31 janvier 2016

Pédalage et rétro-pédalage

Un constat s’impose. Hormis quelques exploits sportifs, quoique de plus en plus souvent galvaudés par le dopage autant que par les artifices, hormis les attentats terroristes dans lesquels s’exprime une atroce surenchère, l’actualité de la société française ne livre plus guère d’évènements marquants.
Tout est devenu si plat dans ce désert des tartares où l’on attend sans attendre et où les jours se suivent dans une consternante monotonie !
Parallèlement, la litanie des nouvelles taxes, et la ribambelle des lois et réglementations ponctuent l’univers normalisé dans lequel nous nous asphyxions chaque jour peu plus, au moins en pensée.
Aucune perspective émoustillante ne se présente à l’horizon. Les grands débats ne sont plus que des alignements de platitudes ronflantes, bornées par les limites de plus en plus étriquées de la correction politique. Malheur à celui cherche à en sortir. Il sera couvert d’infamie par les censeurs zélés de la bien-pensance..

Au sein de cet océan glauque, viennent parfois à passer quelques faits divers assez insignifiants. Les derniers livres publiés par quelques politiciens soucieux de redorer leur blason par exemple.
Celui de Nicolas Sarkozy est de ceux dont on parle, mais apporte-t-il des révélations utiles ou porteuses d’espérances ?
Il en ressort surtout pour le grand public, que l’ancien président reconnaît une foultitude d’erreurs, en général assez vénielles et relevant de la forme plus que du fond, mais était-ce vraiment l’objectif ? Le sentiment qui domine est qu’il était bien le seul à ne pas les avoir perçues !
A quoi peut donc servir cette pseudo-contrition à retardement ? Il y a peu de chances qu’un tel exercice amène à lui ses ennemis jurés ni même ramène celles et ceux qui crûrent en lui mais qui furent terriblement déçus par son mandat présidentiel incohérent. Ce que beaucoup attendaient, c'était un projet et des convictions, lesquels brillent par leur absence de ce fatras aussi bien-intentionné qu'approximatif. Une seule question parmi tant d’autres : il regrette de ne pas avoir aboli l’ISF, mais oserait-il le faire désormais ? Serait-il capable de défendre cette mesure avec plus de détermination et d'opiniâtreté qu'il en eut pour imposer le bouclier fiscal ?
Il est vrai que ses concurrents ne font guère mieux.
Alain Juppé, avec une navrante opiniâtreté, réclame un “Etat fort”, révélant bien qu’il n’a pas changé, droit dans ses bottes de bureaucrate attaché viscéralement au règne de l’Administration…
François Fillon de son côté s’était fendu, il y a quelques mois déjà, d’une déclaration d’intentions programmatique un peu plus affirmée frisant le libéralisme, mais s’il dit probablement ce qu’il pense, on sait aussi, pour l’avoir vu aux affaires, qu’il est incapable de faire ce qu’il dit !
Passons sur Copé à qui personne n’avait rien demandé et qui tente désespérément de faire un come-back, illustrant le principe qui veut qu’en France, tant qu’un politicien n’est pas mort, il n’a pas dit son dernier mot. Mais cette fois, l’indifférence qui entoure son appel semble profonde...
Beaucoup de bruit pour pas grand chose en somme.

Ah si ! Christiane Taubira démissionne enfin ! Elle en aura fait des simagrées avant de passer à l’acte…. Mais à dire vrai tout le monde s’en moque. Peut-être retiendra-t-on quelque temps le spectacle burlesque du départ de la dame patronnesse, plus radieuse que jamais, à l’idée du mauvais coup porté à François Hollande, lorsqu’elle enfourcha son grand vélo, casquée comme un fantassin d’opérette et caparaçonnée dans sa doudoune matelassée…
Que faisait-elle dans ce gouvernement ? Mystère... On suppose qu’elle apportait une caution de gauche. Sans doute pas celle dont on put juger le rayonnement lorsqu’elle rassembla moins de 3% des électeurs sur son nom lors de l’élection présidentielle de 2002…
D’autres évoquent la loi emblématique du quinquennat Hollande entérinant le Mariage pour tous : dérisoire bulle idéologico-juridique...
Toujours est-il que les commentateurs veulent voir dans ce départ, provoqué selon l’intéressée par " un désaccord politique majeur avec le gouvernement” (la déchéance de nationalité pour les terroristes bi-nationaux, tu parles…) le signe indéniable d’une droitisation de la ligne officielle.
Mais il n’en est rien hélas. Le tournant social-démocrate, la droitisation, voire le prétendu virage libéral du gouvernement sous l’impulsion de Manuel Valls et d’Emanuel Macron est une pure mystification. Elle repose sur quelques inoffensives petites phrases, souvent démenties dès le lendemain, et il faut être bien gogo ou ignorant de ce qu’est le libéralisme, pour voir un vrai changement dans l’action. Gageons que les mêmes trouveront dans cette pseudo inflexion libérale les raisons de l’échec, ce qui leur permettra de revendiquer un nouveau coup de barre à gauche…
Pour l’heure, le chômage continue sa lente et inexorable progression, dopé par toutes les mesures ineptes d’un gouvernement d’incapables. Et les médias en choeur, scrutent toujours la fameuse inflexion qui pourrait tendre à faire croire que l’inversion est en marche.
L’endettement du pays enfle doucement, ni vu ni connu. Personne ne s’émeut même des propositions de François Hollande, visant à dépenser 2 milliards d’euros de plus pour coller de nouveaux cataplasmes sur la jambe de bois du modèle social à la française !

