29 décembre 2009
Méditation
22 décembre 2009
Much ado about nothing
Une fois encore les mots de Shakespeare s'avèrent les plus à propos. Tout ce bruit pour rien ou presque. Si encore toutes ces gesticulations affolantes faisaient un peu de vent dans les éoliennes...
En tout cas, ce grand barnum (pour reprendre les mots de Nicolas Hulot) a donné l'occasion de relever un certain nombre de sentences et de contradictions qui méritent de rester dans le bêtisier universel de la politique.
Tout d'abord naturellement, l'endroit et le moment choisis pour parler du réchauffement climatique : Copenhague, à l'orée de l'hiver, au moment même où, comme pour narguer les experts et les chefs d'états réunis dans les salons feutrés du Bella Center, on annonçait une vague de froid sur l'Europe et les Etats-Unis, (jusqu'à -33°C en Allemagne !), les premiers blocages sur les routes, sur les voies ferrées, les pannes gigantesques d'électricité, et les premiers morts...
Et puis, les pitreries involontaires de certains responsables imbus de leur mission au point d'oublier la triviale réalité. Madame Duflot par exemple, qui s'embarque pour le Danemark en train (15 heures de voyage), sous les flashes des journalistes, avec à la bouche des mots dignes de Tartarin : "Vous ne me verrez jamais dans un avion lorsqu'il m'est possible de prendre le train"... et qui revient discrètement... en jet, pour ne pas manquer d'autres caméras, sur le plateau de France 2...
La comédie grinçante d'autres dirigeants, beaucoup moins drôles assurément. Les déclarations d'Ahmadinejad, président en exercice de l'Iran, classé troisième plus gros vendeur de pétrole au monde, vantant « l'énergie verte » de l'uranium, tandis qu'il prépare au vu et su de tous, la fabrication de bombes atomiques.
Les leçons arrogantes de Chavez, à la tête d'un abject régime marxiste, assis sur les royalties de l'or noir dont son pays regorge, et qui réclame sans rire d'en limiter de manière drastique la consommation. Tout en ânonant son sinistre couplet néo-stalinien : « Le capitalisme, ce modèle de développement destructeur, est en train d’en finir avec la vie, il menace de détruire définitivement l’espèce humaine.../... Cette planète est régie par une dictature impériale, et depuis cette tribune, nous continuons de le dénoncer. A bas la dictature impériale, et vivent les peuples, la démocratie et l’égalité sur cette planète! »
Lula, le Brésilien ne vaut guère mieux lorsqu'il juge « inacceptable que les nations les moins responsables du changement climatique en soient les premières victimes ». Son pays est en effet le champion de la déforestation depuis des années, laquelle serait responsable de 18 à 20% des émissions de gaz à effet de serre. Dans le même temps, s'il s'avère assez rentable, le fameux pétrole vert qui est produit à partir de la canne à sucre sur les terres débarrassées des arbres, n'a pas fait la preuve d'un quelconque bénéfice en terme de pollution.
Nicolas Sarkozy enfin, accouru à la fin du sommet, n'a pas lésiné dans la surenchère, en annonçant ni plus ni moins, la fin du monde : "L'échec de Copenhague serait catastrophique pour chacun d'entre nous", "Nous sommes la dernière génération à pouvoir faire quelque chose. On ne pourrait plus ensuite, arrêter le processus de destruction complet".
Quelle mouche a donc piqué le président pour qu'il se laisse aller à de si noires prédictions ? Comment prendre au sérieux ces politiciens qui ont tant de mal à anticiper les crises économiques ou à contrôler les dépenses publiques, et qui prétendent pouvoir maîtriser la météo et parvenir à en réglementer les caprices à coup de taxes et de normes bureaucratiques ? Tel un sublime Don Quichotte des temps modernes, N. Sarkozy martèle qu'il faut absolument « Réduire de moitié la production de CO2 avant 2050 », en espérant ainsi « limiter la hausse des températures à 2° dans le siècle qui vient, sinon c'est la catastrophe absolue ».
