En parcourant les blogs, deux parmi ceux que je fréquente régulièrement, attirent mon attention. L'un porté sur l'intelligence artificielle et l'astrophysique qui s'attaque tout à coup véhémentement au libéralisme, l'autre dont le sujet principal était justement l'économie, et qui annonce avec dépit sa fermeture définitive. Cela me suggère quelques commentaires :
Au sujet du libéralisme. Dès qu'un ralentissement ou une panne économique survient, bon nombre d'observateurs jugent opportun de relancer l'idéologie du « Gros Gouvernement » (Big Government) bienfaiteur et de son pendant protectionniste. C'est classique. L'ennui c'est qu'ils ont rarement les mêmes interrogations et états d'âme face aux gâchis et échecs permanents de la quasi totalité des gouvernements qui sévissent dans ce monde sublunaire...
Surtout, s'agissant du libéralisme et du libre échange, on ne voit pas vraiment les raisons nouvelles qu'il y aurait d'en faire le procès. En dépit de crises, il faut être aveugle pour ne pas voir, depuis la fin du dernier conflit mondial, la transfiguration du niveau de vie de tous les pays qui furent un tant soit peu touchés par le libéralisme. Et a contrario, la déconfiture générale de ceux qui sont restés à l'écart ou bien qui délibérément ont pris une autre voie...
En réalité, il n'y a rien de bien nouveau sous le soleil depuis Jean-Baptiste Say, ou Frédéric Bastiat.
Je prends à dessein ces exemples bien de chez nous, car ils n'ont pas la tare rédhibitoire d'être « anglo-saxons » et ont pourtant analysé de manière tellement claire et pénétrante les ressorts de base de l'économie, que leurs leçons libérales pourraient s'imposer avec autant de prégnance que celle de Newton en physique...
Pour Bastiat, l'Etat n'était qu'une « grande fiction sociale à travers laquelle chacun essaie de vivre au dépens de tous les autres ». Après plusieurs décennies d'étatisme et de soi-disant justice sociale, rien n'a vraiment changé dans notre pays plus que jamais sur-administré, réglementé et pourtant endetté jusqu'au cou et socialement fragilisé (car il semble difficile de prétendre que la France, au moins depuis 1981 et jusqu'en 2007, soit un pays appliquant à la lettre le libéralisme). Ce n'est donc pas un « monstrueux bloc ce certitudes » imposé par les pays anglo-saxons au monde occidental, mais la simple évidence...
C'est une lapalissade également que d'affirmer que plus une nation (et a fortiori une planète) est développée et responsable, moins elle a besoin de gouvernement, de règlementations et de contraintes. Quant au libre échange qui s'impose par voie de conséquence, ses avantages paraissent non moins évidents, en dépit du fait qu'il fourmille d'inconvénients. Il n'est pas besoin de sortir de Polytechnique pour percevoir qu'il en a infiniment moins que les doctrines protectionnistes. Il suffit d'imaginer autour de soi ce qui disparaîtrait de la vie quotidienne si tous les pays avec lesquels nous entretenons des relations commerciales cessaient de le faire en rétorsion de la protection de nos petites frontières...
S'agissant enfin des États-Unis, qu'on critique habituellement dès qu'on aborde le sujet du libéralisme, ils pourraient comme l'avait déjà constaté Tocqueville, quasi se gouverner seuls. C'est une force extraordinaire, et ça leur donne une capacité réactive formidable (attention, ça ne veut pas dire qu'il s'agisse d'un monde merveilleux qui ne fasse jamais d'erreur).
En matière d'économie comme en matière scientifique, et probablement comme en toute matière, il est vain de raisonner à la seule lumière de principes immanents ou de dogmes. La force du libéralisme c'est précisément de ne pas trop en avoir et d'être capable de s'adapter avec souplesse et pragmatisme aux circonstances, sans idéologie et sans s'interdire a priori aucune solution. Si l’État peut être utile, il est souhaitable qu'il agisse en ce sens, dans la mesure de ses moyens.
Mais quand on a plusieurs milliers de milliards d'euros de dettes, un taux de chômage des plus élevés, et un tissu social paraît-il au bord de la « fracture », on est quand même assez mal placé pour servir de modèle ou de recours... Et s'agissant enfin du gaspillage des ressources naturelles, dont seraient systématiquement responsables ceux que certains n'hésitent pas à qualifier sans nuance « d'entrepreneurs capitalistes à la recherche du profit immédiat », je ne sache pas qu'il y ait la moindre preuve permettant d'affirmer qu'un « gouvernement fort » et omnipotent, soit une garantie d'efficacité...
