30 août 2021

Let It Roll, Charlie

Dire qu’il faut parfois que les gens disparaissent pour qu’on découvre l’essentiel de leur personnalité et la profondeur de leur âme...

On ne présente pas Charlie Watts, batteur en titre et membre fondateur des Rolling Stones.
ll était toutefois si discret, si modeste, qu'on remarquait à peine,
derrière le trio déchainé de rock stars embrasant l'avant scène, celui qui tenait de main de maitre les baguettes de la section rythmique. 
Pourtant, sans ce gentleman, toujours tiré à quatre épingles, toujours courtois, et aussi solide qu'un pilier de cathédrale, les Stones n'auraient sans doute pas eu la même présence, la même pérennité, la même puissance, le même panache…

Je savais que ce fameux groupe de Pop Music qui décoiffe et enchante la planète Rock depuis presque 60 ans, avait ses racines profondément ancrées dans le blues, mais j'ignorais tout de la carrière parallèle de son batteur, au service du jazz et du Boogie Woogie. Je découvre donc un peu tard mais avec beaucoup de plaisir et un brin de nostalgie les sessions endiablées auxquelles Charlie avait participé avec les pianistes Axel Zwingenberger, Ben Waters, et le bassiste Dave Green (The A,B,C & D of Boogie Woogie).
Marquées par un swing étincelant, elles s'inscrivent sans démériter auprès des légendaires et décapantes prestations du célébrissime quatuor britannique. A côté du déluge de watts célébrant avec fougue le Rock ‘N’ Roll, on trouve un Watts jazzy, tout simple, gai et rafraîchissant.

“Je suis béni”, disait Keith Richards, “le batteur avec qui j’ai commencé est l’un des meilleurs du monde. Avec un bon batteur, on est libre de faire tout ce qu’on veut !”
C'est donc un grand seigneur du Rock, du Blues, du Jazz et de la musique tout court qui s'en va...

26 août 2021

Un été pourri

D'abord, début mai, on annonça un été “chaud et sec”, plus que de nature, favorisé comme il se doit, par le réchauffement climatique. Puis, la réalité s’avérant un peu différente des prévisions, ce fut le constat d'un “été pourri”, considéré même comme un des deux les plus arrosés de pluie depuis 1959 !
Début août, à l’occasion de quelques jours de grosses chaleurs, c’est à nouveau l’alerte canicule qui fit les gros titres. Il n’en fallut pas plus pour relancer le catastrophisme climatique, alimenté entre autres par la prolifération des feux de forêts et le rapport du GIEC annonçant peu ou prou la fin du monde pour 2050, la faute incombant paraît-il exclusivement et sans aucun doute à l’activité humaine, au capitalisme et à la croissance industrielle. Forts de leurs certitudes, ces gens dont le pragmatisme n’est manifestement pas le fort, intiment, le plus sérieusement du monde, aux gouvernements concernés, de tout faire pour inverser le climat, plutôt que de s’adapter aux caprices météorologiques sans cesse évolutifs, par nature. On est ainsi bassiné en permanence par une doctrine à sens unique selon laquelle il faudrait s’arrêter de vivre pour survivre, et qui désigne des boucs émissaires illusoires pour occulter le fait qu’elle repose largement sur l’ignorance. Ce serait donc le réchauffement climatique qui allumerait des incendies, et non des imbéciles, des négligents ou des pyromanes. Avec ce parti pris, il est plus facile de se répandre en sermons universalistes et de prôner une décroissance irresponsable que de sanctionner des agissements criminels ou de préconiser un meilleur aménagement territorial pour limiter l’étendue des sinistres.

Mais le climat n’est hélas pas le seul aléa pourrissant le bel été qui était attendu par chacune et chacun.
La quatrième resucée de COVID a douché les espérances d’immunité collective et commence à faire naître un doute sérieux sur une sortie prochaine de crise. Les courbes de tendances des pays où la vaccination a été précoce et très largement pratiquée, montrent un nouveau pic de contaminations assez déconcertant. Certes l’épidémie cause moins de morts et moins d'hospitalisations, mais elle est toujours là. La crainte de voir émerger à tout moment de nouveaux variants et les dernières études tendant à démontrer que l’immunité contre ce foutu virus se perd assez vite ne sont guère rassurantes...

A l'international, la situation n’est pas beaucoup plus réjouissante. Passons sur les malheurs répétés qui frappent Haïti. Ce pays semble maudit et toute l’aide extérieure s’avère impuissante pour l’aider à affronter, autrement que par le fatalisme, les catastrophes dont il est victime. En est-il de même pour l’Afghanistan ? La réponse est à l’évidence oui. Mais derrière l’incapacité d’un peuple, supposé auto-déterminé, à faire face à son destin et à ses mauvais démons, il y a aussi la faillite de la Communauté Internationale et une grande lâcheté dont les conséquences pourraient peser lourdement sur l’avenir. L'ancien premier ministre britannique Tony Blair s’est exprimé sur le sujet sans détour ni circonlocutions. Selon lui, “le monde ne sait plus ce que défend l’Occident, tant il est évident que la décision de se retirer d’Afghanistan de cette manière était motivée non pas par la stratégie mais par la politique.“
Dans la même déclaration, il fustige “l’abandon de l’Afghanistan au même groupe que celui d’où est parti le carnage du 11 septembre, d’une manière telle qu’on semble mettre en scène notre humiliation…” C’est terrible, mais hélas trop vrai.

