C'est un fait, l'été n'est pas vraiment beau. Les experts, qui trop souvent voudraient plier la réalité du monde à leurs fantasmes, nous l'avaient pourtant annoncé caniculaire et particulièrement sec.
Résultat, les températures sont vraiment fraîches et le soleil bien timide. Il pleut souvent, et rarement on aura vu la campagne aussi verte en plein mois d'août ! En Charente Maritime notamment, ou la période estivale transforme habituellement l'herbe en aride paillasson, les prairies sont grasses et denses et on sent la terre imprégnée d'humidité. A quelque chose malheur est bon, l'année s'avère faste pour les champignons. Quelques journées ensoleillées alternant avec de fréquentes ondées ont fait sortir dans les bois des myriades de ces curieux végétaux chapeautés.
A défaut de pouvoir aller à la plage, des bataillons d'amateurs en goguette ont investi le moindre bosquet, à la recherche des rois du genre: les cèpes.
Très gourmet en la matière, mais peu intéressé par la cueillette, j'ai cédé à cet engouement qui a pourtant dit la Presse, causé pas mal d'intoxications et fourni une clientèle imprévue aux hôpitaux...
Émoustillés par l'abondante récolte de voisins aguerris, qui fort aimablement nous ont permis d'y goûter, et déniaisés par leurs explications rassurantes, nous nous sommes peu à peu enhardis à aller nous mêmes en quête de ces excellents comestibles.
Il est assez aisé de différencier les bolets, dont les cèpes font partie, de tous les autres champignons. Un simple coup d'oeil sous le chapeau permet de distinguer deux grands types de structure : l'une est faite de tubes verticaux qui donnent un aspect spongieux à la chair, l'autre est composée de lamelles radiées.
Dans le premier cas, il ne peut s'agir que de bolets, dont aucune variété n'est vraiment dangereuse. Tout au plus immangeable lorsqu'il s'agit de bolets amers, ou bien responsable de troubles gastro-intestinaux passagers lorsqu'il s'agit du fameux bolet de Satan. Aspect, couleur, odeur et bleuissement au contact permettent en théorie de faire la différence entre le bon grain et l'ivraie, mais ce n'est pas chose aisée, surtout si le suspect a déjà un peu vécu. Tout se confond plus ou moins dans un brunissement général et une vague odeur de tourbe. Par prudence, nous écartons les trop vieux individus surtout lorsque nous y distinguons des teintes rouges ou rosées, une odeur peu plaisante et un virage sombre de la chair à la pression du doigt.
Restent normalement les bons cèpes dont le paradigme le plus recherché est celui dit "de Bordeaux" : couvercle arrondi d'un beau brun régulier, chair serrée, ferme et bien blanche, parfum délicat de sous-bois. Dans la poêle, avec un peu d'ail, ils donnent des fricassées savoureuses dont on ne lasse pas, surtout si on les accompagne d'une bonne viande et d'un vin un peu capiteux...
Les promenades en forêts sont donc un recours assez excitant lorsque la météo reste maussade. Attention toutefois. Les champignons vénéneux ne constituent pas le seul danger de ces asiles ombragés. Non pas qu'il faille craindre quelque bête agressive. Sangliers, biches et gibiers de toutes sortes ont tôt fait de fuir à l'approche des bipèdes fouineurs que nous sommes. Tout au plus rencontre-t-on d'inoffensives araignées dans les toiles desquelles la tête a une fâcheuse tendance à s'emberlificoter.
Il faut compter en revanche avec les branches pointues dont sont hérissés les taillis. Avec les piquants des aubépines et ceux des ronces, ils écorchent les imprudents court vêtus et risquent de blesser douloureusement les yeux non protégés par des lunettes.
Ah si, j'oubliais, de microscopiques ennemis menacent réellement les promeneurs. Il s'agit des tiques qui ont la curieuse habitude de se laisser tomber des feuillus et de s'accrocher à toute peau rencontrée durant leur chute. C'est à peine si l'on prête attention à ces parasites minuscules qui vous piquent à la manière de moustiques et qu'on prend facilement pour une croûte de grattage au centre d'une éruption prurigineuse. A bien y regarder ce petit point noir de la taille d'une tête d'épingle constitue une excroissance mobile sur le point de se détacher mais qui ne s'en va jamais...
Le problème est que cet animalcule tenace, en plus des démangeaisons qu'il provoque en vous suçant le sang, est capable d'injecter une bactérie assez malfaisante répondant au nom barbare de Borrelia Burgdorferi. Celle-ci est responsable de symptômes variés allant du simple syndrome grippal à la méningo-radiculite (heureusement sensible en général aux antibiotiques) !
De retour de notre dernière promenade, je m'en suis trouvé deux que je n'ai réussi à identifier qu'en les prenant en macro photo après les avoir extirpées à l'aide d'une pince à épiler. Je n'ai plus qu'à espérer que celles-ci étaient saines sans quoi je suis bon pour la maladie de Lyme. . .
Les tiques!! Une vraie galère lorsque j'habitais au Maroc...
RépondreSupprimerIl fallait toujours se contrôler les uns les autres au retour de la cueillette des narcisses dans les bois !!
Les chiens errants étaient couverts de tiques, un cauchemar ...
Je ne me rappelle pas avoir connu cela lorsque j'allais -enfant- en forêt de Compiègne, je pensais que c'était réservé aux pays chauds !!