Au sujet des blogs qui cessent leur activité. Mr Caccomo annonce la fin de ses "Chroniques en Liberté". J'ai trouvé un peu égoïste sa décision, car manifestement il avait des lecteurs (plus de 70 commentaires pour son dernier billet). Je comprends sa lassitude, sa déception et son amertume puisque je tiens moi-même depuis plus de 2 ans un blog et connais les affres de l'écriture, le « vide vertigineux » de l'internet, et le "secret espoir d'être repéré par un éditeur"...
Mais voilà, la vie est dure comme disait Nicolas de Staël, et réserve beaucoup de désillusions. Beaucoup de blogs s'usent prématurément faute d'y avoir placé de trop hautes espérances, où d'y avoir trop donné d'emblée, ou bien encore faute d'opiniâtreté tout simplement. Car en réalité c'est un marathon. Et qui veut aller loin...
Lorsque j'ai le blues (et les lecteurs qui passent par ici savent que ça m'arrive assez souvent), je pense très humblement à Spinoza qui écrivit son œuvre monumentale dans la solitude, en gagnant sa vie modestement en polissant des lentilles optiques. Je pense à Kant qui fut largement incompris de son vivant, mais qui continua d'écrire en dépit de l'insuccès, tout en prodiguant ses cours à l'université. Je pense à Van Gogh qui n'a vendu qu'un seul tableau dans sa vie et mit fin à cette dernière juste quand la célébrité peut-être allait venir (comme Nicolas de Staël au demeurant)... Autant d'exemples qui montrent qu'il ne faut pas désespérer et s'efforcer de suivre son petit chemin vaille que vaille...
Au sujet du libéralisme. Dès qu'un ralentissement ou une panne économique survient, bon nombre d'observateurs jugent opportun de relancer l'idéologie du « Gros Gouvernement » (Big Government) bienfaiteur et de son pendant protectionniste. C'est classique. L'ennui c'est qu'ils ont rarement les mêmes interrogations et états d'âme face aux gâchis et échecs permanents de la quasi totalité des gouvernements qui sévissent dans ce monde sublunaire...
Surtout, s'agissant du libéralisme et du libre échange, on ne voit pas vraiment les raisons nouvelles qu'il y aurait d'en faire le procès. En dépit de crises, il faut être aveugle pour ne pas voir, depuis la fin du dernier conflit mondial, la transfiguration du niveau de vie de tous les pays qui furent un tant soit peu touchés par le libéralisme. Et a contrario, la déconfiture générale de ceux qui sont restés à l'écart ou bien qui délibérément ont pris une autre voie...
En réalité, il n'y a rien de bien nouveau sous le soleil depuis Jean-Baptiste Say, ou Frédéric Bastiat.
Je prends à dessein ces exemples bien de chez nous, car ils n'ont pas la tare rédhibitoire d'être « anglo-saxons » et ont pourtant analysé de manière tellement claire et pénétrante les ressorts de base de l'économie, que leurs leçons libérales pourraient s'imposer avec autant de prégnance que celle de Newton en physique...
Pour Bastiat, l'Etat n'était qu'une « grande fiction sociale à travers laquelle chacun essaie de vivre au dépens de tous les autres ». Après plusieurs décennies d'étatisme et de soi-disant justice sociale, rien n'a vraiment changé dans notre pays plus que jamais sur-administré, réglementé et pourtant endetté jusqu'au cou et socialement fragilisé (car il semble difficile de prétendre que la France, au moins depuis 1981 et jusqu'en 2007, soit un pays appliquant à la lettre le libéralisme). Ce n'est donc pas un « monstrueux bloc ce certitudes » imposé par les pays anglo-saxons au monde occidental, mais la simple évidence...
C'est une lapalissade également que d'affirmer que plus une nation (et a fortiori une planète) est développée et responsable, moins elle a besoin de gouvernement, de règlementations et de contraintes. Quant au libre échange qui s'impose par voie de conséquence, ses avantages paraissent non moins évidents, en dépit du fait qu'il fourmille d'inconvénients. Il n'est pas besoin de sortir de Polytechnique pour percevoir qu'il en a infiniment moins que les doctrines protectionnistes. Il suffit d'imaginer autour de soi ce qui disparaîtrait de la vie quotidienne si tous les pays avec lesquels nous entretenons des relations commerciales cessaient de le faire en rétorsion de la protection de nos petites frontières...
S'agissant enfin des États-Unis, qu'on critique habituellement dès qu'on aborde le sujet du libéralisme, ils pourraient comme l'avait déjà constaté Tocqueville, quasi se gouverner seuls. C'est une force extraordinaire, et ça leur donne une capacité réactive formidable (attention, ça ne veut pas dire qu'il s'agisse d'un monde merveilleux qui ne fasse jamais d'erreur).