Bref, après cette saison vraiment pourrie, il ne reste donc plus qu’à espérer que survienne un bel été indien pour mettre un peu de baume au cœur...

14 août 2021

Adieu Kaboul, adieu Liberté

La capitale afghane n’est pas encore tombée aux mains des Talibans, mais le sort de cette ville et de tout le pays paraît d’ores et déjà scellé. La progression fulgurante des fous de Dieu ne laisse guère de doute quant à leur retour, favorisé par le désengagement américain et l’abandon de tout un peuple par la Communauté Internationale, beaucoup plus préoccupée par le COVID ou le réchauffement climatique...
La faute incombe évidemment également aux Afghans eux-mêmes et à leurs dirigeants, qui se sont montrés incapables de mettre à profit l’aide internationale colossale qui leur a été apportée durant deux décennies pour organiser une société libre, pacifique et démocratique. Tragique constat, hélas prévisible depuis déjà quelques années, et responsabilités multiples...
Ironie du sort, 2021 marque le vingtième anniversaire de l’intervention internationale entreprise à la suite des horribles attentats du World Trade Center.

Malheureusement, vingt années n’ont pas suffi pour éradiquer la vermine obscurantiste qui, telle une armée de termites opiniâtres, revient plus forte et déterminée que jamais. Tous les efforts, toute l'énergie, toutes les vies humaines consacrés à la reconstruction d’un pays en proie à la barbarie ont donc été vains. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, il y a fort à craindre que l’Afghanistan retourne à la triste situation qu’il a connue lorsque la charia faisait régner une terreur moyenâgeuse. Il est également probable que ce chaos fasse le lit de nouveaux groupes terroristes.
Dans cette triste histoire, le cortège des nations montre une fois de plus son impuissance désespérante, si ce n'est une vaste indifférence. Pas un mot, pas une résolution, pas un casque bleu en provenance de l'ONU...
Chacun se bat la coulpe au souvenir des horreurs du passé en clamant “qu’on ne verra plus jamais ça”, mais l’histoire a une fâcheuse tendance à se répéter et il s’avère plus que jamais difficile de passer des paroles aux actes. Les plus audacieux se bornent à informer les rebelles qu’ils ne reconnaîtront pas un régime imposé de manière non démocratique ! Le chef de la diplomatie de l’Union Européenne, Josep Borrel prévient les Talibans : “S’ils prennent le pouvoir par la force et rétablissent un émirat islamique.../… ils subiront l’isolement, un manque de soutien international et la perspective d’un conflit continu et d’une instabilité prolongée en Afghanistan.”
Autant pisser dans un violon, face à cette horde conquérante qui n’a que faire de ces veules leçons de morale !

En attendant, on rapatrie avant la catastrophe annoncée, les ressortissants et le personnel diplomatique, à l’instar de ce qui s’était passé dans les années soixante-dix avant la chute de Saïgon, puis de Phnom Penh, puis de Téhéran, etc...
Et l’on plaint par avance avec des larmes de crocodile les populations sacrifiées sur l’autel de la couardise et de l'hypocrisie réunies. On s’attend déjà à voir errer les myriades de réfugiés, les malheureux qui n’auront d’autre espoir que de fuir et d’émigrer. Quant à ceux qui avaient déjà fait le pas et qui se trouvaient en situation irrégulière, la France généreuse annonce “avoir suspendu les expulsions de migrants vers l’Afghanistan”. Belle perspective, et beau résultat…
Comme le déplore avec amertume l’historien Jean-Charles Jauffret "Nous assistons au naufrage d'un pays en nous croisant les bras..."

10 août 2021

Et toujours le COVID...

Une fois encore le coronavirus se joue des prévisions et semble se moquer des politiques bien intentionnées que le gouvernement met en œuvre pour l’empêcher de nuire. Une fois encore le dit gouvernement, plombé par une inertie consubstantielle à sa nature, agit avec retard, lenteur et indétermination. Pire, à force de chercher à communiquer de manière la plus lénifiante possible, il s'englue dans les contradictions et ne cesse de commettre des bourdes monumentales.

Alors qu’on croyait enfin l’embellie en vue et que nos dirigeants pouvaient se réjouir d’avoir réussi à fournir en quantité suffisante à la population les vaccins, ils retombent dans leurs vieux démons à cause du nouveau variant dit delta qui chamboule tous leurs plans.
Les retrouvailles avec la liberté claironnées depuis quelques mois à grand renfort de clips télévisés, le “retour des jours heureux” annoncé dès le début de l’été 2020 par le président Macron, toutes ces belles perspectives se terminent en eau de boudin.

