabonde.

A l'occasion de ce grand ménage de printemps, Mélenchon le « tribun », parade, flanqué de sbires patibulaires, ressortis du sinistre musée de cire du communisme. Les têtes contorsionnées rappellent la vieille époque où le PC encensait le Petit Père des Peuples. Encore sous l'effet de la naphtaline, elles ne semblent pas vraiment croire à ce retour en grâce si improbable...

L'horloge de l'histoire semble s'être arrêtée il y a longtemps pour ces gens. Pour l'heure, ce sont les mânes de 1789 auxquelles ils adressent leurs incantations. Et au sein de ce délire anachronique, rarement on aura vu porté à ce point l'art de faire prendre des vessies pour des lanternes.

Avec un mélange incroyable d'imbécillité irresponsable et d'épaisse mauvaise foi, l'histrion du Front de Gauche annonce que «le torrent révolutionnaire a quitté son lit ».
Il y a donc encore des gogos capable de se laisser séduire par « l'insurrection citoyenne », des benêts qui rêvent qu'ils pourraient tirer parti d'un programme rédigé à la diable, prétendant entre autres fariboles, opposer au réalisme des normes comptables, celles du « droit de vivre » (Toulouse, le 5 avril).
Sont-ils ignorants au point de ne pas savoir que jamais un régime socialiste n'a accru le bonheur du peuple ? Que si cette idéologie a certes réussi à ruiner les fortunes privées, et à museler l'esprit de liberté et d'initiative, elle a toujours amené plus de misère et de désolation aux plus démunis (en ruinant l'Etat par la même occasion).
Et plus généralement, faut-il croire a contrario le magazine The Economist, lorsqu'il prétend que la France est en plein déni de réalité ? Qu'elle se réserve des lendemains pitoyables, quelque soit le vainqueur de la prochaine élection. Faut-il croire les récents reportages diffusés par France 2, qui montrent que tous les pays ayant retrouvé une certaine prospérité, l'ont fait en tournant le dos aux recettes que les politiciens français nous proposent tous peu ou prou, à l'instar de ce sectateur enragé autant qu'attardé, de la révolution socialiste ?

25 mars 2012

Cirque barbare



Le drame qui a tenu en haleine la France entière durant ces derniers jours porte en lui bien des symptômes dont souffre notre monde, tout en révélant une fois encore sa propension au spectacle de mauvais goût (qui ne date pas d'hier).
Survenu au cœur d'une campagne électorale dans l'ensemble assez démagogique et superficielle, contrastant avec la gravité de la situation, il exacerbe les travers d'une société décidément engluée dans le culte de l'apparence et les poncifs intellectuels.
Dans ces circonstances, chacun affirma se retenir d'instrumentaliser les actes diaboliques qui ensanglantèrent la région de Toulouse. Mais des médias aux politiciens, toute action, tout propos s'est efforcé d'entourer avec théâtralisme les tragiques événements.
Passons sur les images et commentaires assénés en boucle, même lorsqu'il n'y avait rien à dire, tant c'est devenu une habitude. Avant même de savoir de quoi il retournait, les interprétations ont fusé avec le manichéisme dérisoire de l'idéologie dominante. Tout ce qui porte à gauche et incline à la bonne conscience, y vit par avance les effets du racisme et de la « stigmatisation », dernier mot à la mode. A l'inverse, les autres dénoncèrent le laxisme face à la délinquance, à l'immigration et au fanatisme religieux.
En bref, chacun soigna sa posture avec pompe et componction. Les candidats prirent des mines compassées, tout en laissant échapper par la force des choses, quelques torves allusions. La polémique sur les failles supposées dans le suivi de l'apprenti terroriste fut une des plus grotesques : car faite par ceux-là mêmes qui sont choqués par un simple contrôle d'identité... Il faudrait selon eux maintenant, marquer à la culotte tous les djihadistes supposés et tous les petits malfrats qui pullulent en toute liberté, faute d'éducation, faute de réelles sanctions, faute de prisons, tout cela résultant des politiques qu'ils encouragèrent sans faiblir depuis des décennies !
La question qui se pose, véritablement angoissante est celle-ci : combien de têtes brûlées se baladent à l'heure actuelle, avec des idées proches de celles de Merah ; et  si ce n'est la volonté de déclencher d'aussi ignobles carnages, celle d'errer de délits en délits, jusqu'à je ne sais quelle extrémité…