Bref à force de pédalage et de rétro-pédalage, on fait surtout du sur-place, et le bilan des courses à 18 mois de l’élection présidentielle, est qu’on on se retrouve avec la probabilité de voir s’affronter 3 candidats principaux, rassemblant chacun contre eux au moins deux tiers des électeurs !

28 janvier 2016

The Trumpets of Anti-Americanism

A l’occasion de la candidature du Tycoon Donald Trump à la Primaire républicaine et de l’élan populaire inattendu et durable qui l’accompagne, se déchaîne à nouveau la vindicte pavlovienne des vigiles de l'anti-américanisme.

Si l'on parvient à prendre un peu de recul face à ce phénomène aussi étrange qu’excessif, le spectacle pourrait être plutôt jouissif. Enfin un peu d'ambiance !

Il est vrai que "l’obsession anti-américaine", pour reprendre l'expression de Jean-François Revel, était quelque peu en sommeil sous l’effet du lénitif Obama. Le soufflet de l’enthousiasme des admirateurs du beau gosse au teint d’ébène, si joli coeur, si drôle dans les salons, et de surcroît si délicieusement pacifiste et un brin écolo, était un peu retombé. A défaut d’efficacité, l’actuel président américain avait procuré un peu vacances à ceux qui avaient les oreilles meurtries par les vociférations répétitives adressées à son prédécesseur George W. Bush.

Aujourd’hui on retrouve les mêmes légions d’imbéciles, même pas heureux, qui se remettent de plus belle à hurler à la mort.
Évidemment les artistes se doivent d'être en tête de ce peloton de nigauds, auquel les médias complaisants et dénués de toute originalité, servent de caisse de résonance.
On voit par exemple de glorieux chanteurs s’offusquer de l’emprunt par le Donald de leurs chansons, destinées à égayer ses meetings.

D'autres enjoignent les grandes entreprises à cesser illico presto leurs relations d’affaires avec lui ou bien exhortent les citoyens politiquement corrects à signer des pétitions réclamant la censure du-dit candidat : Salma Hayek, Jane Fonda, Danny Glover, Kerry Washington...
Tiens, on ne trouve pas le nom de Sean Penn, "leftist" bien connu qui ne manque pas une occasion de manifester son indignation à sens unique, si prévisible. Il faut dire que le gars est empêtré dans une sale affaire : il n’a rien trouvé de plus intelligent que d’interviewer le baron de la drogue mexicain El Chapo, récemment arrêté, et accusé d’avoir par ses sordides trafics occasionné la mort de plus de 30.000 personnes...
On voit en revanche quelques illustres inconnus ne pas hésiter à se vautrer dans l’outrance pour tenter d’avoir leur quart d’heure de célébrité sur le dos de la bête. Ainsi, on peut évoquer au chapitre d’un indicible mauvais goût, l’oeuvre d’une certaine Sarah Levy, auto-proclamée féministe homosexuelle, qui a peint le portrait du candidat putatif républicain avec le sang de ses règles ou bien ce collectif de photographes exhibant fièrement un tableau figurant le même Trump à l’aide de 500 photos de pénis !

A l’extérieur des Etats-Unis, la vindicte n’est pas moins caricaturale. Citons par exemple la pétition exigeant l’interdiction de séjour au Royaume uni du leader républicain, lancée par une Ecossaise et relayée par certains députés travaillistes, qui a occasionné un débat aussi mouvementé que stérile à la Chambre des Communes, au motif qu’elle avait rassemblé plus de 500.000 signatures !

Il n’est pas utile en revanche de s'appesantir sur la France où l’on sait que Panurge est roi et où au moins 99% des gens sont résolument et définitivement anti-Trump !
A la limite, devant un tel concert de stupidités, on n’a même pas besoin d’essayer de juger Donald Trump. Toutes ces critiques volent si bas, s’attaquant à la forme plutôt qu’au fond, et montant en épingle la moindre petite phrase ! 