Evidemment, il ne risquait pas grand chose à s'avancer avec tant de témérité. Tout au plus, d'apparaître comme un des plus sincères défenseurs de l'environnement, seul ou presque contre tous... Il a peut-être aussi quelques arrières pensées pratiques, à quelques semaines des élections régionales. Sans doute se sentirait-il mieux s'il parvenait par exemple enfin, à désolidariser les Ecologistes des Socialistes qui exercent on ne sait trop pourquoi sur eux un si fort magnétisme...
10 décembre 2009
Napoléon Obama
Inutile de dire qu'elle se heurta ce soir là, comme souvent la politique américaine, à une hostilité générale.
Passons sur le discours assez confus du philosophe radical, plus ou moins marxisant, Jacques Rancière. Sur le sujet il se déclara de toute manière incompétent. Tout comme les écrivains "de gauche" (ils s'en vantent), Philippe Besson et Saphia Azzedine.
Il faut dire que pour lui l'affaire est réglée comme du papier musique : l'opération afghane ne peut désormais plus être autre chose qu'un échec. Reprenant une antienne bien connue, dans ce conflit qui s'éternise, l'Occident selon lui s'embourbe. Tous les symptômes du désastre vietnamien sont réunis. Les contingents militaires sont ressentis comme des forces d'occupation par la population. Pire encore : faute d'avoir mis en place une « coopération sociale et culturelle », et à cause de la « méconnaissance des réalités locales », et de « l'injustice que nous faisons régner », « nous contribuons à entretenir la corruption ».
C'est bien simple, « en croyant agir pour le bien, c'est le mal que nous faisons... »
Pour ce Politique si audacieux, il faut donc partir au plus vite, afin d'aiguillonner le gouvernement afghan pour qu'il s'organise vraiment, en espérant que les pays avoisinants deviennent « acteurs et partenaires » d'un hypothétique renouveau régional.
De manière un peu prétentieuse, il commença par se lamenter sur le fait qu'à l'évidence et pour son malheur, le président américain n'avait lu ni ses livres à lui, ni ceux de M. de Villepin.
Pour M. Tulard en effet, le parallèle avec l'expédition espagnole de Napoléon s'impose clairement. Pas plus que ce dernier, Obama ne peut gagner, car les analogies foisonnent à ses yeux : Napoléon en Espagne « apportait les principes de la révolution et la démocratie »... mais à la force des baïonnettes. Il installa un gouvernement à sa botte; il rencontra des difficultés liées à un terrain accidenté et montagneux, et pour finir une rébellion armée par des puissances étrangères, en l'occurrence l'Angleterre.
Evidemment tout ça peut faire mouche au premier abord.
Mais au fond même si, comme le fit remarquer finement M. de Villepin, « les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets », l'Histoire se répète rarement à l'identique. Ça serait un peu trop facile.
Comparer d'autre part, le népotisme de l'Empereur, qui plaça sur le trône d'Espagne son propre frère Joseph, avec les conditions qui ont permis l'accès d'Hamid Karzaï au pouvoir à Kaboul, est également excessif, en dépit d'une réélection entachée d'irrégularités.
Enfin, même si la guérilla en Afghanistan est sans doute alimentée de l'extérieur, aucune nation n'apporte officiellement son soutien armé aux Talibans. Autre différence notable, les armées de l'Empire se livraient en Espagne à une vraie agression. Faut-il le rappeler, la coalition en Afghanistan, répond à l'horreur du 11 septembre 2001, et aux actions terroristes menées par les Talibans et leurs amis. D'ailleurs il faut souligner que Napoléon était très isolé face à une coalition internationale, tandis que c'est l'inverse pour Obama, même si hélas, ses alliés manquent singulièrement de détermination.
Ce fut certes un succès facile, mais peu glorieux et en tout cas impopulaire en Espagne, puisqu'il s'appuya sur les forces les plus rétrogrades du pays, et qu'il permit au roi rétabli dans ses prérogatives, de se livrer à des représailles sanglantes sur les élus du peuple.
Dernier point discutable, Jean Tulard laisse entendre que l'expédition fut pacifique ce qui est faux. Elle nécessita la mise sur pied d'une armée de 100.000 hommes, « prêts à marcher en invoquant le nom de Saint Louis pour conserver le trône d'Espagne à un petit-fils d'Henri IV », pour reprendre l'exclamation de Louis XVIII. Autrement dit un vrai « surge »... Précisons également qu'après la victoire, il fallut laisser sur place un contingent de 45.000 hommes durant 5 ans, jusqu'en 1828...
