11 avril 2008

Au secours, encore un rapport !


Ça y est, le voilà le Rapport Larcher sur les "Missions de l'Hôpital" ! Un nouveau pavé de plus de 100 pages reprenant de fond en comble l'écheveau infernal du système de gestion des hôpitaux français. Mais que peut-on attendre d'une telle somme, venant après tant de réformes ? J'avoue qu'il m'est tombé des mains dès l'introduction, à la lecture de lieux communs et de voeux pieux tels que : "Favoriser l’adéquation des prises en charge", "Assurer la continuité du parcours de soins", "intégrer la dimension sociale et médico-sociale de l’hospitalisation", "Développer les formes d’exercice pluridisciplinaire","Améliorer l’organisation des soins non programmés"...

Les Pouvoirs Publics ont dépensé depuis quelques années, des milliards d'euros pour simplifier paraît-il la gestion administrative des établissements de santé et leur concéder une plus grand autonomie. Ils ont longtemps prêché la « déconcentration » et la décentralisation en vantant les progrès des techniques et les prouesses de la télémédecine. A l'intérieur même des établissements, ils ont promis une nébuleuse « contractualisation interne » puis une « nouvelle gouvernance » censées libérer l'esprit d'initiative.

Malheureusement, à force de vouloir trop bien faire et de réformer à tout crin, le système est devenu d'une complexité telle que plus personne ne s'y retrouve dans ce qui est devenu une impénétrable jungle réglementaire. Summum de l'absurdité, les emblématiques Agences Régionales de l'Hospitalisation du Plan Juppé sont régulièrement épinglées par l'Inspection Générale des Affaires Sociales et par la Cour des Comptes pour leur gestion à la fois approximative, rigide et hasardeuse. Or non seulement ces avertissements semblent négligés par les gouvernements successifs, mais ils ont semble-t-il décidé de renforcer encore ces inopérantes structures administratives en les rebaptisant pour la circonstance, Agences Régionales de Santé...

Quant aux hôpitaux eux-mêmes, ils doivent affronter un torrent ininterrompu de directives plus ou moins contradictoires, souvent irréalisables, et aussi changeantes que le climat breton. A coup de « seuils » minimum d'activité d'un côté et d'objectifs quantifiés, de plans quinquennaux de l'autre, ils sont littéralement pris en tenaille. Au surplus, ils s'épuisent depuis quelque mois à mettre en place une hallucinante Tarification à l'Activité dont les règles semblent improvisées au jour le jour et qui, sans alléger aucunement la lourdeur des anciens systèmes de gestion, pousse à l'inflation des dépenses en même temps qu'elle étrangle les budgets. Déjà pénalisés par une architecture interne extraordinairement compliquée, faisant coexister des « unités fonctionnelles », des « centres de responsabilité », des « services », des « départements », des « fédérations », ils sont tenus depuis quelques mois d'y ajouter la notion de « pôle » dont la définition et les objectifs sont aussi transparents que le brouillard londonien.

Enfin avec de dantesques « projets de territoires », d'abstruses « conférences sanitaires de secteurs », et de rigides « filières de santé » soi-disant « restructurantes », tout se passe comme si les Pouvoirs Publics s'étaient mis en tête, dans la plus grande confusion, de planifier à la manière soviétique la santé. Au surplus, on attend toujours quelque bénéfice palpable des myriades de gadgets et d'inventions tordues, sorties ces dernières années de l'imagination technocratique (accréditation, parcours de soins coordonné, carte vitale avec photo d'identité, dossier médical « personnel », tarification à l'activité, franchises...).

Bref, plus on simplifie plus ça s'obscurcit, plus on maîtrise les dépenses plus les déficits se creusent, et plus on déconcentre plus la centralisation progresse, c'est à se taper la tête contre les murs !

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