Il est vrai que M. Trump est un bon client, comme on dit. Il ne pratique pas la langue de bois. Il n’a pas son pareil pour asséner quelques truismes ciselés dans le plomb, et s’amuse manifestement énormément de ce petit jeu qui hérisse les cocottes conformistes, autant qu'il provoque la liesse chez ses partisans, de plus en plus nombreux.
Mais nous Français, avons nous des leçons à donner à la démocratie américaine, nous qui avons porté au pouvoir un champion du monde toute catégorie de l’inefficacité satisfaite, expert magnifique en bourdes, mensonges, contradictions, sentences haineuses, muflerie, et qui s’est entouré d’un ineffable gouvernement de bras cassés ?

25 janvier 2016

Refroidissement climatique... au Dévonien

Lu dans le magazine La Recherche, un petit article relatant la découverte récente dans l'archipel norvégien du Svalbard, par une équipe britannique de paléobotanistes, de fossiles provenant de forêts tropicales datant de 380 millions d'années.
Cela ne date pas d'hier certes. Pour tout dire, de l'ère du Dévonien ( qui s'étendit de -420 à -360 millions d'années), et la Norvège, qui n'avait pas encore dérivé vers le grand Nord, se situait peu ou prou à l'équateur de la Terre. Autres temps, autres conditions climatiques...

Ces forêts d'arbres primitifs dont les feuilles naissaient directement du tronc, n'étaient semble-t-il pas très hautes, la canopée ne dépassant guère 4 mètres. Mais elles étaient très denses, composées d'individus séparés tout au plus d'une vingtaine de centimètres.
Surtout, l'intense photosynthèse découlant de cette verdure luxuriante, en absorbant massivement le dioxyde de carbone de l'atmosphère, conduisit à en diviser le taux par quinze ! Il s'en serait suivi une importante chute des températures qui aurait, nous dit-on, entraîné une extinction de masse. Jusqu'à 70% des espèces présentes à la surface de la planète auraient en effet disparu à cette période !

De cette histoire édifiante, dans laquelle l'activité humaine n'a aucune responsabilité, on pourrait tirer deux conclusions :
La première est qu'il s'avère bien difficile de savoir s'il vaut mieux mourir de chaud que de froid.
La seconde, que pour lutter contre le réchauffement climatique du à la dissipation des fameuses énergies fossiles, c'est un juste retour des choses que de planter des arbres, mais pas trop quand même !

La Recherche Janvier 2016. D'après un C.M. Berry & J.E.A. Marshall, in Geology, 2015.

12 janvier 2016

Etre ou pas...

D’une heure opaque et lourde émerge un nouveau jour
Mais au bout de la nuit, ce qui commence à poindre
Donne-t-il vraiment plus à espérer qu’à craindre
Et l’aube a-t-elle moins de haine que d’amour ?

Le temps grave en chaque être un ténébreux contour
Qui l'oblige souvent à pleurer et se plaindre
Espérant malgré tout pouvoir un jour rejoindre
L'infini prolongeant ce destin bien trop court…

A-t-on imaginé pour être vraiment libre
Qu’il faille en appeler au règne de l’esprit
Plutôt que de la chair dépourvue d'équilibre ?

A-t-on songé que si le corps n’a pas de prix
Il est prompt à vieillir et périt quoiqu’on fasse
Tandis que l’Etre est jeune et jamais ne s’efface...

31 décembre 2015

Nano-Démocratie

L'indicible médiocrité du débat qui fait rage en ce moment en France au sujet du vague projet de réforme constitutionnelle, visant à déchoir de la nationalité française les terroristes bi-nationaux, donne la mesure microscopique des enjeux auxquels est confronté notre système politique. 
Comme s'il n'y avait pas de problématique plus essentielle pour nos politiciens, décidément rivés au petit bout de leur lorgnette pour voir le monde !
Notre pays se satisfait d'un succédané de démocratie, qui semble convenir à beaucoup de Français, si tant est qu'on a les gouvernants qu'on mérite. C'est misérable et totalement indigne du rang auquel notre nation prétend, mais c'est comme ça.
Où tout cela peut-il nous mener ? Sans doute à pas grand chose.

On apprend qu'en 2015, au moins un million de migrants ont afflué vers notre vieille Europe, dépassée par les événements. Avec quelle énergie, avec quelle ambition, peut-on faire face à ce rush désespéré ? Tout les ressorts semblent si plats...
Combien de temps la France pourra-t-elle encore tenir, engluée dans une bureaucratie de plus en plus asphyxiante, étranglée par une fiscalité confiscatoire, et rongée par une idéologie décatie, gluante de bon sentiments aussi vertueux qu'inconséquents ? Dans un tel contexte d'irresponsabilité généralisée, combien de temps resterons nous libres ? 

Jamais l'enseignement de notre bon Tocqueville n'a paru aussi loin...

