23 octobre 2012

Le gouvernement s'amuse


A défaut d'efficacité, on peut reconnaître au gouvernement un certain sens de l'humour. Assez spécial, il est vrai, car il cultive la contradiction et le paradoxe à tel point, qu'on serait tenté de penser qu'il relève davantage de l'acte manqué que de l'esprit d'à propos...
A tout seigneur, tout honneur, rendons hommage à François Hollande qui déclarait il y a quelques jours que nous étions "tout près de la sortie crise". Au moment même où le FMI revoyait à la baisse ses prévisions de croissance, au moment où les plans sociaux se multiplient dans le pays, et où l'horizon européen n'a jamais été aussi sombre, il fallait quand même oser ! A moins que le chef de l'Etat n'ait à l'esprit, une acception très particulière de la "sortie". Un peu dans la lignée de cet inénarrable leader qui se vantait : "l'an dernier nous étions au bord gouffre mais depuis, nous avons fait grand pas en avant..."

Juste après cette aimable diversion dans la morosité, vient l'initiative désopilante du ministre du Redressement Productif Arnaud Montebourg, consistant à poser en couverture du Parisien Magazine, sur fond tricolore, affublé d'une marinière, et une cafetière électrique à la main, pour faire de "la réclame" aux produits made in France.
Faut-il qu'il soit démuni ou bien totalement largué pour en être réduit à recourir à des subterfuges aussi clownesques.
Evidemment, il avait bien prévenu qu'il tenterait tout pour relancer l'industrie française. Probablement pense-t-il qu’au point où nous sommes rendus, le risque de se couvrir encore un peu plus de ridicule ne doit pas arrêter l’élan...

Pendant ce temps Vincent Peillon, ci-devant ministre de l'éducation Nationale, en profitait pour réintroduire avec un sérieux à la Buster Keaton, le débat sur la dépénalisation du cannabis, en insistant même sur le retard pris par notre pays par rapport à nombre d’autres.
Là aussi, il fallait être culotté ou inconséquent pour remettre sur le tapis une question écartée une première fois par François Hollande pendant la campagne présidentielle, et une seconde par le premier ministre, quelque semaines à peine après l’installation du gouvernement, en réponse à une brillante initiative de Cécile Duflot.
Le trait est d’autant plus saillant que le même Peillon, revendiquait il y a peu un retour de la morale dans les écoles ! Lui qui n'avait pas de mots assez durs pour fustiger la manière dont Nicolas Sarkozy avait "cassé" l'éducation, se disait donc prêt à laisser libre cours aux dépravations haschischines dans les collèges et les Lycées, sans toucher au fructueux commerce des dealers aux portes des mêmes établissements, puisqu’il n’évoquait qu’une simple dépénalisation ! Sans doute n’a t-il pas encore bien pris la mesure du public dont il a la charge.
Cette bourde monumentale fut soulignée par l’incroyable micmac agitant le microcosme politique parisien avec la mise en cause d’une élue écologiste dans un vaste réseau de blanchiment de l'argent de la drogue (et de commerce de sex toys au goût nature…)
Enfin, comme si cela ne suffisait pas, c’est Marisol Touraine la sémillante mais légèrement évaporée ministre de la santé, qui crut opportun d'annoncer l’ouverture de « salles de shoot », promettant d’être aux toxicomanes en goguette, ce que les salons de thé sont aux rombières inoccupées.

Ces perles sont tellement peaufinées que d’autres semblent presque fades, à côté. La récente fanfaronnade d’Aurélie Filippetti à l’encontre du géant Google vaut pourtant son pesant de cacahuètes. Elle s’offusque du fait que GOOGLE menace tout simplement de boycotter les médias français en riposte aux taxes que le gouvernement décidément expert en la matière, propose d’imposer aux moteurs de recherches pour protéger le monde de l’édition. Fière comme un petit cheval de bois elle a affirmé haut et fort que « Ce n'est pas avec des menaces qu'on traite avec un gouvernement démocratiquement élu ». Elle n’oublie qu’une chose : Google n’est pas un de ces contribuables captifs en forme de poires qu’il est si facile de pressurer pour en sortir le délicieux jus fiscal dont le socialisme nourrit ses bourrelets généreux… Google est libre, lui. Il peut référencer qui il veut après tout…
On pourrait ajouter à ce catalogue ébouriffant les reculades de Manuel Valls qui sous les caméras avance menton en avant et sourcils froncés, et qui dans son bureau s'affale dans le laxisme et décide un beau matin, d’assouplir les règles d’acquisition de la nationalité française, "surtout pour les salariés précaires et les étudiants". Nul doute que ce mouvement de tango loufoque plaira à ceux qui auraient pu avoir l’idée saugrenue de tenter d’enrayer la progression des dépenses sociales…
Enfin, pour terminer et revenir au point de départ, qu’il soit permis de rendre hommage au comique de mots que François Hollande a su manier avec tant de dextérité à propos du Traité Budgétaire Européen et de la Règle d’Or, si décriés hier, et plébiscités aujourd’hui. Le contraste est en effet saisissant entre les belles envolées martiales d’avant l’élection, et les circonlocutions visqueuses avec lesquelles lui et ses disciples tentent de faire passer la pilule auprès d’un électorat passablement floué, pour ne pas dire autre chose…
Il y a des jours, où l’on voudrait être petite souris, pour avoir le bonheur d’assister aux rencontres du Chef de l’Etat et de madame Merkel…

4 commentaires:

  1. Ce qui est le plus effarant dans tout ça c'est qu'autant Louis Gallois que de nombreux économistes "de gauche" tel Jean Artus, préconisent une réforme rapide des charges pesant sur le travail et autres pistes précédemment évoquées par l'opposition auxquelles l'actuelle majorité ne peut se résoudre simplement au nom de l'idéologie.
    Là il ne s'agit plus de convictions, mais d'oeillères. Tout s'écroule autour mais on continue à foncer espérant trouver un échappatoire.

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  2. Le gouvernement s'est effectivement enferré dans une impasse idéologique. Il ne peut en sortir qu'en renonçant à ses principes. Mais le point de non retour est malheureusement atteint (un seul exemple : comment annuler la désastreuse déferlante fiscale ?).
    S'il veut faire preuve d'un peu d'efficacité, il ne reste qu'une alternative simple à Hollande : démissionner ou dissoudre l'assemblée...

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  3. Anonyme8:05 AM

    j'ai toujours pris Arnaud de M pour un véritable imbécile. Et "l'ennui avec les cons c'est qu'ils osent tout... c'est même à çà qu'on les reconnait " "les Tontons Flingueurs". Ramone

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  4. Galahad2:27 AM

    BdV :
    Jean Artus ? Ou Patrick ?
    Par ailleurs, la "baisse des charges pesant sur le travail" (au détriment, on suppose, de celles pesant sur le capital ?), c'est pas mieux que ce que proposent les socialistes. C'est la baisse des impôts (tous...) et des dépenses publiques, dont on a besoin.

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