07 mars 2025

The Clash (1) : la stupeur

Le violent clash opposant au sein du bureau ovale de la Maison Blanche Donald Trump, JD Vance et Volodymyr Zelensky fera date dans l’histoire des relations internationales.
Rarement langage fut plus cru dans un cadre diplomatique réunissant deux chefs d'État. Rarement on vit un tel entretien diffusé publiquement dans son intégralité. Sans doute y a-t-il parfois des désaccords et des éclats de voix mais ils se produisent habituellement hors du champ des caméras.
Cette liberté d’expression et de ton est-elle choquante ?
Oui, bien sûr si l’on est anti-trumpiste primaire et si l’on est obtus à son mode de pensée, ce qui est très répandu en Europe.
Non, si l’on est exaspéré par la langue de bois et par les circonlocutions coutumières à ce genre d’évènements et au discours politique en général.

L’opinion publique est tellement anesthésiée par des décennies de correction politique qu’elle se choque facilement du franc parler. Dans le même temps, elle éprouve comme une sorte de plaisir malsain à ces joutes verbales qui donnent lieu à des polémiques croustillantes, dont on adore faire tout un plat mais qui s’avèrent le plus souvent très vaines.
Bien que l’épisode dura près d’une heure, les médias ressassèrent en boucle les quelque quatre minutes les plus spectaculaires, qui ne constituaient pourtant qu’une réponse du berger à la bergère si l’on peut dire.

Venu pour évoquer l’appui américain à une perspective de cessez-le-feu entre son pays et la Russie, menant à une possible paix et au développement de nouveaux échanges commerciaux, le président ukrainien s’est montré plus belliciste que jamais.
Il exigea notamment, avant d’arrêter les combats, des garanties de sécurité assurées par des troupes en armes sur le sol ukrainien et déclara ne pas vouloir de compromis avec Vladimir Poutine qu'il qualifia de "tueur".

Cette arrogance conduisit Donald Trump à mettre les points sur les i sans s’embarrasser de politesses ni modération. Mais qu’a-t-il dit en substance ? Que les Etats-Unis ont abondamment aidé l’Ukraine sans beaucoup de résultats positifs hélas et que, sauf à prendre le risque d’un conflit majeur, et de jouer avec le feu nucléaire, il est temps de stopper ce qui s’apparente de plus en plus à un inutile jeu de massacre.
Il insista sur la position très fragile du dirigeant ukrainien. En dépit d’un sondage paraît-il flatteur, on peut en effet avoir de sérieux doutes sur sa popularité réelle et sa légitimité s’essouffle faute d’élections. Après 3 années de guerre, son pays est dévasté, en situation d’échec militaire, en dépit d’un coût humain exorbitant.
A Washington, le couperet est donc tombé de manière brutale mais somme toute, logique : “Si vous voulez continuer à vous battre, vous devrez le faire sans nous” a martelé Donald Trump, ajoutant toutefois “avec nous vous avez des cartes en main, sans nous, vous n’en avez pas”. On ne saurait être plus clair mais on ne saurait prétendre que le président américain ait abandonné l’Ukraine pour autant.

(à suivre)

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