La montée brutale de François Bayrou dans les sondages, évoque irrésistiblement la boursouflure médiatique aussi subite qu'artificielle que connut Ségolène Royal, avant les primaires au PS.
Ce genre de ressort inattendu de campagne est follement tendance, et lorsque le polichinelle sort de son tiroir, tout le monde se met à faire semblant d'y croire, et d'avoir des frissons d'excitation, tant les Français adorent se nourrir d'illusions, et rechignent à voir la réalité.
Cette dernière est pourtant là, prosaïque : On a beau chercher, Bayrou n'incarne aucun projet précis, il n'est ni de droite, ni de gauche, ni socialiste ni libéral. Sa seule originalité : il est pétri de bonnes intentions et de voeux pieux.
Comme il le dit lui-même sur son site : « la France c'est réunir, pas diviser», et cette semaine dans le Nouvel Observateur, il affirme qu'« il parlera à qui voudra ». On est bien avancé !
Plus il parle de réunir, et plus son propre parti rétrécit comme peau de chagrin, et si son programme semble en expansion, il est peuplé de vide et de lieux communs. Qu'on en juge sur quelques échantillons glanés sur Bayrou.fr :
Son modèle de société, ce « n'est pas la loi du plus fort, c'est la loi du plus juste », et l'objectif c'est de combattre « la souffrance sociale, l'exclusion ». Pardi, on n'avait encore jamais entendu de paroles aussi fortes et concrètes !
Quant aux mesures pratiques, c'est puisé au même tonneau.
Passons sur le projet ronflant mais creux de « service civique universel de six mois », sur la nébuleuse « politique active de restauration du tissu médical » en matière de santé publique, ou sur la volonté chimérique de « réimplanter l’Etat au cœur des quartiers, pour y incarner la sécurité et le service public. »
En matière d'impôts, il préconise audacieusement le « principe de stabilité fiscale » et « la simplification, pour que la fiscalité devienne enfin lisible ». Personne n'y avait jamais pensé ! Tenez-vous bien, il va même jusqu'à remettre au goût du jour la bonne vieille « taxe Tobin sociale » qu'il veut qu'on étudie « au moins pour en avoir le cœur net ! ».
S'agissant de l'absurde ISF, il est « partisan d’une imposition sur le patrimoine à base large, à partir de 750 000 euros, sans plus aucune niche défiscalisée ni exemptions, mais à taux léger. » Bien malin celui qui voit le changement...
En matière d'écologie, pas davantage d'excentricité à espérer : il suit courageusement le consensus général, et « soutient les 10 objectifs et les 5 propositions de Nicolas Hulot. »
Sur la question des Etats-Unis, il se borne à ressasser les clichés franchouillards les plus éculés : « J'aime les Etats-Unis, j'aime le peuple américain. Mais ce n'est pas mon modèle. », « je ne suis fasciné ni par ce modèle, ni par l’actuel président américain, qui est l’auteur d’une des plus graves erreurs historiques commises durant cette décennie, avec la guerre en Irak. », « le pouvoir d'une seule super-puissance crée un monde plus dangereux ».
C'est bien beau de déplorer, comme les moutons bêlants, l'hyperpuissance américaine, mais sur l'Europe où l'on aurait pu espérer une position un peu personnelle et volontariste il se défile, ne semblant même pas y croire : « l'Europe, acteur du destin de la planète, c'est une idée, on pourrait même dire que c'est une utopie française. » Dans le même temps, il ne peut s'empêcher de reprendre l'antienne nombriliste du coq gaulois guidant le Monde : « l'Europe capable de parler d'une seule voix sur la planète, cela ne peut se faire que si la France le veut et entraîne les autres ». Pas un instant il ne songe que la France pourrait accepter de temps à autre de se montrer un peu solidaire des autres qui eux sont déjà sur une longueur d'onde commune...
Bref je rejoins le pessimisme de ceux qui désespèrent de voir un jour notre pays prendre vraiment la mesure véritable des problèmes et cesser de prendre aussi naïvement des vessies pour des lanternes. Quant à Edouard Fillias qui vient de se rallier à Bayrou près avoir eu la vélléité d'incarner une "alternative libérale", il est bien jeune et semble, en dépit de sa tête bien faite, avoir du libéralisme une idée très molle et approximative.
Il déplore que « le pouvoir n'appartient plus au Français » mais prône une « révolution de velours » dont on ne perçoit guère le pragmatisme. Il imagine restaurer la démocratie et le bon sens en réclamant le retour du foutoir de la proportionnelle. Enfin, il trouve que le triste béton des certitudes légales n'est pas encore assez oppressant et emboîte le pas des maniaques qui veulent légiférer sur tout y compris la fin de vie.
Décidément, même si le discours de Nicolas Sarkozy est parfois ambigu, il est le seul à véhiculer encore une lueur d'espoir dans cette ambiance crépusculaire...
Ce genre de ressort inattendu de campagne est follement tendance, et lorsque le polichinelle sort de son tiroir, tout le monde se met à faire semblant d'y croire, et d'avoir des frissons d'excitation, tant les Français adorent se nourrir d'illusions, et rechignent à voir la réalité.
