Cherchant un titre pour mon commentaire, suivant la conférence de presse du Président de la République, je pensais à l’expression tirée de la règle du Jeu de Dames “souffler n’est pas jouer”, et je tombe sur un précédent billet pour lequel je l’avais déjà utilisée en 2017, juste après l’élection dudit Président…
Et pour cause: je ressens ce soir un peu la même impression.
Emmanuel Macron parle bien. Son style est délié, souple et rapide. Mais il pêche par un excès d’emphase et surtout d’indécision et de vacuité dans l’action.
Avant de répondre aux questions des journalistes, le chef de l’Etat s’est fendu d’un discours de près d’une heure destiné à clôturer le fameux Grand Débat qu’il avait lui-même proposé, tout en s'efforçant d'apaiser la colère des Gilets Jaunes. Sans doute attendait-on trop de cette intervention...
Il commença par délivrer quelques belles formules lénitives, rappelant par exemple que nous sommes “les enfants des Lumières”, qu'il ne faut pas céder à "l'obscurantisme", à la "haine" ou au "complotisme". Il insista sur la nécessité de mettre “davantage d’humain” dans l’action publique, sur sa volonté, pas très originale, de lutter contre la bureaucratie pyramidale de notre système. Suivirent des actes de contritions et quelques mea culpa : “J’ai pu donner l’impression d’être dur et injuste, je le regrette”.../… “J’ai changé et beaucoup appris…”
Au chapitre des actions concrète hélas, on en est resté aux annonces et aux déclarations d’intention. Certes elles ne sont pas toutes mauvaises, mais après quatre mois on était en droit d’attendre un peu plus de concret et davantage d'audace.
Par exemple, M. Macron nous assène qu’il faut vraiment envisager de travailler plus dans notre pays. Mais comment, puisqu’il ne veut pas remettre en cause les 35h, pas supprimer de jour férié et pas reculer l'âge de départ en retraite. Subtile contradiction au passage (ou hypocrisie), dans le même temps il annonce un système de retraite "à points" et une augmentation du nombre de trimestres de cotisations pour bénéficier d’une pension à taux plein…
S’agissant de la revalorisation des retraites, il promet de manière évasive d'instaurer un plancher à 1000€, tout en confirmant un peu tard son erreur de désindexer les pensions de l'inflation. Dont acte, sauf que les mesures sont distillées au compte goutte à la manière d'un apothicaire: en 2020 pour les “petits retraités touchant moins de 2000€/mois” et un peu plus tard pour tous les autres (en 2021, c'est à dire si la conjoncture le permet...)
S’agissant de la technocratie étatique, il dit son souhait de supprimer l’ENA, mais pour la remplacer par une autre école de la fonction publique, plus efficace, mais possiblement dans les mêmes locaux et avec le même personnel qui n’a pas démérité. Comprenne qui pourra…
Il plaide également pour la disparition du statut inamovible de haut-fonctionnaire et affirme vouloir supprimer beaucoup d’organismes inutiles. Mais lesquels, sachant qu’il évoque simultanément la création d’un nébuleux "Conseil de Défense Écologique", pour “répondre à l’urgence du climat” et qu'il voudrait revigorer le très superfétatoire Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) en y intégrant 150 citoyens “tirés au sort”.
Au détour d'une phrase, il révèle qu’il est prêt à abandonner l’objectif de suppression de 120.000 postes de fonctionnaires et il prévoit enfin un grand plan de décentralisation, avec création de 2000 "maisons de services publics" (une dans chaque canton), et l’arrêt de toute fermeture d’école ou d’hôpitaux sans l’accord des maires concernés.
On comprend de facto que la baisse des dépenses publiques est de plus en plus incertaine !
C’est d’autant plus gênant qu’il promet une baisse significative de l’impôt sur le revenu, d’environ 5 milliards d’euros. Ce fut sans doute l'annonce la plus fracassante, encore qu'elle ne précise ni comment elle serait mise en œuvre et pour qui, ni comment elle serait financée hormis par la suppression de certaines niches fiscales exclusivement destinées aux entreprises. Le lendemain, on apprenait de la bouche de M. Darmanin sur RTL que cette allègement fiscal ne passerait probablement pas par le réaménagement des tranches d'imposition, mais qu'il s'apparenterait à une nouvelle niche, réservée aux gens modestes, donc un nouveau bidouillage dans l'invraisemblable pipotron fiscal...