En matière d'économie comme en matière scientifique, et probablement comme en toute matière, il est vain de raisonner à la seule lumière de principes immanents ou de dogmes. La force du libéralisme c'est précisément de ne pas trop en avoir et d'être capable de s'adapter avec souplesse et pragmatisme aux circonstances, sans idéologie et sans s'interdire a priori aucune solution. Si l’État peut être utile, il est souhaitable qu'il agisse en ce sens, dans la mesure de ses moyens.
Mais quand on a plusieurs milliers de milliards d'euros de dettes, un taux de chômage des plus élevés, et un tissu social paraît-il au bord de la « fracture », on est quand même assez mal placé pour servir de modèle ou de recours... Et s'agissant enfin du gaspillage des ressources naturelles, dont seraient systématiquement responsables ceux que certains n'hésitent pas à qualifier sans nuance « d'entrepreneurs capitalistes à la recherche du profit immédiat », je ne sache pas qu'il y ait la moindre preuve permettant d'affirmer qu'un « gouvernement fort » et omnipotent, soit une garantie d'efficacité...
Au sujet des blogs qui cessent leur activité. Mr Caccomo annonce la fin de ses "Chroniques en Liberté". J'ai trouvé un peu égoïste sa décision, car manifestement il avait des lecteurs (plus de 70 commentaires pour son dernier billet). Je comprends sa lassitude, sa déception et son amertume puisque je tiens moi-même depuis plus de 2 ans un blog et connais les affres de l'écriture, le « vide vertigineux » de l'internet, et le "secret espoir d'être repéré par un éditeur"...
Mais voilà, la vie est dure comme disait Nicolas de Staël, et réserve beaucoup de désillusions. Beaucoup de blogs s'usent prématurément faute d'y avoir placé de trop hautes espérances, où d'y avoir trop donné d'emblée, ou bien encore faute d'opiniâtreté tout simplement. Car en réalité c'est un marathon. Et qui veut aller loin...
Lorsque j'ai le blues (et les lecteurs qui passent par ici savent que ça m'arrive assez souvent), je pense très humblement à Spinoza qui écrivit son œuvre monumentale dans la solitude, en gagnant sa vie modestement en polissant des lentilles optiques. Je pense à Kant qui fut largement incompris de son vivant, mais qui continua d'écrire en dépit de l'insuccès, tout en prodiguant ses cours à l'université. Je pense à Van Gogh qui n'a vendu qu'un seul tableau dans sa vie et mit fin à cette dernière juste quand la célébrité peut-être allait venir (comme Nicolas de Staël au demeurant)... Autant d'exemples qui montrent qu'il ne faut pas désespérer et s'efforcer de suivre son petit chemin vaille que vaille...
pas de blues, pas de lassitude le vide n'est qu' apparence car les lecteurs même silencieux sont bien là attentifs et avides de vos propos ,de vos découvertes , de vos émotions de vos coups de cœur ou coups de rogne de vos réflexions, de vos humeurs, et même de vos mélancolies .
RépondreSupprimertenez bon !!
Monsieur,
RépondreSupprimerJe suis sensible à votre message et j'admire votre engagement. Une affaire personnelle brise aujourd'hui ma vie, expliquant ma décision.
Mais le temps de me reconstruire et de rebondir, et je reviendrais endurci sous d'autres formes.
Bien à vous
jlc
Monsieur,
RépondreSupprimerVenant de découvrir il y a peu votre blog via celui de JLC, je dois vous avouer mon plaisir à vous lire - et je ne fais que commencer... - en particulier le présent texte que je trouve plein de sagesse. Donc merci et dites-vous - cela vaut aussi pour JLC - que vous n'êtes pas seuls malgré la barrière du virtuel! Il existe de nombreuses personnes qui partagent vos avis et analyses et souhaitent défendre la liberté à tout prix! Donc, ne baissez pas les bras, je vous en prie même si les événements ne vous sont pas particulièrement favorable...
Au plaisir de vous lire souvent,
FDD
Merci de ces commentaires.
RépondreSupprimerMr Caccomo, l'épreuve à laquelle vous faites allusion me peine et me fait regretter une partie de mes propos. Je forme mes voeux les plus sincères pour que vous surmontiez ces difficultés et que vous reveniez bientôt sur la Toile, plus fort et plus convaincant que jamais.
Merci a daredevil pour ses encouragements. ça réchauffe le coeur, surtout en cette période où le spleen de la fin de l'été se teinte d'incertitude, de doute et de morosité...