Le succès de l'intervention afghane dépendra surtout de la capacité du peuple et de ses dirigeants à s'organiser, et de la conviction et de la détermination dont fera preuve la coalition internationale.
Il est vrai, s'agissant du Vietnam, que l'aventure s'est terminée par un échec cuisant. Ce n'est pourtant pas d'un manque de légitimité que les Américains, à l'époque très seuls hélas, ont le plus souffert, mais d'une stratégie trop hésitante, et d'un mouvement d'opinion international dévastateur, orchestré de main de maître par la propagande soviétique. Le malheur de ce pays (et du Cambodge à la suite), n'a en tout cas, pas été causé par la présence occidentale mais avant tout par son retrait, brutal et définitif. En revanche, là où la détermination fut plus forte, comme en Corée et à Taiwan, les populations n'eurent qu'à s'en féliciter.
En tout état de cause, déclarer comme on l'entend si souvent, qu'il est strictement impossible d'imposer la démocratie par la force, est un non sens absolu. L'exemple de l'Allemagne et du Japon, entre autres, sont là pour en témoigner...
08 décembre 2009
Retour de boomerang
Alors que s'ouvre le sommet international de Copenhague, le débat sur le climat prend un tour nouveau. Hormis la voix isolée de Claude Allègre, on n'entendait en France depuis quelques années qu'un seul son de cloche, véhiculé par le biais de personnalités très médiatisées ou par la bouche des politiciens, tous plus ou moins enclins au suivisme démagogique. Une cloche quant à elle alarmiste, puisqu'elle sonne tous azimuts le tocsin de la fin du monde prochaine, en l'attribuant aux méfaits du progrès scientifique et économique.
Et puis tout à coup, à l'occasion de fuites en provenance du site internet d'une université influente, on prend conscience que ce discours reposait en partie sur un gigantesque bluff. Première révélation, le fameux GIEC qui soi disant s'inspirait des travaux convergents de l'immense majorité des scientifiques mondiaux, prenait en pratique ses informations à une source quasi exclusive, celle du Centre de Recherche sur le Climat de l'université britannique d'East Anglia !
Et quelle source ! Peu scrupuleuse sur l'objectivité, elle « arrangeait » manifestement les constats scientifiques pour qu'ils puissent coller au mieux à la thèse dominante. Les chercheurs convertis à la nouvelle religion écologique, mettaient en somme de côté les évidences scientifiques qui les dérangeaient, à la manière de ceux qui opposaient aux découvertes de Pasteur, le credo de la génération spontanée. De fait, l'argument massue mille fois lu et entendu, ressemblait étrangement à celui des docteurs d'autrefois, faisant foi scientifique d'un consensus, qui dit en substance : « Plusieurs milliers de chercheurs pensent la même chose, à savoir qu'il y a un réchauffement climatique, qu'il est forcément néfaste et qu'il a 9 chances sur dix d'être lié à l'activité humaine. » CQFD.
Coïncidence, un sondage réalisé avant cet épisode, et publié par le magazine The Economist, révèle que les mentalités sont justement en train de changer. La question posée était : "Faut-il privilégier la protection de l'environnement au prix d'une baisse de la croissance économique, ou bien donner la priorité à cette dernière au risque de dégrader l'environnement". Depuis 1999 la première option de l'alternative était préférée par la majorité des sondés, en 2009 les proportions s'inversent (Gallup).
Évidemment, faut-il le préciser, la réponse qui s'impose, et qui n'est pas proposée au choix, se situe au milieu, consistant à trouver un compromis entre la croissance et le respect de l'environnement...
Certes la Crise qui est une réalité tangible, a tendance à influencer les avis, pourtant, il n'était pas vraiment besoin de cette affaire de mails détournés pour douter de la véracité du nouveau diktat malthusien, prônant la décroissance. Avec force arguments, certains pointaient déjà depuis quelque temps, les méthodes peu rigoureuses des tenants du réchauffement climatique. Il n'est d'ailleurs que de voir le comportement outrancier et sectaire des militants de Greenpeace, qui encore dernièrement n'ont pas hésité à prendre d'assaut l'Assemblée nationale, pour mesurer le degré de fanatisme atteint par certains écologistes. Ils discréditent leur cause bien plus qu'ils ne la défendent.
