03 août 2007

Profession cinéaste


Avec la disparition de Michelangelo Antonioni (1912-2007), c'est à mon sens un des trois piliers du cinéma italien de l'après-guerre qui s'écroule. Les deux autres, hélas déjà tombés, étaient Fellini (1920-1993) et Visconti (1906-1976). Tous trois, quasi contemporains, ont exploré des voies très différentes, mais complémentaires.
Visconti, a mis en scène la sublime et douloureuse décomposition de la beauté et le naufrage grandiose des hautes aspirations. Comme on tire le Sauternes capiteux et magnifique de la pourriture noble du raisin, il magnifia en esthète la déchéance tragique de la vie.
Fellini obsédé par la laideur et les excès du monde transcenda ces masques grimaçants pour en extraire la quintessence de l'être humain. Ses spectacles sardoniques et truculents n'étaient en quelque sorte que la transmutation comique du désespoir.
Quant à Antonioni, ce furent l'absurdité de l'existence, l'infini de la solitude, et le mystère de la disparition qu'il entreprit de décortiquer au moyen de sa caméra inquiète. On cite souvent la scène finale de Profession Reporter. Elle constitue une tentative originale pour exprimer l'inexprimable. Un sentiment d'étrangeté tranquille. La vie est là tout autour qui bruisse dans l'encadrement de la fenêtre. Mais elle s'inscrit dans une indicible absence. Celle que nous portons tous au fond de nous et à laquelle nous préférons le plus souvent ne pas penser...

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