12 décembre 2011

L'Europe dans la tempête


Que de circonlocutions, que de manœuvres dilatoires, que de vœux pieux dans les résolutions qui émanent des sommets à répétition au chevet de l'Europe !
Le dernier en date promet un nouveau train de mesures visant à restaurer la confiance et à renforcer la cohérence budgétaire de l'Union. Mais malgré les évidentes bonnes volontés, et la détermination affichée, les contours des résolutions restent toujours des plus flous.
On est encore bien loin d'une vraie logique fédérale sans laquelle il paraît illusoire d'espérer enfin une véritable cohésion. Bon nombre d'états "souverains" doivent présenter les nouvelles dispositions à leur parlement. Et en dehors des incantations à la fameuse règle d'or, il est bien difficile en lisant la presse, de savoir concrètement de quelle nature sont les avancées du nouvel "accord inter-gouvernemental", dont on ne voit pas très bien en définitive, s'il amende, complète, ou invalide le traité de Lisbonne. En tout état de cause, on est encore loin d'un gouvernement européen, et encore plus d'une Nation Européenne avec un vrai dessein commun et une ambition partagée...
Dans ce capharnaüm, on ne peut que rester sceptique sur les missions et prérogatives conférées à la BCE, et on imagine mal par quel biais elle pourrait trouver de nouvelles ressources pour colmater les déficits monstrueux que beaucoup de pays, dont la France, continuent de faire. On ne comprend pas mieux l'intérêt des allers et retours de centaines de milliards d'euros – virtuels – entre l'Europe, le FMI, puis à nouveau l'Europe...
Bref, cette dernière s'effrite de plus en plus, l'euro est de plus en plus fragilisé, et malgré le duo solide que paraît constituer l'Allemagne et la France, les dérapages continuent.
Le nouvel accord instaure des "sanctions automatiques" applicables aux pays qui laisseraient filer leur déficit au delà de 3% du PIB. Mais sans dire quand elles seront susceptibles d'entrer en vigueur ni de quelle manière. D'ailleurs à peine revenu de Bruxelles, le président français a annoncé que chez lui, la règle d'or attendra l'élection présidentielle... Heureusement, puisque le déficit sera au mieux de 5% du PIB en 2011 et probablement encore supérieur à 4% en 2012 ! Ces chiffres ne donnent pas vraiment la mesure de la dérive. Rien que pour cette année, 100 milliards d'euros de déficit, c'est 33% des dépenses publiques qui ne sont pas financées...
Comment accorder dans ce contexte, quelque crédit à la parole donnée ? Il y aurait de toute façon beaucoup à dire sur ce carcan réglementaire, qui faisait déjà partie du traité de Maastricht et qui n'a pas vraiment été respecté. En l'occurrence, si une situation déficitaire prolongée est une calamité, son encadrement rigide peut s'avérer inutilement contraignant en période d'investissements, et nettement insuffisant en période de grand endettement. Pour l'heure, ce n'est pas 3%, mais 0% de déficit qu'il faudrait atteindre au plus vite. Encore resterait-il le fameux service de la dette, à savoir les intérêts des emprunts contractés. Chacun peut comprendre la gravité d'une situation qui contraint à emprunter pour rembourser les intérêts de prêts en cours !
Mais pour s'en extraire, il faudrait proposer de sévères mesures d'économie, ce qui est pour le moins délicat en période préélectorale. D'autant que pas un homme politique ne semble disposé à changer les credo idéologiques sur lesquels repose notre modèle en perdition. Si Nicolas Sarkozy paraît sur le sujet assez timoré, aucun de ses adversaires politiques ne risque de lui faire de l'ombre tant ils se cantonnent tous à des pis-aller démagogiques ou à des balivernes rétrogrades...

Illustration : Claude Joseph Vernet. tempête et épaves (détail)

7 commentaires:

  1. Bonjour,

    En lisant votre brillante analyse sur ce bouleversement économique et délétère à long terme pour le commun des mortels, je pense qu'il ne reste plus que dans le meilleur des cas, d'aller vivre sur une île déserte loin des politicards nauséabonds de notre pays (quoique à l'étranger, ce n'est guère plus convaincant).

    Pessimisme quand tu nous tiens...

    Vive la schizophrénie !

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  2. Tout va très bien madame la marquise !
    D’abord, le fait d’être pessimiste est un très bon signe : celui d’une lucidité retrouvée. Car effectivement notre pays traverse une grave crise et le bon diagnostic est une étape nécessaire à sa guérison. L’oligarchie trouve, en effet, que tout va très bien pour elle : les profits augmentent, l’OTAN fait régner sa démocratie à coups de bombes, la «gouvernance mondiale » progresse.
    Mais nous, français de souche, nous voyons désormais autre chose: l’islamisation, l’africanisation de la France, le chômage, la dégradation de l’enseignement et de la culture, la montée de l’insécurité et de la violence, l’impuissance des gouvernements à maîtriser l’économie mondiale, les juges partiaux et la réduction de nos libertés.
    Votre oligarchie du bonheur béat nous a diabolisés. Demandez si ceux que l’on nomme dans les médias les « populistes », « l’extrême droite » n’auraient peut être pas de bonnes raisons.
    Les Pessimistes, ils sont de plus en plus nombreux. Tous les sondages le montrent. Cela signifie que le pessimisme devient en réalité une force politique montante et sur votre visage pessimiste mais maquillé se lit déjà l’ombre de la panique.

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  3. Tippel,

    Merci pour toutes ces précisions...

    Vive la France (et vive l'Europe !)


    A.S

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  4. Tippel,

    Merci pour toutes ces précisions...

    Vive la France (et vive l'Europe !)


    A.S

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  5. A Alexandre Stojkovic : vous ne pensez pas si bien dire. L'envie d'aller sur une île bien loin me démange...
    A Tippel : d'accord avec une bonne partie de votre pessimisme. Un peu moins sans doute sur l'OTAN, mais l'Histoire tranchera comme on dit.
    Je n'ai pas bien compris à quoi vous faisiez allusion en parlant de "votre oligarchie du bonheur béat..." Et en l'occurrence, qui a diabolisé qui ?

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  6. Cher Ami, Ce petit papier que j'ai écrit ne s'adresse pas à vous, mais à Alexandre Stojkovic, qui fait parti d'une oligarchie au bonheur béat et considère votre billet de pessimiste. Amicalement

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  7. mariec256@hotmail.com11:36 PM

    Plutôt noyée que pessimiste...Dépassée, mais complètement dépassée, je ne sais même plus quoi penser de cette Europe...Il me semble que nous avons trop élargi à des pays trop différents économiquement. Et pour commencer, je ne vois pas comment on peut concilier les intérêts de pays où le smic est à 150/200 euros avec des pays ou le smic est à 1200 euros...Mais je ne suis pas versée en économie...
    Parler d'africanisation, islamisation, comme votre ami Alexandre...Bof, c'est facile...De toute façon dans ce domaine, tous les pays de la zone euro sont à égalité !!

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