Cette dernière est pourtant là, prosaïque : On a beau chercher, Bayrou n'incarne aucun projet précis, il n'est ni de droite, ni de gauche, ni socialiste ni libéral. Sa seule originalité : il est pétri de bonnes intentions et de voeux pieux.
Comme il le dit lui-même sur son site : « la France c'est réunir, pas diviser», et cette semaine dans le Nouvel Observateur, il affirme qu'« il parlera à qui voudra ». On est bien avancé !
Plus il parle de réunir, et plus son propre parti rétrécit comme peau de chagrin, et si son programme semble en expansion, il est peuplé de vide et de lieux communs. Qu'on en juge sur quelques échantillons glanés sur Bayrou.fr :
Son modèle de société, ce « n'est pas la loi du plus fort, c'est la loi du plus juste », et l'objectif c'est de combattre « la souffrance sociale, l'exclusion ». Pardi, on n'avait encore jamais entendu de paroles aussi fortes et concrètes !
Quant aux mesures pratiques, c'est puisé au même tonneau.
Passons sur le projet ronflant mais creux de « service civique universel de six mois », sur la nébuleuse « politique active de restauration du tissu médical » en matière de santé publique, ou sur la volonté chimérique de « réimplanter l’Etat au cœur des quartiers, pour y incarner la sécurité et le service public. »
En matière d'impôts, il préconise audacieusement le « principe de stabilité fiscale » et « la simplification, pour que la fiscalité devienne enfin lisible ». Personne n'y avait jamais pensé ! Tenez-vous bien, il va même jusqu'à remettre au goût du jour la bonne vieille « taxe Tobin sociale » qu'il veut qu'on étudie « au moins pour en avoir le cœur net ! ».
S'agissant de l'absurde ISF, il est « partisan d’une imposition sur le patrimoine à base large, à partir de 750 000 euros, sans plus aucune niche défiscalisée ni exemptions, mais à taux léger. » Bien malin celui qui voit le changement...
En matière d'écologie, pas davantage d'excentricité à espérer : il suit courageusement le consensus général, et « soutient les 10 objectifs et les 5 propositions de Nicolas Hulot. »
Sur la question des Etats-Unis, il se borne à ressasser les clichés franchouillards les plus éculés : « J'aime les Etats-Unis, j'aime le peuple américain. Mais ce n'est pas mon modèle. », « je ne suis fasciné ni par ce modèle, ni par l’actuel président américain, qui est l’auteur d’une des plus graves erreurs historiques commises durant cette décennie, avec la guerre en Irak. », « le pouvoir d'une seule super-puissance crée un monde plus dangereux ».
C'est bien beau de déplorer, comme les moutons bêlants, l'hyperpuissance américaine, mais sur l'Europe où l'on aurait pu espérer une position un peu personnelle et volontariste il se défile, ne semblant même pas y croire : « l'Europe, acteur du destin de la planète, c'est une idée, on pourrait même dire que c'est une utopie française. » Dans le même temps, il ne peut s'empêcher de reprendre l'antienne nombriliste du coq gaulois guidant le Monde : « l'Europe capable de parler d'une seule voix sur la planète, cela ne peut se faire que si la France le veut et entraîne les autres ». Pas un instant il ne songe que la France pourrait accepter de temps à autre de se montrer un peu solidaire des autres qui eux sont déjà sur une longueur d'onde commune...
Bref je rejoins le pessimisme de ceux qui désespèrent de voir un jour notre pays prendre vraiment la mesure véritable des problèmes et cesser de prendre aussi naïvement des vessies pour des lanternes. Quant à Edouard Fillias qui vient de se rallier à Bayrou près avoir eu la vélléité d'incarner une "alternative libérale", il est bien jeune et semble, en dépit de sa tête bien faite, avoir du libéralisme une idée très molle et approximative.
Il déplore que « le pouvoir n'appartient plus au Français » mais prône une « révolution de velours » dont on ne perçoit guère le pragmatisme. Il imagine restaurer la démocratie et le bon sens en réclamant le retour du foutoir de la proportionnelle. Enfin, il trouve que le triste béton des certitudes légales n'est pas encore assez oppressant et emboîte le pas des maniaques qui veulent légiférer sur tout y compris la fin de vie.
Décidément, même si le discours de Nicolas Sarkozy est parfois ambigu, il est le seul à véhiculer encore une lueur d'espoir dans cette ambiance crépusculaire...
Curieux, pour cet amoureux de la liberté que vous prétendez être, ce regard fixe, sombre, fermé et bas.
RépondreSupprimerAucune mobilité, aucune souplesse.
Vous semblez cadré, monochrome, rigide, lithique.
Prenez garde, ça finit par crystaliser.
Bougez tant qu'il en est encore temps, faites vous léger, aérien, libre.
Si vous faites référence à l'image associée au texte, il est vrai qu'elle n'inspire guère l'euphorie. Mais c'est la vision du désespoir par Gustave Courbet.
RépondreSupprimerJ'ai touvé qu'elle incarnait bien mon état d'esprit et qu'elle ne collait pas mal au climat politique régnant en France en ce moment...