Cette triste affaire devrait également donner à réfléchir au sujet de ceux qui appellent quotidiennement à « l'insurrection », à « l'indignation », à la « révolution »... Ceux dont le langage haineux, servi au nom de la fraternité et de l'égalité, n'a d'autre but que de mettre à bas tout ce qui tient encore debout dans le monde contemporain. Et qui donnent de celui qu'ils voudraient mettre à la place, une vision bornée par leurs œillères idéologiques, une caricature monstrueuse, dont les expériences du passé auraient dû nous vacciner définitivement !

De ce point de vue les mesures proposées dans l'urgence, par le Chef de l'Etat, pour lutter contre le terrorisme font figure d'insipides cataplasmes. Punir pénalement «  toute personne qui consultera de manière habituelle des sites internet qui font l'apologie du terrorisme ou qui appellent à la haine et à la violence » : Est-il vraiment sérieux lorsqu'il fait une telle proposition ?

La naïveté enfin, des Pouvoirs Publics, qui espéraient pouvoir capturer la bête fauve vivante, et qui ont déployé des moyens considérables pour tenter de parvenir à cette fin, contraste avec la détermination hallucinante du tueur.
Dans sa folie sanguinaire, menée jusqu'au bout de l'absurdité, il a eu au moins le cran de contraindre la police à faire ce que la justice compatissante, veule, et irénique aurait quant à elle, été incapable de mener à bien : à savoir, l'empêcher définitivement de nuire...

21 mars 2012

Mortelles Chimères

Dans une liesse rouge un rhéteur grimaçant
Veut réveiller l'infâme esprit de la Bastille
Il réclame en levant poing, marteau et faucille,
Le retour d'un passé dégoulinant de sang.

Mais pour quelle utopie, quel stupide idéal
Pendant ce temps, non loin, on tue on assassine ?
Quel mystère insensé ensorcelle et fascine
Les fous qui font du rêve un délire bestial ?

Devant l'absurdité la sagesse titube
Et les morts innocents qui errent par légions,
Immolés pour plaire à d'affreuses religions,
Conchient la Liberté transformée en succube.

***
Un silence opaque descend
Sur les âmes rongées de tristesse
Il aspire espoir et jeunesse
Mais luit sur ce monde angoissant,
Comme une simple pierre blanche
Empreinte de fatalité,
Qui reçoit des fleurs d'une branche
Un doux parfum d'éternité...

16 mars 2012

Matisse, pour les yeux, et pour le coeur


Deux choses définissent à mes yeux l'art de Henri Matisse (1869-1954): la couleur et les formes.
En peinture, c'est bien là l'essentiel. C'est même, pourrait-on dire, la quintessence de l'expression picturale.
De là sans doute ce pouvoir étrange d'attraction qu'ont ces paysages, ces portraits et ces natures mortes, en apparence si simples et pourtant si difficiles à imiter ou à égaler. En dépit de leur désarmant dépouillement, on a le sentiment qu'on n'avait rien vu de tel avant, et qu'après, il n'y a plus rien à ajouter...
D'emblée l'artiste manifesta une audace et une force sauvages. Révélées en premier lieu dans l'effervescence du courant fauviste, elles évoluèrent au gré de puissantes compositions dans lesquelles le jaillissement des couleurs semble écraser les canons classiques du dessin, abolissant notamment la profondeur de champ et la gravité.
Pour aboutir aux silhouettes monochromes, aux épures délicatement contrastées, produites durant les dernières années de sa vie, l'artiste parcourut un long chemin. Mais le fait est que Matisse qui vécut 85 ans, fut un créateur inspiré jusqu'au bout. Et d'une étonnante fraîcheur. D'une vitalité inépuisable.

