22 décembre 2011

No expectations


A quelques mois de l'élection présidentielle, la valse des sondages, le ballet des candidatures, a de quoi interroger. Face à l'ampleur de la crise qui aspire peu à peu en le fragmentant, le fragile et baroque édifice européen, le spectacle qui est donné s'apparente à une sorte de farce rococo dont l'outrance et la poudre farderaient la vanité.
Malheureusement c'est infiniment plus tragique que comique.

Des enquêtes d'opinion, il n'y a pas grand chose à dire. Il est évident que la situation tangue tellement que tout peut être revu du jour au lendemain.
Mais des projets de tous les prétendants, c'est la vacuité qui frappe, car elle atteint une profondeur vertigineuse.
Passons sur les misérables pantomimes égo-centrées de M. Villepin, Morin, Bayrou et consorts. Le numéro a déjà été fait un peu trop souvent pour embabouiner, ni même émouvoir. D'une manière générale, la multiplication indécente des candidats auto-déclarés est à l'image de l'effritement des perspectives.
Quant au ramassis informe qui avance dans un désordre indescriptible derrière les étendards fripés d'une Gauche plus ringarde et prétentieuse que jamais, il vaut en revanche son pesant de cacahuètes. Je ne sais si le pays se laissera aller une fois encore, par dépit, à choisir cette voie plus qu'hasardeuse, mais il y a des moments où en viendrait presque à se désintéresser de la question tant devient fort le sentiment que l'époque a perdu tout bon sens, et tant le caractère irrémédiable de la déchéance s'impose avec fatalité.

A commencer par les dérives innombrables dans lesquelles semblent patouiller avec délectation les hordes bruyantes de sycophantes bavant la générosité, l'égalité, la solidarité. Il faudrait être bien myope ou inconséquent pour se risquer à leur confier sous peu tous les leviers de commande (ce dont eux-mêmes ne devraient pas vouloir, tant ils se prétendent sourcilleux sur l'équilibre des pouvoirs).
La dérive idéologique est naturellement la plus grave. Ces chantres du socialisme "à visage humain", tous peu ou prou passés sur les fonds baptismaux du marxiste-léninisme, ont quelque peu édulcoré leur propos. Des refrains révolutionnaires du passé, ils n'ont retenu que celui de "la justice sociale" et de la "taxation des riches". Ils se raccrochent de manière pathétique à ces lubies comme des naufragés à des débris dérisoires. Espèrent-ils vraiment "ré-enchanter le monde" avec ces ersatz faisandés de la lutte des Classes, alors que moins de 20% des ouvriers désormais jugent utile de voter pour eux ?
Malgré les dénégations, les vieux idéaux tombent un à un en lambeaux. Déstabilisés par d'autres populismes plus percutants, certains tentent bien de mêler à leur potion rance des ingrédients nouveaux mais ils ne parviennent ainsi qu'à concevoir une sorte de resucée nauséabonde de National Socialisme... Protectionnisme, dé-mondialisation, souverainisme, autant de calamiteux miroirs aux alouettes...

S'il n'y avait que l'absence d'idée ce serait déjà pitoyable, mais hélas, où qu'on tourne son regard ce n'est que marigot.
On a vu les dérives morales, certes pas nouvelles, mais si longtemps tues, qui caractérisent ces infatigables donneurs de leçons de vertu, qui ont paraît-il "le cœur à gauche". Malchanceux nigauds qui espèrent encore en eux ! Leur candidat putatif, si emblématique, si "intelligent", si "gagnant d'avance", s'est abîmé définitivement dans le stupre. Les "amis" ont bien tenté de minimiser la débauche, où même de la dissimuler derrière une histoire grotesque de complot, mais maintenant que l'abcès s'est répandu au grand jour, chacun préfère s'écarter discrètement des remugles asphyxiants.

Les dérives mafieuses sont quant à elles devenues si courantes que même au sein "du Parti", certains les dénoncent désormais ouvertement, préférant sans doute risquer de discréditer tout le clan pour préserver leur propre avenir. Même si les Saint-Just ont un petit air d'opérette, on comprend qu'il y a sans doute du grain à moudre... Et que les pestilences débordent largement le cadre du seul PS ! On fait grand bruit et assommant rabâchage sur les affaires impliquant la Droite, mais chaque jour voit son lot de poursuites judiciaires maculer ce qui reste de la parure emblématique de Gauche "progressiste".
Si nombre de politiciens apparaissent englués dans les scandales, dès qu'on lève un peu le voile sur les syndicats, mangeant tous ou quasi au râtelier du socialisme, on est pris de hauts-le-cœur. Mais que le bon peuple se rassure. A peine le couvercle de la marmite s'entrouvre par le biais d'un rapport, qu'il faut par correction politique, le refermer bien vite. La soi-disant "paix sociale" a un prix. Ainsi nous n'aurons qu'entrevu les ripailles, les bombances, les orgies, et la vie de château des satrapes censés représenter les "travailleurs". Il est vrai qu'avec 4 milliards d'euros redistribués par une législation prodigue et attentionnée, ils ont de quoi combler le manque à gagner dû à une piteuse emprise, atteignant à peine 8% des salariés !
Et comme pour détourner l'attention, ils profitent de manière jubilatoire de la période des vacances, pour paralyser le pays autant que leur pouvoir de nuisance – qu'ils appellent "Service Public" – le permet encore...