Il est bien connu que chez nous, où le bon sens prévaut, « la question ne se pose même pas », pour reprendre les termes de M. Colombani sur France Inter le 4 décembre. Et de citer à l'appui de sa démonstration le débat escamoté sur la peine de mort. Sur un vrai sujet de société, la question n'a effectivement pas été posée, au simple motif qu'on redoutait que la réponse ne soit pas politiquement correcte. On a donc préféré imposer le principe de l'abolition par la force des godillots des « élus de la république », et pour être à peu près certain qu'il ne puisse jamais être rediscuté, le graver dans le marbre de la Constitution. Curieuse conception de la démocratie...
Évidemment, la radicalisation du débat religieux est inquiétante. Mais en l'occurrence, qui a peur de qui et qui rejette qui ? La vraie question est sans doute de savoir pourquoi et comment on en est arrivé là. Plutôt que de jeter l'opprobre sur le peuple, plutôt que de s'insurger contre le poujadisme de certains politiciens, il conviendrait d'affronter la réalité sans tabou ni a priori. Aux yeux d'une quantité croissante de gens, l'islam apparaît sous un jour de plus en plus intolérant, dogmatique et conquérant. La plupart des pays à dominance musulmane affichent sans vergogne leur mépris pour les autres croyances et veulent ériger les leurs comme lois de gouvernement. Il y a de quoi s'alarmer. Il est plus que temps pour les Musulmans raisonnables de parler clairement et de montrer leur ouverture d'esprit qui conduira à chasser ces craintes dignes du Moyen Age.
Avec la décision d'y envoyer un contingent de 30.000 hommes supplémentaires, c'est un triplement des effectifs que le nouveau président américain aura ordonné depuis son élection ! Ils étaient 35.000 il y a un an, ils seront près de 100.000 soldats sous peu.
On pourrait s'amuser de la modération des réactions en provenance de ceux qui auraient agoni d'injures George W. Bush s'il avait fait la moitié de ce que met en oeuvre son successeur. On pourrait être dubitatif devant la stratégie qui consiste à accroitre très progressivement la présence militaire, et les hésitations à prendre les décisions en les accompagnant de moultes précautions de langage, qui pourrait rappeler le Vietnam sous Johnson. On pourrait s'interroger sur le besoin éprouvé par M. Obama de préciser à l'avance la date de repli de ces troupes. S'il s'agit comme il le soutient, d'un objectif vital, comment peut-il être certain de pouvoir si rapidement s'en désengager ?
On pourrait enfin savourer à sa juste valeur l'appel pressant des USA à l'Europe pour envoyer conjointement un renfort d'au moins 7000 hommes. Comment va réagir la France qui adule tant le président américain ?
Objectivement, l'Afghanistan ne peut être abandonné après tous les efforts consentis pour le libérer de l'oppression des Talibans. Et à l'évidence, plus le nombre de nations engagées sera grand, plus forte sera la légitimité de la présence militaire. Le choix de M. Obama est donc logique et pas trop surprenant, sauf pour les gogos prompts à s'enticher de n'importe quelle faribole pour peu qu'elles soit couverte d'effets de style clinquants...
01 décembre 2009
L'introuvable réforme de la santé
Et il est de bon ton de fustiger au passage l'abominable système ultra-libéral en vigueur là bas, qui empêche paraît-il les pauvres gens de se soigner, et de condamner vigoureusement le lobbying forcené et forcément très « réactionnaire » qui s'oppose au noble dessein présidentiel.
Il n'est pourtant pas besoin de parcourir très longtemps la presse américaine, pour se rendre compte qu'en réalité le débat est beaucoup plus complexe qu'on ne le présente habituellement, et surtout moins imprégné des clichés idéologiques dans lesquels certains tentent plus ou moins consciemment de l'enfermer.
Je ne me souviens plus comment j'ai échoué dans mes pérégrinations à travers le Web, sur un article du Pr Jeffrey Flier, doyen médical de la prestigieuse Harvard School. J'ignore en tout cas totalement de quel côté politique il penche, et le Journal of Clinical Investigation dans lequel il s'exprime, n'est pas connu pour le caractère partisan de ses prises de position. Mais le fait est qu'il donne en la circonstance, un point de vue plutôt décapant sur la question.