Il suffit pour s'en convaincre, de s'arrêter devant une de ses dernières œuvres : La Tristesse Du Roi. Quelle merveilleuse simplicité ! Quelle grâce, quelle élégance et paradoxalement, quelle magnifique joie dans l'affliction !
Dans ce qui est qualifié d'autoportrait, l'artiste, réduit à l'état de symbole, n'est plus qu'une ombre obscure, une sorte de trou noir central d'où s'échappent des mains blanches et une guitare. Autour, vibrionnent des taches de couleurs avec légèreté et apparente insouciance. Une silhouette probablement féminine semble saluer celui qui s'engloutit dans la nuit. Tandis que de l'autre côté, une forme galbée paraît danser avec des bras s'élevant vers les cieux comme des oiseaux. Le tout baigne dans une ambiance peuplée d'étoiles et de fleurs.

A ce doux adieu à la vie, à cette entrée sereine dans l'au delà, les vitraux de la Chapelle du Rosaire de Vence donnent un écho mystique. Les arabesques bleues découpent la lumière en douces flaques, qui créent une atmosphère mêlant une intense modernité à un ineffable mysticisme.

Le vrai mystère est qu'avec un art aussi humble, aussi simple, Matisse parle autant aux yeux qu'au cœur. Dans chaque tableau il y a quelque chose qui vous interpelle. Un mur se confond avec le ciel, dans leur bocal, des poissons rouges semblent jouir d'une étrange liberté, dans un arrière plan, un jardin sans perspective se dissout en délicieuses volutes végétales, et dans de merveilleux décors, fusionnent doucement les lumières, les odalisques et les moucharabiehs de l'Orient, avec les impulsions lumineuses de l'Occident moderne, inspirées par les trépidations du jazz et même les bariolages publicitaires...
A l'inventivité d'un Picasso, à l'intense symbolique d'un Braque, Matisse ajoute une incandescence spirituelle qui vibre même dans les plus schématiques découpages.
Comme pour mieux extraire la quintessence de ses sujets, il revenait souvent sur des thèmes déjà travaillés, pour les traiter différemment, pour en apurer les contours ou bien en styliser toujours plus les formes.
Le Musée Beaubourg lui consacre une intéressante exposition, explorant la manière récurrente qu'avait l'artiste d'exprimer ses points de vues picturaux. Intitulée Paires et Séries, elle rapproche de manière saisissante des tableaux réalisés parfois à plusieurs années d'écart, mais centrés sur des motifs communs. Une entreprise fascinante qui tente de percer le mystère de la genèse artistique. Et un envoûtement garanti autour de ce thème et variations...

04 mars 2012

Extinction dialectique


Si la crise économique ronge de manière inquiétante les fondations matérielles de notre société, la crise morale et dialectique qui sévit dans les esprits paraît pire encore.
A lire ou à entendre les médiocres argumentaires développés dans les tribunes contemporaines, et répercutés ad libitum par l'écho médiatique, il est difficile de réprimer l'écœurement. Le dégoût côtoie l'abattement face à un tel déclin intellectuel et un aussi tragique appauvrissement de la pensée.
Alors que l'esprit français était autrefois synonyme d'élégance et d'invention, qu'on se piquait d'avoir du goût et de la mesure, qu'on se faisait un devoir de respecter ses adversaires, et qu'on pensait indispensable de relever toute bonne conversation d'un zeste d'humour, force est de constater qu'aujourd'hui, ces préoccupations font partie d'un passé évanoui.
Le consensus, le rassemblement, l'unité sont pourtant devenus des poncifs auxquels il est de bon ton de se référer. Mais ces mielleuses intentions sont comme un couvercle étouffant posé sur le chaudron des idées. En dessous, dans l'infâme court-bouillon, tout se déforme, se racornit, et finit en résidus sans saveur ni substance. Le débat politique est devenu quasi insignifiant à force de s'attacher à des détails microscopiques ou a d'exaspérants lieux-communs. Curieusement, l'outrance croît à mesure que s'atrophient les perspectives, tandis que l'humour quant à lui, patauge dans le rabâchage et la dérision, avec de grosses semelles de plomb.

