Même si l'on est de ses adversaires, on ne peut guère reprocher à Nicolas Sarkozy de manquer d'ambition, d'idées et de projets pour la France. Certes, ça n'empêche pas certains de le trouver trop réformateur, et d'autres pas assez, mais il fait bouger les lignes comme on dit.
Pourtant il est un domaine où son action paraît pour le moins erratique : celui de la santé. Ce n'est pas qu'il paraisse le négliger, puisqu'il l'évoque assez régulièrement, tout en visitant les hôpitaux, mais on sent comme un flottement dans sa détermination.
Est-il bien conseillé ? On peut avoir des doutes.
Madame Bachelot, ne cultive fort heureusement pas le culte de la réformette clinquante mais vaine du calamiteux Douste-Blazy, mais pour l'heure , son attitude relève d'une sorte de pharisaïsme prudent. Elle fait mine de vouloir sauvegarder les fameux acquis sociaux intangibles du système français de sécurité sociale, et continue d'en rogner gentiment les bords à la manière de tous ceux qui l'ont précédée dans la fonction. Après avoir instauré le système des franchises, le « déremboursement » de spécialités médicamenteuses déclarées peu efficaces, elle vient d'annoncer, pour combler un tant soi peu le gouffre de la Sécu « sans augmenter les cotisations », qu'elle allait taxer les « bénéfices » engrangés par les Mutuelles d'assurances complémentaires. Avec un délicieux sens du jésuitisme, elle considère en effet que cette décision se justifie par« leur bonne santé qui contraste avec les difficultés de l'Assurance maladie... » Plutôt que d'assainir la situation du système dont elle la charge, elle préfère donc se payer sur les efforts des autres !
Le plus beau est toutefois sa réponse totalement décomplexée, aux journalistes qui l'interrogent sur la probabilité pour les assurés de subir in fine une augmentation détournée des cotisations : Si votre Mutuelle augmente ses cotisations, changez donc de mutuelle ! Un peu fort de café madame la ministre. Et comment fait-on pour échapper à la pression univoque, croissante et sans partage de la Sécu ?
Le plus beau est toutefois sa réponse totalement décomplexée, aux journalistes qui l'interrogent sur la probabilité pour les assurés de subir in fine une augmentation détournée des cotisations : Si votre Mutuelle augmente ses cotisations, changez donc de mutuelle ! Un peu fort de café madame la ministre. Et comment fait-on pour échapper à la pression univoque, croissante et sans partage de la Sécu ?
A côté de la ministre, vibrionnent une nuée de conseillers. N'étant jamais payeurs ni redevables de rien, ils sont généralement prodigues en idées. Il faut dire que du fond de leurs bureaux feutrés la tâche est immense, puisqu'il ne s'agit rien moins que de réaliser la quadrature du cercle... idéologique.
De rapports en commissions, d'Etats-Généraux en Schémas d'organisations, ce n'est assurément pas le manque de suggestions dont souffre le système. Et l'avènement de Nicolas Sarkozy n'y a rien changé. Il y a quelques mois je m'étais attardé sur le rapport Larcher, du nom du sénateur, ancien « ministre délégué à l’Emploi, au Travail et à l’Insertion professionnelle des jeunes », ancien président de la Fédération Hospitalière de France.
De rapports en commissions, d'Etats-Généraux en Schémas d'organisations, ce n'est assurément pas le manque de suggestions dont souffre le système. Et l'avènement de Nicolas Sarkozy n'y a rien changé. Il y a quelques mois je m'étais attardé sur le rapport Larcher, du nom du sénateur, ancien « ministre délégué à l’Emploi, au Travail et à l’Insertion professionnelle des jeunes », ancien président de la Fédération Hospitalière de France.
Début Juillet, c'était le professeur Guy Vallancien qui en remettait une couche à la demande de madame Bachelot.
Ce professeur d'Urologie, exerçant à l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris, n'est pas à son coup d'essai. Il s'était déjà illustré par un rapport meurtrier sur la chirurgie hospitalière, réclamant en 2006 la fermeture de près d'un quart des Blocs opératoires du Service Public !
Aujourd'hui, il récidive en s'attaquant à l'ensemble du dispositif hospitalier qu'il juge en fort mauvais état, (« administré mais toujours pas gouverné »), et auquel il voudrait appliquer les règles de fonctionnement des entreprises commerciales.
On peut toutefois avoir quelques doutes sur la « culture managériale » vantée à longueur de pages par Mr Vallancien, qu'il semble avoir découverte à la lecture d'un bréviaire pour débutants. A lire ce nième rapport, elle s'inscrit en effet dans le pire des scénarios bureaucratiques.
Ce professeur d'Urologie, exerçant à l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris, n'est pas à son coup d'essai. Il s'était déjà illustré par un rapport meurtrier sur la chirurgie hospitalière, réclamant en 2006 la fermeture de près d'un quart des Blocs opératoires du Service Public !
Aujourd'hui, il récidive en s'attaquant à l'ensemble du dispositif hospitalier qu'il juge en fort mauvais état, (« administré mais toujours pas gouverné »), et auquel il voudrait appliquer les règles de fonctionnement des entreprises commerciales.
On peut toutefois avoir quelques doutes sur la « culture managériale » vantée à longueur de pages par Mr Vallancien, qu'il semble avoir découverte à la lecture d'un bréviaire pour débutants. A lire ce nième rapport, elle s'inscrit en effet dans le pire des scénarios bureaucratiques.