Beaucoup de questions assez angoissantes au seuil d'une année pleine d'incertitude.
Tant pis. Essayons de former encore des vœux. Et avec opiniâtreté, et plus que jamais, faisons en sorte de penser par nous mêmes... Un grand merci aux visiteurs de ce blog et à celles et ceux qui croient encore que la Liberté n'est pas un vain mot !

14 décembre 2015

Victoire à la Pyrrhus

Une fois encore la grande vague annoncée "bleu marine", se termine en écume qui s'anéantit au contact des réalités triviales du scrutin. Rendant du même coup bien ridicules les sinistres augures qui prophétisaient une guerre civile toute proche...

Plus que jamais, le débat politique en France paraît ce soir on ne peut plus crispé, sans ambition, sans force, sans perspective. A la faveur d'un découpage régional absurde, sans queue ni tête, et d'une réforme attribuant aux conseils régionaux des missions largement indéfinies, on assiste à des débats sans âme et sans portée d'avenir.

On peut certes une fois encore blâmer la ringardise de la vision incarnée par le FN, enfermée dans des canons économiques dépassés, un anti-libéralisme moyen-âgeux et l'illusoire rempart du protectionnisme. N'empêche, les autres ne font pas mieux, puisqu'ils n'ont à ce jour qu'à se battre la coulpe en répétant de manière hypnotique qu'ils doivent « entendre » le message de colère des électeurs, et même constater qu'il est mérité, en raison de l'inanité des politiques que tous ont peu ou prou porté ou même incarné...

Face à ce terrifiant FN décrété infréquentable, hérétique et relaps, ce fut l'union quasi sacrée. Il fallut cet assemblage hétéroclite, de sac et de corde, cartel des droites et du centre, alter, coco, gaucho, écolo, pour faire barrage au diable, au prix de sacrifices ineptes. A l'image de ce challenge insensé, c'est à une victoire à la Pyrrhus à laquelle on a droit !

Pas une région abandonnée au Front National, et chacun peut se vanter d'avoir sauvé l'essentiel, mais cela n'annonce pas pour autant des lendemains qui chantent...

09 décembre 2015

Les raisons de la colère

Décidément, l’histoire se plaît  parfois à resservir les mêmes plats.
Ce premier tour des Régionales n’est en somme qu’une sorte de déjà-vu rappelant un certain 21 avril 2002, et plus récemment les élections européennes il y a un an et demi à peine. Avec juste un peu plus de force...

J’avais pensé appeler ce billet “Chronique d’un désastre annoncé”, mais j’aurais été amené à paraphraser celui qui m’avait été inspiré par le scrutin de Mai 2014 auquel je me réfère aujourd’hui.
A chaque fois, on nous fait le coup du “choc” (le Figaro, l’Humanité), du séisme politique. Il n’en est évidemment rien. Cette stupeur apparaît désormais aussi vaine que les dénonciations véhémentes d’une classe politique au bout du rouleau, adressées au Front National et à "la France rabougrie, haineuse, xénophobe..." qu’il est supposé incarner.

Ces accusations dans la bouche de gens qui se partagent le pouvoir depuis des décennies, masquent de plus en plus mal le refus d’admettre leur incapacité à résoudre les problèmes. Dans leur rage de perdre inéluctablement leurs rentes de situations, ils en viennent désormais à faire purement et simplement fi de la démocratie, en refusant à un tiers de l’électorat le droit à être représenté ! Triste spectacle…
Hélas, il semble un peu tard pour endiguer le péril. Droite et Gauche traditionnelles portent une très lourde responsabilité dans la montée du FN. La Gauche est à l’évidence la plus coupable pour avoir attisé le mécontentement populaire par des lois ineptes et même pire, pour avoir sciemment dopé l’ascension de cette formation, par pur calcul politicien. La Droite quant à elle, par niaiserie et manque de conviction, s’est laissé enfermer dans ce piège absurde, en renchérissant dans la logique d’exclusion systématique du FN et de ses idées.

Malheureusement, au bord l'abîme, tous ces gens ne semblent toujours pas avoir tiré les leçons d’un désastre dont ils sont les principaux artisans.
Le soir du premier tour, ce dimanche 6 décembre, la forfanterie le disputait à l’inconséquence.
On put mesurer l’arrogance de Xavier Bertrand, s’imaginant déjà vainqueur dans le Nord, et pérorant très satisfait, que 60% des électeurs avaient rejeté le Front National au moment où ce dernier enregistrait un score historique de 41%, tandis que lui-même devait se contenter d’un taux pitoyable d’à peine 24% des votes exprimés.
On put apprécier la boursouflure du ministre Le Foll, prétendant de manière histrionique qu’en additionnant les morceaux éparpillés de l’armée de la gauche en déroute, on obtenait “ le premier parti de France”.
Ce soir là, Bruno Lemaire ne fut guère plus convaincant. D’une phrase il prenait acte de la déception des électeurs : "on a essayé la droite, ça n'a pas marché, on essaie la gauche, c'est un désastre”, de l’autre, il réitérait sans complexe que “le renouveau doit rimer avec droite républicaine, avec centre…” On pouvait se demander s’il fallait rire ou pleurer de ces simagrées.

