30 juin 2022

Le gouvernement est dans l'escalier

Entre les ministres battus aux dernières élections et donc poussés vers la sortie, ceux qui sont accusés d’agressions sexuelles, dont le sort est en suspens, ceux nommés à l’issue du scrutin présidentiel, sans programme ni objectif, celle qui vient de se faire "historiquement" élire au perchoir de l’Assemblée et donc démissionnaire de ses fonctions gouvernementales, et enfin madame Borne, promue cheftaine d'équipe, mais dont la légitimité est contestée de toute part, on se demande où est le fameux gouvernement "d'action" annoncé par le chef de l'État.

Cette vacance dure peu ou prou depuis la réélection triomphale au goût d’eau de boudin d’Emmanuel Macron. Déjà plus de 2 mois…
Ce n’est pourtant ni le travail ni les défis à relever qui manquent.
Mais le président semble plus que jamais hors sol. Il est vrai qu'il plane souvent entre 2 réunions internationales. Il vient de clôturer la présidence française du Conseil Européen, qui pour paraphraser Pierre Dac, est partie de quasi rien pour arriver à pas grand chose. Certes la crise ukrainienne a été mise à profit pour consolider un peu les liens unissant les 27, mais peu de progrès ont été obtenus sur la ligne de front et la cohésion économique et politique du conglomérat reste des plus fragiles. Cela n’a pas empêché les grands de ce continent de se congratuler pour le travail “colossal” (selon le mot d'Ursula Von Der Leyen), réalisé par le président français.
Ce dernier est aussitôt reparti pour le sommet conjoint du G7 et de l’OTAN dont il ne sort pas non plus grand-chose de concret hormis le
s habituels vœux pieux en faveur de l’Ukraine et un durcissement des sanctions contre la Russie. Pour détendre l’atmosphère, les chefs d’États se sont livrés aux traditionnelles photos de famille et ont cru bon de plaisanter sur la virilité de Vladimir Poutine.
Cela n’affecte hélas en rien le cours des événements. Les bombes pleuvent plus que jamais sur l’Ukraine et le président russe, qu’on disait malade et affaibli, se paie le luxe de réunir un sommet parallèle de nations ouvertement hostiles au monde occidental. Sous l'appellation de BRICS, ce sont la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud qui montent au créneau pour soutenir Moscou et contrer les sanctions du G7… Ça commence à faire beaucoup !

Le COVID profite de ces guéguerres diplomatiques pour repartir à l'assaut. Un peu partout, les nouveaux variants BA.4 et BA.5 passent à l’attaque. Une fois encore, les Pouvoirs Publics semblent dépassés. On ne sait plus trop s’il y a encore quelqu'un au ministère de la santé. Pas de ligne directrice claire donc, mais quelques vagues conseils. On recommande mollement de se remettre à porter le masque et à faire un nouveau rappel vaccinal, sachant que les produits actuels démontrent chaque jour un peu plus, leur inefficacité. De nouveaux ARN messagers sont certes entrevus, mais pas avant la fin de l'année, lorsque la 7è vague sera passée !

Au chapitre économique et social l'inflation galope et on parle beaucoup du projet de loi pour le Pouvoir d'achat. On promet l'indexation sur la hausse des prix de nombreuses prestations sociales, salaires et pensions. Bonne nouvelle, pour peu qu'elle se concrétise et qu'on trouve le financement à budget constant. Cela n'empêche pas les menaces de grèves et de blocages de se multiplier, et on s'attend à une surenchère démagogique sur les bancs des députés de tous bords.
Alors que l'angoisse populaire monte et que l'attente mine le moral des ménages, les représentants du peuple n'ont rien trouvé de plus urgent que de "graver dans le marbre constitutionnel" le droit à l'avortement, rare sujet qui n'était l'objet d'aucune contestation et d'aucune menace !