L’été 2021 s’avère pire que celui de 2020. L’année dernière, le virus avait attendu la fin de l’automne pour repasser à l'offensive. Cette fois, c’est dès le mois de juillet que la pandémie repart de plus belle.
Pris de court une fois de plus, le chef de l’État, seul maître  à bord (après Dieu naturellement...) du paquebot France, improvise une stratégie hasardeuse dans laquelle on retrouve tous les travers habituels du dirigisme bureaucratique et de la pléthore administrative.
Après avoir affirmé qu’il n’y aurait pas d’obligation vaccinale, le chef de l’État impose un “pass sanitaire” qui y ressemble fort, en dépit de ses dénégations. Et le machin s’avère tellement alambiqué qu’on peut douter dès à présent de son efficacité.
 
Plutôt que de se cantonner à un simple certificat vaccinal ouvrant les portes et facilitant la vie, on a préféré un dispositif confus et complexe dont on ne retient en somme que le caractère contraignant.
Il répond à une définition amphigourique, prenant en considération non seulement la vaccination, mais également quantité d’autres cas de figure, plus ou moins flous, et changeants au gré de l’humeur ambiante, notamment l’attestation de guérison et/ou de “rétablissement” ou celle certifiant la négativité d’un test diagnostique datant de moins de 48 heures (délai d’ailleurs rapidement porté à 72 heures). La directive précise au surplus que le test peut être réalisé selon plusieurs modalités (PCR, test antigénique, voire autotest effectué “sous la supervision” d’une personne compétente…). Parmi les effets pervers attendus de ces dispositions, on présume avec effarement du creusement du déficit de la Sécurité Sociale, sommée de rembourser sans fin cette monstrueuse gabegie (chiffrée autour de 100 à 120 millions d’euros par semaine).

C‘est donc une vraie usine à gaz dont l’application risque d’être aléatoire puisque les contrôles ne seront pas, sauf exception, assortis de la vérification de l’identité du porteur du pass et alors que plane plus qu’un doute s’agissant des circonstances dans lesquelles il est exigible.
Si les malheureux bars et restaurants sont contraints, à peine rouverts,  de ne servir que les clients munis du précieux sésame, l’incertitude concerne quantité d'autres situations, par exemple celle des établissements de santé à l’entrée desquels les visiteurs et les patients, doivent montrer patte blanche, sous réserve que cela ne fasse “pas obstacle à l’accès aux soins”. Comprenne qui pourra ces nuances sémantiques…
Avec la même hypocrisie on distingue les transports où le pass est impératif (autocars, grandes lignes de chemin de fer) des autres dans lesquels on peut s’entasser librement (métro, bus, TER…)
Notons que dans sa stratégie erratique, le gouvernement en est encore à s’interroger sur l’obligation vaccinale, notamment pour les professions exposées ou potentiellement contaminantes. Ainsi, on apprend qu’à partir du 15 septembre, les soignants non-vaccinés s'exposeront à une "suspension du contrat de travail", et ne seront donc plus rémunérés. Une fois encore c’est bien tardif comme décision, et probablement difficile à mettre en pratique vu la pénurie desdits personnels (la problématique des hôpitaux n'a toujours pas été résolue...). Au surplus, le Conseil Constitutionnel a stipulé que le refus de la vaccination ne pouvait en aucun cas être une cause de licenciement ni entraîner la rupture d’un cdd ou d’un contrat en intérim !

Toutes ces oukases obéissant à une logique digne de la pataphysique de Père Ubu induisent un sentiment de lassitude voire d’exaspération dans l’Opinion Publique. On finit même par douter de l’intérêt d'être vacciné puisque les contraintes ne cessent de s’accumuler et qu’on laisse entendre que même immunisé, on peut être contagieux, voire malade. Les infortunés vacanciers qui avaient cru bon de choisir les départements d’outre-mer se retrouvent pris au piège du confinement. Quant à ceux restés en métropole, ils sont plus que jamais soumis aux fameux gestes barrières et désormais au pass sanitaire, en attendant pire...

Pendant ce temps, en Grande Bretagne, qui n’a pas l’habitude de s'embarrasser de lois inutiles, qui a probablement un sens plus aigu de la liberté, et un peu plus d'audace, les dernières restrictions ont totalement été levées en juillet en dépit de l’assaut du royaume par le variant delta. Pour l’heure, si les nouvelles contaminations restent nombreuses, elles n'entraînent guère d’hospitalisations et peu de mortalité. L’avenir dira si la voie choisie est la bonne.
Le fait est qu'en France, on assiste à une nouvelle montée des mécontentements. Les manifestations d’opposants au pass sanitaire rassemblent un nombre croissant de personnes. A défaut d’être parvenu à endiguer la pandémie, le gouvernement aura-t-il réussi à générer un nouvel épisode gilet jaunes ?