Sans doute la colère du peuple a-t-elle de multiples raisons. Gageons qu’un certain nombre de gens dont je fais partie, partagent une aspiration à une vraie société libérale, moderne et responsable, et appellent de leurs voeux l’avènement d’une nation européenne soudée par le puissant ciment fédéraliste. Ces gens sont aux antipodes du FN, pourtant, ils ne se reconnaissent plus dans aucune des formations de l’échiquier politique auto-prétendu “républicain”, où l’on passe son temps à massacrer l’idée même de Liberté, et où on laisse peu à peu s’effilocher le patchwork européen, faute de courage et de conviction.
Ces personnes en sont arrivées au point où elles ne peuvent plus considérer le FN comme la pire des solutions, tant les autres partis ont achever de les dégoûter.
Ils sont en définitive de plus en plus nombreux, ceux qui pensent qu’il est peut-être temps de se résoudre à voir ce parti prendre dans le jeu démocratique une part active, car on ne peut continuer à rejeter par principe, plus d’un tiers des opinions.
Gravement annoncé par un Premier Ministre plus crispé que jamais, le désistement de candidats socialistes laminés par la vague de fond apparaît dans ce contexte comme un dernier et dérisoire rempart avant le tsunami…
Le plus grave est d’avoir continûment exclu le FN du jeu démocratique, ce qui a contribué à le radicaliser, et surtout qui l’oblige a être majoritaire tout seul. Hélas, cela va peut-être finir par se produire et cela pourrait ne pas être très bon… Mais sera-ce pire que cette belle brochette d’andouilles qui nous conduit en douceur à la faillite ? That is the question…

05 décembre 2015

Le soleil se lève toujours à l'Est

Quel pays étrange que le Japon !
Rarement à la une de l’actualité, il semble si lointain, qu’on le dirait presque sur une autre planète.
Son insularité y est peut-être pour quelque chose, mais le fait est qu’il ne fait rien comme les autres.
Champion de la modernité technique, il a su préserver une ardente et intemporelle personnalité et l’esprit national y semble intact, inscrit dans le panache impérial d’une histoire millénaire, à fois statique et très évolutive.

Sévèrement éprouvé par les évènements naturels, dus autant aux intempéries climatiques violentes qu’à l’instabilité sismique de la région, il fut également victime de la folie humaine. Même s’il fut largement responsable de la survenue de ce désastre, il reste le seul peuple à avoir connu dans sa chair, les affres de la guerre nucléaire.
Non seulement il a supporté vaillamment ces terribles calamités, mais à l’instar de la fameuse citation nietzschéenne selon laquelle ce qui ne tue pas rend plus fort, il reste envers et contre tout une nation qui compte, et sur les ruines il a su reconstruire, toujours plus ambitieusement.

Converti bon gré, mal gré, au modèle démocratique occidental, on dirait qu’aucun des périls auxquels sont confrontés les autres ne l’atteint.
Au plan économique, bien que sa croissance ait beaucoup molli depuis quelque temps, il reste la troisième puissance mondiale, en apparence fermée mais pourtant très ouverte aux échanges puisqu’il est au troisième rang mondial en termes d’exportations et au sixième pour les importations.
L’immigration est quasi inexistante. Est-ce une conséquence, sans doute en partie, le pays ne connaît pas la plaie du chômage, dont le chiffre se maintient au taux incroyablement bas de 3,4% !
En matière de santé publique, il affiche les meilleurs indicateurs au monde. L’espérance de vie y est la plus longue (plus de 87 ans pour les femmes et plus de 83 pour les hommes) et le taux de mortalité périnatale n’est que de 2,1 pour mille. L’image boursouflée des lutteurs sumo, ne s’applique pas à la population générale, qui s’alimente sainement et qui ne compte que 3,7% de personnes obèses.
La protection sociale, très ancienne puisqu’elle couvrait 70% de la population juste avant la seconde guerre mondiale, s’étend aujourd’hui à 99,9% des Japonais. Fondée en grande partie sur un système public, elle laisse toutefois la part belle à plus de 3500 compagnies d’assurances.

Quelques ombres obèrent certes un peu ce tableau séraphique. le Japon qu’on pensait guetté par la surpopulation, a vu s’effondrer son taux de natalité, ce qui constitue une vraie menace sur le renouvellement des générations et plus prosaïquement sur l’avenir des retraites. A ce jour l’âge légal de fin d’activité est flexible, entre 55 et 65 ans, tendant progressivement vers la limité haute de la fourchette. Le financement est complexe, basé en partie sur un système de “répartition provisionnée”, géré par l’Etat, et par l’ouverture croissante à la capitalisation. De fait, les Japonais sont des épargnants ce dont profite paradoxalement l’Etat, un des plus endettés au monde (autour de 240% du PIB !), mais en circuit fermé si l’on peut dire, et quasi indépendant de créanciers étrangers…

Le Japon qui a su conserver une bonne partie de ses traditions séculaires reste donc un îlot de sérénité et de prospérité au sein d'un monde tourbillonnant, en proie à la perte de tous les repères.
Mais peut-il devenir à son tour un modèle ?
Et combien de temps ses 127 millions d’habitants pourront-ils encore jouir de l’ivresse du progrès technique, dans le cadre embaumé et rassurant d’une civilisation hors d’âge ?


Sources : Wikipedia, Les Echos, OECD, New England Journal Of Medicine, Le Monde

29 novembre 2015

La grande kermesse climatique

La réunion internationale sur le climat dite COP21 s'inscrit dans l'actualité de manière fort troublante. Succédant par le jeu du hasard aux terribles attentats parisiens, elle offre un contraste saisissant avec ces derniers et soulève brutalement plusieurs questions.

Celle du timing bien sûr avant tout. Car après cette tuerie sauvage, qui a conduit à la proclamation de l’Etat d’Urgence, à renforcer les mesures de sécurité du plan vigipirate (déjà renforcé depuis janvier dernier), et qui met à rude épreuve les forces de l’ordre, organiser une manifestation monstre réunissant 150 chefs d’états, peut apparaître comme une gageure, voire une pure folie.
La capitale française va se transformer en camp retranché, mobilisant des milliers de policiers et gendarmes. La circulation routière va être des plus difficiles et on annonce de grandes perturbations sur les transports en commun ! Ainsi les Pouvoirs Publics recommandent aux citoyens de se débrouiller pour rester chez eux, tandis qu’en haut lieu, on fera la causette sur les caprices de la météo ! On propose de manière utopique de se mettre au télétravail, ou plus prosaïquement de prendre un ou deux jours de RTT (Réduction du temps de Travail).
On croit vraiment rêver ! Tout ce ramdam pour quoi ? Pour évoquer les risques hypothétiques d’un éventuel réchauffement de l’atmosphère terrestre dans le siècle à venir !
Devenue une véritable idéologique totalitaire, la théorie du réchauffement climatique (Global Warming), tolère de plus en plus mal la critique. On a vu récemment un haut responsable du service météorologique (Philippe Verdier) évincé par les satrapes qui réglementent le Service Public de l’information, au motif qu’il émettait quelques réserves sur ce délire collectif. On a vu une ancienne ministre préconiser le fichage des esprits déviants de la théorie officielle dont elle se veut une des figures dominantes pour ne pas dire la pasionaria. Elle voudrait qu'ils assument leur responsabilité lorsque l’apocalypse selon Corinne Lepage aura lieu, voire sans doute qu’ils soient jugés par un tribunal ad hoc…
Quant à monsieur Hulot, qui sillonna le monde sans trop se soucier de son bilan carbone, il voudrait au nom de sa nouvelle religion, empêcher les entreprises d'être profitables, pour protéger la nature…

Bref, en attendant la montée des eaux, on nage en pleine inconsistance.
Si réchauffement il y a, bien malin celui qui peut affirmer qu’il soit uniquement d’origine humaine. La science des évènements climatiques est si complexe et aléatoire que même avec les plus puissants calculateurs, et les meilleurs algorithmes, la sagesse impose de se rallier au bon vieux principe socratique selon lequel “la seule chose qu’on sache c’est qu’on ne sait rien…”
Combien de temps le réchauffement durera, personne ne peut le dire. Tant d’évènements naturels peuvent survenir à tout moment qu’il est illusoire de pouvoir affirmer ce qui va se passer dans cent ans ! En 1991 le volcan philippin Pinatubo, qu’on croyait éteint depuis 500 ans fut le siège d’une colossale éruption, qui à elle seule d’après les experts, occasionna un refroidissement moyen de l'atmosphère de 0,6 degrés celsius pendant 3 ans !

Si tant est qu’il ait réchauffement et que l’homme en soit le fautif principal, on n’en serait pas beaucoup plus avancé. Certes, il paraît évident et de bonne politique de développer des énergies propres et renouvelables, et d'une manière générale de ne pas gaspiller les ressources naturelles. De là à refuser tout développement industriel, et toute activité productrice de CO2, il y a un sacré pas.
On a quand même un peu tendance à oublier les retombées favorables pour des millions, voire des milliards d’être humains, de ce progrès industriel et technique.
Les mêmes qui s’accommodaient fort bien de l’asservissement dans la pauvreté de tous les peuples soumis au communisme, voudraient désormais leur interdire d’accéder à un peu de prospérité ! Certains ont sans doute la nostalgie du pseudo-égalitarisme de Mao qui procurait soi disant à tout Chinois un bol de riz... Ceux qui fermaient les yeux sur les horribles dégradations de l’environnement commises au nom du socialisme, continuent à donner des leçons et voudraient faire croire que l’écologie soit forcément “de gauche”. Quelle extravagance !

Enfin, si tant est qu’il y ait réchauffement du climat, est-il forcément néfaste comme on l’assène de manière univoque à longueur de journée ? N’y a-t-il pas quelque effet positif qu’on pourrait en toute objectivité, mettre en balance ?
La douceur automnale connue cette année en France fut des plus agréables. Mais sans doute a-t-elle permis de faire de substantielles économies en matière de consommation énergétique et peut-être de belles récoltes agricoles, qui sait ?

Ce qui est sûr en tout cas, l'organisation de grand happening est bonne à prendre pour des Pouvoirs Publics toujours avides de redorer leur blason défraîchi.
On pourrait pourtant gloser sur leur lourde responsabilité en matière d’aménagement du territoire, à la fois autoritaire et inefficace pour pallier les catastrophes naturelles, notamment les inondations.
On pourrait faire remarquer qu’ils ont beau jeu d’agiter des peurs sur l’avenir, qu’ils prétendent indépendantes de leur bonne volonté, alors qu'ils font mine dans le même temps doublier l’incurie gestionnaire qui les conduit à endetter massivement et pour des décennies les jeunes générations.
On pourrait observer que l’occasion est trop belle pour eux d'occulter l’inexorable montée du chômage, en grande partie due à leur politique calamiteuse. Et on pourrait noter qu’une fois encore ils profitent des circonstances pour augmenter les impôts et taxes, seule chose qu’ils sachent vraiment faire.
Pour paraphraser le Quotidien La Provence, les automobilistes se diront qu'ils avaient mal compris ce que Ségolène Royal et Manuel Valls avaient pourtant indiqué à la mi-octobre : "Dès 2016, la taxation de l'essence sera réduite d'un centime par litre par rapport à son niveau aujourd'hui prévu ; la taxation du gazole connaître le mouvement inverse."
Foin de tout cela : en fait d'une baisse du prix de l'essence d'un centime par litre, c'est à une augmentation de 2 centimes par litre à laquelle il faut s'attendre au 1er janvier prochain. Pour le gazole la note sera encore plus importante : 3,5 centimes par litre.
Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose...

25 novembre 2015

Quelle guerre ?

On ne dira jamais assez l’horreur des attentats qui viennent d’ensanglanter Paris. On n'invoquera jamais assez l'Unité Nationale, si nécessaire lorsque de grandes épreuves frappent le pays, révélant entre autres sa vulnérabilité face à la menace terroriste.

N'empêche, comment ne pas être abasourdi par le déluge de belles résolutions, de déclarations plus martiales les unes que les autres, auxquelles on assiste depuis ces derniers jours. Et surtout, que penser de ce concert de revirements brutaux, de palinodies et de révisions déchirantes, de la part de politiciens désemparés, aux abois, n'hésitant pas à dire le contraire de ce qu'ils déclamaient il y a peu...
Comment réagir aux déclarations des nombreux experts affirmant que ces attentats, pour atroces qu'ils fussent, n'avaient rien de vraiment surprenant, et qu'on les attendait tôt ou tard !

Ce n'est certes pas que les Pouvoirs Publics n'aient rien fait après le premier coup de tonnerre du 7 Janvier dernier, mais avaient-ils pris vraiment la mesure du défi ? Avaient-ils en définitive les moyens de renverser tout d'un coup le cours d'une histoire déjà ancienne hélas, à laquelle ils avaient assisté, quelque soit leur bord, si passivement, depuis si longtemps ?
Au vu de tout ce que l'on découvre jour après jour, on peut sérieusement en douter. C'est qu'on voit une vraie pelote de l'horreur se débobiner peu à peu sous nos yeux stupéfaits.

Tout à coup, le pays a pris conscience, lors de ce jour d’infamie du Vendredi 13 Novembre, qu'en dépit de tous les avertissements, de toutes les alertes, les terroristes circulaient quasi sans contrainte entre un Moyen-Orient à feu et à sang et notre douce et tranquille Europe. On fait le constat que les armes de guerre s'échangeaient comme si elles étaient en vente libre, et que les foyers d'endoctrinement idéologique du jihad pullulaient allégrement sur le terreau fertile de la voyoucratie des banlieues, arrosés par le produit de trafics en tous genres. Un peu partout, sur la carte de France, on voit les points dangereux s'allumer...