Au sein de ces turpitudes en tous genres, les dérives magouilleuses ne sont pas en reste. Passons sur le cumul des mandats contre lequel on ne compte d'adversaires que parmi ceux qui ne parviennent pas à se faire élire plusieurs fois ! Le scandale est dans toutes ces compromissions, tous ces marchandages politiciens, ces parachutages qui s'étalent au grand jour, sans vergogne. Ces alliances de circonstance, ces accords vite torchés, sacrifiant par exemple du jour au lendemain, pour quelques soutiens écolos, tout le programme énergétique du pays ! Ces lâchetés démagogiques, ces rodomontades inconséquentes, à propos des mirobolantes promesses de recrutements dans la fonction publique, du retour à la retraite à 60 ans, de la renégociation des traités européens, et pourquoi pas des 32 heures écologiques...
Il faudrait évoquer les accusations malséantes à propos du déficit causé selon eux par la politique de Nicolas Sarkozy. Malgré tout le mal qu'on peut penser de ce dernier, sans doute faut-il le considérer comme plutôt modeste eu égard à celui qu'auraient occasionné les Socialistes qui préconisaient un plan de relance encore plus gigantesque que celui du gouvernement actuel (et qui même en période de croissance parvenaient à creuser les déficits et faire enfler la dette).
Il faudrait encore évoquer la polémique insane relative au droit de vote des étrangers "qui paient des impôts", totalement hors de propos, remise sur le devant de la scène par des Socialistes en mal d'inspiration et d'opposition. Ou l'initiative encore plus ubuesque et anachronique, consistant à légiférer sur le génocide arménien ! Et pourquoi pas sur la Corée du Nord, tiens donc ?

Tout cela donne la mesure de l'absence de vision politique régnant en notre vieux pays. D'autant que dans les rangs de la majorité ce n'est guère plus brillant.
On a vu le président de la république, au motif de la crise, manger son chapeau sur la quasi totalité des réformes les plus emblématiques de son mandat, tandis que les autres sont restées le plus souvent inabouties voire contradictoires entre elles. Face à la débâcle, le discours se veut ferme dans la forme mais reste erratique sur le fond, sacrifiant trop souvent le pays aux postulats d'une religion aussi bien intentionnée qu'elle est peu pragmatique.
C'est peu de dire qu'on est mal barrés...

6 commentaires:

  1. Bonjour Pierre,

    Concernant The Thin Red Line, je viens de trouver des documents au sujet de la genèse du film, qui devrait vous convaincre, la publication paraîtra rapidement sur mon blog...

    PS: Je me demande où vous trouvez l'inspiration pour chroniquer de telles exégèses.


    Bonne journée.

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  2. Bravo pour votre analyse très documentée du film de Malick. J'ai appris pas mal de chose sur les circonstances dans lesquelles fut réalisé ce long métrage fascinant.
    Avec les nombreuses et belles illustrations que vous avez dénichées, votre blog pourrait devenir une vraie encyclopédie du cinéma.
    Un peu surpris par le sujet suivant dont je comprends pour le coup (!) la brièveté du commentaire. Ici les images priment assurément...
    Quant à moi, je me creuse inlassablement les méninges. De temps en temps j'ai l'impression qu'il en sort quelque chose qui vaut la peine. A d'autres moments, je désespère... le fait de savoir que j'ai quelques lecteurs me soutient grandement le moral, en même temps qu'il m'oblige à continuer !
    Bonnes fêtes et merci de vos commentaires.

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  3. Anonyme8:16 PM

    ok avec ton analyse évidemment. surpris de voir dans la liste de tes films préférés "in the Mood For love", le "Tu-veux-ou-tu-veux-pas" asiatique, réalisé sou Kalinox et Prozac... çà m'a copieusement fait rire ce gentil naveton.Faudra qu'on en discute. Bonsoir mon ami Pierre.Ramone

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  4. Ramone n'a pas l'air d'être très cinéphile, visiblement...

    Tous les goûts sont dans la nature.

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  5. Disons que Ramone préfère le cinéma qui bouge. Et In the mood for love c'est pas vraiment le style... En musique c'est pareil, il préfère Black Sabbath à Grateful Dead et David Bowie à Bob Dylan, ou encore les Choeurs de l'Armée Rouge aux sonates pour piano de Mozart (LOL...)

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  6. OK, comme je dis souvent, l'un n'empêche pas l'autre..
    J'aime pour ma part autant des films comme "Requiem for a dream" que "Dead Man" de Jim Jarmusch.

    Concernant, la musique, je passe notamment de Rachmaninov à Nirvana, en passant de Radiohead à Frank Sinatra !

    LOL : Vous utilisez le langue d'jeuns Pierre ?!
    Etant moi-même encore dans la bonne moyenne, je n'utilise déjà plus ce type de langage...

    PS : J'ai modifié mon commentaire sur Nietzsche.

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