Cela dit, on avance en saison et la trêve estivale approche, peu propice à l'action hormis celle consistant à augmenter les impôts, les taxes et les tarifs. A vrai dire, si le gouvernement est dans l'escalier, on ne sait pas bien s’il est en train de monter ou bien de descendre…

25 juin 2022

Déboussolé

Avec un score de plus de 58% des voix, Emmanuel Macron a été réélu quasi triomphalement à la présidence de la république.
Pourtant ce résultat, obtenu à la faveur de l’inepte “barrage républicain”, n’est qu’un mirage qui ne lui donne qu'une légitimité fragile si ce n’est illusoire. Alors que la constitution de la cinquième république et la réforme du quinquennat donnent habituellement les pleins pouvoirs durant 5 ans au chef de l’État, l’échec inattendu auquel il est confronté à l'issue des élections législatives, le déchoit de facto de l’essentiel de cette puissance.

Sans véritable programme, sans majorité, et sans avoir su anticiper quelque nouvelle alliance, il se trouve en situation particulièrement instable. Curieusement, il semble ne pas en avoir conscience.
Son allocution post-électorale, supposée clarifier la situation s’est réduite à ne strictement rien dire, hormis à confirmer la stratégie erratique du “en même temps”. Mais pour faire des compromis, dont il se dit friand, encore eut-il fallu nouer des liens reposant sur des choix clairs et mettre en place un gouvernement représentatif d'une ligne politique cohérente. M. Macron a beau tenter de renvoyer la balle vers les bancs de l’opposition, elle fera forcément faux bond eu égard à la radicalisation des deux bords politiques qui prennent désormais en tenaille sa “majorité relative”. Les divergences d’approche sont majeures concernant la quasi-totalité des thématiques sur lesquelles sont attendus sans délai des projets de lois audacieux. Santé, social, éducation, sécurité, immigration, tout oppose frontalement Droite et Gauche, et rien ne serait pire que de naviguer à vue, en donnant tantôt un coup de barre à bâbord, tantôt un autre à tribord.
Il n’y a pas grand chose à espérer de la recherche d’une majorité au cas par cas. A chaque instant le risque est de déboucher sur un blocage ou bien le consensus mou, synonyme d’inaction ou d’injonctions contradictoires. On voit déjà s’exprimer le rejet massif de la première des ministres alors qu’elle n’a encore rien proposé…

Pire que tout, ce sont les pré-requis édictés par le Président, à savoir, ne pas alourdir le poids de la dette et ne pas augmenter la pression fiscale. Lui-même n’est jamais parvenu à s’y tenir. La crise des Gilets Jaunes puis celle liée au COVID l’ont conduit à laissé filer les déficits “quoi qu’il en coûte”. Avec la loi annoncée sur le Pouvoir d’Achat, les chèques énergie et inflation, les boucliers tarifaires en trompe-l'œil limitant les prix des carburants, il continue joyeusement à enfreindre sa propre règle…
Comment tenir un cap dans de telles circonstances ? Et comment espérer rester maître à bord longtemps ?

22 juin 2022

Moutarde et charbon en folie

Il n’y a guère de rapport a priori entre les graines de moutarde et les mines de charbon. Pourtant, toutes deux peuvent être impactées par la même folie humaine.

Comme maints gourmets amateurs d’épices l’ont sûrement remarqué, une pénurie aiguë de moutarde sévit depuis plusieurs semaines en France. Elle laisse désespérément vides les rayons ad hoc des supermarchés, mais on n’en parle très peu au chapitre des actualités.
Sans doute est-ce un sujet mineur au regard des menaces qui pèsent sur le monde, mais elle ne laisse pas d’interroger. Comment une telle disette a-t-elle pu survenir ?
Comme souvent, le réchauffement climatique fait figure de coupable idéal. A l'appui de cette thèse on martèle que le Canada, principal exportateur mondial, a souffert en 2021 d'un épisode exceptionnel de chaleur et de sécheresse qui a causé une baisse des rendements. Mais cela n'explique pas tout. La guerre en Ukraine a bon dos également et certains ne manquent pas de souligner que ce pays était le 5ème producteur. Mais la pénurie était annoncée avant le début du conflit et quid des autres nombreuses provenances possibles, dont la France elle-même ?
Lorsqu'on creuse un peu la question, on apprend que notre pays a besoin d’environ 32000 tonnes de graines par an. Or elle n'en produit que 12000. Problème, elle était capable d'en fournir au moins 4 fois plus, donc d’être largement autosuffisante, avant l'interdiction des insecticides, promulguée en 2019. Depuis cette date, grâce aux écologistes bourrés de principes de précaution et de bonnes intentions, l'altise, principal prédateur des cultures, peut s'en donner à cœur joie pour ravager les exploitations. La production s'est effondrée et, dégoûtés, nombre d'exploitants ont purement et simplement abandonné le secteur pour se tourner vers d'autres plus profitables (colza, tournesol). Voilà donc la principale raison au manque du précieux condiment.
Le cher Blaise avait raison. L’homme n’est ni ange ni bête et à trop vouloir faire l’ange, on fait la bête…

