Sans doute vaut-il mieux rire de ce concert de réactions pour le moins cocasses si ce n’est parfois franchement stupides qui font suite à l’élection de Donald Trump.
Dans ce feu d’artifice tous azimuts, on voit de tout...
Dans ce feu d’artifice tous azimuts, on voit de tout...
D’abord, les mauvais perdants qui se font un devoir d’opposer à grands cris leur refus du verdict démocratique. A l’image de ces jeunes bécasses endoctrinées sur lesquelles le site web du journal Le Monde s’ouvrait, 3 jours après les résultats du scrutin !
“Not my president”, c’est le slogan qu’elles affichent sur leur front à la manière des peintures guerrières abêtissant les supporters de foot à l’entrée des stades. Les pauvresses, elles n’ont pas compris que le match était fini…
Et Le Monde de qualifier ces “quelques centaines de personnes” manifestant au pied de la Trump Tower, de “jeunesse libérale” ! Cela donne envie d’ironiser sur le mouvement de fond que ces groupuscules d’enragés représentent, et de s’interroger sur l’intérêt qu’il y a, alors que nous nous trouvons paraît-il en pleine panade démocratique, de leur donner un telle importance (qui fait passer au second plan tout le reste de l’actualité, dont la mort du chanteur Leonard Cohen). Cela fait naître aussi une certaine perplexité quant au sens du mot libéral utilisé en la circonstance. On imagine mal qu’il s’agisse de fans du fameux libéralisme si décrié en France, et dont M. Trump ferait plutôt figure d’incarnation diabolique…
Sans doute faut-il donc prendre le terme au sens anglo-saxon, ce qui signifierait plutôt gauchiste, c’est à dire ennemi de tout ce que la liberté suppose…
Passons sur ces peccadilles. Il y a plus grave. La France est une nouvelle fois en émoi.
En témoigne le sondage qui atteste (si tant est qu’un sondage puisse attester une réalité) que 83% des Français auraient une mauvaise opinion de Trump ! Belle unanimité qui démontre une fois encore que l’esprit critique a hélas déserté notre pays au profit d’un morne conformisme. Y a-t-il encore des repères dans ce marasme consensuel, dans lequel les gens ont perdu l'habitude de penser par eux-mêmes ?
Plus trop manifestement lorsqu’on songe qu’avec 4% d’opinions favorables, François Hollande se croit toujours en position d’incarner le meilleur candidat de gauche à la présidentielle. De crise démocratique il est donc bien question…
Passons également sur le mélange de mauvaise foi chauvine et de méconnaissance crasse du système américain, qui fait dire tranquillement sur un plateau télé, à madame Royal, qu’en France Hillary Clinton serait élue, car elle totalise plus de voix populaires que son adversaire !
Passons sur la réaction incroyable de notre ambassadeur aux Etats-Unis, tweetant ses états d’âme au sujet de l’élection de Donald Trump, dans laquelle il voit "un monde [qui] s'effondre devant nos yeux" ! Sans doute imagine-t-il que cette contribution puisse améliorer les relations diplomatiques entre les 2 pays. A moins qu’il n’ait décidé comme nombre d’artistes et de prétendus intellectuels d’abandonner courageusement ses fonctions et de quitter les Etats-Unis...
Passons enfin sur les annonces catastrophistes au petit matin du 9 Novembre : “la chute des marchés boursiers s'accélère sur des craintes de victoire de Trump” (Figaro), vite démenties par le rebond “historique” de Wall Street…
Terminons donc sur les tentatives plus ou moins convaincantes de récupération du résultat de la présidentielle américaine par nos politiciens. Celle du front National bien sûr, qui n’a pas trop à se fatiguer puisque les enquêtes d'opinions affirment qu’il serait le principal bénéficiaire de “l’effet Trump”. Il y a pourtant fort à parier que contrairement aux idées reçues, les actions du futur dirigeant américain n’auront pas grand chose à voir avec celles préconisées par l’extrême droite française.
Et surtout celle, délicieuse d’opportunisme, de Nicolas Sarkozy. On se souvient en effet que l’ancien chef de l’Etat ne faisait pas mystère de sa préférence : "Il se trouve que moi, je suis l'ami d'Hillary Clinton. Qu'est-ce que j'ai à voir avec monsieur Trump ?" clamait-il haut et fort. Il affichait même un vrai mépris pour ce dernier qu’il jugeait “populiste et vulgaire”, allant jusqu’à affirmer : “ce monsieur ne mérite pas tant d'intérêt que cela, je trouve effrayant que 30% des Américains puissent se reconnaître là-dedans…”
Le voici qui salue maintenant la victoire de Trump dans laquelle il voit “le refus de la pensée unique” !
En disant tout et son contraire, M. Sarkozy a parfois raison. Mais en l’occurrence, c’était lorsqu’il affirmait qu’il n’y avait pas grand chose de commun entre lui M. Trump. A part le charisme, tout les oppose en effet. Le futur hôte de la Maison Blanche est vraiment neuf en politique et jusqu’à ce jour, on peut dire qu’il s’oppose vraiment à la pensée unique. Cela lui a donné des arguments que Nicolas Sarkozy n’a plus quant à lui pour convaincre...
"quelques centaines de personnes"? non ce sont des millions de personnes dans le monde qui sont affligées par cette élection qui confirme l'état moribond de la société américaine et plus largement des sociétés occidentales. La liberté de s'élever va mourir aux Etats-Unis d'Amérique mais, immortelle, sa lumière viendra d'ailleurs
RépondreSupprimerLes "quelques centaines" faisaient référence au titre du Monde, mais passons. Le fait est, que l'election de Trump a eu lieu de manière démocratique. Comme celle de Hollande en 2012 que j'ai considéré pour ma part comme une catastrophe nationale. Mais il ne me serait pas venu à l'idée de descendre dans la rue pour m'y opposer...
RépondreSupprimerQuant au reste du monde, il peut bien penser ce qu'il veut, l'élection du président ne regarde que le pays concerné.
Aurais-tu basculé dans le camp anti-démocratique, cher Extrasystole ?
Cher Pierre-Henri
RépondreSupprimerComme l'aurait dit Churchill "La démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres". Ce n'est pas Mrs Trump, Hollande et autre Berlusconi qui m'intéressent vraiment. Ce qui m'inquiète et m'afflige sont les peuples qui les ont élu.
Tout à fait d'accord avec toi sur ce double constat : la démocratie tend vers la médiocrité, et c'est affligeant, mais c'est le moins mauvais des régimes.
RépondreSupprimerMais pour l'heure, je suis bien plus inquiet pour la France que pour les USA, car la crise démocratique y est beaucoup plus grave à mon sens...
Tu es bien fin et tu le prouves le long de tes réflexions mais quels éléments objectifs pour faire la différence entre médiocrités?
RépondreSupprimer"Pour l'heure, je suis plus inquiet pour" les USA.
Pour le moment je préfère observer les pays du nord de l'Europe comme l'Allemagne. Je donnerais plus volontiers le prix Nobel de la paix à Merkel qu'à Obama.
Amicalement