A partir de ce fil conducteur, j'ai découvert et pas par les traditionnels canaux néo-conservateurs si honnis, que nombre de voix s'élevaient pour dénoncer sans tabou, et avec force argumentation, les tares du système de santé actuel en proposant des solutions assez éloignées du projet « obamanien »,.
Je serai sans doute accusé de prendre un parti sectaire puisque mon propos, à la lumière de ces derniers, s'inscrit dans la réticence vis à vis de cette initiative louée presque unanimement dans l'Hexagone, et pour laquelle le Sénat US après beaucoup de tergiversations, vient d'ouvrir le débat. Tant pis.
S'agissant des défis auxquels sont confrontés les pays développés, tout le monde est pourtant à peu près d'accord. Il faut dire qu'ils relèvent de l'évidence et n'épargnent aucune nation. Ils se concentrent schématiquement autour de trois constats : l'inflation vertigineuses des dépenses de santé, les difficultés croissantes pour pérenniser des systèmes d'assurances abordables pour tous, et les disparités de plus en plus flagrantes entre le coût et la qualité des soins.
Aux USA, les dépenses de santé, qui représentaient 5% du PIB en 1960, ont atteint 16% en 2007 selon l'OCDE, et les projections les fixent à 37% pour 2040. La part des fonds publics dans ces dépenses ne cesse de croitre. Les deux grands programmes Medicaid et Medicare, pour les personnes les plus démunies d'une part et âgées de l'autre, auxquels le gouvernement fédéral consacrait 1% de son budget en 1966, en absorbent désormais plus de 20.
La France est dans la même logique. Avec 11% du PIB, elle s'inscrit désormais dans les statistiques de l'OCDE, en deuxième position des nations les plus dépensières au monde.
Parallèlement, les systèmes d'assurance maladie sont de plus en plus dépassés par l'inflation de la demande de soins. Comme chacun sait, aux Etats-Unis, une frange croissante de la population vit plus ou moins durablement sans vraie couverture. Il faut toutefois préciser qu'elle n'est pas obligatoire et qu'un bon tiers des personnes concernées, souvent jeunes et en bonne santé, auraient les moyens de s'offrir cette protection mais font le choix d'y surseoir.
En France, le régime de l'Assurance Maladie obligatoire, couvre la majeure partie des frais de santé, mais son périmètre a tendance à se restreindre, en laissant un pan grandissant aux Assurances Privées, auxquelles il n'est pas non plus obligatoire d'adhérer. Pourtant, en dépit de la hausse régulière des cotisations et du désengagement ou du déremboursement d'un nombre croissant de prestations et de médicaments, la Sécurité Sociale patine de plus en plus dans les déficits.
Parmi les principales causes identifiées par les quelques observateurs dont j'ai lu les analyses, figure avant tout le caractère pervers de l'organisation du système d'assurance maladie.
Tout d'abord, on assiste à un dévoiement pur et simple du principe même, de l'assurance. Celle-ci pour bien fonctionner, doit couvrir un risque dont la probabilité de réalisation pour l'individu est faible mais dont le coût de réparation est très élevé. La mutualisation raisonnée de ce risque permet à l'assureur de ne demander à tous ses clients que des cotisations modestes, pour couvrir les frais énormes, destinés à indemniser les quelques victimes de sinistres.
Hélas, en matière de santé, la définition du risque a considérablement évolué au fil des ans. L'extension par l'OMS du domaine caractérisant la « bonne santé », à celui du « bien être total et permanent », et le consumérisme galopant, conduisent à recourir de plus en plus facilement aux services des prestataires de santé.
Chacun estimant de son bon droit de se faire rembourser les frais liés à des soins, en règle courants, et qu'il aurait le plus souvent les moyens de payer, le système confine à l'absurde. Les assurances n'ont pas d'autre choix que d'augmenter drastiquement les cotisations ou bien de devenir déficitaires. Imaginez, écrit David Goldhill, que nous demandions à notre assurance auto de prendre en charge l'entretien courant du véhicule et le carburant qu'on met dedans !