Ainsi durant cinq années, l'intelligentsia verrouillant les médias, s'acharna à réduire le mandat de l'actuel président de la République à sa soirée post-électorale au Fouquet's, à un bref moment de détente sur le yacht d'un ami, à une apostrophe triviale jetée à un importun. Cette même intelligentsia en gants blancs prit un plaisir morbide à résumer toutes les réformes à une inepte mais bien anodine mesure de bouclier fiscal.
Même si la critique est légitime et nécessaire, c'est faire insulte à sa propre intelligence que de ne trouver rien d'autre de plus intéressant à dire...
Surtout lorsqu'on n'a pas mieux à proposer qu'un programme erratique et contradictoire , où pour sortir de la crise, on se fait fort de doper la production de richesses, tout en affichant une détestation obsessionnelle « des riches », ou bien qu'on promet l'alternance démocratique et le retour à un état impartial en annonçant par avance en cas de victoire, l'éviction de tous les hauts-fonctionnaires suspects d'être proches du camp opposé. Qui peut, dans un tel contexte, être assez niais pour espérer des jours meilleurs ?

Dans ce marasme les débats restent incroyablement manichéens derrière le décorum de la correction politique. L'argumentation se résume quasi systématiquement à l'invective ou au rejet primaire de l'autre.
Au sommet de cette minable escalade, il y a le fameux point Godwin, qui est devenu l'alpha et l'omega de toute discussion. Impossible d'échapper à la reductio ad hitlerum qu'il sous-tend de manière diabolique.
Un récent exemple de cette perversion de la dialectique fut donné par le député socialiste Letchimy qui le 7 février dernier en pleine Assemblée Nationale, fit du ministre de l'intérieur Claude Guéant un suppôt de l'idéologie nazie au motif qu'il s'était permis d'affirmer que « toutes les civilisations ne se valent pas » !
Ce dernier s'offusqua à juste titre de l'énormité de l'injure, mais par une consternante inconséquence, se livra peu ou prou au même exercice quelques jours plus tard, en considérant que le Front National était un parti « nationaliste » et « socialiste » !
Si l'on ne brûle plus les hérétiques comme on le fit pour Jeanne d'Arc ou Giordano Bruno, force est de constater que les procès en diabolisation sont légions par les temps qui courent et que les émules de Cauchon pullulent dans les nouveaux tribunaux de la pensée.
Comment expliquer la montée de cette rhétorique absurde ? S'agit-il des restes d'une vieille rancœur née dans le tumulte revanchard des révolutions, des vestiges haineux d'une lutte des classes déconfite, ou bien peut-être des pestilences qui continuent de suinter des plaies jamais cicatrisées du drame de l'an quarante ?
C'est peu de dire que ces incessantes saillies ramenant à un passé honni sont usantes. Elles sont absolument indignes d'une démocratie évoluée, et tout citoyen raisonnable ne peut qu'avoir honte de ce qu'elles montrent de son pays. Au surplus, non seulement elles sont stériles, mais elles altèrent l'essence même de la liberté d'expression.

Hélas, si le pire n'est jamais certain, l'avenir a de quoi préoccuper.
Le zèle paradoxal du législateur pour réglementer toujours plus la liberté d'expression est une source supplémentaire d'inquiétude. Certes le dernier et absurde projet de loi sur le génocide arménien a été temporairement repoussée par le Conseil Constitutionnel, mais l'horizon reste en ce domaine très sombre. Alors qu'on se jette quotidiennement à la figure des injures faisant odieusement référence aux pires moments du passé, on voudrait dans le même temps, « normaliser » l'interprétation de ce même passé...
abyssus abyssum invocat...