06 décembre 2006

La méthode assimil


On entend souvent (pas plus tard que le 4/12/06 sur France Inter dans le très partisan 7-9h30) comparer dans la même abjection deux dictateurs sud-américains : Augusto Pinochet et Fidel Castro.
Cet amalgame très réducteur est symptomatique de la pauvreté de la pensée politique en France et de sa nature manichéenne.
Peut-on mettre sur le même plan ces deux personnes que rien ne rapproche ? Je ne le pense pas pour ma part.
Castro, fils d'un riche planteur, a inscrit son nom dans la longue, très longue liste des tyrans inféodés au marxisme-léninisme, si dévastateur à travers le monde. Au pouvoir depuis 45 ans, à la faveur d'une révolution sanglante fabriquée par ses soins, il a installé un absolutisme basé sur la terreur, qui n'a molli à aucun moment et peut compter ses victimes par centaines de milliers, soit qu'elles furent emprisonnées, soit purement et simplement assassinées. Il a placé son pays dans une situation conflictuelle absurde avec les USA qui l'avaient pourtant libéré de la tutelle espagnole en 1898, et l'a plongé dans l'arriération intellectuelle et la pauvreté.
Les gens qui défendent encore ce bastion odieux de l'intolérance prétendent que l'éducation et la santé y sont gratuites. C'est naturellement faux car comme pour toute chose ici bas, elles sont forcément payées par quelqu'un. Au surplus, la première relève plus de l'endoctrinement que de l'enseignement, quand à la seconde elle reste d'un piètre niveau en dépit des éloges complaisants de l'OMS.
Pinochet, originaire à l'inverse, d'une famille modeste est parvenu au pouvoir à l'occasion d'une guerre civile dont il fut un des acteurs principaux, mais sans a priori idéologique autre que celui d'empêcher précisément l'installation du communisme (qui récolta sous le nom d'Allende, 36% des voix, à l'occasion d'une catastrophique élection triangulaire). Cet épisode fut émaillé sans nul doute de drames humains nombreux et coûta la vie a environ 3000 personnes. Pinochet installa un régime autoritaire, mais sans commune mesure toutefois avec celui de Cuba et surtout, il organisa la transition démocratique de son vivant. Aujourd'hui, le Chili est le pays le plus stable politiquement d'Amérique du Sud et le plus riche de très loin en PIB/habitant.
Ces faits sont incontestables et rendent incompréhensibles les flagorneries irresponsables dont bénéficia si longtemps Castro de la part de nombre de dirigeants et de « faiseurs d'opinion » notamment français. Aussi incroyable que cela paraisse, jusque aux plus hautes sphères de l'Etat, Castro, surtout du temps qu'il était flanqué de son archange pervers Ernesto "Che" Guevara, était en dépit d'évidences criantes, gratifié d'une aura de révolutionnaire épris de justice et de progrès !
Dans le même temps ces censeurs obtus, drapés dans les oripeaux d'une vertu à sens unique, accusaient de tous les maux, le président chilien, assimilé à une sorte de Néron fasciste. La communauté des bien-pensants alla même jusqu'à tenter de le traduire en justice à l'occasion d'un traquenard diplomatique grotesque, occultant ainsi le droit d'un peuple libre de juger son dirigeant en toute connaissance de cause.
Les temps changent mais les assimilations demeurent toujours aussi grossières et partisanes.
Aujourd'hui, ces mêmes idiots, aussi éclairés par leur dogmatisme arrogant que des taupes par le plein jour, se réjouissent ostensiblement du basculement "à gauche" de l'Amérique du Sud, englobant dans le même émerveillement anti-libéral et anti-américain (car au fond c'est ça et seulement ça qui les meut) Lula, Bachelet d'une part et Morales, Chavez de l'autre ! Eternel recommencement...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire