06 août 2020

Un été avec Pascal

La Philosophie n’a pas toujours l'aspect austère et peu intelligible qu’on lui prête volontiers. Remercions celles et ceux qui tentent de vulgariser les concepts les plus ardus ou, dit plus élégamment, qui cherchent à les mettre à portée d’intellect moyen, et à donner à tout un chacun l'opportunité de côtoyer les penseurs les plus inabordables.
C’est l’objectif que s’est donné France Inter en égrenant au fil de chroniques radiophoniques estivales les principales thématiques abordées par de grands philosophes des siècles passés ou contemporains. L'été 2019 fut ainsi consacré à Blaise Pascal (1623-1662) et un petit ouvrage récemment paru donne l’occasion de retrouver sous forme écrite les dites chroniques, composées par André Compagnon.

Bien sûr on objectera que l’exercice relève du survol superficiel, mais après tout cela peut suffire à l’honnête citoyen, qui selon le conseil même de Pascal, devrait s'attacher à savoir de tout un peu plutôt que tout de pas grand chose…
Cette manière de procéder convient bien en l’occurrence à la personnalité complexe et protéiforme, de cet “effrayant génie”, comme le définissait Chateaubriand, qui eut le temps durant sa courte vie d’être tout à tour libertin, mystique, mathématicien, physicien, écrivain, philosophe. Il fut tellement déroutant qu’on le qualifie tantôt de Classique, tantôt de Romantique. Par son amour du bonheur, de la liberté et du progrès, il s’apparente aux Lumières. Par sa foi intense et intransigeante, il est considéré, parfois avec méfiance et circonspection comme un théologien, apologète de la religion chrétienne.
Le fait est qu'il n'eut pas son pareil pour mettre ses pensées en formules, certes parfois absconses, mais le plus souvent fort percutantes. La preuve étant qu'elles sont pour beaucoup passées dans le langage commun. Voici donc quelques perles, issues de ce magnifique écrin pour servir une réflexion faisant écho à des préoccupations très actuelles.

“Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas”. Par cette expression anodine en apparence, Pascal signifie qu’il y aura toujours quelque chose dans l’être humain, qui ne relève pas de l’entendement ni du raisonnement, et qu’il ne faut jamais perdre cela de vue. Si l’Homme est un roseau pensant, doué de raison, c'est également un coeur battant et il est impossible de réduire sa nature à l'une ou l'autre de ces essences.
Derrière la boutade on peut voir préfigurée la critique de la raison pure de Kant et l’approche de ce dernier de la métaphysique face à laquelle tout raisonnement s’avère vain (tout comme les ailes du plus magnifique oiseau perdent toute utilité dans le vide). On peut y voir également énoncée en filigrane la dualité des certitudes qui s’imposent à l’homme: extérieure avec la perception du monde sensible et la voûte céleste étoilée, intérieure avec la loi morale. Toutes deux s'imposent à lui avec la même force. Reste à savoir si le coeur de Pascal est assimilable à la morale de Kant….

“L’homme n’est ni ange ni bête et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête”. Voilà bien l’adage le plus sage qu’on puisse imaginer et qui devrait ramener à l’humilité tous les diseurs de bonne aventure qui emmènent le peuple sur des voies périlleuses, tous ceux qui s’appuient sur de nébuleux principes pour faire parler Dieu, le Souverain Bien ou je ne sais quel absolu au nom duquel ils finissent tôt ou tard par justifier la plus bestiale barbarie. Il pourrait tout aussi bien à l'inverse, ramener à la raison les anti-spécistes qui prêchent que l’homme n'est qu'un animal comme les autres, ni plus, ni moins...

“La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique.” Tout cela est d’une brûlante actualité, à une époque où l’on croit utile de légiférer sur tout sans se donner les moyens de faire respecter les lois. Pascal, s’inspirant en la circonstance sans doute de Cicéron, va beaucoup plus loin même en affirmant que le droit n’est pas une fin en soi, car en le poussant trop loin, on ne fait rien d’autre qu’enfanter l’injustice. Summun jus summa injuria: l’extrême droit est une extrême injustice. On voit trop souvent de nos jours la lutte pour les droits prendre le pas sur le bon sens et sur les devoirs et s'engluer dans un égalitarisme tyrannique.
Dans un registre voisin, Pascal stipule que “tous les efforts de la violence ne peuvent affaiblir la vérité, et ne servent qu’à la relever davantage. Toutes les lumières de la vérité ne peuvent rien pour arrêter la violence, et ne font que l’irriter encore plus.” N’étant pas du même ordre, la violence s’oppose toujours à la vérité mais cette dernière finit toujours par triompher.

Pascal, qui considérait la science comme un divertissement et les théories comme des jeux de l’esprit n’attachait guère d’importance aux hypothèses. C'est ainsi qu'il lui est arrivé d'écrire qu'il trouvait “bon qu’on n'approfondisse pas l’opinion de Copernic”. Derrière l'apparent paradoxe, il y avait pour lui une sorte d’indifférence à la question puisqu'il imaginait un univers comme une sphère infinie dont le centre était partout et la circonférence nulle part... Il défendit toutefois vigoureusement le droit de penser, d’écrire ou de démontrer que la Terre tourne, car précisait-il, " ce n’est pas un décret de Rome qui prouvera qu'elle ne tourne pas..." Le philosophe serait sans doute bien malheureux de voir tomber sur nos têtes quantité de lois ineptes imposant de plus en plus de respecter le chemin étroit de la correction politique et de la bien-pensance.


"Le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre". Voici une citation qui ne peut que faire mouche au moment où la pandémie due au COVID-19 souligne les risques inhérents aux voyages, et où, par une cruelle ironie du sort, on en revient pour combattre un virus à ordonner le confinement de plus de la moitié de la planète ! C'est certes un peu brutal mais guère éloigné de précepte voltairien recommandant de cultiver son jardin...

Auprès de ces assertions à l'emporte pièce il y a également les moments de doute terrible et la fameuse angoisse pascalienne, le gouffre qu’il sentait constamment auprès de lui et qui fut si bien dépeint par Baudelaire. On ne saurait évacuer ces préoccupations comme le fit Voltaire qui considéra qu’elles exprimaient les contradictions d’un esprit brillant mais dérangé.
La pensée de Pascal est un tout. Sous son crâne, il n’y a aucun dérangement mais de grandes tempêtes spirituelles. Et c’est un peu cela qui fait l’élévation spirituelle du philosophe. Derrière l’humour et la légèreté, la grâce du raisonnement et l’acuité du regard, il y a l’effroi devant “le silence des espaces infinis”, tellement humain. C’est sans doute une des raisons qui le jeta avec une joie indicible dans les bras de Dieu. Et c’est ce qui le conduit à adopter une attitude empreinte d’une profonde humilité. A maintes reprises, Dieu paraît à ses yeux la seule échappatoire aux mystères et aux apories qui l’assaillent. A certain moment par exemple, Pascal s’interroge sur la nature du moi et ne trouve rien qui permette de le définir de manière rationnelle, alors qu’il s’agit d’un concept dont chacun fait constamment l’expérience. Il en conclut que “ne sachant de nous-mêmes qui nous sommes, nous ne pouvons l’apprendre que de Dieu.” S’agissant de l’amour et plus généralement des sentiments qu’on porte aux autres, il observe qu’ils relèvent le plus souvent de considérations bassement matérielles pour ne pas dire triviales (beauté, jeunesse, jovialité, humour, esprit, gentillesse...). Selon lui, “on n'aime jamais une personne, mais seulement des qualités”. L’Amour est d’une autre nature, quasi ineffable, qui là encore suppose l’existence d’une entité divine.
De preuve il n’a évidemment pas besoin. Dans sa quête de Dieu, il éprouve toutefois la nécessité de se rassurer en déclarant comme une évidence tombée des cieux: “tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais trouvé...”
De toute manière, poursuit-il, Dieu ne peut être que caché, car “si Dieu se découvrait continuellement aux hommes, il n’y aurait point de mérite à le croire. S’il ne se découvrait jamais, il y aurait peu de foi.”
Quant au fameux pari sur l’existence de Dieu, loin d’être une pirouette un peu futile, il ouvre une perspective radieuse. Celle-ci rejoint étonnamment la voie du libéralisme pragmatique et éclairé de William James, selon lequel il paraît plus avisé et constructif de tabler sur un monde ouvert, débouchant sur une espérance que sur un univers fermé, livré aux seuls caprices du hasard.

Blaise Pascal libéral ? C’est une conclusion sans doute étonnante et que ne partage sans doute pas Antoine Compagnon qui rappelle que l’habileté dialectique du philosophe plut et même inspira les marxistes, et qu’ils transposèrent son pari à la problématique du sens de l’histoire. J’avoue une certaine perplexité devant de telles contorsions.
Le fait est qu’on opposa souvent Pascal et Montaigne. Ils eurent des destins très différents mais ils se ressemblent à certains égards. Tous deux se méfiaient des réformes et ils craignaient le désordre. Tous deux étaient de fervents défenseurs de la liberté de penser. En somme ils s’inscrivent dans une sorte de conservatisme libéral éclairé….

27 juillet 2020

Black Peter


In memoriam Peter Green (1946-2020)


Il affectionnait la pénombre
Où l'acuité de son regard
N’abandonnait rien au hasard
Pour voir la beauté la plus sombre

Mais il craignait la foule en nombre
La gloire et le trop plein d’égard
Qui, le savait-il, tôt ou tard
Vous font lâcher la proie pour l’ombre

Alors, timide et vacillant
Mais l’esprit et les doigts agiles
Il s’abstint des choix trop faciles

Son génie fut un pur diamant
Mi-blues et mi-métaphysique
Toujours taillé pour la musique...