Que valent dans ce contexte, les déclarations de guerre entonnées urbi et orbi par le Chef de l'Etat ? Que vaut la réunion en grande pompe du parlement en congrès à Versailles, pour envisager une fois encore une révision de la constitution ? Que vaut un état d'urgence qui au lendemain des attentats n'empêche pas un terroriste et ses amis de repasser tranquillement la frontière prétendument fermée et n'arrête pas un gourou islamiste de continuer à sévir comme il le faisait impunément depuis plusieurs décennies ? Que valent toutes les Marseillaises chantées subitement aux quatre vents ? Que vaut au delà de nos frontières, l'appel « solidaire » du président Obama, se référant de manière emphatique aux valeurs de « Liberté Egalité Fraternité »? Pas grand chose assurément, si la détermination d'agir en profondeur et durablement, ne s'impose pas une fois pour toutes.

Certains commentateurs ont vu des similitudes entre les discours de François Hollande de 2015 et ceux de George W. Bush en 2001. Outre-Atlantique, on entend Barack Obama proclamer qu'il n'aura de cesse de "détruire l'Etat Islamique". Dans le même temps, beaucoup d'observateurs patentés affirment haut et fort que les frappes ne suffiront pas, et qu'il faudra mettre sur pied une opération terrestre.
Pourquoi diable, si tout cela était vrai, continuer d'agonir la politique mise en œuvre par les Etats-Unis après les attentats du World Trade Center ?
A-t-on oublié dans quel état se trouvait l'Afghanistan soumis aux Talibans et la clique de Ben Laden, si semblable à la situation de la Syrie ravagée par l'Etat Islamique ? Même obscurantisme religieux, même barbarie meurtrière, même folie destructrice vis à vis des chefs-d'oeuvres artistiques, même infestation par les foyers d'embrigadement terroriste.
A-t-on oublié les forfaits commis par Saddam Hussein depuis 1991 et bien avant, provoquant entre autres catastrophes, la mort d'au moins deux millions de personnes ?

On pourra dire ce qu'on voudra, à l'époque l'Amérique existait, et sa force n'était pas virtuelle. Les interventions militaires massives avaient permis de nettoyer l'Afghanistan et de redonner à ce pays un semblant de paix et de civilisation. Elles avaient mis fin à la tyrannie en Irak et ouvert la voie vers la démocratie, validée au moins deux fois par des élections libres.
Tout cela était certes bien fragile, et de nombreuses erreurs furent faites au cours de cette reconquête. L'Administration américaine porte une part de responsabilité, ayant pêché par excès d'optimisme et sans doute par méconnaissance de certaines réalités de terrain.
Mais que dire de l'attitude de la France qui se désolidarisa brutalement et lâchement de ses alliés en les traitant d'envahisseurs ou de force occupante ?
Que dire ensuite de la stratégie angélique du président Obama conduisant dès 2008 son pays à se désengager d'Irak, abandonnant avec armes et bagages si l'on peut dire,  ce malheureux pays aux brigands et laissant le mal contaminer par contiguïté la Syrie, et en retour toute la région ? 

On ne peut s'empêcher de penser au Vietnam et au Cambodge abandonnés au fanatisme communiste dans les années soixante-dix...
Aujourd'hui, il reste possible de penser que le désastre auquel on assiste, trouve une partie de ses causes dans cette démission de la communauté internationale. Mieux, il est possible d'envisager qu'un jour cette même communauté se retrouvera dans l'obligation de reprendre à zéro ce qui avait été entrepris...

Pour l'heure, l'Amérique reste aux abonnés absents.
L'Europe quant à elle, est un mollusque sans détermination, sans cohésion et perméable à toutes les menaces extérieures. On a bonne mine de s'interroger sur les lacunes de l'espace Schengen. Le problème n'est pas tant de fermer les frontières internes que d'étanchéifier celles qui nous séparent du monde extérieur.
Pour cela, sauf à revenir aux nations d'antan, il faudrait une vraie organisation fédérale capable de mettre en œuvre des mesures applicables à tous les états, de manière homogène.

Hélas, nous en sommes bien loin. Rien dans les discours actuels ne paraît nous rapprocher un tant soit peu de cet objectif. Notre Président s'agite en tous sens mais les trémolos lyriques de ses envolées guerrières font surtout vibrer la graisse replète de ses bajoues bourgeoises. Le fait est qu'avant d'avoir mis le feu aux repères d'un terrorisme dont il rechigne à dire le nom, il provoque une nouvelle flambée des dépenses publiques, qu'il faudra bien payer un jour en sueur et en larmes...

Bref, le jour est morne en cette sépulcrale tiédeur automnale, et l'espérance semble bien ténue sur l'horizon. Viendrait-elle pour une fois de l'Est, où la Russie revenue de tout, semble en passe de pouvoir imposer à tout ce petit monde en émoi, au moins une ligne d'action cohérente ?