En matière de politique générale et d'affaires internationales, il y eut quelques voeux pieux sur la nécessité de faire payer les pensions alimentaires aux maris indélicats, quelques vagues résolutions sur la laïcité et sur l’immigration (fermes comme toujours dans les mots mais floues dans les actes).
Une réforme constitutionnelle est envisagée "pour améliorer le débat démocratique", mais elle n'a rien de révolutionnaire. Elle se caractériserait selon le président par l’introduction d’une dose de proportionnelle (de l’ordre de 20%) à l’Assemblée Nationale, et la réduction arbitraire et hypothétique de 25 à 30% du nombre de parlementaires. En revanche et heureusement, pas de prise en compte du vote blanc, pas d’obligation de vote non plus, pas de Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) réclamée rituellement par les excités du samedi. Juste une porte entrouverte sur un hypothétique Référendum D’Initiative Partagée (par au moins 1 million de citoyens) et une plus grande considération pour les pétitions locales.
A propos de l’Europe enfin, M. Macron, non sans un certain culot, s’exclama qu’il était partisan de réduire le nombre d’États dans l’espace Schengen, notamment s’il s’avérait qu’ils se comportent de manière “non solidaire” ou “laxiste”. Autant pisser dans un violon tout en prenant le risque de renforcer l’inimitié déjà croissante que certains manifestent à l’égard de la France, mauvaise élève et donneuse de leçons...
Au terme de ce marathon, survolé avec un certain brio par le Chef de l’Etat, semblant très à l’aise avec les représentants des Médias, et assisté d’un peuple muet de ministres mi-figue mi-raisin, on pouvait faire un constat: il n’y eut pas un mot, pas une allusion sur les deux principales récriminations des Gilets Jaunes dès le début du mouvement, à savoir la stupide limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires, et rien sur le devenir de la fiscalité impactant le prix des carburants. On est donc bien avancés….
Et pour cause: je ressens ce soir un peu la même impression.
Emmanuel Macron parle bien. Son style est délié, souple et rapide. Mais il pêche par un excès d’emphase et surtout d’indécision et de vacuité dans l’action.
Avant de répondre aux questions des journalistes, le chef de l’Etat s’est fendu d’un discours de près d’une heure destiné à clôturer le fameux Grand Débat qu’il avait lui-même proposé, tout en s'efforçant d'apaiser la colère des Gilets Jaunes. Sans doute attendait-on trop de cette intervention...
Il commença par délivrer quelques belles formules lénitives, rappelant par exemple que nous sommes “les enfants des Lumières”, qu'il ne faut pas céder à "l'obscurantisme", à la "haine" ou au "complotisme". Il insista sur la nécessité de mettre “davantage d’humain” dans l’action publique, sur sa volonté, pas très originale, de lutter contre la bureaucratie pyramidale de notre système. Suivirent des actes de contritions et quelques mea culpa : “J’ai pu donner l’impression d’être dur et injuste, je le regrette”.../… “J’ai changé et beaucoup appris…”
Au chapitre des actions concrète hélas, on en est resté aux annonces et aux déclarations d’intention. Certes elles ne sont pas toutes mauvaises, mais après quatre mois on était en droit d’attendre un peu plus de concret et davantage d'audace.
Par exemple, M. Macron nous assène qu’il faut vraiment envisager de travailler plus dans notre pays. Mais comment, puisqu’il ne veut pas remettre en cause les 35h, pas supprimer de jour férié et pas reculer l'âge de départ en retraite. Subtile contradiction au passage (ou hypocrisie), dans le même temps il annonce un système de retraite "à points" et une augmentation du nombre de trimestres de cotisations pour bénéficier d’une pension à taux plein…
S’agissant de la revalorisation des retraites, il promet de manière évasive d'instaurer un plancher à 1000€, tout en confirmant un peu tard son erreur de désindexer les pensions de l'inflation. Dont acte, sauf que les mesures sont distillées au compte goutte à la manière d'un apothicaire: en 2020 pour les “petits retraités touchant moins de 2000€/mois” et un peu plus tard pour tous les autres (en 2021, c'est à dire si la conjoncture le permet...)
