Rarement on avait vu une telle liberté de ton mais également un tel sens de l’ouverture tous azimuts.
Nicolas Sarkozy, puisqu’il s’agit de lui, fait preuve dans tous les domaines, en dépit de circonstances plutôt contrariantes, d’une énergie étonnante. Il semble animé d’un vrai désir de moderniser les institutions du pays. Il ne s’embarrasse guère avec le protocole et son discours direct et pragmatique paraît vraiment empreint de sincérité.
Il est difficile de nier ce constat, même si l’on peut douter qu’il s’inscrive dans la durée.
Pourtant on voit et on entend s’agiter une nuée de conservateurs, plus que jamais crispés sur des notions archaïques, faisant feu de tous bois pour nourrir ce qui semble n’être avant-tout qu’un anti-sarkozysme totalement irrationnel.
Après les simagrées au sujet de l’ADN, celles sur Guy Môquet, les pleurnicheries rituelles des tartufes du droit au logement, on a pu s’en rendre compte encore vendredi, lorsque le Président de la République est allé à la rencontre des cheminots de la SNCF. Le chef de l’Etat était venu, certes pour dire qu’il ne céderait pas, conformément à ses engagements électoraux, sur la réforme des régimes spéciaux de retraite, mais aussi pour rassurer sans artifice : « Je m'engage à ce que personne ne perde de sa retraite en cotisant plus. Votre statut de cheminot, vous le garderez. On peut discuter de tout: la politique de l'emploi et des salaires, la pénibilité, la décote, la date d'application ».
Mais à toutes ses explications, une seule réponse : un niet primaire et définitif et aussitôt, le chantage mécanique à l’insurrection : «C'est la rue qui va parler », « De toute manière nous avons toujours obtenu satisfaction et tous les premiers ministres ont toujours été contraints de reculer… » Et c’est effectivement reparti. Après la grève de la SNCF, voici celle d’Air-France, puis le 20 novembre celle de toute la fonction publique. Eternelle comédie des prétendus défenseurs du Service Public, en réalité des fossoyeurs.
Mais aujourd’hui, les temps sont peut-être en train de changer.
Un nombre croissant de Français semblent apercevoir enfin derrière les discours racoleurs des résistants de la 25è heure, la vraie réalité. Ils s’éveillent au Monde et ce qu’ils perdent en crédulité et en illusions, ils le gagnent en lucidité et en détermination.
De son côté la forteresse syndicale se fissure de plus en plus. Elle s’épuise derrière ses murailles de préjugés et d’arrogance. Elle s’asphyxie dans les pestilences déprimantes d’une contestation sans vrai but. Il est même permis d’espérer que les dirigeants syndicaux soient en train de comprendre que leur rôle n’est pas de maintenir artificiellement gonflées les baudruches idéologiques usées de la Lutte des Classes.
Ils ont tellement mieux à faire en participant de manière raisonnable au mieux-être des entreprises, et en acceptant le principe d’une émulation saine, source de satisfaction professionnelle en même temps que d’amélioration du service rendu.
L’avenir dira si les turbulences actuelles préludent à une grave crise sociale, dont le pays pourrait pâtir gravement, ou au contraire s’il s’agit des derniers soubresauts d’un big-bang révolutionnaire qui n’en finit pas de capoter dans le nihilisme existentiel...