23 juillet 2020

Contes et Comptes de Ségur

Comme le Beaujolais, le projet de loi “Nouveau” pour sauver l’Hôpital est arrivé ! Et son nom qui pourrait faire croire à une belle histoire pour enfants ne doit rien à la Comtesse, mais un peu au Ministre de la Guerre de Louis XVI qui légua son patronyme à l’avenue dans laquelle se trouve le “Ministère de la Solidarité et de la Santé”. Placée sous les auspices d'un Maréchal de France, cette réforme sera-t-elle la mère des batailles ?

Depuis l’élection d'Emmanuel Macron, c’est le quatrième plan pour la santé ! A l’heure où le nouveau Premier Ministre se fait fort de ressusciter le Commissariat au Plan, ça ne manque pas sel. Le monde d’après ressemble de plus en plus à l’archaïque monde d’avant…

Résumons les faits: on a vu tour à tour depuis septembre 2018 la réforme emblématique “Ma Santé 2022”, pas très convaincante, qui dut être complétée par le “Pacte de refondation pour les Urgences” un an plus tard. Faute d’avoir davantage emporté l’adhésion des professionnels, il fallut en novembre de la même année improviser en catastrophe le “Plan d’Urgence pour l’Hôpital”. Las ! En 2020, l’épidémie de COVID-19 étant passée par là et le mécontentement étant resté toujours aussi présent, le Gouvernement se voit contraint de raconter une nouvelle romance en l’intitulant cette fois “Ségur de la Santé”.

On voudrait tant y croire ! On voudrait tant que la volonté de "modernisation" affichée devienne une réalité ! Hélas, force est de constater que les plans se suivent et se ressemblent. A chaque fois les Pouvoirs Publics se délestent de quelques, voire de quelques dizaines de milliards d’euros, pour tenter d’atténuer temporairement la vindicte populaire, mais face au problème de fond, il n’y a toujours rien de vraiment innovant, si l’on croit ce qu’en dit le Dossier de Presse.

D’après les auteurs enthousiastes de ce document idyllique, si ce nouveau projet pêche ce n’est sûrement pas par manque de concertation. On a recensé pour parvenir à un accord, pas moins de "90 parties prenantes et organisations syndicales", "100 réunions bilatérales", "200 réunions territoriales", et "118407 participants à la consultation en ligne". Tout cela rappelle furieusement le Grand Débat, dont on a vu l’inanité...


Ce n'est pas non plus par insuffisance de ressources financières, car les milliards valsent. Au moins 8,2 pour la juste et très attendue revalorisation des carrières, et 19 “d’investissement dans le système de santé pour améliorer la prise en charge des patients et le quotidien des soignants”. Vaste programme, comme dirait le Grand Charles !
Après les 750 millions pour les urgences puis les 10 milliards destinés en novembre 2019, à éponger la dette contractée par les établissements de soins, on arrive autour de 40 milliards d’euros, sachant qu’il faudrait également combler le déficit de la sécu qui va dépasser cette année les 52 milliards. Il est vrai qu’à ce niveau, cela paraît presque mesquin de compter encore… Comme le dit le Président de la République à propos du plan de relance européen, pas de souci, ce seront “les entreprises internationales du numérique” qui paieront l’addition !

S’agissant des mesures de réorganisation et de restructuration, on entrevoit tout ce qu’on pouvait craindre. Pour faire simple, on retrouve d’un côté tous les voeux pieux maintes fois émis, et renouvelés ici une fois encore, et de l’autre la lente mais irrémédiable progression - à reculons - de la machine à mille strates administratives de l’Etat-Providence !
Remarquons par exemple qu’il n’est pas fait mention de la moindre remise en ordre de l’infernal chaos dans lequel se trouve la gouvernance hospitalière. Rien ne bouge hormis le rôle des services de soins que la loi Hôpital Patients Santé Territoires (HPST dite encore Bachelot) avait fait mine d’abandonner au profit des pôles. Ils reprennent du poil de la bête, laissant présager de belles empoignades et de belles luttes de pouvoir entre médecins, cadres et directeurs. Les "délégations de gestion" concrètes, promises depuis Mathusalem, pourront quant à elles encore attendre...

S’agissant de l'allègement du carcan administratif, les hôpitaux doivent se contenter de la vague promesse de voir “simplifier les procédures et libérer du temps pour les professionnels”, mais sans aucune précision. Aucun gain d’autonomie n’est à espérer pour les établissements. Au contraire, les Agences Régionales de Santé (ARS) perdurent et tout porte à croire que leur influence néfaste va augmenter. Le ministre plaide en effet pour une implantation plus forte au niveau des départements et un “rôle accru dans l’accompagnement”.


Comme prévu et redouté, le gouvernement veut, après l'avoir promue à grands frais pendant une dizaine d'années, "accélérer la réduction de la Tarification A l’Activité (T2A)". En plus d'une incohérence manifeste, c'est un non sens absolu qui annonce un alourdissement massif des protocoles de financement et un nouvel accroissement  de la charge administrative.

Dans le même cadre économique, il sera dit-on mis fin au "mercenariat de l’intérim médical" qui palliait tant bien que mal la désaffection grandissante des praticiens pour les postes hospitaliers. Certes il coûte cher, mais c’est un pis-aller face à la désertification de certaines régions et il y a peu de chance qu’on règle ce douloureux problème "en faisant bloquer par les comptables publics les rémunérations des contrats d’intérim médical dépassant le plafond réglementaire ou ne respectant pas les conditions fixées par la réglementation, et/ou en permettant aux ARS de dénoncer devant le tribunal administratif les contrats irréguliers." On aura donc des contrôles, toujours des contrôles, et une politique qui s’apparente au calamiteux encadrement des loyers et des prix. Cela n’a jamais servi à autre chose qu’à accentuer la pénurie, mais il n’y a pas plus obstiné qu’un politicien fort de ses principes...
Parallèlement le ministre promet l’ouverture de 4000 lits “à la demande”. Est-ce à dire qu’il suffira de demander ou bien qu’on pourra toujours se brosser pour remplir les conditions que ne manquera pas d’exiger l’Administration centrale ?
Au niveau territorial, on souhaite selon le rite établi, “fédérer les acteurs de santé dans les territoires au service des usagers”. Mais pas un mot sur les calamiteux
 Groupements Hospitaliers de Territoires (GHT) ce qui signifie que là non plus rien ne sera amené à changer et surtout pas la confusion des responsabilités et la complexité monstrueuse de la gestion inter-hospitalière. Lot de consolation pour les hôpitaux locaux, ils sont promus “laboratoires en matière de coopération territoriale”... Cela leur fera sûrement une belle jambe !

Au rang des bonnes et creuses intentions, on peut citer la volonté de “concrétiser le Service d’Accès aux Soins” (SAS), celle de lutter “contre les inégalités en santé”, et de mettre en place, une fois encore, “une offre de prise en charge intégrée ville-hôpital-médico-social”. Autant de chimères ressassées depuis des lustres. Y a-t-il des gens assez naïfs pour y croire encore ?

Il y a également la promotion de la télémédecine, rengaine itérative s'il en est. On en parle depuis si longtemps ! Il a suffi d'un maudit virus et du confinement pour la voir subitement allégée des contraintes réglementaires qui l'étouffaient. Elle se trouva dopée comme par magie et on s'aperçut que c'était simple et que ça marchait ! Pourvu qu'on ne revienne pas en arrière !
Quant aux carrières, on annonce des recrutements (pas moins de 15.000, sans indiquer où ni pour quoi faire) mais aucune piste ne précise d’éventuelles délégations de tâches. On parle bien du “déploiement d’Infirmiers en Pratique Avancée”, mais que cela signifie-t-il donc hormis suggérer que les autres seraient nécessairement relégués au rang des retardés ? Enfin, il est proposé de “lancer une réflexion sur la création d’une profession médicale intermédiaire..” Comprenne qui pourra.
Bref, selon les mots emphatiques du ministre, “les conclusions du Ségur de la santé seront notre boussole pour relever les défis d’une Nation qui conjugue désormais les solidarités et la santé à ses valeurs fondamentales.” Autant dire qu’on n’est pas sortis de la tourmente !

20 juillet 2020

Dylan Is Dylan

Dylan est là, et nul doute que pour quelques uns, c’est un doux réconfort. Après une parenthèse crooning consacrée aux grands standards d’antan, on retrouve sur une dizaine de compositions originales, sa voix traînante, un peu fatiguée, un peu lasse, mais dont les écorchures laissent encore sourdre de délicates suavités: Rough And Rowdy Ways.
Le style est des plus dépouillés. Les lignes mélodiques sont réduites à leur plus simple expression, et l’accompagnement musical mi-swing mi-shuffle, se fait velours pour servir d’écrin à des textes intenses, débordant de poésie et de symboles.

Le morceau de bravoure c’est évidemment la très longue mélopée Murder Most Foul qui brode autour de la mort de John Kennedy, l’histoire de la seconde moitié du XXè siècle, et plus précisément la décade prodigieuse des sixties, exaltante, chaotique et tragique. Plus que jamais Bob Dylan apparaît comme le chantre inspiré de cette époque qu’il incarne si bien tout en la contemplant de haut, tel un oiseau au regard acéré mais quelque peu désabusé.

