19 septembre 2008

Liberté, j'écris ton nom


Accoudé au balcon surplombant les flancs de la défunte forteresse de Taillebourg (Charente Maritime), je songe à la vanité du monde.
Dans la douce tiédeur baignant la fin d'un été sans chaleur ni parfum, je vois de cet auguste tumulus, les toits des maisons alanguies s'épauler les uns les autres en descendant en douces inclinaisons vers le fleuve.
Comme ces cascades de tuiles, comme ce château évanoui, tout semble s'écrouler dans ce monde épuisé par tant de vaines exigences et de productions futiles. C'est la crise, c'est peut-être la récession ! Mais pourquoi au fond s'en faire ?

« Car personne ici-bas ne termine et n'achève ;
Les pires des humains sont comme les meilleurs ;
Nous nous réveillons tous au même endroit du rêve.
Tout commence en ce monde et tout finit ailleurs* »

Les experts s'affrontent à coup de sombres prévisions. Le gouvernement ne sait plus où donner de la tête et brûle soudain tout ce qu'il prétendait adorer hier. De leur côté, les dévots de L'Etat Providence, requinqués par l'odeur de ce désastre fuligineux qui n'en finit pas de disperser ses scories, croient y voir la confirmation en forme d'apothéose, de leur lubie anti-libérale. Pardi l'Etat fédéral américain est contraint de renflouer Freddie Mac et Fanny Mae, si ce n'est pas une humiliation !

Je n'insisterai pas sur le caractère monstrueux de ces deux géants du Mortgage, sur leur situation quasi monopolistique, et leurs rapports plutôt ambigus avec l'Etat lui-même. Je préfère observer que le gouvernement n'est en mesure de secourir le « Marché » que si ce dernier ne lui est pas trop assujetti, s'il n'en a pas déjà circonscrit les règles à son seul profit, et surtout s'il n'est pas lui-même ruiné...
Il suffit d'évoquer les entreprises nationalisées qui ne vont pas bien. Hélas, ça arrive aussi et pas qu’un peu notamment, en France (le Crédit Lyonnais par exemple, la Sécu… voire l’Etat tout entier en quasi faillite permanente…). Eh bien c’est l’Etat qui est contraint d'accourir à sa propre rescousse, à la manière du serpent qui se mord la queue (ou du fameux Baron Münchausen qui se tire par les cheveux…). Pas trop difficile pour lui en réalité, il n’a qu’à pomper un peu plus les ressources des entreprises et des contribuables, tant qu'il y en a ! Tout est donc dans tout et réciproquement...

Plus que jamais, je reste donc amoureux de la Liberté et pense que le monde ne souffre pas d'un excès mais d'un manque de libéralisme bien compris, c'est à dire averti des dangers de l'excès de centralisation et de monopole, et convaincu que l’Etat doit être réduit à sa plus simple expression. C’est la sagesse. Ce n’est pas grandiose mais au moins les dégâts sont limités et ça stimule la responsabilité citoyenne…
Car c'est un fait, le libéralisme est fait pour des gens responsables. C’est évidemment sa faiblesse. Quand il est livré à des joueurs qui investissent en bourse comme ils jouent au casino, qui ne veulent plus rien payer à sa juste valeur, pas étonnant qu’il y ait de la casse. Heureusement il est solide, et je ne doute pas qu’il s’en sorte mieux que tout autre système en crise. Mais revenons aux sources, de grâce. Jefferson, Jefferson…

* Tristesse d'Olympio. Victor Hugo

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