S’agissant de la technocratie étatique, il dit son souhait de supprimer l’ENA, mais pour la remplacer par une autre école de la fonction publique, plus efficace, mais possiblement dans les mêmes locaux et avec le même personnel qui n’a pas démérité. Comprenne qui pourra…
Il plaide également pour la disparition du statut inamovible de haut-fonctionnaire et affirme vouloir supprimer beaucoup d’organismes inutiles. Mais lesquels, sachant qu’il évoque simultanément la création d’un nébuleux "Conseil de Défense Écologique", pour “répondre à l’urgence du climat” et qu'il voudrait revigorer le très superfétatoire Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) en y intégrant 150 citoyens “tirés au sort”.
Au détour d'une phrase, il révèle qu’il est prêt à abandonner l’objectif de suppression de 120.000 postes de fonctionnaires et il prévoit enfin un grand plan de décentralisation, avec création de 2000 "maisons de services publics" (une dans chaque canton), et l’arrêt de toute fermeture d’école ou d’hôpitaux sans l’accord des maires concernés.
On comprend de facto que la baisse des dépenses publiques est de plus en plus incertaine !
C’est d’autant plus gênant qu’il promet une baisse significative de l’impôt sur le revenu, d’environ 5 milliards d’euros. Ce fut sans doute l'annonce la plus fracassante, encore qu'elle ne précise ni comment elle serait mise en œuvre et pour qui, ni comment elle serait financée hormis par la suppression de certaines niches fiscales exclusivement destinées aux entreprises. Le lendemain, on apprenait de la bouche de M. Darmanin sur RTL que cette allègement fiscal ne passerait probablement pas par le réaménagement des tranches d'imposition, mais qu'il s'apparenterait à une nouvelle niche, réservée aux gens modestes, donc un nouveau bidouillage dans l'invraisemblable pipotron fiscal...
En matière de politique générale et d'affaires internationales, il y eut quelques voeux pieux sur la nécessité de faire payer les pensions alimentaires aux maris indélicats, quelques vagues résolutions sur la laïcité et sur l’immigration (fermes comme toujours dans les mots mais floues dans les actes).
Une réforme constitutionnelle est envisagée "pour améliorer le débat démocratique", mais elle n'a rien de révolutionnaire. Elle se caractériserait selon le président par l’introduction d’une dose de proportionnelle (de l’ordre de 20%) à l’Assemblée Nationale, et la réduction arbitraire et hypothétique de 25 à 30% du nombre de parlementaires. En revanche et heureusement, pas de prise en compte du vote blanc, pas d’obligation de vote non plus, pas de Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) réclamée rituellement par les excités du samedi. Juste une porte entrouverte sur un hypothétique Référendum D’Initiative Partagée (par au moins 1 million de citoyens) et une plus grande considération pour les pétitions locales.
A propos de l’Europe enfin, M. Macron, non sans un certain culot, s’exclama qu’il était partisan de réduire le nombre d’États dans l’espace Schengen, notamment s’il s’avérait qu’ils se comportent de manière “non solidaire” ou “laxiste”. Autant pisser dans un violon tout en prenant le risque de renforcer l’inimitié déjà croissante que certains manifestent à l’égard de la France, mauvaise élève et donneuse de leçons...
Au terme de ce marathon, survolé avec un certain brio par le Chef de l’Etat, semblant très à l’aise avec les représentants des Médias, et assisté d’un peuple muet de ministres mi-figue mi-raisin, on pouvait faire un constat: il n’y eut pas un mot, pas une allusion sur les deux principales récriminations des Gilets Jaunes dès le début du mouvement, à savoir la stupide limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires, et rien sur le devenir de la fiscalité impactant le prix des carburants. On est donc bien avancés….