A côté de ce monument, on trouve une floraison de superbes ballades qui égrènent leur litanie dans un clair obscur tiède et paisible. Key West par exemple qui célèbre de façon inattendue l’éden suspendu au bout de la Floride, entre les bleuités confuses de l'océan et la clarté nébuleuse des confins célestes. “Key West est l'endroit où il faut être lorsqu’on cherche l'immortalité” dit la chanson. C'est une vanité bien sûr mais elle est envoûtante et on se prend à espérer que continue longtemps cette incantation qui love sa douce espérance sur un lit moelleux d'accordéon.

Avec I’ve made up my mind to give myself to you, Dylan chante l’amour de la manière la plus déchirante qui soit. Revenu de tout et abordant le crépuscule de son existence, le barde s'y fait très humble et résigné pour célébrer l'essentiel et oublier tout le reste. Est-ce à un être humain qu'il s’adresse et à qui il s'abandonne corps et âme, est-ce à une entité supérieure, peu importe en somme. Les mots sont là, ils touchent profondément, voilà tout.

D’autres petits trésors gravitent autour de ces splendides astres nocturnes. Deux blues à la rythmique lourde et capiteuse qui rappellent où se trouvent les racines peut-être les plus profondes de la geste dylanienne (False Prophet, Goodbye Jimmy Reed). Dans le premier, l’artiste assène une fois encore qu’il se refuse à être un faux prophète (“je ne sais que ce que je sais, et je vais là où seuls vont les solitaires…”). Dans le second, il salue bien bas l’un des ténébreux héros de la culture américaine, auprès desquels il puise souvent son inspiration. A noter d'ailleurs que le titre improbable de l’album, fait référence à une chanson de Jimmie Rodgers, l’un des pionniers de la musique country.
Il faut enfin s'imprégner de la beauté de quelques perles noires, à la scansion aussi absconse qu’ensorcelante (Crossing The Rubicon, Black Rider, I Contain Multitudes, Mother Of Muses, My Own Version Of You).

Et puisque tout compte dans cet album sombre et somptueux, un mot enfin de la pochette et du cliché qui l'illustre. Il vous plonge dans la demi-clarté d’un bouge interlope aux reflets mordorés de came et d'alcool. On y danse jusqu’au bout de la nuit dans une ambiance où la volupté des rêves amoureux le dispute à la poisse des destinées enfermées dans une implacable finitude...

13 juillet 2020

COVID en questions

Le virus circule toujours”. “Une deuxième vague dès cet été”. “La rentrée ne sera pas normale”... Autant de gros titres et d’avertissements inquiétants, alors qu’on pensait en avoir à peu près fini avec la phase aiguë de l’épidémie.
Par un paradoxe troublant, tandis qu’on nous répète que le nombre de cas progresse et que des clusters émergent un peu partout, il y a toujours moins d'hospitalisés, et les services de réanimation continuent lentement à se vider.
Où donc en sommes-nous réellement, s’agissant du COVID, alors que nous sommes privés des laborieux speeches de Jérôme Salomon et qu’ont cessé les séquences explicatives théâtrales des pontifes ministériels ?

Olivier Véran fait mine de s'agiter en insistant sur l’importance de continuer à appliquer les “gestes barrière”, mais il nous en dit trop ou pas assez. Quant à l'application StopCovid qui coûte paraît-il 200.000 € par mois aux contribuables, elle a fait un flop monumental et est déjà passée aux profits et pertes.

La comparaison des chiffres internationaux ne laisse quant à elle pas d'interroger.
Non seulement ceux affichés par la France détonnent, mais ils ne cessent, a contrario de ceux de nombre de pays, de se dégrader au fil du temps. Si l’on en juge sur le ratio nombre de décès sur nombre de cas déclarés, la France affiche une mortalité de 17,6% (30.000/170.000) ! Même les nations européennes réputées avoir le plus mal géré la crise, font désormais mieux que nous: le ratio pour le Royaume Uni s’établit à 15,5%, il est de 15% pour la Belgique, pour l’Italie de 14,3 % et pour l'Espagne de 9,4%. On a beau chercher, notre pays fait figure d'exception dans le mauvais sens du terme. Aux Etats-Unis où paraît-il l’épidémie fait rage, le nombre de cas augmente certes rapidement, mais le taux de mortalité ne cesse de baisser pour atteindre à ce jour 4 %, et au Brésil qui fait paraît-il n’importe quoi, il plafonne à 3,9 %.
Rappelons au passage qu’à Taiwan, le nombre de cas ne dépasse pas 451 et le nombre de décès s’est stabilisé à 7 (soit 1,5% de mortalité).
Que se passe-t-il chez nous ? Sommes-nous donc incapables de produire des statistiques fiables, ou bien nous trouvons-nous toujours en difficulté pour faire le diagnostic de la maladie, à moins que nous ne soyons particulièrement mauvais pour la soigner…
Partant de nos 30.000 morts, et d’une mortalité théorique de 0,5% (celle de la cohorte du Pr Raoult, dont certains affirment qu’elle n’a rien d'extraordinaire), cela supposerait 6 millions de personnes atteintes et non diagnostiquées, c’est à dire quasi la moitié des cas mondiaux.
Décidément, quelque soit le bout par lequel on prend le problème, il y a quelque chose de pourri au Royaume de France !

10 juillet 2020

Factfulness

Quoi de plus naturel que d’assujettir son opinion aux faits établis plutôt qu’aux suppositions ou aux croyances ? Ce fut en tout cas la thématique que défendit opiniâtrement le médecin suédois Hans Rosling.
Expert en santé publique, conseiller auprès de l’OMS, il parcourut le monde en essayant de propager, preuves et chiffres à l'appui, ce principe qui en apparence tombe sous le sens et qui pourtant a tant de mal à s’imposer en pratique.
Son ouvrage, hélas posthume, intitulé Factfulness, est tout entier consacré à ce sujet. Si le terme se retrouve traduit en factualité, l’éditeur précise en couverture, que derrière le concept, c’est bien de “la saine habitude de fonder son opinion sur les faits” qu’il s’agit.

“Les faits sont têtus” clamait Lénine. Il avait raison le bougre, mais combien fut cruelle cette vérité pour le peuple russe qu’il entraîna dans la barbarie en piétinant cette évidence, et pour tant d’autres qui furent sacrifiés sur l’autel de principes.
Plaute affirmait quant à lui que “les faits parlent d’eux-mêmes”. Pourtant, même à notre époque, avide d’informations et de chiffres, les faits n’ont jamais été aussi méprisés, occultés, interprétés, ou carrément ignorés.
C’est ce que démontre Hans Rosling à l’aide d’un simple questionnaire, soumis à des publics variés, des plus populaires aux plus intellectuels, réputés “sachant”. Treize questions auxquelles n’importe quel individu bien renseigné, et chacun peut l’être aujourd’hui, devrait répondre de manière adéquate. Pour en donner un aperçu, voici 5 exemples:

Ces 20 dernières années, la proportion de la population mondiale vivant dans une extrême pauvreté
A A presque doublé
B Est restée à peu près la même
C A presque diminué de moitié

Comment a évolué le nombre de morts par catastrophe naturelle ces 100 dernières années
A Il a plus que doublé
B Il est resté à peu près stable
C Il a diminué de plus de la moitié

Aujourd’hui, dans quelle proportion les enfants de 1 an sont-ils vacciné contre certaines maladies:
A 20%
B 50%
C 80%

En 1996 les tigres, les pandas géants et les rhinocéros noirs furent classés comme espèces en danger. Combien de ces 3 espèces sont plus particulièrement menacées aujourd’hui:
A Deux
B Une
C Aucune

Combien de personnes dans le monde ont-elles un minimum d’accès à l’électricité
A 20%
B 50%
C 80%

Le test fut révélateur pour la quasi totalité des publics interrogés, et particulièrement édifiant s’agissant des personnes a priori les plus éclairées, exerçant parfois des fonctions politiques de premier ordre.
A chaque fois ou presque l’option la plus dramatique fut choisie par une majorité de gens, et très rarement fut atteinte la proportion de 33% de bonnes réponses, qu’on pourrait attendre comme le fait remarquer malicieusement l’auteur, de chimpanzés répondant au hasard ! Précisons que pour chacune de ces 5 questions, la bonne réponse était la proposition C.


Le fait est que l’opinion la plus répandue actuellement est que le monde va de plus en plus mal, qu’il est rongé par la pauvreté, menacé par les catastrophes naturelles, l’extinction généralisée des espèces animales, la pollution, la déforestation et autres périls marquant manifestement les esprits.Tout cela est largement erroné et le constat n’est pas franchement nouveau. Jean-François Revel y avait consacré un ouvrage très percutant, montrant que les moyens modernes d’information étaient vains face aux idées reçues et aux rumeurs, et plus récemment Steven Pinker s’échinait quant à lui à démontrer que loin de courir à la catastrophe, le monde allait de mieux en mieux (à l’exception de l’Amérique de Trump…).