Le principe, habituel aux USA comme en France, qui consiste à interposer l'employeur entre l'assureur et l'assuré aggrave encore cet effet. Puisque le salarié ne paie, quoi qu'il arrive, qu'une faible partie de la cotisation, il ignore bien souvent le prix réel de la protection dont il bénéficie (au point parfois de croire qu'elle est gratuite...). Par voie de conséquence, il ne mesure pas vraiment l'ampleur des dépenses qu'elle couvre. Au surplus, il n'a en réalité pas le libre choix de son assureur, ce qui nuit à l'émulation et à la maitrise des coûts. On sait qu'entre les entreprises et les compagnies d'assurances la concurrence est assez limitée, particulièrement en France où la Sécurité Sociale jouit d'un quasi monopole.
Dernier avatar de ce système, il est susceptible de laisser des vides dangereux lorsque un salarié est amené à changer d'emploi, et se volatilise en cas de chômage.
Les Assurances ont la tentation naturelle de réagir à cet état de fait en instituant un contrôle a priori des prix des prestations, qui se révèle à l'usage très contraignant et assez inefficace. Par exemple, en diminuant le remboursement de certains médicaments, elles poussent en effet mécaniquement les médecins, sous la pression conjointe des patients, et souvent des publicités de l'industrie pharmaceutique, non pas à diminuer les prescriptions mais à proposer les mieux remboursées donc les plus onéreuses... La promotion de génériques, s'avère quant à elle souvent un frein à l'innovation et à la concurrence.
Le projet de loi de Barack Obama, qui étend le champ de la couverture maladie sans en réformer en profondeur l'organisation, pour bien intentionné qu'il soit, ne peut pour nombre d'observateurs, qu'aggraver les maux dont le système souffre aujourd'hui.
Son application va mécaniquement augmenter les dépenses pesant sur l'Etat Fédéral, puisque le nouveau plan sera en très grande partie à sa charge. Mille milliards de dollars constituent le surcoût annoncé par les promoteurs de la loi eux-mêmes. Nul doute qu'il sera supérieur si l'on se souvient des prévisions largement dépassées des programmes Medicare et Medicaid. Selon David Goldhill, étendre la couverture tout en contraignant les remboursements, équivaut à gonfler un ballon tout en le comprimant tant bien que mal : il grossit quand même mais avec une forme de plus plus biscornue...
Parallèlement, même si tout le monde ou presque sera assuré, rien ne permet d'affirmer objectivement que la qualité des soins sera meilleure. L'absence de corrélation entre les dépenses de santé et la plupart des indicateurs de « bonne santé » est assez bien établie.
Or selon un article du Boston Globe, ce plan est un échec. Trois ans après son application, il reste encore plus de 200.000 personnes non assurées. Les dépenses de l'état affectées à la santé ont fait un bond, passant de 1,4 milliards de dollars en 2006 à plus de 2 milliards prévus en 2009. En moyenne le coût moyen des cotisations pour une famille à augmenté de 12% entre 2006 et 2008. Un certain nombre de personnes, pas assez pauvres pour bénéficier de subventions, peinent à s'affranchir du coût élevé des contrats proposés. Il en est de même pour les petites entreprises qui doivent supporter cette charge nouvelle.
Le paradigme de l'assurance « de papa » a vécu, dans le domaine de la santé. La préoccupation n'est donc pas tant d'élargir la couverture que de la responsabiliser et de l'adapter au nouveau contexte. De ce simple changement de cap, devrait s'ensuivre une réduction raisonnée de la demande de prise en charge financière, et une limitation des soins, basée sur une vraie réflexion coût-efficacité. Aujourd'hui on peut certes encore mourir faute de soins, mais aussi sans nul doute d'excès.
Exiger comme on l'entend souvent que la santé soit gratuite, est plus que jamais irresponsable, et fait courir le danger de terribles désillusions. Les acquis sociaux soi-disant garantis par l'Etat semblent solides mais ils cachent de grandes failles et s'ils venaient à péricliter, la chute serait plus cruelle que tout. Il ne resterait plus de toute manière qu'une solution, qu'on veut pourtant éviter à tout prix : la maitrise comptable pure et dure...