Il y a une chose réelle dans ce bas monde, à laquelle aucune dérogatîon ne peut être consentie. Quand on a écrit tout ce penque l'onqueait monnaie vide
RépondreSupprimerAh....je reprends .....après une mauvaise manipulation ....
RépondreSupprimerIl y a une chose réelle dans ce bas monde, à laquelle aucune dérogatîon ne peut être consentie. Quand on a écrit tout ce que l'on pensait, et que l'on a instauré les possibilités d'en faire des lois... Que l'on s'aperçoit que le résultat de leur application est catastrophique, que l'on a fait payer ses erreurs par les autres.... Et que tout ceci a coûté l'ensemble des économies de la collectivité...
On devrait réfléchir à deux fois avant d'en remettre une couche!
Nos dirigeants n'ont pas de scrupules.
Le nez collé contre la vitrine de la boulangerie peut nous ouvrir l'appétit, mais si l'on a pas le moindre euro en poche, on restera sur sa faim.
Macron est dans cette situation....mais il veut quand même le gâteau...
Ce qui me fascine aujourd'hui, dans les agissements politiques, c'est la créativité de l'enfume.
Dommage que nous ne mangions pas a leur table, et qu'ils nous obligent à payer l'addition.
Je n'étais pas Charlie, je ne suis pas gilet jaune...mais je continue de chercher qui il faut être pour avoir une influence efficace. ...et non violente. A part arrêter de "prêter" de l'argent à l'état...je ne vois pas.
Mais si bien sûr ! Il ne faut plus financer des agissements qui ne sont pas les nôtres. Il faut donc payer ses impôts à une caisse sous séquestres pour ne pas être condamnable. Un blocage total de leurs moyens d'agir sans être coupable.
Une non affectation de nos efforts à des causes perdues.
L'état devra gérer son portefeuille en"bon père de famille" comme il nous demande de le faire, mais en agissant autrement... Il ne pourra plus emprunter, avec la ferme certitude de ne jamais pouvoir rembourser.
Les lois Sapin, remanipulées par Darmanin ...vous connaissez ?
Vos comptes bancaires sont déjà saisis sans contrepartie...pourquoi voulez vous que le jeu s'arrête pour eux ?
Face à des gouvernants qui ne tiennent pas leurs engagements, et dont les convictions si tant qu'ils en aient, s'effilochent à la moindre difficulté, rendant erratique leur politique, que faire ? C'est bien là la question.
RépondreSupprimerLa democratie française est malade et l'Europe est en quenouille. Pour qui voter le 26 mai prochain ? 33 listes et pas une qui inspire vraiment confiance... J'avoue ma très grande perplexité.
C'est bien cela le problème mon cher Pierre Henri.... Cette immense perte de confiance... On ne peut construire qu'avec elle.... Sinon on sera les témoins d'une destruction de notre système, par multiplicité de nos comportrments individualistes. Plus personne n'ecoute personne, et chacun n'entend que soit.
RépondreSupprimerUn peu comme sur un bateau qui coule!
Je n'ai pas réussi à m'identifier par mon pseudo, déjà utilisé sur ton blog... Mais je suis blue glasses du Havre...
Je me demandais qui se cachait derrière cet Unknown. J'ai donc ma petite idée. Merci de tes visites et de tes commentaires ! Cela dit on est quand même un peu dans le pétrin...
RépondreSupprimerPour les Européennes, je sais ce que je vais faire ... puisque les températures s'emballent là où elles ne devraient pas (plus de 20° en Finlande et moins de 20° en Ligure ...Alors au diable les partie, la politique, je vais voter VERT !
RépondreSupprimerJe ne suis pas certain hélas que les Verts soient en mesure d'inverser la tendance météorologique. Ils montrent avec constance leur incapacité lorsqu'ils sont aux responsabilités. En dehors d'inventer de nouvelles taxes et impôts, leur action est quasi inexistante. Pire, leur comportement démontre trop souvent qu'ils sont avant tout adeptes de l'adage "faites comme je dis, ne faites pas comme je fais..." Désolé de jouer les rabat-joie mais l'état des lieux est réellement consternant.
RépondreSupprimerBien amicalement