Mr Vallancien se paie de mots mais son projet est grandiloquent et l'arsenal administratif reste plus fort que jamais. Les Agences Régionales de l'Hospitalisation, créées à l'occasion du funeste plan Juppé de 1996, et mises en cause par Nicolas Sarkozy pour leur inefficacité, cèdent la place à des structures encore plus délirantes : les ARS ou Agences Régionales de Santé (encore reste-t-il à voir qu'elles ne s'ajoutent pas à l'existant...). Et naturellement, sous sa tutelle "bienveillante", tous les artifices de la bonne vieille planification quinquennale restent en place et sont mêmes renforcés : Etats-Généraux, SROS, COTER, COMEX...
S'agissant de l'organisation hospitalière, elle se complique toujours davantage. La centralisation étant semble-t-il devenue le dernier cri en matière de gestion, il s'agit désormais de gérer les hôpitaux en les regroupant en Communautés d'Etablissements ! Pour un « Bassin de population » de 200 à 400.000 habitants, il estime que 4 à 10 établissements pourraient être ainsi regroupés, « représentant entre 7000 et 20.000 employés ». Il plaide dans le même temps pour une hiérarchisation et une « ultra-spécialisation » rigide des tâches dévolues à ces établissements en fonction de leur taille, du CHU à l'hôpital local...
Pour tendre vers cet objectif mirobolant, comme à l'accoutumée, on change les noms. Par exemple, le Conseil d'Administration devient Conseil de Surveillance, une vraie révolution, et on lui confère, à lui qui n'arrive en règle déjà pas à administrer un seul établissement, un périmètre d'action faramineux (la nouvelle et emblématique Communauté Hospitalière de Territoire) ! La bonne vieille Commision Médicale d'Etablissement (CME) s'éparpille en un réseau vague et noueux de Comités consultatifs Médicaux, Conseils Scientifiques et Médicaux...
Le Directoire, dernière trouvaille aux accents vaguement bonapartistes, vient quant à lui rajouter une strate au mille-feuilles, marchant sur les plates-bandes des Conseils Exécutifs datant de l'avant-dernière réforme, qui eux-mêmes s'emmêlaient déjà les pinceaux avec les Pôles, les Commission Médicale d'Etablissement, Commission technique d'Etablissement et autres pseudopodes administratifs aux rôles plus ou moins consultatifs, plus ou moins décisionnels... Enfin, cerise sur le gâteau, la mise sur pieds d'un Comité d'Entreprise est encouragée sans qu'on sache ce qu'une telle instance apporterait à cet ensemble plutôt baroque et confus.
S'agissant de l'organisation hospitalière, elle se complique toujours davantage. La centralisation étant semble-t-il devenue le dernier cri en matière de gestion, il s'agit désormais de gérer les hôpitaux en les regroupant en Communautés d'Etablissements ! Pour un « Bassin de population » de 200 à 400.000 habitants, il estime que 4 à 10 établissements pourraient être ainsi regroupés, « représentant entre 7000 et 20.000 employés ». Il plaide dans le même temps pour une hiérarchisation et une « ultra-spécialisation » rigide des tâches dévolues à ces établissements en fonction de leur taille, du CHU à l'hôpital local...
Pour tendre vers cet objectif mirobolant, comme à l'accoutumée, on change les noms. Par exemple, le Conseil d'Administration devient Conseil de Surveillance, une vraie révolution, et on lui confère, à lui qui n'arrive en règle déjà pas à administrer un seul établissement, un périmètre d'action faramineux (la nouvelle et emblématique Communauté Hospitalière de Territoire) ! La bonne vieille Commision Médicale d'Etablissement (CME) s'éparpille en un réseau vague et noueux de Comités consultatifs Médicaux, Conseils Scientifiques et Médicaux...
Le Directoire, dernière trouvaille aux accents vaguement bonapartistes, vient quant à lui rajouter une strate au mille-feuilles, marchant sur les plates-bandes des Conseils Exécutifs datant de l'avant-dernière réforme, qui eux-mêmes s'emmêlaient déjà les pinceaux avec les Pôles, les Commission Médicale d'Etablissement, Commission technique d'Etablissement et autres pseudopodes administratifs aux rôles plus ou moins consultatifs, plus ou moins décisionnels... Enfin, cerise sur le gâteau, la mise sur pieds d'un Comité d'Entreprise est encouragée sans qu'on sache ce qu'une telle instance apporterait à cet ensemble plutôt baroque et confus.
Au bout du compte, à voir cet infernal méli-mélo de dispositions et de propositions, on peut être saisi d'une immense déception. Comment donc y voir autre chose que quelques rustines comptables d'une part, et qu'un nouveau salmigondis technocratique basé, en dépit de ses bonnes intentions, sur le planisme si cher aux soviétiques. On aura une fois encore, probablement raté la réforme qui aurait ouvert la voie à l'initiative, à l'émulation et à la responsabilité. La Tarification à l'Activité (T2A !) et l'Accréditation, institués à grands frais ces dernières années, avaient pourtant laissé entrevoir l'avènement de conditions propices à l'émergence de ces vertus. Hélas, ces dispositifs sont restés si compliqués, si théoriques, et si étroitement encadrés par l'Etat, qu'ils ont aujourd'hui complètement manqué leur but. Ça ne finira donc jamais !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire