09 février 2023

Superprofits

L’annonce en fanfare des profits réalisés l’an passé par TotalEnergie et plus accessoirement par la BNP déclenche un tollé. Dans notre vieux pays ranci dans l’égalitarisme socialiste, cette agitation était prévisible, et donc très probablement instrumentalisée par les médias et plus ou moins consciemment par le monde politique.
Plutôt que de se réjouir de la bonne santé d’une entreprise, on lui jette des pierres, ainsi bien sûr qu’à ses actionnaires (dont certains contempteurs font partie via leur plan d’épargne, sans même le savoir !). Et comme à l’accoutumée, se posent les questions classiques et en apparence paradoxales reliant ces bénéfices records au prix exorbitant du carburant à la pompe, et aux plans de licenciements prévus par la BNP.

Vouloir faire un rapprochement entre ces faits n’a guère de sens, mais qu’importe, les clichés ont la vie dure.
Évacuons d’emblée la question portant sur l’emploi et les licenciements. A quoi bon maintenir des emplois inutiles, au seul motif qu’on fait des profits ? Comme l’a bien montré Frédéric Bastiat en son temps, c’est idiot au plan logique, néfaste pour les autres entreprises qui pourraient employer ces gens, et frustrant pour les salariés concernés, devenus en quelque sorte cinquième roue du carrosse… Faire comprendre cela à des cerveaux soumis au feu roulant de la propagande anti-libérale, plus enclins aux opinions toutes faites qu’à l’esprit critique, s’avère une gageure…

S’agissant des produits pétroliers, pourquoi s’étonner, lorsque le prix de la matière première augmente, que croissent également tous les frais adjacents calculés au pourcentage de ce prix brut, en fonction de la conjoncture internationale et plus encore de la loi de l’offre et de la demande ?
Parmi ces frais annexes, il y a certes la marge des raffineurs et des distributeurs, mais que dire des taxes ?
L’État, dont la valeur ajoutée au produit est nulle, empoche par simple prélèvement, des sommes considérables. Sont-ce des profits sachant que nos gouvernants ont pris la fâcheuse habitude, en toute circonstance, de dépenser plus qu'ils ne perçoivent ?
Tout de même, lorsque l’on regarde la décomposition du prix du carburant, il y a de quoi réfléchir. On dit classiquement que la fiscalité représente 60% du prix payé à la pompe. Pour ce faire, il faut additionner 3 taxes : la TICPE, la plus importante, la TVA sur la TICPE, et la TVA sur le produit fini.
Le montant de la TICPE est fixe, quoique modulé en fonction des régions et de la volonté du Parlement. Elle garantit donc à l’Etat un revenu confortable, quel que soit le cours du Brut. La TVA sur la TICPE suit dans ses évolutions cette dernière, mais il s’agit d’une taxe sur une taxe ! Enfin, le montant de la TVA sur le produit fini, varie en fonction du prix de celui-ci, et agit également comme une surtaxe. Son rendement est donc d’autant meilleur que le prix de la matière première est haut, et s’accroît également proportionnellement aux marges prises par les intermédiaires. Au total (si je puis dire), la part des taxes n’est pas de 60% ce qui est déjà énorme, mais de 150% (qu’on obtient en divisant le montant total des taxes par le prix hors taxes) !
Dans l’affaire, l’État est donc le principal bénéficiaire des ventes de produits pétroliers, et cela sans rien faire !

Hélas, il lui faudrait toujours plus de gains pour paraît-il les redistribuer au bon peuple. N’oublions pas qu’il perçoit également l’impôt sur les sociétés qui pour la seule TotalEnergie s’élève à 30 milliards d’euros par an. La majorité du chiffre d'affaires étant réalisé à l’étranger, l’Etat français ne touche que 200 millions !
Les gens qui veulent surtaxer les superprofits, outre qu'ils ignorent que c'est déjà fait, ne retireraient donc pas grand chose de leur racket, hormis l’affaiblissement progressif des entreprises ou bien l’accroissement de leur externalisation. C’est ce qui s’appelle tuer la poule aux œufs d’or. N’empêche on y croit encore dur comme fer en France…

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