Les exemples de cette inconséquence des Pouvoirs Publics asservis à l’idéologie bien plus qu’à la réalité, sont hélas légions. Dernier en date, le scandale du charbon. On savait que l’Allemagne, sous la pression du lobby des promoteurs du développement durable, avait adopté un programme absurde de fermeture de ses centrales nucléaires. Faute de solution de remplacement, elle dut revenir à l’exploitation de l’antique charbon (le plus polluant, la lignite…) pour satisfaire ses besoins en électricité. Résultat, elle est devenue le plus gros producteur aérien de CO2 d’Europe ! Pire, pour avoir imposé de lourdes sanctions économiques à la Russie (restées à ce jour sans le moindre effet) elle est la cible de représailles de cette dernière qui lui a coupé tout approvisionnement en gaz. Elle est donc contrainte, ainsi que l’Autriche et les Pays-Bas, d’accroître encore plus le recours au charbon pour la production énergétique ! On n’arrête plus le progrès…

20 juin 2022

A bout de souffle

Jamais sans doute au cours de la cinquième république, on n’avait connu pareille situation: un Président de la République largement élu, qui se trouve dans l’incapacité de mobiliser dans la foulée une majorité à l’Assemblée Nationale.
C’est peu dire qu’il s’agit d’un échec cuisant pour Emmanuel Macron dont le second quinquennat s’ouvre sous les pires augures. Sa coalition gouvernementale perd près de cent sièges et se trouve désormais dans l’impossibilité de faire voter les lois sans recourir à des compromis, si ce n’est des compromissions, avec les différents courants d’opposition. De surcroît, elle sera exposée au risque permanent de voir s’abattre le couperet de la motion de censure.

Cette évolution apparemment inattendue était pourtant prévisible depuis de nombreuses années. A force de vouloir ostraciser toute opposition qualifiée “d’extrême-droite” ou de “non républicaine”, à force d’exclure un flot croissant de citoyens du débat politique, les digues ont fini par se rompre.
Foin de proportionnelle, foin de barrage aux extrêmes, le paysage démocratique (si tant est qu’on puisse encore lui donner ce nom) se trouve submergé de toute part. A l'exception du Rassemblement National qui fait une entrée triomphale, les partis se retrouvent morcelés, lorsqu’ils n’ont pas été regroupés sous forme de magmas nauséabonds, formés à la va-vite à seule fin d’engranger le maximum de postes.
A ceci s’ajoute l’absence durable de ligne directrice, de programme clair, de pragmatisme et de détermination manifestée par les Pouvoirs Publics, ce qui a progressivement conduit à faire monter une abstention devenue massive (moins d’un citoyen sur deux s’est déplacé pour voter). C’est aujourd’hui la question de la légitimité même de l’Assemblée Nationale qui se pose.

Comment gouverner le pays dans un tel contexte, c’est une autre question à laquelle devra s’atteler sans délai le chef de l’État. La dissolution et le référendum sont des armes redoutables qui se retournent souvent contre celui qui les emploie. Sera-t-il tenté une fois encore par la stratégie du “en même temps” qui consisterait à chercher ici ou là un soutien occasionnel en fonction des circonstances ? Il y a de grandes chances que cela s'avère infructueux voire carrément incohérent, au regard de la radicalisation croissante des esprits, et le risque est d’aboutir très vite à un vrai fiasco si l’on songe à la première des réformes promises, des plus délicates, à savoir celle des retraites…