L’originalité de Rosling est de prendre sur le fait si l’on peut dire, les ignorants qui ont la faiblesse de croire aux préjugés et qui contrairement aux conseils du bon Kant, négligent de vérifier par eux-mêmes la véracité d’affirmations trop souvent sous-tendues par des parti-pris idéologiques. La méthode est assurément efficace et l'on se prend à espérer que l'immense succès de librairie de l'ouvrage soit l'annonce d'un vrai et durable changement dans les mentalités.
On en doute toutefois car les clichés ont la vie dure, et bien que les propos de l'auteur soient clairs, sages et simples , on craint qu'ils ne soient vite oubliés...
Pour conjurer le risque de se tromper trop lourdement, Rosling invite à se méfier des comparaisons et prévisions fondées sur des généralisations hâtives, des moyennes fallacieuses, ou des projections en lignes droites trop simplistes. Il recommande de ne pas chercher systématiquement un bouc émissaire à tout ce qui ne va pas bien. Il conseille ne pas céder à la peur, ou à l’urgence, très souvent mauvaises conseillères. Enfin, il préconise de combattre l’ignorance et de répandre une vision du monde basée sur les faits, ce qu’il juge “enthousiasmant et joyeux” et beaucoup plus conforme à l’évolution en profondeur des choses, qui se fait parfois sous nos yeux sans même qu’on y prête attention. Ainsi, l’Occident, trop certain de sa suprématie et de ses acquis, et quelque peu condescendant vis à vis du reste du monde, ne voit pas que d’autres régions du globe montent en puissance, risquant sous peu de le reléguer au rang des civilisations en voie de décadence...
Selon Socrate il n’est de pire ignorance que celle qui s’ignore. Sommes nous encore capables de nous en rendre compte de manière pragmatique ?

05 juillet 2020

La Grosse Commission

On n’en a pas fini avec le coronavirus. Et on n’a pas fini de parler de cette crise qui bouleversa sans qu’on ait eu le temps de crier gare, la vie du pays en ce printemps 2020. Pour faire toute la lumière sur la façon dont l’Etat traita cette épidémie, l’Assemblée Nationale a mis sur pied une commission expresse. Sage et logique initiative pour peu qu’une telle instance soit en mesure d’éclairer vraiment le Peuple et qu’elle permette de tirer des conclusions pragmatiques.
C’est tout le contraire qui se passe sous nos yeux et le moins qu’on puisse en dire pour l’heure, est que ce théâtre républicain improvisé tourne à la farce bouffonne.
On interroge des heures durant nombre d’experts, de hauts fonctionnaires, de ministres et autres satrapes impliqués plus ou moins directement dans la gestion de ce fameux COVID-19. Après avoir entendu tout ce beau monde, force est de conclure que le problème reste entier et les polémiques plus enflammées que jamais.

On a retrouvé le discours patelin du professeur Salomon, réexpliquant avec force circonlocutions et périphrases tout ce dont il nous avait abreuvé durant des semaines, occultant dans la sauce onctueuse de son discours, maintes contradictions et maints égarements…
On a retrouvé les attaques vitriolées du Professeur Raoult faisant à lui tout seul le procès impitoyable des dits égarements du Pouvoir et de la plupart de ses confrères, tout en glorifiant non sans raison les bons résultats obtenus par son équipe.
Les ministres de leur côté ont mis toute leur énergie avec un talent assez inégal, à se dédouaner de toute faute, de tout retard et de toute négligence.
On avait presque pitié pour madame Buzyn, perdue dans ses dossiers, bafouillant des arguties foireuses pour tenter de justifier son action. Entre autres énormités débitées sur un ton de chien battu, elle osa prétendre qu’elle avait toujours été en avance sur les instances internationales, et affirma sans vergogne que la France avait été la première à mettre au point les tests diagnostiques ! Aucun regret, aucun remords, aucune remise en cause.
Pas davantage de questionnement chez ses prédécesseurs, en l’occurrence Marisol Touraine et Roselyne Bachelot. La première se félicita d’avoir laissé en partant autant sinon plus de masques qu’au moment de sa prise de fonction et la seconde se permit d’ironiser à propos des médecins, négligents et infantilisés selon elle, au point de n’avoir dans leur cabinets ni masques ni blouses, attendant tout en somme de l’Agence Régionale de Santé !
Toutes les deux ont oublié les réformes calamiteuses dont elles portent la très lourde responsabilité et qui n’ont pas peu contribué à mener notre système de santé dans l’état où il se trouve, rongé par la sur-administration et la déresponsabilisation générale.

Tous ces débats n’ont donc pas amené la moindre clarification. Pire, tous les représentants des Pouvoirs Publics passés sur le gril estiment avoir parfaitement rempli leur mission. Comme le dit élégamment le président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde : “On se fout de notre gueule”. Aucun progrès n’est donc à espérer et aucune leçon ne sera comme trop souvent tirée de ce navrant épisode. Les polémiques et les guerres de chapelles quant à elles sont loin d’être éteintes. L’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris menace de poursuivre Didier Raoult pour faux témoignage. L’HAS et le Conseil Scientifique dénoncent des propos infamants et calomnieux. Quant à Roselyne Bachelot, elle a hérissé une bonne partie des médecins de ville qui ont payé un lourd tribut à l’incurie gouvernementale et qui envisagent de porter l'affaire devant les tribunaux...

Et ce n'est pas fini. Trois des ministres en exercice lors de la crise font l'objet de plaintes citoyennes pour "abstention de combattre un sinistre" et devront en répondre devant la Cour de Justice de la République. Il serait exagéré et inconvenant en la circonstance d'exiger pour ces gens que soit reconnue une quelconque culpabilité, eu égard à la complexité de la situation, mais il est hélas illusoire qu'au moins soient tirées quelques conséquences pratiques pour qu'à l'avenir l’État se comporte avec un peu plus de réactivité, de pragmatisme et beaucoup moins d'auto-satisfaction...

Illustration: Les Gens de Justice. Gravure d'Honoré Daumier

30 juin 2020

Elections en eau de boudin


Pour des élections ratées ce furent des élections ratées !
Représentant près de 60% des inscrits, l'abstention sort largement victorieuse un peu partout, laissant la désagréable impression de bâclage et d'inachevé et traduisant un désintérêt, pour ne pas dire un rejet massif, de la politique et de celles et ceux qui l'incarnent.

Avec l'élection présidentielle de 2002, ce fut un des scrutins les plus foireux de toute la Vè république. On assista à une campagne tronquée sur fond de crise COVID-19, gérée maladroitement par le Gouvernement. A cela s’est ajoutée la désagrégation des partis classiques rongés par l'usure, le manque de conviction et une détermination de plus en plus défaillante.

Plus que jamais, la république est en lambeaux et c'est une vraie déroute pour le parti de son président.
Dans les grandes métropoles, à la faveur de cette désespérante détumescence, des alliances bancales écolo-gaucho-bobos ont raflé la mise. En forme d'armées mexicaines, allant parfois jusqu’à inclure dans leurs rangs l'extrême gauche la plus ringarde, coco ou apparentée, ces tartarins miteux affichent désormais l'objectif donquichottesque d'amélioter le climat. Après l'échec des utopies socialistes, ces idéalistes indécrottables enfourchent un nouvel absolu, par nature - c’est le cas de le dire - aussi inatteignable que les vieilles lunes collectivistes. On peut s’attendre à un surcroît de pesanteur réglementaire, à de nouvelles taxes et à la mise en œuvre de mesures dictées par les principes plus que par les réalités de terrain. L’avenir le dira sous peu...

Emmanuel Macron serait sur le point dit-on de tomber dans ce nouveau panneau idéologique. De fait, il vient d’avaliser la quasi totalité des propositions qui lui ont été transmises par la convention citoyenne pour un coût qui promet d’être astronomique (on a échappé in extremis aux 110 km/h sur autoroutes et à la taxe sur les dividendes pour les actionnaires).

Sous peu, le gouvernement sera remanié et possiblement va changer de Premier Ministre. Mais où va-t-on trouver les nouvelles têtes, et pour quel nouveau programme ?
Plus que jamais, on se demande comment M. Macron va pouvoir se sortir de cette nouvelle impasse dans laquelle il s’est lui-même fourré, et le pays avec lui...

28 juin 2020

En vert et contre tout

La Convention Citoyenne pour le Climat, investie en grande pompe à la fin de la crise des Gilets Jaunes par le Président de la République a fini par accoucher de 150 mesures !
Une pour chacun de ses membres, intronisés par la grâce du tirage au sort, dont on pense désormais qu’il fait mieux les choses que les élections. Le hasard serait donc devenu plus démocratique que le choix par des citoyens  libres et éclairés de représentants, porteurs de programmes et de propositions. On croit rêver…
En quoi le peuple peut-il imaginer que sa volonté soit mieux servie par des gens promus par une loterie, c’est la question qui ne peut que tarauder tout démocrate convaincu, mais qui ne rencontre hélas dans l’opinion, qu’une vaste indifférence, révélatrice de la déchéance progressive de nos sociétés.
Que pouvait-on attendre d’une telle entreprise, pas grand chose évidemment. C’est donc, sans jeu de mots, un vrai inventaire à la Prévert que ces sages de pacotille ont livré à la Nation au nom du Climat, devenu l'alpha et l'oméga de toute action politique. On se demande ce que nos dirigeants vont bien pouvoir en faire. Il va bien falloir qu’ils feignent d’y accorder la plus haute considération et qu’ils retiennent quelques unes des mesures proposées, mais combien et comment les concilier avec les nécessités pratiques qui s’imposent de plus en plus à notre infortuné pays, en crise économique et sociale permanente ?
La première des suggestions a été retoquée d’emblée. Elle préconisait benoîtement d’abaisser le temps de travail hebdomadaire de 35 à 28h ! Au delà de la provocation, sans doute involontaire, cet objectif est révélateur de l’utopie qui règne dans beaucoup d’esprits. Lorsqu'on vous demande de plancher dans l’absolu, sans restriction pratique et sans engager la moindre responsabilité personnelle, il ne faut pas s’étonner de voir sortir toutes sortes de fantasmes et de voeux pieux en guise de politique.
La seconde recommandation, dont on nous rebat les oreilles depuis quelques jours, est de réduire la limite de vitesse sur autoroute de 130 à 110 km/h. Il y a de quoi sourire lorsqu’on songe que cette convention citoyenne fut mise en place au titre du Grand Débat National visant à éteindre la révolte des Gilets Jaunes. On se rappelle que cette dernière s'était enflammée lorsque le Gouvernement avait décidé de réduire de 90 à 80 km/h la vitesse maximale sur les routes secondaires !
De fait, quelques jours après la publication de cette idée lumineuse, les sondages révèlent que les trois quarts des Français y sont farouchement opposés…

