John Mayall (1933-2024) chanta avec tant d’intensité dramatique et d’émotion la mort de J.B. Lenoir (1929-1967), qu’il mérite assurément sa place au panthéon du Blues.
Il vient, à l’âge respectable de 90 ans, de rejoindre son maître à penser dans l’immensité enchantée de l’Eden de la Note Bleue.
On doit à ce natif de Macclesfield, tout près de Manchester, la création de la merveilleuse constellation du British Blues dont il fut le héraut désarmant de simplicité, de rusticité et d’humilité.
Son groupe mythique des Blues Breakers fut une vraie pépinière de talents. Nombre d’artistes y ont fait leurs armes. A tout seigneur tout honneur, citons l’illustre Eric Clapton. Dans son poignant hommage au disparu, il affirme qu’il lui doit tout ce qu’il a fait de bien en musique.
John Mayall fut également le découvreur de l'hypersensible Peter Green, qui fonda avec Mick Fleetwood, et John McVie, le groupe Fleetwood Mac.
Il révéla Mick Taylor, qui magnifia pendant un temps, de ses riffs dévastateurs, la carrière des Rolling Stones.
Au bout du compte, toute une génération de musiciens anglais ont été imprégnés du style Mayall et ont bénéficié de son élan très inspirant. Rien que pour les guitaristes c’est une pléiade de célébrités. Outre Eric Clapton, Peter Green, Mick Taylor, il y eut Jimmy Page, Jeff Beck, Gary Moore, Alvin Lee et j’en passe…
C'est une vraie gageure de résumer en quelques mots une carrière de plus de 50 ans et une soixantaine d'albums. Bornons nous donc à quelques étapes emblématiques.
En 1968, après l’aventure Blues Breakers, Mayall publie en solo son magnifique album Blues from Laurel Canyon, aux rythmes languides opérant la fusion du Blues, du trip beatnik et de l’esprit Hippie. A cette époque bénie, il choisit de s’installer en Californie d’où il continua de rayonner tranquillement et en toute liberté, parcourant avec joie et bonne humeur les scènes internationales jusqu’à un âge très avancé.
En 1969, avec The Turning Point, il inscrit un disque d’or au palmarès des ventes US et se déleste d’un Room to Move aussi jouissif qu’endiablé qui reste comme un repère incontournable dans son parcours.
En 2002, il enregistre quelques très belles pistes inédites avec ses born-again Blues Breakers comprenant notamment l'excellent guitariste texan Buddy Whittington. Parmi les perles, captées lors de ces sessions parues sous le nom de Stories, figure la bouleversante élégie The Mists of Time. Avec sa voix si caractéristique, de gorge, chaleureuse et haut perchée, il laisse un legs splendide aux amateurs de Blues…
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