28 avril 2008

Let There Be Blues

Moisson de blues pour se donner un peu de vigueur en ce printemps maussade. Du pur jus du Sud tout d'abord avec Smokin' Joe Kubek et Bnois King. A première vue on pourrait se demander ce qui peut bien faire point commun entre ce gros jojo tatoué, à casquette et barbichette blanches et ce petit piaf noir, chapeau et veste de cuir. Eh bien le Texas Blues bien sûr ! Et pas des moindres.
Dès les premiers accords de guitare on est dans le bain. Impossible de résister aux moelleuses cadences qui démarrent au quart de tour, acidulées juste ce qu'il faut par les riffs étincelants de Joe et le chant chaud et stridulant de Bnois. Pas de doute, ces deux là sont nés sous la même étoile.

La ligne rythmique est impeccable, soutenue par Paul Jenkins à la basse et Ralph Powers à la batterie, la prise de son quasi parfaite, et l'ambiance détendue en ce 31 décembre 2005, dans un petit club où le public s'enivre de cette musique en dansant, c'est le bonheur... Le titre ne ment pas : my heart's in Texas ! A ne pas louper enfin sur le DVD, en bonus, un excellent morceau en pur « acoustique » : tired of cryin' over you.


Même ambiance chaude et simple dans un club de Chicago en juillet 2005 cette fois, le Rosa's lounge, pour servir de toile de fond aux prouesses de Pierre Lacocque entouré de sa formation très « roots » dénommée Mississipi Heat avec la chanteuse Inetta Visor. Curieux itinéraire que celui de cet harmoniciste, né en Belgique, passé par Israël, la France et l'Allemagne et finalement converti à l'âge de 17 ans et des poussières, au Chicago Blues, et marchant depuis résolument sur les pas de Sonny Boy Williamson. Le moins qu'on puisse dire est qu'il en a parfaitement assimilé l'esprit. Bel exemple des bienfaits du melting pot. Et en l'occurrence belle prestation, magnifiée par la présence de l'excellent guitariste Lurrie Bell.

Le même Lurrie qu'on retrouve en 2006 toujours chez Rosa, à l'occasion de joutes musicales réunissant plus qu'opposant les Bell père et fils. Le premier, Carey, à peine remis d'une fracture du col du fémur, semble porter sur ses épaules quelque peu décaties toute l'histoire du blues, des ténèbres jusqu'à la lumière. Son visage émacié, édenté, meurtri par les années est illuminé par la douce et humble lumière de son regard un peu voilé. Quand il chante et joue de l'harmonica, c'est toute son âme qu'il met à nu. Quant au fiston Lurrie, qui lui donne la réplique à la guitare et au chant, il prend son rôle d'héritier très à coeur. L'ensemble est d'une rusticité de bonne aloi, chaleureuse et authentique.
Le même DVD permet de retrouver les mêmes musiciens, toujours empreints de la même verve et de la même spontanéité, dans le cadre du Buddy Guy's Legends (mention spéciale pour le pianiste très "boogie" Roosevelt Purifoy), et pour finir deux ou trois chansons chantées en duo, dans la maison familiale, devant les enfants mi étonnés, mi émerveillés. Let there be blues, vous dis-je...


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