13 juin 2022

Marchés de nupes

Il est des moments où l’on croit rêver. La réalité semble tellement absurde qu’elle décourage parfois le bon sens.
Au terme de scrutins électoraux de plus en plus farfelus, on voit ainsi ressurgir le spectre de la gauche dans sa version la plus ringarde qui soit, sous forme d’un attelage insane. Vertigineuse accumulation de mensonges et de démagogie auxquels la crédulité populaire semble hélas accorder quelque crédit. Tant qu’il y aura des yeux pour les voir, les mirages seront propres à les tromper.
Le résultat du scrutin entamé ce jour dira ce qu’il en est de notre démocratie réduite à l’état de vestige si tant est qu’elle fut un jour solide. Comme prévu, l'abstention est reine, car au fond du fond, beaucoup d’électeurs ont vraiment cessé de croire aux promesses. Le président tout fraîchement réélu risque de n’avoir derrière lui qu’une armée d’ombres, à l’image de ses étendards aussi diaphanes que son projet et sa détermination. Paradoxalement les seuls partis dont on attendrait qu’ils constituent une force alternative, se perdent en détestation réciproques.
Aujourd’hui les formations arrivant en tête en matière de suffrages ne parviennent à réunir qu’à peine plus de 10% des électeurs inscrits. Comment gouverner avec un tissu politique aussi effiloché ? Et de toute manière, quelle politique les citoyens veulent-ils vraiment ? Veulent-ils affronter sans détour inutile la dureté des faits ? On peut s’interroger tant le cours des choses est devenu erratique.
Au quotidien, l’inflation quant à elle gagne du terrain chaque jour, en grignotant le fameux pouvoir d’achat auquel le gouvernement fait mine d’attacher tant d’importance. Il n’était pas besoin d’être grand clerc pour supputer qu’à force de créer et de distribuer de la monnaie, “quoi qu’il en coûte”, depuis des années, l’argent perdrait de sa valeur. C’est désormais chose faite, et plutôt que de battre leur coulpe, ceux-là même qui nous ont précipité dans cet abîme, nous expliquent benoîtement que l’inflation va s’aggraver et durer. Ils voudraient faire croire qu'en distribuant des chèques en bois, et en bloquant artificiellement les prix des matières premières et des ressources énergétiques, ils vont “protéger” le bon peuple. Une fois encore les masques tomberont tôt ou tard car les pis allers ne sont jamais des solutions…
Partout, le désastre étend son emprise à l’image de l’incurie croissante des gouvernants. La société craque de toutes parts, l’insécurité et la violence progressent à mesure que les forces de l'ordre se découragent, tandis que les amortisseurs sociaux s’affaissent inexorablement. Le système de santé est en miettes et aucune perspective ne se fait jour pour remettre d’aplomb l’édifice en voie d’effondrement.
La politique étrangère est elle aussi à bout de souffle. En Ukraine, la guerre continue de faire rage, envenimée par des actions en forme de coups d’épées dans l’eau par les gouvernants occidentaux bien intentionnés mais impuissants. Ni les vœux pieux, ni les déclarations martiales, ni les livraisons d’armes, ni les blocus, ni les sanctions n’ont d’autre effet que de prolonger les hostilités. Ici encore pas la moindre détermination, et en guise de morale, on a des larmes de crocodiles. Celles de Biden par exemple devant une école massacrée par un dément, tandis qu’il multiplie les annonces de livraisons d’armes, toutes plus terribles les unes que les autres, aux malheureux ukrainiens…
Pendant ce temps, le carrousel fou des réglementations continue de tourner. Non contents d’avoir au nom de lubies prétendument écologiques, désorganisé la stratégie énergétique et avalisé de vastes programmes de démantèlement des centrales nucléaires, les députés européens viennent de voter l’interdiction de la vente de tout véhicule thermique à l’échéance 2035 (essence, diesel et même hybride). Tout cela sans aucune certitude de pouvoir se libérer de toute dépendance industrielle vis-à-vis de la Chine, sans souci de savoir comment mettre en œuvre le recyclage, et sans pouvoir affirmer que des bornes de recharge seront disponibles aux quatre coins du territoire.
Par un paradoxe cocasse, au même moment, l’agence européenne des produits chimiques (ECHA), après plusieurs autres organismes étatiques et au vu d’édifiantes études scientifiques, conclut que le glyphosate n’est pas cancérigène. Ce constat ouvre la voie à une levée des ukases limitant l’usage du fameux produit, par pur principe de précaution. Il est vraiment des moments où l’on croit rêver…
 
Illustration: charlatans et bonimenteurs d'autrefois. Gravure.