14 septembre 2012

Montée des périls

Les événements violents qui embrasent le Proche-Orient pourraient bien constituer le révélateur d'une grave faiblesse du contre-pouvoir légitime et nécessaire de la Communauté Internationale.
L'ONU est aux abonnés absents. Rarement son inutilité n'a été aussi manifeste. Si la démission au cours de l'été de Kofi Annan, l'envoyé spécial conjoint pour la Syrie est un symptôme en apparence banal de cette navrante impuissance, les raisons invoquées par le secrétaire général de l'Organisation ne laissent pas d'inquiéter : il a en effet qualifié à cette occasion, « les divisions persistantes au sein du Conseil de Sécurité, d'obstacle à la diplomatie ».
On ne saurait mieux rendre compte de la faillite désespérante d'un système...
L'attitude de la Chine et de la Russie explique certes une partie de l'inertie, mais elle n'empêcha pas des actions par le passé, et tout porte à croire que l'opposition « de principe » pourrait être contournée si le reste du monde était suffisamment déterminé. Mais de détermination, il n'y a point, tant ces nations manquent de dessein commun.

L'Europe, qui peine à réunir ses forces décaties pour surmonter la crise économique, est bien loin de représenter un ensemble cohérent sur la scène internationale. On se souvient que disposant de 2 sièges au Conseil de Sécurité, elle trouva le moyen en 2003, d'émettre deux avis contradictoires lors du problème irakien... La France qui par les initiatives de son leader dynamique s'efforçait d'apporter un peu de punch à cette communauté hétéroclite, a décidé un jour de pluie de mai 2012, de s'arrêter au bord de la route pour contempler le paysage...

Mais plus grave encore que tout cela, est l'apparente léthargie américaine.
Si la politique du président américain n'est - même pour ses fans - guère convaincante dans son aspect « domestique », son versant tourné sur l'extérieur semble tout simplement inexistant.
Hormis l'élimination de Ben Laden, dont pouvait penser qu'elle couronna des efforts entrepris bien avant son accession au pouvoir, aucun fait marquant n'est à porter à son crédit. La démilitarisation de l'Afghanistan dont il avait fait un argument de campagne, s'avère assez désastreuse. Plus lente que promis, elle n'en donne pas moins l'impression d'ouvrir progressivement un boulevard aux extrémistes. L'Iran dont on parle assez peu par les temps qui courent, représente un péril plus que jamais imminent. Or ni dans les actes, ni même dans les discours dont il est pourtant friand, le président américain n'a tenté grand chose pour enrayer l'implacable montée de la menace.

Face à tous les foyers qui s'allument un peu partout, L'Amérique paraît en panne. Elle fut absente des révolutions dont elle avait tout lieu d'espérer une tournure avantageuse pour la démocratie. De nouveaux chaudrons propices à l'éclosion du terrorisme et de l'intolérance sont en ébullition un peu partout. Or ni au Mali, ni en Libye, ni en Syrie, les Etats-Unis ne font preuve d'une réelle détermination, ni même d'un quelconque intérêt. Bilan affligeant, comme on pouvait le craindre, en dépit de son attitude lénifiante, voire complaisante, Barack Obama n'a en rien diminué la haine anti-américaine des foules fanatisées.
Tout se passe comme si la flamme de la liberté venue de l'Ouest était en voie d'extinction.
Or, lorsque l'Amérique s'éteint, le destin du monde s'assombrit...
Elle vient d'être frappée durement par l'ignoble attentat de Benghazi, qui a coûté la vie à l'ambassadeur et à une partie de son équipe. En la circonstance, la montée en épingle par les médias, d'un bout de film parodique sur Mahomet, est vraiment grotesque. Comme si des musulmans dignes de ce nom pouvaient justifier des crimes aussi ignobles et un tel déchaînement de malveillance par un pamphlet aussi dérisoire ! A l'heure où en Occident, on range au niveau de l'art la photo d'un crucifix plongé dans l'urine, le contraste est saisissant en même temps qu'effrayant.

Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour faire le constat que la montée des violences vient de loin, et que, même si elle ne répond qu'aux menées d'une minorité de gens, ceux-ci sont diablement bien organisés. Sans police, ce désordre a toutes les chances de croître.
Y aura-t-il un sursaut ? That is the question...

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