Depuis
qu'un vieux diplomate en mal d'originalité et de notoriété l'a
relancée avec une mauvaise foi mielleuse d'archevêque confit dans les bondieuseries, l'indignation est devenue
le dernier concept à la mode. Elle court les médias, se consomme à
toutes les sauces, et sert les causes les plus diverses, pour ne pas
dire les plus saugrenues ou contradictoires.
Même
la malheureuse Ségolène a essayé in extremis de s'en faire une
jouvence idéologique. Sans grand succès...
Grâce
à un sens plus aigu du racolage, l'ineffable porteur de Burberry
Montebourg a réussi quant à lui à faire venir vers les urnes du
PS, quelques bataillons de mélenchonistes, cocos, alter et autres
nostalgiques du Grand Soir en faisant siens les slogans de la
dé-mondialisation et de la nationalisation générale des banques. Il s'est
ainsi donné à peu de frais l'illusion éphémère d'être un fin
stratège.
Nietzsche
qui parfois voyait juste, avait mis en garde : "Personne ne ment
autant que l'homme indigné" (Par delà le bien et le mal).
De
fait, si l'on écoute un peu les vitupérations hargneuses mais
confuses qui émanent de ces hordes disparates "d'indignés",
il y a de quoi être effaré. Il en sort en effet vraiment tout et
n'importe quoi, pourvu que ça tienne de l'envie de foutre ce qui
reste de société par terre, et que ça soit puisé au tonneau des
vieilles utopies gauchistes. C'est donc ça ! Après les
innombrables désastres engendrés par tous les avatars
grandiloquents du socialisme, c'est dans l'eau de boudin spumeuse
d'une révolte débile que surnagent à la manière de grumeaux, les
restes idéologiques de la lutte des classes. Mince consolation...
Entre
autres impostures, ces manifestants, qui contestent les élections
"piège à c..." et dont l'arrogance cherche à dissimuler
qu'il ne s'agit que de groupuscules, brandissent - entre deux
pillages de vitrines - l'étendard de la "vraie démocratie"
et n'hésitent pas à se surnommer "les 99 % qui ne tolèrent
plus la cupidité des 1 % les plus favorisés".
Aujourd'hui
toute la Presse s'émeut, et fait semblant de considérer cette
sinistre pagaille comme un mouvement de fond qui monte, qui monte...
Le besoin désespéré de spectacle occulte quasi totalement
l'analyse de fond. Le Point par exemple considère que ces
turbulences insanes sont "inspirées par les révolutions
arabes" ! De grandes figures du consensus doré telles
Michel Drucker jugent "très intéressant" le phénomène
(Salut les Terriens du 15/10). Aux Etats-Unis, les éternels
débiteurs de truismes bien-pensants essaient de récupérer la
rébellion, peut-être pour faire oublier qu'ils sont de fieffés
profiteurs du système. On voit ainsi ressortir tout à coup en se
tapant d'indignation la bedaine les Al Gore, Michael Moore, Alec
Baldwin, Sean Penn and co...
Devant
cette toile de fond miteuse s'agite le théâtre de guignol des
primaires socialistes, dont la Presse décidément à court
d'inspiration décortique les minuscules péripéties comme s'il
s'agissait d'événements de portée internationale.
Après
les soporifiques débats démontrant au moins une chose, à savoir
que le socialisme français n'a ni idée ni leader naturel, voilà
enfin sacré candidat, au terme de la pitoyable kermesse, le
prototype même de l'inamovible apparatchik, dont la principale
originalité est de s'être relooké de fond en comble le portrait et
la silhouette.
Restent
quand même, pour ne pas totalement désespérer, quelques perles de
bon sens, comme cette chronique de Claude Imbert, parue dans Le
Point, dont je livre cet extrait édifiant :
"Notre
Etat-providence, son modèle social, ses "avantages acquis"
sacralisés n'ont que trop demandé à l'emprunt pour emplir leur
panier percé. Au fil des ans, une culture de l'assistanat a
décervelé la Nation. Le socialisme français, le plus à gauche de
tous les socialismes européens, est de surcroît enkysté dans les
tréfonds de l'Etat : la droite d'un Chirac fut plus socialiste que
le socialisme d'un Blair à Londres ou d'un Schröder à Berlin..."
A
bien y réfléchir, on se prend à imaginer à la lumière de ces
propos que derrière les écrans de l'actualité médiatique, une
autre indignation monte peut-être, en silence, plus profonde, plus
contenue, mais plus irrépressible, et
qu'elle réserve quelques surprises...
Oh oui, un Tea Party français !
RépondreSupprimerL'ennui c'est que ça n'a rien à voir. les Tea Party c'est le retour aux sources de la démocratie américaine : à savoir moins d'Etat, moins d'impôts. Exactement l'inverse que les "indignés"... J'aimerais un Tea Party à la française inspiré par exemple des préceptes de Tocqueville, de Bastiat, de Say, mais on en est loin...
RépondreSupprimerJe réagissais en fait à votre conclusion...
RépondreSupprimerPar ailleurs, les sources de la démocratie américaine ne sont pas, à mon sens, synonymes de "moins d'Etat, moins d'impôts". A moins d'oublier Alexander Hamilton et les autres. De plus, cet idée de moins d'Etat a davantage à voir avec le libéralisme, qui se conjugue souvent avec la démocratie, certes, mais tend le plus souvent à la tempérer (grands électeurs etc.).
Un Tea Party insipiré de Tocqueville, Bastiat et Say, pourquoi pas? J'ai par contre du mal à voir le Tea Party américain comme une aubaine pour la démocratie et pour le niveau général du débat politique!
Souvenez-vous du précepte tocquevillien: "le premier soin de tout gouvernement devrait
RépondreSupprimerêtre d'apprendre aux citoyens à se passer de lui". Tout à fait conforme aux principes originels de la démocratie américaine, au moins dans la conception jeffersonienne...