Tout hélas est à l’avenant. Alors que le mouvement des Gilets Jaunes réclamait plus de liberté, moins de contraintes réglementaires, moins de taxes et de centralisation étatique, ce catalogue de bonnes et belles intentions se focalise quasi exclusivement sur les interdits et les obligations, multiplie les nouvelles ukases légales et les contributions fiscales en tous genres. La perle étant l'invention de l'écocide, nouveau crime supposé qualifier les atteintes à l'environnement, dont la définition nébuleuse, assortie de sanctions extravagantes, fait déja planer une menace supplémentaire pour les entreprises.
Autrement dit, cette convention apparaît comme un nouveau fiasco risquant de plomber encore un peu plus le mandat piteux de M. Macron.
Pendant ce temps les candidats restant en lice pour le second tour d'élections municipales totalement ratées pour cause de COVID-19, rivalisent de zèle pour enfoncer de beaux clous écologiques autour du cercueil de leurs ambitions politiques.
Craignant une vague écolo, prisonniers de leurs compromissions avec les sectateurs du nouvel ordre vert, ou paralysés par le terrorisme bien intentionné de la correction politique, ils concoctent toutes sortes de mesures aussi ubuesques que contraignantes, à l'instar de madame Hidalgo qui annonce soumettre aux 30 km/h tous les automobilistes osant encore circuler dans Paris, et abaisser à 50 la vitesse sur le Périphérique tout en réduisant les voies de 3 à 1 ! Et tant pis pour les idiots d'électeurs qui, bon gré mal gré, vont abandonner à ces gens le pouvoir de gérer leur ville…

16 juin 2020

Sociétés en décomposition

Cela avait commencé, il y a bien longtemps.
Le déclin de l'Occident avait fait l'objet de tant d'annonces, de prédictions, voire d'affirmations sentencieuses, qu'on avait fini par s'habituer au concept, devenu fait acquis, sans paradoxalement y croire vraiment.
Dans les délices de Capoue les volontés s'assoupissent et les réalités se dissipent.
Nos sociétés accoutumées à la prospérité et au confort matériel, plongées dans un doux bain de liberté, étaient en passe d'oublier tous les périls d'autrefois: guerres, oppressions, famines, épidémies. Et, comme pour conjurer tant de bonheur, avec une morbide jubilation et la mauvaise conscience d'enfants gâtés, certains s’étaient mis à confondre liberté et laxisme et d’autres par forfanterie, à dénigrer le système, à cracher dans la soupe dont ils se gavaient, voire à brûler le modèle et ses valeurs qui garantissaient pourtant leur bien-être matériel. Il est si excitant de jouer avec le diable...
D’un effet de mode un peu imbécile, empreint de succulents relents marxistes, on est passé peu à peu à l’obsession destructrice. Si la déconfiture de tous les régimes socialistes a brisé le miroir aux alouettes de la lutte des classes, elle n’a pas découragé les contempteurs des inégalités sociales qui se sont mis à rechercher fébrilement toutes sortes de sottises idéologiques plus ou moins bien intentionnées pour revivifier leur cause revancharde. Dans le sillage des trois grandes religions scientistes que furent le marxisme, le freudisme et le darwinisme, on a vu émerger une noria de concepts véhiculant autant d’arrière-pensées douteuses : féminisme, antiracisme, théorie du genre, anti-spécisme, alter-mondialisme, écologisme...

En recyclant la bonne vieille dialectique forgée dans les hauts-fourneaux du communisme, quantité de sornettes ont été savamment montées en épingle, jusqu’à être transformées en crimes contre l’humanité. Le tout est déversé à la manière de banderilles sur les dos très larges et complaisants des frères jumeaux du monde moderne, à savoir capitalisme et libéralisme.
Aujourd’hui ce harcèlement incessant parvient à un stade inquiétant. Il a miné ou dévoyé la quasi totalité des institutions et fait encore plus grave, ne rencontre plus de la part des représentants et garants de ces dernières qu’une résistance de principe. Par faiblesse, par couardise, par démagogie, ils sont devenus les acteurs de leur propre décomposition.
Partout, ce qui semblait relever du bon sens, qui coulait de source, ce qui relevait même de l’évidence est remis en cause, voire nié. Les repères sur lesquels se fondait notre société s’effondrent les uns après les autres sous les coups de boutoirs d’irresponsables, pétris de certitudes niaises et d’arrogance sectaire.

On voit ces jours ci, au nom d’un anti-racisme complètement perverti, l’agitation se répandre un peu partout dans le monde occidental. Parmi les manifestations diverses et variées que cette folie engendre, certaines paraissent presque comiques. On pourrait ainsi rire de la décision récente de la compagnie Warner de déprogrammer le vieux blockbuster hollywoodien Autant En Emporte Le Vent. C’est tellement ridicule qu’on éprouve de la peine pour les idiots qui se laissent aller à prendre de telles décisions.
On rit un peu moins au déboulonnage des statues et à la débaptisation des rues portant le nom de personnages illustres du passé, soupçonnés d’avoir par leurs écrits ou par leurs actions, porté un jour offense aux canons de la nouvelle morale puritaine. C’est grotesque mais également sinistre, rappelant tout à coup, les destructions barbares auxquelles se livrent les islamistes fanatiques ou la censure partisane des soviets.
Et on ne rit plus tout lorsqu’on voit mettre en accusation police et gendarmerie, piliers s’il en est, de l’édifice démocratique. Elles sont sommairement jugées coupables d’être par essence violentes et racistes, et après avoir obtenu leur affaiblissement, c’est leur déstabilisation, leur désarmement complet, voire leur démantèlement qu’on cherche manifestement. Les gouvernants, ne sachant plus quelle attitude adopter et pétrifiés par la crainte de voir s’amplifier les mouvements sociaux, accumulent les gaffes, les contradictions et les reculades, affaiblissant encore plus le système qu’ils sont supposés défendre. Résultat, les forces de l’ordre, lasses et découragées arrivent au point de rupture, faisant craindre de terribles débordements à venir. Non pas les leurs, mais ceux de hordes haineuses galvanisées par la faiblesse de la puissance publique et par le sentiment croissant d'impunité.
Parmi les tristes symboles de cette désagrégation sociétale qui traverse tout l’Occident, on retient les images impressionnantes de politiciens et de policiers américains mettant un genou à terre, puis celle du premier ministre canadien Justin Trudeau dans la même posture, pour dénoncer paraît-il, les violences policières et soutenir la lutte antiraciste. Ce geste suggère bien davantage une soumission qu’un acte de bravoure et laisse entrevoir de manière angoissante l’idée d’un Pouvoir privé de pouvoir, et bientôt peut-être de membres et de tête...
Illustration: Carlo Canestrari, sculpture en bronze représentant un buste d'homme accroupi
un genou à terre

13 juin 2020

COVID-19 : Epilogue


Un vent plein de fraîcheur avait disséminé
Les pâles résidus imprégnés de poussière
Et de virus qui sur la nation tout entière
Déversaient leur malsaine odeur de confiné
 
L'avenir s’ouvre, tel un regard de noyé
Ramené à la vie, avide de lumière
Las mais si heureux quand relevant sa paupière
Il voit un jour nouveau dans le ciel déployé
 
Tout en se délivrant d'une lourde ankylose
Il se demande alors s'il s'agit de la fin
D'autres périls, noir, vert, jaune, rouge ou bien rose
 
Et l’œil bercé de bleu, s'il voit venir enfin
Sans peur d'être déçu l'espoir d'un nouveau monde
Que ce vent, messager de la Liberté, fonde...

25 mai 2020

COVID-19 : Raoult avait raison

Durant cette crise, on aura tout vu, tout lu et tout entendu, et notamment une foule de rumeurs non fondées et d'informations contradictoires. Beaucoup d’experts, de consultants, de sommités scientifiques se sont succédé sur les plateaux télés. La présence de certains, inconnus la veille, est devenue quasi quotidienne. Depuis quelques mois, ils abreuvent les téléspectateurs d’hypothèses, d’opinions et de prévisions plus ou moins farfelues. Que restera-t-il de leur gloriole éphémère, sitôt le péril écarté ? Autant en emporte le vent sans doute…

S’il est une personne qui cristallisa les débats, largement à son corps défendant, c’est bien le désormais célèbre professeur Didier Raoult.
Paradoxalement, lui ne fut vu sur aucun plateau. Il resta tranquillement dans son Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) à Marseille, distillant sur Youtube, comme à son habitude, bien antérieure à la crise, de petites vidéos filmées directement dans son bureau. Hormis une ou deux interviews, données dans le même lieu, le rituel était toujours identique : quelques constats et des graphiques démonstratifs illustrant les données statistiques produites par son établissement. Et une stratégie simple et limpide, d’une cohérence exemplaire.


