Je suis bien loin d'être un bon Chrétien : ni habité par la douce certitude de la Foi, ni même pratiquant le rite. Mais j'avoue avoir un faible pour les petites églises romanes qui peuplent la Saintonge. Je me suis d'ailleurs fait un objectif personnel de toutes les connaître et de les photographier.
Lorsqu'aux beaux jours le soleil fait régner une chaleur entêtante, j'aime à pénétrer à l'intérieur de ces petits asiles tranquilles. Alentour, tout n'est que silence. C'est à peine si par la porte entrouverte on entend le chant des oiseaux, le crissement opiniâtre des grillons, et quelques bruits familiers mais lointains venant du village ou des champs. Et par les fenêtre et les vitraux, la lumière tombe droite comme l'espérance des âmes simples. Une sereine tranquillité règne.
Pendant ces instants assez éphémères, des foules de pensées traversent ma tête. Je me sens comme si j'étais hors du temps, confronté aux mystères du Monde, au souvenir de ceux qui sont disparus, et au bout du compte à moi même, là en somme, où ni le hasard ni la nécessité semblent n'avoir de sens...
Les églises que je préfère sont les plus petites. Leur humilité les tient à l'écart des trop éclatantes manifestations de dévotion et des vaines célébrations de la comédie humaine. Outre le charme de leur architecture, elles sont l'expression d'une foi rustique et véhiculent une émotion inusable. Que seraient les paysages, que serait l'univers quotidien des hommes sans ces repères discrets et bienveillants qui rappellent le passé tout en éclairant l'avenir ?
Les noms sont à eux seuls une poésie : Aulnay, Ecoyeux, Cherminiac, Corme l'Ecluse, Fontcouverte, Saint Georges des Cloteaux, Retaud, Sainte Gemme, Saint Vaize, Thaims, Villars des Bois...
A Talmont, l'église juchée à flanc de falaise surplombe l'estuaire de la Gironde et fait face au vignoble du Médoc, à Saint-Sauvant il faut gravir une colline qui semble monter au ciel, et emprunter la rue du Paradis, pour atteindre le monument, et de là, dominer la vallée... du Coran !
Détail délicieux enfin, ce sont les myriades de modillons placés sous les corniches comme pour les soutenir et qui narguent le Malin, mais aussi désarment tout sentiment de sérieux ou de vanité que pourrait nourrir celui qui s'apprête à entrer. L'imagination et la liberté d'expression manifestée par les artisans qui au cours des siècles ont illustré ces édifices, ne laissent pas de surprendre. Avec naïveté et humour ces petites figures disent les peurs et les joies. Tantôt des visages grimaçants, tantôt des silhouettes séraphiques, alternent avec un bestiaire fantasmagorique.
Avec à l'esprit ces êtres facétieux, avec ces petits monuments pleins de grâce dédiés à l'Indicible, ces clochers modestes, et ces délicates archivoltes arc-boutées sur les piliers d'une exquise sagesse, je me glisse en douceur et sur la pointe des pieds, le long des derniers jours de l'année... En espérant que ces témoins ancestraux auxquels tant de gens de bonne volonté ont apporté avec le cœur une petite pierre, accompagnent encore longtemps leurs descendants et les aident à surmonter les aléas de la vie et à affronter l'inconnu terrible du destin.
J'ai moi aussi un faible pour les églises romanes et particulièrement pour leurs sculptures...Je vais même régulièrement à Dinan et ne me lasse pas de prendre des photos des chapiteaux de l'église St Sauveur...On y rencontre toutes sortes d'animaux, chameaux, serpents, lions, ignorés la plupart du temps des visiteurs...(Le premier batisseur a construit cette église en rentrant de croisade au XIIeme siècle, suite à un voeu...Mais je suppose que vous êtes au courant !!
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