29 janvier 2010

Choses vues...


Dans le tumulte de l'actualité :
On reparle des colonnes de Buren.
Alerté par les cris d'orfraie de celui qui en est l'auteur et qui exige qu'on apporte à ses œuvres le même soin qu'à celles de Michel Ange, le ministre de la Culture vient d'ordonner leur restauration intégrale. Près de 6 millions d'euros seront donc nécessaires pour ravaler ces appendices douteux, érigés prétentieusement sur 3000 m2, dans la cour d'honneur du Palais Royal. Un vrai scandale, et une nouvelle offense au bon goût commise avec l'argent des contribuables, par les satrapes de l'Etat. Qui est choqué par ces gabegies financières ?
Dans le brillant mais vain salon médiatique animé par Laurent Ruquier le samedi soir sur France 2 (23/01/10), la ministre des universités, madame Pécresse est interrogée au sujet des méfaits de la pollution. Après avoir révélé que son fils avait été victime d'une bronchiolite qu'elle rapporte sans l'ombre d'un doute aux pestilences urbaines, elle déclare tout de go, que « parfois elle a envie de crever les pneus des 4x4 » ! Bel exemple d'irresponsabilité, pourtant impensable à ce niveau. Comment faire comprendre le sens civique au peuple lorsque les ministres eux-mêmes étalent avec délectation leurs propres fantasmes délictueux. Les propriétaires de véhicules à transmission intégrale ont dû apprécier. Non seulement ils n'enfreignent aucune loi, non seulement leur responsabilité dans la survenue de bronchiolites est plus qu'aléatoire, mais quand bien même le seraient-ils, qu'ils pourraient quand même être estomaqués d'entendre un ministre songer publiquement à se faire justice soi-même...
Lundi 25 janvier, Nicolas Sarkozy sur le plateau de TF1, fait face à un panel d'une dizaine de personnes « représentatives de la société française » (11 exactement). Ou plutôt devrait-on dire des malheurs de la société française. Le Président de la République s'en sort plutôt bien. Sans doute parce qu'il a préparé minutieusement son intervention, sans doute aussi grâce à sa grande habileté à déjouer les pièges de cette prestation d'un genre nouveau. Il fait profil bas, exprime la vigueur et la sincérité de ses convictions, en même temps que son empathie pour les infortunes de ses interlocuteurs, qu'il appelle presque affectueusement par leur prénom.
Pourtant, un fait demeure : même si cette discussion à bâtons rompus passe sans véritable heurt, même si elle a le mérite de s'attaquer aux problèmes quotidiens de nombre de Français, elle n'apporte pas grand chose qu'on ne sache déjà. Surtout elle reste sur le fond très classique; à savoir, un catalogue de lamentations et de récriminations tous azimuts, auxquelles le Chef de l'Etat est tenu d'apporter à chaque fois une réponse précise et définitive. Comme s'il avait le pouvoir d'un coup de baguette, de rendre à tous ces gens le sourire, la joie de vivre et l'espérance, qui semble si tragiquement leur manquer. Autrefois, le Roi pouvait guérir les écrouelles d'une simple imposition de mains. La République moderne a renouvelé le genre mais pas l'esprit. Le Roi avait en lui une parcelle du pouvoir divin, le Président est supposé incarner le pouvoir « absolu, détaillé, régulier prévoyant et doux » de l'Etat-Providence...

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