Il fut le premier à rappeler les 3 règles qui selon lui doivent prévaloir en période d’épidémie : diagnostiquer, isoler, traiter. Il fut le premier à exploiter méthodiquement les chiffres et les études produites par les pays asiatiques, notamment la Chine, frappés de plein fouet par le virus. Très précocement, il put tirer parti des expériences vécues là bas, sur la nature du virus, sa contagiosité, le temps d’incubation, la durée de portage de l’agent infectieux. Grâce à cela, il fut en mesure de mettre très rapidement en œuvre un test diagnostic fondé sur la technique d’amplification génique (PCR) et de proposer une solution thérapeutique originale et raisonnable, fondée sur l'évolution comparée de la charge virale, à base d'hydroxychloroquine et d’azithromycine.

Jamais il ne fit d’annonce spectaculaire, jamais non plus de prédiction, ce dont beaucoup l’accusent pourtant. Mais très tôt, il révéla par exemple que les enfants étaient préservés des formes graves, qu’ils ne portaient en règle qu’une charge virale minime, et donc qu’ils étaient probablement peu contagieux. Très tôt il put avancer que la gravité de la maladie concernait préférentiellement certaines populations, notamment les personnes âgées, et qu’il était impératif de les protéger, donc de tester sans réserve, pour éviter d’en arriver au confinement généralisé, qu’il qualifia de solution moyenâgeuse.
S’appuyant sur la maîtrise spectaculaire de l’épidémie par Taiwan ou par la Corée du Sud, il lui arriva sans doute d’être un peu trop optimiste et d’imaginer à haute voix que le virus pourrait être rapidement circonscrit. On le lui reproche encore, tout comme on le poursuit opiniâtrement pour avoir osé préconiser un traitement sans avoir préalablement procédé à un essai clinique en bonne et dûe forme, c’est à dire prospectif, randomisé, en double aveugle, validé par moultes commissions éthico-bureaucratiques. Il s’est expliqué à maintes reprises sur les raisons pratiques qui l’ont poussé à adopter une attitude empirique face à une maladie aiguë, contagieuse, potentiellement grave, pour laquelle une réaction rapide s'imposait. Mais il n’y a pas pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre et c’est une véritable bronca qui s'est levée, et qui le poursuit sans discontinuer.


Partant de son expérience en matière d’épidémies, le professeur Raoult avait très tôt évoqué le possible caractère saisonnier de l’infection à coronavirus, et il avait émis l’hypothèse qu’il n’y aurait pas de deuxième vague lors du “déconfinement”, l’évolution des grandes contagions suivant habituellement “une courbe en cloche et non en chameau”. Il fut également sur ce sujet critiqué sans ménagement.

Aujourd’hui, plus que jamais, les faits sont en passe de lui donner raison. Aucun retour de flamme n’a été observé dans les pays asiatiques ayant maîtrisé rapidement le fléau et pas davantage dans ceux qui en Europe, ont déconfiné, plusieurs semaines avant la France.

Il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives de l’épisode COVID-19, mais force est de constater dès à présent que notre pays s’inscrit dans le peloton de tête de ceux qui ont le plus mal géré la crise, en s'obstinant étrangement à faire exactement le contraire de ce que préconisait l’équipe de l’IHU de Marseille.
Pire que l’impréparation dans laquelle la France se trouvait, il y eut les mensonges, le parti-pris et la mauvaise foi des gouvernants. Si la prestation de madame Buzyn fut calamiteuse, celle de son successeur Olivier Véran, ne fut pas meilleure. Très sûr de lui, jusqu’à l’arrogance, il s’opposa systématiquement aux propositions du Professeur Raoult, tout en propageant nombre d’affirmations non vérifiées, et usant de son nouveau pouvoir pour imposer toutes sortes de diktats arbitraires. Tout récemment, sur la foi d’une étude rétrospective semée de biais méthodologiques, il s’est cru autorisé à renforcer encore la tutelle absurde qu’il avait imposée aux médecins souhaitant prescrire de l’hydroxychloroquine.
Les laborieuses démonstrations et auto-justifications télévisées pilotées par le Premier Ministre, les onctueux prêches du professeur Salomon, et les leçons dogmatiques du Dr Véran resteront probablement comme des ponts-aux-ânes, révélateurs de la vanité et de l’auto-satisfaction de l’Etat-Providence.

Quant au Professeur Raoult, il apparaîtra quoiqu’il arrive désormais, comme une sorte de phare, rassurant dans la tempête, constant et éclairant. Les résultats obtenus par son équipe sont spectaculaires et incontestables, à l'image de ceux des meilleurs pays d'Asie. Avec plus de 130.000 PCR réalisées, Marseille est une des villes où l'on a le plus testé au monde, et dans la cohorte suivie et traitée par l'IHU la mortalité est la plus faible qui soit, de l'ordre de 0,5%. Personne ne pourra lui retirer cela.

On ne comprend vraiment pas bien pourquoi ce Français, dont l'autorité scientifique est reconnue dans le monde, fait l'objet de tant de critiques, voire de mépris de la part de gens qui n'arrêtent pas de vanter la souveraineté nationale, le made in France les relocalisations, et autres cocoricos bruyants mais inconséquents.

Avec beaucoup de simplicité, M. Raoult a redonné au raisonnement médical toutes ses lettres de noblesse, en le dépouillant de la gangue technocratique qui finissait par l’obscurcir et l’étouffer. Fasse le ciel que ses leçons finissent par porter et sourions avec lui lorsqu’il conclut qu’à défaut d’être efficace dans la lutte contre le coronavirus, l’hydroxychloroquine est sans doute un remède préventif de la folie, car il faut bien reconnaître que tous ceux qui s’opposent férocement à son usage, ont perdu la raison !

graphiques IHU Marseille, au 19/05/20

13 mai 2020

COVID-19 : Le Monde d'après

On entend beaucoup de voix ici ou là, pour évoquer déjà “le monde d’après” l'épidémie de COVID-19. Pourtant si cette dernière devrait nous réapprendre une chose, c'est que l’art de la prédiction est parmi les plus hasardeux qui soient. S’il n’est pas difficile de prévoir que les conséquences de ce fléau se feront sentir longtemps et qu’elles affecteront profondément l’économie de nombreux pays, il paraît spécieux de recourir aux amalgames idéologiques pour dessiner l'avenir.
Rien de plus stupidement partisan que celui affirmant que la propagation du virus a été favorisée par la dégradation de l’environnement, la course à la croissance, la mondialisation ou je ne sais quel mal dont on attribue la cause, selon le refrain bien connu,  au capitalisme ou au libéralisme. Une chose est certaine en revanche, l’opportunisme reste une constante du raisonnement politique. On voit ainsi l’ineffable Nicolas Hulot, nullement affecté par ses erreurs et ses échecs passés, sortir son wagon de propositions “nouvelles” destinées à éviter la fin du monde qu'annonce, à n'en pas douter pour lui, l'émergence de ce virus, suggérant au passage qu'il s'agit d'une punition sanctionnant nos mauvais comportements …
D’autres comparaisons avec le passé ne valent pas forcément mieux, telle celle faite avec l’immédiat après-guerre par le ministre de l’économie Bruno Lemaire, affirmant notamment que la récession sera la pire qu’on ait connu depuis 1945. Il y a quelque indécence à comparer la guerre, ses destructions massives et ses millions de morts avec une épidémie, aussi grave soit-elle, surtout lorsqu’on fait partie des responsables qui ont méthodiquement organisé, planifié les mesures susceptibles d'entraîner une crise économique ! On se souvient des rapprochements oiseux qui avaient été faits en 2008 entre la crise dite des “sub-prime” et celle de 1929. A force de manier l’emphase et l’excès, les discours des politiciens deviennent insignifiants et contribuent toujours plus à tuer la confiance qu’on devrait avoir en leur clairvoyance. Contrairement à l’adage, gouverner, c’est de moins en moins prévoir !

Il est donc vraisemblable que nombre de convictions resteront solidement ancrées dans les esprits. De ce point de vue, le monde ne changera guère, selon toute probabilité. Les écologistes resteront écolos, probablement de plus en plus dogmatiques, les socialistes et apparentés seront toujours cramponnés aux vieilles lunes collectivistes et au mirage de la justice sociale, les étatistes s'accrocheront au pouvoir et l'Administration centrale, ses innombrables succursales, et sa pléthore de réglementations continueront de proliférer.

Il y a peu de chances qu’on assouplisse l’organisation du système de santé qui fut pourtant impacté au premier chef, et littéralement débordé par la crise. Il y a peu d’espoir par exemple, qu’on supprime les Agences régionales de Santé (ARS) qui ont montré une fois encore leur inertie et leur inefficacité. Il est tout aussi improbable qu’on donne aux établissements de santé un peu plus d’autonomie et qu’on les incite à faire évoluer leurs services de soins en unités à géométrie variable, capables d’augmenter massivement leurs capacités en situation de crise. Sauf miracle, la Sécurité Sociale restera sans nul doute un monopole chroniquement en faillite et la bureaucratie précautionneuse supposée protéger les patients lors des essais cliniques répandra toujours plus sa glu asphyxiante.

