22 juin 2022

Moutarde et charbon en folie

Il n’y a guère de rapport a priori entre les graines de moutarde et les mines de charbon. Pourtant, toutes deux peuvent être impactées par la même folie humaine.

Comme maints gourmets amateurs d’épices l’ont sûrement remarqué, une pénurie aiguë de moutarde sévit depuis plusieurs semaines en France. Elle laisse désespérément vides les rayons ad hoc des supermarchés, mais on n’en parle très peu au chapitre des actualités.
Sans doute est-ce un sujet mineur au regard des menaces qui pèsent sur le monde, mais elle ne laisse pas d’interroger. Comment une telle disette a-t-elle pu survenir ?
Comme souvent, le réchauffement climatique fait figure de coupable idéal. A l'appui de cette thèse on martèle que le Canada, principal exportateur mondial, a souffert en 2021 d'un épisode exceptionnel de chaleur et de sécheresse qui a causé une baisse des rendements. Mais cela n'explique pas tout. La guerre en Ukraine a bon dos également et certains ne manquent pas de souligner que ce pays était le 5ème producteur. Mais la pénurie était annoncée avant le début du conflit et quid des autres nombreuses provenances possibles, dont la France elle-même ?
Lorsqu'on creuse un peu la question, on apprend que notre pays a besoin d’environ 32000 tonnes de graines par an. Or elle n'en produit que 12000. Problème, elle était capable d'en fournir au moins 4 fois plus, donc d’être largement autosuffisante, avant l'interdiction des insecticides, promulguée en 2019. Depuis cette date, grâce aux écologistes bourrés de principes de précaution et de bonnes intentions, l'altise, principal prédateur des cultures, peut s'en donner à cœur joie pour ravager les exploitations. La production s'est effondrée et, dégoûtés, nombre d'exploitants ont purement et simplement abandonné le secteur pour se tourner vers d'autres plus profitables (colza, tournesol). Voilà donc la principale raison au manque du précieux condiment.
Le cher Blaise avait raison. L’homme n’est ni ange ni bête et à trop vouloir faire l’ange, on fait la bête…

Les exemples de cette inconséquence des Pouvoirs Publics asservis à l’idéologie bien plus qu’à la réalité, sont hélas légions. Dernier en date, le scandale du charbon. On savait que l’Allemagne, sous la pression du lobby des promoteurs du développement durable, avait adopté un programme absurde de fermeture de ses centrales nucléaires. Faute de solution de remplacement, elle dut revenir à l’exploitation de l’antique charbon (le plus polluant, la lignite…) pour satisfaire ses besoins en électricité. Résultat, elle est devenue le plus gros producteur aérien de CO2 d’Europe ! Pire, pour avoir imposé de lourdes sanctions économiques à la Russie (restées à ce jour sans le moindre effet) elle est la cible de représailles de cette dernière qui lui a coupé tout approvisionnement en gaz. Elle est donc contrainte, ainsi que l’Autriche et les Pays-Bas, d’accroître encore plus le recours au charbon pour la production énergétique ! On n’arrête plus le progrès…

2 commentaires:

  1. Anonyme12:52 PM

    L'Europe, (nous tous, par nos votes et choix politiques), quelques pour cents de la population mondiale, a décidé de résoudre à elle toute seule la "crise climatique". Elle a aussi décidé de nous mettre à la nourriture "saine", et donc de réformer son agriculture (programme Farm to Fork par exemple). Les conséquences en sont simples. L'accès à l'énergie devient de plus en plus difficile (et onéreux). La production agricole est à risque. Pendant ce temps là, les USA sont redevenu premiers producteurs de pétrole et de gaz, gaz qu'ils nous revendent à prix d'or après l'avoir liquéfié. Des pays comme le Brésil, la Nouvelle Zélande et l'Argentine se transforment en exportateur massifs de produits agricoles sans être obsédés par le glyphosate, l'épandage aérien et les OGM. Heureusement qu'il reste justement du charbon dans quelques pays d'Europe. Heureusement que la Norvège, en dehors de donner des leçons d'écologie, continue à développer et produire ses malheureusement bien insuffisantes ressources d'hydrocarbures. Heureusement que les productions agricoles européennes ne se sont pas (encore) effondrées comme la graine de moutarde. Mais on est bien parti pour avoir et le réchauffement climatique, et une récession à saveur de fin de civilisation.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Jolie et implacable démonstration. Qui a le mérite de souligner la responsabilité des électeurs. On a les dirigeants qu'on mérite... Merci de votre contribution.

      Supprimer