Sur le terrain, on découvrira peut-être, au rang des effets latéraux de l’épidémie, que certains malades victimes d’autres affections que "la" COVID ont pâti de la déprogrammation quasi systématique de tous les soins non urgents, même dans les zones peu touchées par le virus. Mais, revers positif de la médaille, peut-être prendra-t-on conscience du caractère superfétatoire de certains soins. Peut-être comprendra-t-on que bon nombre de suivis routiniers peuvent s’effectuer de manière moins coûteuse et plus pragmatique, grâce à la télémédecine.
Peut-être réalisera-t-on que les mesures prises pour lutter contre le nouveau fléau ont protégé la population contre d’autres maladies, infectieuses ou non. Les gestes barrières ont en effet probablement été bénéfiques pour empêcher la propagation d’autres agents viraux ou microbiens que le coronavirus. On peut par voie de conséquence espérer que cette expérience conduise à l’avenir à améliorer les mesures d’hygiène et de prévention lors des viroses saisonnières  et a fortiori face à un éventuel retour du COVID-19... Enfin, le repos forcé occasionné par le confinement a peut-être limité le nombre d’affections dues au stress, notamment les maladies cardio-vasculaires. Et la quasi suppression de toute circulation a possiblement réduit le nombre de patients dans les services de traumatologie...

Au plan économique, si beaucoup d’experts prévoient des mois, voire des années sombres, il est bien difficile de faire des supputations trop précises sur la reprise. Beaucoup dépendra de la volonté des gouvernants et du peuple, d’affronter la réalité de manière réaliste et de casser enfin la spirale infernale des taxes, des dépenses et des déficits.
Partout on entend qu’il faudra “relocaliser” quantité d’industries et d’entreprises, notamment celles fabricant les médicaments, les tests biologiques et les masques. Mais il y a peu de chances que le choses changent spontanément car il ne suffit pas hélas d’émettre un vœu pour qu’il se réalise. Acceptera-t-on dans la période “d'appauvrissement généralisé” annoncée par le Premier Ministre en personne, de payer plus cher des produits que nous ne sommes plus en mesure depuis belle lurette de fabriquer à bon marché ? Ou bien se résignera-t-on à procéder à de réelles baisses d’impôts et de charges, tout en diminuant en regard la protection sociale, pour retrouver un peu de compétitivité. Cela semble illusoire....
La situation risque même de se tendre un peu plus, sachant que les quelques réformes entreprises, notamment celle des retraites, risquent de se trouver définitivement abandonnées… Il est donc à craindre que la pression fiscale continue son inexorable progression, jusqu’à un hypothétique point de rupture.

Certains changements comportementaux à rapporter à l’épisode COVID-19 peuvent en revanche déboucher à l’avenir sur une vraie évolution de la société, non sans dégât parfois, mais plus favorablement dans d’autres occasions.
Une vraie crise profonde et durable du tourisme de masse est à craindre, avec ses conséquences désastreuses sur des pans entiers de l’économie, mais il faut bien avouer que même à ce prix, le résultat aura quelques aspects bénéfiques, en minimisant la pollution due aux transports aériens et les dégradations de sites magnifiques mais fragiles.
Pareillement, si les grandes surfaces et les centres commerciaux risquent de souffrir, ce sera peut-être au profit de la réhabilitation des centres-villes, et plutôt des cités de taille moyenne que des mégalopoles. A l’heure d’internet, quel est l’intérêt en effet de s’entasser dans ces enfers urbains où tout est cher, où l’air est vicié, où la délinquance fait rage et qui constituent un terreau idéal pour les grandes contagions ?
Cette évolution pourrait être dopée par le développement des télé-consultations, du télé-enseignement, et du télétravail qui ont pris un essor soudain grâce au confinement.
En définitive, à condition d’être résolument optimiste, on pourrait même imaginer enfin une mondialisation heureuse, associant une concurrence plus équilibrée et des échanges plus transparents. L’acquisition rapide de connaissances sur le coronavirus fait peut-être partie des prémices d’une nouvelle concertation internationale. On est encore loin du gouvernement mondial, mais qui sait ce que l’avenir réserve….

Bref on n'a pas fini de parler de ce foutu coronavirus et de cette année 2020, climatérique s’il en fut. Rappelons pour terminer ce propos, qu’à ce jour, on compte à travers le monde un peu plus de 280.000 victimes, sachant que la grippe saisonnière est responsable chaque année d’un nombre de morts se situant entre 300.000 et 600.000, et que le paludisme fait quant à lui autour d’un demi million de victimes. Et que tout cela reste modeste en regard des ravages liés à l’alcool, décimant tous les ans, au bas mot 3 millions de personnes...

12 mai 2020

COVID-19 : l'apocalypse

Sur la gestion de la crise du COVID-19, on retiendra bien sûr avant tout les tergiversations concernant la protection par les masques, celles portant sur le diagnostic biologique de la maladie, et enfin celles liées aux éventuels traitements médicamenteux.
Sur aucun des 3 sujets la situation n’est claire à ce jour, c’est à dire plus de 4 mois après le début de l’épidémie, et la position des dirigeants paraît toujours aussi ambiguë lors du fameux "déconfinement" qu’au moment des premiers “clusters”.
La polémique sur les masques qui donna lieu à tant de contradictions et de revirements est loin d’être close. A tout moment le gouvernement s’est trouvé débordé. Face à ses diktats ubuesques et ses affirmations contradictoires, le système D s’est néanmoins mis en branle pour proposer toutes sortes de protections, des plus sophistiquées, les FFP2 qu’on trouvait facilement avant le confinement dans les magasins de bricolage, aux masques artisanaux faits à la maison, plus ou moins efficaces. Le moins qu’on puisse dire est que la tâche n’a pas été encouragée ni même facilitée par les Pouvoirs Publics. On reste songeur quand on pense aux destructions massives de stocks opérées par le Gouvernement avant l'épidémie. Et on ne put que s'insurger lorsque pour tenter d’atténuer les effets de son incurie, on le vit réquisitionner toutes les commandes faites par les entreprises privées, les collectivités locales, et même les petits stocks détenus par les particuliers à qui on avait affirmé qu’ils ne servaient à rien, ainsi que ceux des professionnels, tels les dentistes, sommés de remettre en haut lieu leur précieuses ressources. Les bougres n’en avaient certes plus besoin, vu qu’ils avaient perdu le droit d’exercer, mais avait-on songé qu’un jour il faudrait bien reprendre le travail ?

Pendant ce temps, le ministre de la santé essayait de rassurer le peuple en égrenant tranquillement les chiffres astronomiques de ses commandes... qui n’arrivaient jamais ! 500 millions, puis 1 milliard, puis 2 milliards… Aucune limite, “quoiqu’il en coûte” disait le Président de la République !
S’agissant des tests, la problématique fut comparable. Après avoir mis en cause leur utilité, contrairement à de nombreux pays qui en multipliaient avec succès leur usage, on promit des commandes massives, tout en mettant des bâtons réglementaires absurdes dans les roues de ceux qui étaient en mesure de répondre à la demande, notamment les laboratoires vétérinaires.

A ce jour, le gouvernement annonce la possibilité de réaliser 700.000 tests par semaine dès la levée du confinement, mais il fait tout pour empêcher les entreprises de les mettre en œuvre, lorsqu'elles ne peuvent attester du volontariat des salariés ou qu'elles n'ont pas obtenu le blanc-seing de syndicats plus obtus que jamais. Même la simple prise de température des employés fait l’objet d’un encadrement administratif rédhibitoire ! Les syndicats dont le mauvais esprit est à nouveau à l’œuvre, ont d’ailleurs obtenu d’une justice partisane, le blocage complet du fonctionnement du géant Amazon, lequel a même été privé du recours au dispositif de chômage partiel pour ses salariés. Et ils sont également parvenus, grâce à un simple vice de forme, à empêcher Renault de rouvrir ses usines le 11 mai !
On ne sait donc pas trop à quoi servira la profusion de tests annoncée, pour peu qu’ils soient disponibles là où on en aura besoin. Pareillement, on ne sait toujours pas s’il existe un traitement un tant soit peu efficace pour combattre la maladie ou au moins la prévenir. Il y a autant d’études pour affirmer que l’hydroxychloroquine plus ou moins associée à l'azithromycine est efficace que l’inverse ! Pour les experts, attachés au “respect du protocole” comme à un dogme religieux, elles sont toutes biaisées, donc non contributives. En dépit des statistiques édifiantes du professeur Raoult, qui est en passe localement d’avoir éradiqué le fléau en multipliant les tests et en traitant empiriquement ses patients, la réticence si ce n’est le mépris des Pouvoirs Publics subsiste à son égard. On se demandera longtemps pourquoi le Président Macron en personne a cru bon de lui faire une visite très médiatisée, et pourquoi il s’est répandu en éloges à son propos, puisque son gouvernement s’est échiné à faire l’inverse de ce qu’il proposait depuis le début de l’épidémie…
D'une manière générale on aura rarement vu autant d'annonces mirobolantes, sans lendemain: lopinavir, remdesivir, ivermectine, chlorpromazine, nicotine, arénicole… Quant au fameux essai multicentrique européen Discovery, dont M. Véran attendait tant, il semble se terminer en fiasco faute d’un nombre suffisant de patients inclus, et faute d’une lourdeur de mise en œuvre qui a découragé d'autres pays que le nôtre d'y participer (hormis 1 patient du Luxembourg ) ! On vit pareille déconfiture avec l’essai promu par l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris vantant un peu prématurément les mérites du tocilizumab…

Rarement la machine administrative n'a déployé autant d’ardeur à pondre ses réglementations, ses autorisations, ses interdits, et toute sorte de mesures coercitives. La première fut cette inénarrable auto-attestation permettant de sortir brièvement de chez soi. Elle illustre parfaitement l’infantilisation des esprits causée par L’Etat-Providence, vis à vis de laquelle Tocqueville nous avait alerté en son temps, en vain hélas…
Parallèlement, on vit une multitude de dispositions plus ou moins farfelues si ce n’est contradictoires entre elles, que l’Etat se crut autorisé à prendre en vertu de sa certitude de détenir la sagesse et la vérité: encadrement des prix des gels hydro-alcooliques, puis des masques, ce qui ne fit qu'accentuer la pénurie ressentie. Barrage hypocrite au traitement associant en ville l’hydroxychloroquine et l’azithromycine (les médecins pouvaient prescrire mais les pharmacies avaient interdiction de délivrer les produits aux patients, à l’instar des masques si elles avaient le bonheur d'avoir quelques stocks !). On a beaucoup parlé de l’application pour smartphone baptisée Stop-Covid, plus ou moins calquée sur le modèle coréen, qui devait permettre d’identifier les personnes-contacts de malades. Elle fut jugée contraire aux libertés fondamentales, avec lesquelles on ne plaisante pas dans une des démocraties pourtant les plus liberticides qui soient… Peu importe, on voit mal comment elle aurait pu fonctionner sur le mode du volontariat, si tant est qu’elle eût pu fonctionner tout court… Les mêmes doutes s’appliquent aux “brigades” que le gouvernement entend lâcher un peu partout pour traquer le virus.

En matière de rumeurs, de fausses nouvelles, ce fut un vrai festival. Le gouvernement lui-même qui avait cru bon de publier une page web destinée à lutter contre les canulars et autres fake news subtilement baptisée désinfox coronavirus a dû la remiser tant elle s’est avérée inefficace. Il faut préciser que le professeur Raoult eut l’honneur lui-même d’y figurer, à son grand amusement. Le ministère quant à lui ne s’est pas privé de diffuser des informations non vérifiées. Il y eut bien sûr les mensonges éhontés sur les masques, il y eut aussi l’alerte lancée par M. Véran au sujet de l’ibuprofène et des anti-inflammatoires non stéroïdiens qu’il ne fallait absolument pas prendre sous peine de finir en réanimation. Affirmation jamais prouvée par la suite et même démentie par l’Agence Européenne du Médicament !
Parallèlement, les Pouvoirs Publics toujours prompts à mettre en avant leur mérite, ont fait grand bruit autour d’une étude assurant que le confinement généralisé avait permis de sauver au moins 60.000 personnes. S’il on peut penser que l’enfermement des citoyens limita par la force des choses en partie le désastre, il est difficile d’occulter que la France déplore malgré tout un nombre de morts par million d’habitants, parmi les plus élevés au monde (près de 400). S’il fallait y ajouter les 60.000 miraculés, nous serions vraiment les peu enviables champions toutes catégories. A contrario, nombreux sont les pays qui ont obtenu de bien meilleurs résultats que nous sans avoir été contraints de recourir à des mesures de confinement aussi strictes.
Il y a d’ailleurs lieu de s’interroger sur la qualité de nos indicateurs, tels qu’on les voit publiés sur les grands sites internationaux. Notamment sur le ratio nombre de morts / nombre de cas déclarés. Avec près de 15% de mortalité affichée, la France fait une bien piètre performance (rappelons que cet indicateur est pour l’Allemagne de 4,1, et pour la Corée du Sud de 2,3. Même aux États-Unis dont on dit qu’ils ont géré la crise de manière catastrophique, il n’est que de 5,7 soit près de 3 fois inférieur au nôtre). Quant à la cohorte suivie par le Pr Raoult, elle affiche tranquillement 0,4… On objectera qu’un tel indicateur, comme tous les autres, est sujet aux biais. Sans doute, mais s’il mesure imparfaitement la réalité, il donne tout de même un reflet peu flatteur de notre recueil de données épidémiologiques. En effet, un chiffre si haut témoigne soit d’une qualité des soins défaillante, soit d’une sous évaluation du nombre de cas, soit des deux… S’il n’y a pas de raisons objectives de penser que nos soins soient franchement moins bons qu’ailleurs, la seconde hypothèse en revanche est beaucoup plus plausible… (à suivre)

11 mai 2020

COVID-19 : le contexte

A la veille de la levée partielle du confinement national, et alors qu’une lueur d’espoir semble annoncer la fin du cataclysme, une question revient de manière térébrante: et après ?
Des leçons seront-elles tirées de cette crise ? Le monde sera-t-il différent ? Si oui, sera-t-il meilleur ou pire ?
Il est permis d’avoir des doutes, tant on a entendu, lu, ou vu tout et son contraire durant cette étrange période, qui restera comme une illustration édifiante de “l’effet papillon”. Un maudit petit virus de 3 microns à peine, apparu inopinément au cœur de la Chine, on ne sait trop comment, a bouleversé la planète durant plusieurs mois. Ses conséquences n’ont pas fini de se faire sentir et une chose est sûre, on parlera longtemps de cette pandémie et de ses méfaits.

Les gloses concernant la prise en charge de la maladie vont sûrement faire encore couler beaucoup d’encre. Les comparaisons internationales permettent déjà de mesurer l’impact des mesures prises par chaque pays. S’agissant de la France, il apparaît hélas dores et déjà que le résultat n’est pas brillant. Notre pays figure dans le peloton de tête des plus touchés. Et ce qui paraît difficile à admettre en l’occurrence, ce ne sont pas vraiment les faiblesses, mais l’auto-satisfaction de nos gouvernants, jointe à la pompe rhétorique dont ils ont accompagné leur médiocre prestation.

Passons sur le déni initial de la maladie et de ses conséquences, asséné à grands coups de sentences rassurantes, tout à tour par la peu regrettée madame Buzyn, par son fougueux mais brouillon et péremptoire successeur, par la verbeuse autant que versatile porte-parole du Gouvernement, par l’inénarrable Directeur Général de la Santé dont la bonhomie pleine de certitudes ronflantes semble sortie tout droit d’un conte d’Alfred Jarry, et même enfin par le fumeux Conseil Scientifique, composé d’illustres savants aussi anonymes qu’irresponsables. C’est sur les conseils de ces gens peu avisés qu’on autorisa la tenue d’un match de football impliquant l’entrée massive sur le territoire de tifosi turinois au moment même où le virus commençait à  faire ses ravages là bas. C’est après avoir consulté ces augures qu’on persévéra à organiser le calamiteux premier tour des élections municipales…

Passons sur les pénuries multiples auquel notre auto-prétendu “meilleur système de santé au monde” s’est trouvé confronté: masques, tests diagnostics, gels hydro-alcooliques, lits d’hospitalisation, notamment en Réanimation, respirateurs, médicaments... On peut dire qu’à l’instant crucial, on a manqué de tout. On peut certes évoquer la responsabilité des gouvernements antérieurs, mais l’ennui, c’est que la totalité des responsables d’aujourd’hui étaient déjà en poste hier dans les vertigineux dédales de l’aréopage étatique... Olivier Véran pour ne citer que lui, qui fut nommé ministre de la santé au pire moment, aurait a priori l'excuse d'avoir été mis devant le fait accompli. Mais ce serait oublier qu'il avait déjà une assez longue carrière dans les coulisses agissantes du Pouvoir.
Elle débuta en 2012 en tant que député,  socialiste bon teint, en remplacement  de madame Fioraso, devenue ministre. A ce titre, il siégea à la commission des affaires sociales de l'Assemblée Nationale et fut le rapporteur en 2015 du volet prévention de la loi Touraine (obtenant notamment des choses aussi fondamentales que l'ouverture de salles de shoot, l'interdiction de faire travailler des mannequins dénutris, et l'introduction de nouvelles taxes "hygiéniques" sur les sodas). En 2016 il pilota le comité de la réforme dite "de modernisation du système de santé" au ministère. Entre autres titres de gloire, il obtint l'arrêt du remboursement des actes médicaux et chirurgicaux hors quota préétablis par les agences étatiques, et proposa en revanche qu'on paie les hôpitaux pour ne pas prendre en charge certaines urgences considérées comme non urgentes ! Il  facilita la prise en charge des immigrés en situation irrégulière et fut enfin, juste avant d'être nommé ministre, chargé du volet organique de la réforme des retraites. C'est dire qu'il connaissait les arcanes du système...

Passons donc sur ces errements, qui furent partagés il faut bien le dire, par d’autres dirigeants un peu partout dans le monde. Le plus choquant dans l’histoire, furent les revirements, contradictions, et jusqu’aux mensonges dont ils usèrent pour occulter leur incurie. Ce fut le déferlement d’injonctions, de textes et de normes administratives qu’ils ont déversé sur nos pauvres têtes, nous enfermant dans un carcan digne du moyen-âge, et plus grave encore, qui asphyxia tout bon sens, brida l’esprit d’initiative, tua la confiance, éroda un peu plus la responsabilité citoyenne et freina l’adaptation du pays au génie évolutif du virus, tout en cassant méthodiquement les ressorts, déjà fragiles, de l'économie. Enfin, plus insupportable que tout peut-être, ce fut l’auto-congratulation permanente de ces gens, qui passent une bonne partie de leur temps à justifier en toute circonstance le bien fondé de leur action, à affirmer qu'ils ont fait, qu'ils font, et qu'ils feront tout ce qui doit être fait et plus encore. Sans doute espèrent-ils se faire un bouclier de leurs bonnes intentions et de leurs vœux pieux, pour se prémunir d'accusations futures, ce qui au surplus, leur évite de se remettre en cause dans l'instant présent... (à suivre)
Illustration: Le Déluge par Francis Danby (1793-1861)